Bon dieu. Mais qu'était-ce que cet endroit ? Un dressing, apparemment. Intéressant. Ou pas. Préoccupant, plutôt. Parce que nombreux étaient les vêtements disposés ici. Trop nombreux, même. Comment pouvait-on posséder autant de fringues ? Cela semblait si surnaturel aux yeux de Tweedy. La jeune femme n'avait jamais été férue de mode - bien qu'elle n'estime pas se fringuer comme une nonne, ou pire, une clocharde - et avait donc du mal à comprendre qu'on puisse accumuler autant de fringues en seulement quelques années. Il était d'ailleurs très probable que certains candidats n'aient même pas assez de place pour faire tenir toutes leurs affaires, tandis que la concernant, il y aurait bien assez de place pour faire tout tenir. C'est ça qui est bien quand on ne possède pas trois mille affaires dont la moitié est de base superflue, eh oui. De même quand elle partait en voyage : sa valise ne se faisait pas prier pour se fermer, tandis qu'elle pariait qu'il n'en était pas de même pour tout le monde. Quoi qu'il en soit, si Tweedy se trouvait ici en ce jour, c'était pour une raison bien particulière, quoi que pas du tout surprenante : ranger. Oui, à peine quelques jours après leur entrée dans le jeu, les candidats avaient déjà trouvé le moyen de mettre le souk dans ce dressing. Tweedy ayant un peu de mal avec tout ce qui n'était pas bien rangé - sans pour autant en devenir maladivement maniaque - elle se mit alors en tête de remédier à tout cela. Bon, elle avait connu pire niveau désordre, mais elle savait par expérience qu'en laissant les choses en l'état, il deviendrait vite impossible de s'y retrouver. Et alors qu'elle commençait à mettre soigneusement de l'ordre là dedans, elle entendit la porte s'ouvrir. Quelqu'un entrait. Parfait. « Toi, viens donc m'aider » proposa-t-elle alors, sans même se retourner pour dévisager celui ou celle qui venait d'entrer. Qu'importe de qui il s'agissait, il/elle lui serait probablement d'une grande aide. Du moins osait-elle l'espérer.

Qu'est ce que je foutais ici déjà moi ? Ah oui, ma montre, ma putain de montre. Vous savez, le genre d'objet que vous ne savez JAMAIS où ils peuvent traîner. Parfois vous les retrouvez sous votre lit, parfois même derrière votre tête d’oreiller. Et les plus chanceux allaient les pécher au fond des chiottes, bref, la joie quoi. J'allais finir par m'acheter une de ces espèces de boussoles de grand père à passer autour du cou à l'aide d'une chaîne. Ouais, j'crois que ce serait l'mieux, comme Frodon et son anneau, vous voyez, il le met jamais au doigt car l'anneau c'est le mal. Alors voilà, ma montre c'est le mal. La salope. Hop, je grimpais l'étage, hop je redescendais, hop j'allais faire un tour des les chiottes -bah quoi on n'sait jamais- et hop j'me pointais au dressing. « Toi, viens donc m'aider » je dévisageais la jeune femmes quelques instants. Sa tête me disait quelque chose mais... Doux Jésus que j'en avais marre d'être une vraie passoire ambulante a oublier tous les détails et... Oh oui je vois. La partenaire de l'autre. « Tu veux que j't'aide pour quoi ? » bah ouais, j'allais pas me ramener pour de la broutille hein, j'étais un gars super occupé mine de rien, fallait que je l'entre dans mon emploi du temps, que j'contacte ma secrétaire, que... « Si c'est pour classer tes petites culottes par couleur, bien que ce soit très tentant, je préfère largement te voir les essayer. » bon et bien si ce n'était pas pour ça... Bah au moins la couleur était annoncée. Fourrant mes mains dans mes poches, j'attendais alors une quelconque réponse. Putain d'montre.

Bon, qui venait d'entrer ? Probablement quelqu'un d'adorable, d'extrêmement serviable et qui n'hésiterait pas à prêter à main forte à Tweedy dans ce rangement qui lui prenait déjà doucement la tête. Bah oui, autant rêver, hein. Parce qu'en fait, il était très probable qu'il s'agisse d'un imbécile qu'elle aurait beau prier des heures de l'aider et qui resterait planté comme un saligaud à l'observer se démener toute seule. Tweedy connaissait bien les gens qui appartenaient à sa génération. Sans aller jusqu'à dire qu'elle valait mieux qu'eux - et puis quoi encore - la jeune femme avait tendance à se sentir différente de la majorité de cette tranche d'âge. Elle savait donc plus ou moins à quoi s'attendre ici. Et comme elle s'y était attendue quelques instants plus tôt, une voix lui répondit, lui demandant en quoi il pourrait l'aider. Car c'était un homme, sa voix le lui ayant indiqué. Tweedy poussa un léger soupire. « A trier des tomates, pardi » répondit-elle alors sur un ton pour le moins amusé. Ça crevait les yeux qu'elle galérait à les trier ces vilaines, non ? Et voilà que monsieur reprit la parole. Notez que Tweedy ne s'était jusqu'ici pas encore retournée. Mais ce fut chose faite à l'écoute des dires de monsieur. Classer ses petites culottes par couleur ? Hm, pardon ? Les essayer maintenant ? De mieux en mieux. Tweedy se retourna donc subitement afin de dévisager l'auteur de telles conneries. Ah d'accord, c'était le frère de son partenaire. « Le charmant frérot de Finnick, quel honneur » fit-elle alors, un grand sourire sur les lèvres. « Au fait, tu serais pas un peu spécial dans ton genre ? » reprit-elle, toujours ce même sourire aux lèvres. Reposant ce qu'elle avait dans les mains, la jeune femme s'approcha de son camarade. « Je suis Tweedy » finit-elle par déclarer, histoire de se présenter. C'était sans doute la moindre des choses. Ouais, sans doute.

« A trier des tomates, pardi » ah oui, tout d'suite ça me semblait bien plus évident. Genre la fille elle a ds tomates dans ses valises, je n'lui souhaites pas. Quoique ça pourrait être drôle. « Le charmant frérot de Finnick, quel honneur » c'est fou comme je n'arrêtais pas d'être identifié par mon frère. Non mais qu'est ce qu'ils avaient tous avec lui au juste ? Il était si insignifiant. « Au fait, tu serais pas un peu spécial dans ton genre ? » mon sourcil droit s'arqua alors que je restais planté là, les mains dans les poches « Spécial... ça dépend dans quel sens tu tournes la chose mais unique oui. » et puis d'où elle connaissait mon frère d'abord, il ne me semb... Flash back, bien entendu, c'était sa partenaire. God et elle croyait que j'allais l'aider en plus de ça ? « Je suis Tweedy » « Mettre mon frère avec toi, c'est comme créer une sorte de parodie de la belle et la bête. » lâchais-je en haussant les épaules, le regard planté dans le sien. Bon de toute façon elle n'allait très certainement pas rester longtemps avec lui, puisqu'il allait bientôt se faire éliminer, mais pour ce que ça valait, personne ne méritait d'avoir ce con comme partenaire. « Et tu penses vraiment que j'vais t'aider à trier tes déchets alors que tu partages ton lit avec un connard ? » bon après tout rien ne me disait qu'elle en était une également, mais j'avais un léger doute tout de même « J'te laisse une chance de me prouver qu'ils t'ont mis avec lui par pur hasard, et que t'as rien de commun avec lui. »

Non non, aucun triage de tomates en vue. Par contre, Tweedy n'aurait pas refusé un petit coup de main dans son rangement de fringues. Puisqu'elle avait la foi de s'en occuper, elle trouverait normal que quelqu'un se propose de l'aider. Mais cela n'avait visiblement pas traversé l'esprit de ce cher Jamie. Après le lui avoir demandé, Tweedy avait légèrement abandonnée cette idée. Il ne l'aiderait probablement pas et elle n'en ferait pas nécessairement une maladie. Bien sûr que non. Maintenant, la jeune femme attendrait simplement que son camarade quitte la pièce pour reprendre son rangement et, espérons-le, le terminer bien assez vite pour sortir de là elle aussi. Car elle trouverait assez déplacé, ou en tout cas mal poli, de lui tourner le dos tout en faisant mine de l'écouter. Non, elle préférait se retrouver face à lui afin de partager une véritable discussion. Ainsi donc, aux yeux de Tweedy, Jamie était un peu spécial dans son genre. Comprenez par là que ça n'était pas nécessairement un mal, un mauvais point disons. Il le disait lui même, cela le rendait unique. « Chaque homme est unique, quoi qu'égal aux autres » répondit-elle alors, dans un mince sourire. Même les jumeaux étaient uniques, c'est vous dire. Et justement, en parlant de ça, voilà que Tweedy avait évoqué Finnick, à savoir le frère de Jamie et son partenaire à elle. Elle aurait du se douter que ça ne serait pas spécialement le meilleur sujet à placer dans cette conversation. Ou alors, elle s'en était justement doutée, puisqu'elle avait tendance à jouer un peu avec le feu celle-là. Mais au fait, c'était quoi cette référence à La Belle et la Bête ? « D'après toi, je suis plutôt la belle ou la bête ? » demanda-t-elle alors, en plaisantant légèrement. Faire l'idiote, elle savait faire, sachez-le. Mieux valait être douée pour l'imiter que de l'être véritablement, après tout. Jamie reprit alors la parole, toujours aussi sympathique avec son frère, grand absent de cette conversation. « D'abord, merci pour mes "déchets". Ensuite, je ne partage pas le moindre lit avec le moindre connard. J'ignore où tu veux en venir, mon beau. » Oui, elle le provoquait, mais gentiment hein. Parce qu'elle avait un peu de mal avec ce genre de termes, disons. D'autant plus que Finnick n'avait rien d'un connard à ses yeux. Et pourtant, des connards, elle en avait connu. « Ce qui est sûr, c'est que le hasard y a été pour beaucoup, mais tu t'en doutes. Pour le reste, je ne demande qu'à te prouver que je ne suis pas une connasse, pour rester dans le même registre langagier, et par la même occasion que ton frère n'est pas un connard. » Un grand sourire sur les lèvres, Tweedy espérait ne pas contrarier Jamie avant, disons, une dizaine de minutes. Soyons clairs, cette situation entre frères la dérangeait un tantinet. Et donc, secrètement, la jeune femme se donnait pour mission d'arranger cette histoire. A ses risques et périls, bien entendu.