Comme très souvent, je fais des longueurs dans la piscine histoire de me rafraichir et de me dépenser un peu aussi. Inutile de préciser qu’au mois de mai, la piscine est plus qu’indispensable à LA. J’y viens quasiment chaque après-midi. Aujourd’hui d’ailleurs, j’ai pas tardé à me rendre sur le toit si bien que je suis la seule dans le bassin. Mais pas pour longtemps. Après avoir plongé ma tête et être revenu à la surface, une silhouette apparaît devant moi. Il s’agit d’Allen qui semble quelques peu handicapé. Un léger rictus s’affiche sur ma frimousse tandis que je me rapproche du bord et de lui. Je me rappelle alors du gage qu’il a écopé à cause de Rowan et sa rubrique. Le pauvre. Il a les pieds liés et ça ne doit vraiment pas être pratique. Je crois qu’à choisir, je préférais encore mon gage. Rowan est vraiment vache n’empêche. Le candidat veut vraisemblablement profiter de la piscine comme tout le monde mais il ne peut pas à cause d’elle. « Ah oui ? » Je réponds d’un air malicieux en écoutant la suite. Je me doute déjà que le trentenaire va me demander de l’aider. Et bingo ! Sauf que je m’attendais pas vraiment à ça pour le coup. « Tu veux te baigner ? » Je demande alors assez étonnée. Enfin baigner est un grand mot car j’imagine qu’il va juste aller sur le fauteuil mais quand même, c’est assez risqué. Enfin pas tant que ça si je reste là remarque. Je vais l’aider. Du coup, je lâche le rebord puis nage jusqu’au fauteuil pneumatique pour le ramener au candidat. « Tadam ! » Il a de la chance que je sois là n’empêche. Tout seul, il aurait vraiment galéré. Il aurait dû attendre déjà que le plastique vienne tout seul jusqu’au rebord grâce au vent. « Attends, je vais te le tenir. Vas-y doucement. » J’espère qu’il va pas se poser sur le fauteuil tel un hippopotame, ça serait risqué pour lui comme pour moi. Il pourrait en effet basculer à l’eau et m’assommer par la même occasion. Il devra donc y aller en douceur et faire attention à ne pas tomber. « T’es un peu le roi là sur ton fauteuil. » Je constate alors tandis qu’on s’est tous les deux détachés du rebord et que je reste pas loin du truc gonflable tandis que lui flotte sur l’eau. On a évité la chute pour l’instant, ça va. Allen s’en tire bien. Le retour sur la terre ferme sera peut-être plus difficile. « Tu veux que j’aille te chercher un coca ou une bière peut-être ? Y’a un espace là pour le poser. » Bien évidemment, je plaisante. J’aurai la flemme de sortir de l’eau et de devoir retourner en cuisine pour aller chercher tout ça. J’espère qu’il sera indulgent et qu’il ne me répondra pas par la positive en comprenant mon ironie.

Allen ne souhaite évidemment pas se baigner – ça serait fort compliqué compte tenu de son handicap de la semaine – mais pouvoir profiter du soleil et de la piscine tout de même. Pour cela, il semble vouloir se hisser sur le fauteuil pneumatique. « Je vois alors où tu veux en venir. » Et évidemment, il a besoin de moi et de mes services pour l’aider. Il faut que je lui rapporte tout ça. Je m’exécute sans broncher. Je n’ai de toute façon pas la foi de lui faire du chantage ou de lui demander quelque chose en retour. Et puis, j’ai aussi hâte de voir comment il va se débrouiller je dois l’avouer. Pour l’instant, il s’en sort assez bien. Comme il le dit, le fauteuil gonflable a l’air de tenir le coup. « C’est que tu n’as pas trop grossi durant l’aventure alors. » C’est une bonne chose, non ? Sérieusement, Allen n’a aucun souci à se faire au niveau de son poids. Il est fin et presque aussi menu que moi. Il ne craint donc pas trop de tomber à l’eau. Sauf s’il se déstabilise en faisant l’imbécile. Est-ce que je le sauverai de la noyade si c’était le cas ? « Oh ça je sais pas.. » Je rétorque avec toute la malice du monde. Je peux pas aller dans son sens à tous les coups. Je voudrais pas qu’il me considère comme l’une de ses groupies qui serait prête à tout pour lui. « Ça ferait un concurrent de taille en moins après tout. » Je me rappelle alors de ma conversation de la semaine avec Lamine qui jalousait un peu Allen à ce sujet. Il disait que c’était un adversaire redoutable dans tous les domaines et l’a même qualifié d’homme à abattre. « Je plaisante. » Je me permets de le préciser tout de même bien que cela paraissait évident. Je pense pas être machiavélique au point d’éliminer mes adversaires par tous les moyens. Cette solution-là serait en plus inhumaine. C’est inenvisageable bien entendu. Si Allen venait à se noyer, je lui porterai sans aucune hésitation secours. « Il faut savoir tirer profit des pires situations ! » Je déclare alors après qu’il m’ait confié voir le bon côté de ce gage grâce à sa position de roi dans le fauteuil. J’ai envie de dire qu’il a bien raison. A sa place, je ferai sans doute pareil. J’essayerai de trouver des avantages à ce handicap. D’ailleurs, monsieur le roi voudrait-il quelque chose à boire ? Il me demande une boisson que je ne connais même pas. Je lui fais alors les gros yeux parce c’était pas réellement une proposition mais plus une manière de me moquer de lui. Je le laisse réaliser tout cela tout seul en me contentant seulement d’hocher la tête positivement et d’émettre un son presque détaché. Allen fait alors mine de s’offusquer en me reprochant de ne pas être solidaire, ce qui me fait rire. « Si je pouvais me téléporter en cuisine, ça serait avec plaisir mais j’ai pas encore ce pouvoir. » Hélas. Je dois encore me servir de mes jambes. Et là, clairement, ça demande un effort trop important et long pour que je m’exécute. Je n’irai même pas me chercher à boire si j’avais soif, c’est pour dire. « Essaye donc pour voir. » Je rentre cette fois dans son jeu en étant quand même sûre qu’il n’oserait pas basculer en arrière dans l’eau histoire de me faire culpabiliser. Je ne pense pas qu’il soit assez fou pour ça. Et puis, ça serait prendre de sacrés risques compte tenu de son handicap aux pieds. « Mais qu’est-ce que tu insinues toi ? Je m’inquiète pour rien ? » Je détache l’un de mes bras du fauteuil pour l’arroser un petit peu en guise de punition. Après tout, je peux le mouiller voire le faire tomber à tout moment moi si j’en ai envie. Et ça, faudrait pas qu’il l’oublie. « Aaaah. Tant mieux. » Je m’exprime alors plus sérieusement quant au bleu que je lui ai infligé la semaine précédente. Il est vrai que pour le coup j’étais vraiment désolée et peinée de l’avoir esquinté. « Tu vas pouvoir t'exhiber à nouveau. » Je reprends mon ton farceur avec le sourire en repensant à la photo de lui, dans le plus simple appareil, postée par Ranja sur les réseaux sociaux.