Aujourd’hui était le grand jour. La peur était toujours présente, mais j’avais assez tardé. Il était temps. Aujourd’hui, j’allais apprendre à nager. Si tous les enfants sont capable de le faire, je devrais l’être aussi, non ? Je savais même à qui j’allais demander de venir m’aider. Parce que non, je ne suis pas folle au point de me lancer dans l’eau avec personne à mes côtés. Ça serait presque du suicide sinon. C’est pourquoi j’avais demandé à Oona, qui m’avait déjà dit qu’elle m’aiderait, me ferait faire un tour de piscine sur son dos. Elle était donc la bonne personne à qui le demander. Je passai donc me changer, enfilant un maillot de bain pour finalement descendre au sous-sol, là où la piscine m’attendait. Bon, c’est à ce moment même que je commence à stresser un peu. Je dépose ma serviette sur un des transats, je décide de m’asseoir au bord de la piscine en attendant Oona. Je relève la tête alors que j’entend quelqu’un entrer, offrant à la jeune femme un sourire crispé, qui montre à quel point je ne suis plus si certaine que mon idée était la bonne. « Tu vas pas me laisser couler, hein ? » demandais-je, timide, bien que la réponse me semblait d’une évidence même. Si elle avait accepté, ce n’était surement pas pour me laisser noyer au fond de la piscine tout de même. J’étais sur les nerfs, fallait me pardonner.

Quelques semaines plus tôt, j’avais proposé à Esther de lui faire faire le tour de la piscine. J’ai bien conscience qu’avoir peur n’était pas une chose facile à gérer. C’est pour ça que je n’allais pas la brusquer. Si elle venait à ne pas bien se sentir, je n’allais pas la jeter en plein milieu de la piscine… même si ça pourrait être une bonne solution. C’est tout naturellement que j’acceptais de l’aider. En plus, elle était gentille Esther et j’étais contente de la voir rester parmi nous dans le nid. Raison de plus pour accepter… Bref. Je troquais mon short et ma chemise pour un maillot de bain classique et une serviette autour de ma taille. Rapidement, je descendais les deux étages qui me séparaient de la piscine, où Esther m’attendait déjà. Je voyais bien qu’elle n’était pas à l’aise ; je lui adressais un sourire qui se voulait confiant. Elle pouvait me faire confiance. Tout allait bien se passer. « Tu vas pas me laisser couler, hein ? » Je posais ma serviette à côté de la sienne, puis je venais m’asseoir à côté d’elle, lâchant un léger rire, amusée. « Mais non. Fait moi confiance ! Tout va bien se passer ! » Lui disais-je tranquillement pour la rassurer, tout en lui tapotant l’une de ses mains. J’attachais mes cheveux pour être tranquille une fois dans l’eau, puis, avant de tomber dans l’eau, je me mouillais la nuque. Une fois la tête hors de l’eau, je m’appuyais sur le rebord avec mes coudes. « Prête ? » lui demandais-je doucement, « prends tout le temps qu’il te faut pour venir dans l’eau ! »

« Mais non. Fait moi confiance ! Tout va bien se passer ! » Oui, non, elle avait probablement raison. Je n’avais pas à avoir peur, tout allait bien se passer. « C’est bon, je te fais confiance. » dis-je alors automatiquement, la regardant se glisser dans l’eau. J’attendis un moment, laissant d’abord tremper mes jambes. Le pire, c’est que j’avais réussit à aller complètement dans l’eau la semaine dernière en compagnie d’Elvis et je n’avais pas eu trop de problème. Bon, j’étais aussi resté dans la partie peu profonde, donc je n’avais pas vraiment eu peur. « Prête ? » Hum. Oui, c’était bien le moment d’y aller. « prends tout le temps qu’il te faut pour venir dans l’eau ! » J’hochai la tête lentement,me décidant finalement à y aller. Fallait arrêter d’avoir peur à un moment. Et ce moment était maintenant. C’est alors que, très lentement, j’entrai dans l’eau qui était chaude. Je souris à Oona, fière de moi tout de même. « Et maintenant ? » demandais-je, comme si j’étais prête à faire une compétition de nage. Une chose à la fois Esther. « On fait comment pour nager ? Parce que j’ai l’impression que même si je le veux, mes bras et mes jambes ne bougent pas de la bonne façon. » dis-je en repensant à toutes les fois où j’avais essayé et dont le résultat n’avait été que de passer proche de me noyer.

«C’est bon, je te fais confiance. » Voilà une bonne chose de faite alors, parce qu’il est parfois compliqué d’accordé sa confiance quand il s’agit d’une peur. Esther finalement me faisait confiance et c’était une bonne chose en soit. Maintenant, il fallait se lancer, à la fois sans trop réfléchir, mais pas non plus à l’aveugle : elle devait y aller progressivement et surtout à son rythme. La pressée n’était pas dans son intérêt. Mon but n’était pas de la dégoûtée de l’eau, mais de lui faire aimer. Elle semblait décidé, je ne pu qu’en sourire, la voyant se glisser tout doucement dans l’eau. Esther était fière et elle le pouvait. Beaucoup n’aurait même pas osé le faire. « Et maintenant ? » je fini mine de réfléchir, mais je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle continua. « On fait comment pour nager ? Parce que j’ai l’impression que même si je le veux, mes bras et mes jambes ne bougent pas de la bonne façon. » Je lâchais un rire, amusée. J’avais eu la chance d’apprendre très tôt à nager, mais malheureusement ce n’est pas le cas pour tout le monde. Le mieux pour Esther aurait été d’apprendre tôt aussi. « Avant d’apprendre à nager, il faut que tu t’habitues à l’eau… » Lui disais-je, en lui attrapant la main. « … parce que tu n’arrives pas à nager à cause de ta peur ! Viens sur mon dos ! » Le lui présentais mon dos, en tournant un peu ma tête pour lui montrer mon sourire.

« Avant d’apprendre à nager, il faut que tu t’habitues à l’eau… » Oui, en fait, c’était bien logique ce qu’elle me disait. Mais je n’avais pas peur de l’eau en tant que tel, simplement la peur de m’y noyer dedans. J’aurais bien aimé apprendre à nager lorsque j’étais jeune, cela me semblait bien plus facile dans ce temps là que maintenant. Mais bon, je n’avais pas eu la chance de me faire montrer beaucoup de chose. J’aurais du apprendre par moi-même, chose que je n’avais pas fait. « … parce que tu n’arrives pas à nager à cause de ta peur ! Viens sur mon dos ! » Oui, c’était claire. L’eau était bonne et plus les secondes passèrent, je me sentis un peu moins gênée par celle-ci. La demoiselle me tendait son dos, pour que je puisse y grimper. J’étais tout de même plus grande qu’elle. « Tu vas pas avoir de la difficulté à me porter ? » Pas que j’étais grosse, mais je devais peser plus qu’elle dut à ma grandeur. Bon et puis, elle devait bien savoir ce qu’elle faisait, elle ne l’aurait pas proposé sinon. C’est pourquoi, doucement, je passai mes bras autour de ses épaules, puis mes jambes autour de sa taille, me collant fermement contre son dos. « Bon, je suis prête. » dis-je, la voix tout de même incertaine. Si nous coulions toutes les deux, ce n’était vraiment pas d’avance.