+ Il est minuit passé mais peu de monde doit déjà être couché. C'est qu'on veille souvent tard par ici, pour après se réveiller vers midi, forcément. Il y a bien sûr quelques oiseaux rares qui préfèrent aller au lit de bonne heure et qui ont, en fait, surement bien raison de profiter de cette aventure pour se reposer, puisque c'est un peu comme des vacances d'être ici. Et puis, en se couchant tôt et se levant tôt, ils doivent pouvoir profiter d'un certain calme pendant quelques instants avant que le reste du nid ne se réveille à son tour. Je devrais aller me coucher, même si je n'ai pas pour habitude de dormir la nuit. Non, moi je dors le jour, mais je n'y suis pour rien, c'est mon travail qui l'exige. C'est rare les boites de striptease qui ouvrent en journée, et puis ça ne serait plus pareil. J'aime ce que je fais, c'est un métier comme un autre, ça ne m'éloigne pas trop de ma "passion", mais il est vrai que les horaires sont parfois contraignants. Enfin, moi au moins je peux profiter de la journée, quand je ne suis pas tellement fatiguée que je dois dormir douze heures d'affilées. Je salue les quelques personnes présentes dans le salon qui ne sont pas allées rejoindre d'autres qui font je ne sais quoi entre eux, et je monte jusqu'aux chambres. Je traverse le couloir toujours aussi illuminé que je trouve si fascinant et je pose la main sur la première poignée que je trouve, ne cherchant même pas à savoir si c'est bien là la bonne porte que je m'apprête à ouvrir. Le couloir à beau être éclairé, il a réussi à me distraire juste assez pour que je me trompe de chambre. Mais le spectacle vaut le détour. Cette pièce n'a rien à voir avec celle dans laquelle nous dormons, moi et d'autres. Je lance des coups d'œil un peu partout avant de m'arrêter sur une silhouette. Je ne suis pas tout à fait sûr de qui il s'agit, une certaine distance nous sépare et puis je ne m'y attarde pas bien longtemps. « Désolée, je me suis trompée de chambre. » Je fais à son attention, même si j'ai plutôt l'air de parler au plafond étoilé. « T'en as de la chance, c'est plutôt pas mal ici. C'est un peu comme dormir à la belle étoile. Bon, ma chambre est bien aussi, mais je crois que je préfère la tienne. » C'est pas que la sienne, mais il est le seul présent, je crois, à moins que quelqu'un ne se cache vraiment bien dans ses draps et que je ne puisse pas le remarquer. Je ne me plains pas non plus de ma chambre, hein, non loin de là. Je l'aime bien, mais je suis assez émerveillée par celle-ci, comme je l'ai été par la mienne la première fois où je l'ai vu. Je n'ai même plus envie de partir tellement j'aime être là. D'ailleurs, je ne bouge pas. Il n'a qu'à me dire si je dérange, je m'en irai, mais si ce n'est pas le cas j'aime autant rester, au moins un petit peu.

C'était sans doute seulement passager, ses difficultés à dormir, puisque depuis le début de cette nouvelle semaine cela semblait être de l'histoire ancienne et il dormait comme un bébé. Enfin non, il continuait de dormir du sommeil de celui dont le boulot était de toujours rester sur ses gardes, mais au moins il se réveillait reposé et non plus avec l'impression d'être encore plus fatigué qu'après s'être couché. Mais histoire de reprendre un rythme de sommeil à peu près potable il avait décidé de se montrer un peu raisonnable cette semaine et de ne pas se coucher trop tard, raison pour laquelle à minuit pétante il était déjà affalé sur le lit qu'il partageait avec Pia, un short de basket et un tee-shirt sur le dos, ce dernier probablement destiné à terminer au pied du lit avant la fin de la nuit comme d'habitude, puisqu'il faisait vraiment une chaleur à crever dans ces chambres. Allongé dans le sens contraire à celui dans lequel il dormait, les mains croisées derrière sa nuque, il observait le plafond de la chambre d'un air pensif ; Il était facile de se laisser hypnotiser par les constellations reproduites sur le plafond, et Andreja ne niait pas que cela l'aidait aussi à s'endormir. Son attention toutefois avait été momentanément déviée par le grincement de la porte de la chambre et l'arrivée d'un candidat. Ou plutôt d'une candidate, parce que s'il n'en distinguait pas les traits en étant ainsi à contre-jour, la silhouette elle ne trompait pas. Probablement une autre occupante de la chambre qui décidait de venir se coucher, du moins c'était ce qu'il en avait conclu avant d'entendre « Désolée, je me suis trompée de chambre. » Et à vrai dire la voix ne trompait pas vraiment. Mais loin de se trouver dérangé Andreja avait esquissé un sourire dans la pénombre et roulé sur le côté, pour finalement se redresser et s'asseoir en tailleur sur son matelas, faisant face à la jeune femme « T'en as de la chance, c'est plutôt pas mal ici. C'est un peu comme dormir à la belle étoile. Bon, ma chambre est bien aussi, mais je crois que je préfère la tienne. » Il n'avait pas encore pris le temps de vraiment observer les autres chambres, à vrai dire jusqu'à il y a quelques secondes il était persuadé que les trois étaient construites sur le même modèle, mais aux dires de Jessica il semblerait bien que non « Tu pouvoir rester, si toi v-... si tu veux. » Si tenté qu'elle n'ait pas encore reconnu de qui il s'agissait, son anglais lui servait de carte de visite. Indiquant la place libre à côté de lui avec la paume de sa main, puisque Pia ne semblait pas vouloir venir se coucher tout de suite, il avait ajouté pour la convaincre « Tu regarder les étoiles, et moi je te parlera des constalletions, même si je devoir inventer un peu, je connaître rien en étoiles ... je dormir pendant la classe de science. » Et pendant les cours d'anglais aussi, mais ça nul besoin de le préciser à priori. En histoire et en littérature il n'y avait pas plus attentif que lui en revanche, mais il n'avait besoin ni de l'un ni de l'autre dans le cas présent. « Mais puisque tu m'aimer bien, tu vas faire comme si tu croire à ce que je dire. » Mais bien sûr, il ne prenait pas du tout ses rêves pour des réalités sinon. Attendant patiemment qu'elle vienne le rejoindre il n'avait pas tardé à ajouter « Et donc, ta chambre, elle ressembler à quoi ? » Il allait devoir aller faire un tour dans cette chambre et la troisième maintenant, elle avait attisé sa curiosité.

Je me suis trompée de chambre par un heureux hasard. Je ne suis encore jamais allé voir à quoi ressemblaient les autres, mais je ne suis vraiment pas déçue de ce que je découvre. Le plafond de celle-ci est magnifique et je n'hésite pas à faire part de mon avis à la personne que je crois distinguer un peu plus loin, allongée sur un lit. Je ne saurais l'identifier de vue, mais dès que j'entends sa voix et surtout sa façon de parler, je n'ai aucun mal à le reconnaître. Il dit que je peux rester si je veux, ce qui me fait sourire, bien que je doute qu'il puisse s'en apercevoir. Je m'approche un peu et remarque qu'il m'incite à m'asseoir à ses côtés. Il me propose de regarder les étoiles pendant qu'il m'en parle même s'il va sans doute devoir broder un peu parce il n'était pas très attentif pendant les cours de science. Je m'installe donc à ses côtés alors qu'il ajoute que je pourrais faire comme si j'y croyais. « D'accord. » J'accepte en souriant et je pose les yeux sur lui avant de les reporter un instant au plafond. « De toute façon, je dois pas en savoir bien plus que toi, je dormais aussi pendant les cours. » Pas tous, mais dès que ça touchait aux matières scientifiques ça me passait au-dessus de la tête et je piquais rapidement du nez ou je trouvais autre chose pour m'occuper et faire ainsi passer le temps plus vite. La seule matière qui m'intéressait vraiment, c'était le sport. J'avais un niveau moyen pour le reste, mais c'est pas comme si c'était vraiment important aujourd'hui, vu ce que ça me sert. Andreja me demande à quoi ressemble ma chambre. « Elle est très, très colorée, vive, chaleureuse, vraiment magnifique. On se croirait un peu dans un marché indien avec des étoffes et des épices de toutes les couleurs d'un bout à l'autre de la pièce. Et puis il y a les petites statues d'éléphants et de Bouddha, elles sont trop mimi. » Je décris le tout en faisant des gestes comme si ça pouvait l'aider à visualiser alors que le mieux reste encore qu'il aille voir de ses propres yeux. « Tu vois, je l'adore ma chambre parce qu'elle me fait voyager, alors qu'avant Fake Lover, j'étais jamais allé plus loin que l'Alaska. » C'est vraiment l'état le plus éloigné de l'Illinois où je suis allé et c'était même pas pour très longtemps. Alors que là, entre l'Irlande, l'Australie et l'Inde dans ma chambre, j'en aurais vu du monde.

Il était monté dans l'optique de se coucher tôt, et dans un sens même sans dormir le fait d'être au calme dans sa chambre était déjà reposant, d'autant plus que la pièce était vide. Pourtant il savait aussi qu'il aurait moins de mal à s'endormir avec Pia à côté de lui, depuis le début de la semaine passée il avait eu le temps de se rendre compte une bonne fois pour toutes qu'il dormait mieux lorsqu'il avait quelqu'un à côté de lui. Ce qui n'était pas des plus logique quand on connaissait sa tendance à se méfier de tout le monde, à vrai dire, mais probablement que c'était humain, d'apprécier la chaleur humaine justement. Pour cette raison, et simplement parce qu'il n'était jamais contre un peu de compagnie il avait proposé à Jessica de venir s'installer un peu à côté de lui si elle avait envie de profiter du plafond stellaire. Il ne pourrait pas lui parler vraiment des constellations mais il pourrait toujours inventer, si elle était disposée à ne pas trop faire la difficile. « D'accord. De toute façon, je dois pas en savoir bien plus que toi, je dormais aussi pendant les cours. » Il avait esquissé un sourire, se laissant à nouveau glisser sur le matelas à côté de la jeune femme pour s'allonger et recroiser ses doigts derrière sa nuque. C'est vrai que ce plafond était beau, il n'avait pas dormi à la belle étoile depuis des années, depuis cette lointaine époque où il allait encore faire du camping avec son père et ses frères, alors fixer ce plafond pour s'endormir c'était apaisant. Mais il était un peu curieux de savoir à quoi ressemblait les autres chambres, du coup. « Elle est très, très colorée, vive, chaleureuse, vraiment magnifique. On se croirait un peu dans un marché indien avec des étoffes et des épices de toutes les couleurs d'un bout à l'autre de la pièce. Et puis il y a les petites statues d'éléphants et de Bouddha, elles sont trop mimi. » Le regard du jeune homme s'était légèrement agrandi tandis qu'il écoutait la jeune femme lui faire sa description. Il aurait probablement pu se plaire dans la chambre de Jessica aussi, avec toutes ces couleurs et ces formes, cela devait être chaleureux. « Tu vois, je l'adore ma chambre parce qu'elle me fait voyager, alors qu'avant Fake Lover, j'étais jamais allé plus loin que l'Alaska. » Il avait roulé sur le côté, appuyant sa tête contre une de ses mains et se rapprochant légèrement de la jeune femme au passage. « Et ça être joli, l'Alaska ? Je jamais sorti de mon pays avant Chicago. » Jusqu'à aujourd'hui du moins, maintenant il pourrait toujours dire qu'il avait été jusqu'en Australie même s'ils étaient enfermés dans un espace clos et qu'il n'aurait probablement pas l'occasion de visiter quoi que ce soit dans le coin à sa sortie. « Tu faire ça depuis longtemps ? » avait-il finalement demandé en relevant les yeux vers elle « Ton travail. » Il venait de se rendre compte que ses pensées avaient vagabondé d'une idée à l'autre dans son esprit mais que Jessica n'avait pas eu l'occasion de l'entendre penser et donc de savoir directement à quoi il faisait référence. « Avant mon travail de maintenant je être professeur, mais encore avant ça je travailler dans un ... "bar", un peu comme celui à toi. Mais les filles qui travailler là, elles pas avoir choix souvent, elles pas vouloir rester là. » A leur décharge le night-club où travaillait Andreja n'avait pas l'air bien clean en comparaison de l'endroit où travaillait Jessica ... Mais tout de même, il était curieux. Il doutait que l'on puisse avoir pour vocation de se déshabiller devant des inconnus aux tendances parfois un peu déviantes, et qu'on ne rêve pas de faire autre chose. Mais il se trompait peut-être.

Je m'installe à ses côtés sur le lit pour admirer le plafond. Il propose de me parler des étoiles même s'il risque probablement de devoir inventer, ce qui ne me dérange pas du tout. Il me demande de lui décrire ma chambre, ce que je fais en insistant bien sur les couleurs puisque c'est de même l'une de ses caractéristiques principales. Elle est aussi très chaleureuse, et c'est pour ça que je l'aime bien, et parce que j'ai l'impression de voyager plus que je n'aurais peut-être jamais l'occasion de le faire quand j'y entre. Je me fais la remarque qu'avant l'aventure je n'étais jamais allé plus loin que l'Alaska. Andreja me demande comment c'est là-bas, si c'est joli, parce qu'il connaît rien d'autre que son pays et Chicago. Je tords ma bouche en une petite moue. « Hm, bah je devais avoir sept ou huit ans, par-là, donc je me souviens pas de grand chose, à part qu'il faisait froid là où on habitait, et j'ai jamais trop aimé ça. » Je lui raconte en essayant de me rappeler d'un peu plus que la température approximative. Surtout qu'il ne fait pas froid partout, enfin pas tout le temps. « Ah, mais je crois bien qu'on avait fait une balade sur un traîneau, avec des chiens pour le tirer. Et on était même allé assez loin pour voir des aurores boréales. » Il me semble, mais ça remonte à loin, vingt ans ou plus, et la mémoire c'est pas mon fort. Sauf peut-être quand il s'agit de me remémorer des bons moments avec mon père, hm. « Rien que pour ça, c'était un chouette état, l'Alaska. Même si on se les gelait. » Oui, un point négatif non-négligeable à prendre en compte avant de décider d'aller y vivre, mais moi, j'ai pas eu le choix. Il fallait bien que je vois mon père, sinon une fois que je serais adulte on aurait plus tellement l'impression d'avoir de lien. Oh, mais c'est le cas, mince ! Ça marche pas si bien que ça en fait les histoires de gardes partagées. Andreja me sort de mes pensées en me demandant si je fais ça depuis longtemps. Je détache mes yeux des étoiles comme pour lui demander de quoi il parle et il précise de lui même. C'est à mon travail qu'il fait allusion. « Six ans, à peu près. » Je réponds simplement sans pour autant véritablement comprendre pourquoi il m'a posé la question. Enfin, peu importe. Il m'apprend qu'avant d'être garde du corps, il me semble que c'est ça qu'il fait dans la vie, il était prof. De quoi, je sais pas, mais ça m'étonne un peu. « J'espère que tu t'endormais pas pendant tes cours. » Tant qu'il enseignait pas les sciences, j'imagine que ça devait aller. Je plaisante, bien sûr, alors qu'il continue de parler. Encore avant ça, il travaillait dans un bar, un peu dans le genre du club dans lequel je bosse. Il m'explique que les filles qui travaillaient là-bas avec lui, ou plus ou moins, n'avaient pas le choix. Je le fixe un instant, le dévisageant presque, mais ce n'est pas intentionnel. « Moi non plus, j'ai pas vraiment le choix, c'était ça ou rien. Enfin, je peux décider de m'en aller quand je veux, mais je me retrouverais un peu au chômage et ce serait pas la meilleure chose qui puisse m'arriver. » Déjà que ma vie est pas forcément facile, alors si en plus j'ai plus de travail, donc plus d'argent pour subvenir à mes besoins, bonjour la galère. « Mais attention, j'aime mon job, hein ! » Je m'empresse d'ajouter. Oui, je l'aime quand même assez et je suis pas prête de le quitter. Ou peut-être pas avant encore quelques années, mais il y a bien un moment où il faudra arrêter.

Pour elle ce n'était peut-être pas si loin que ça parce que cela restait le même pays et que de toute façon chez les américains tout était démesuré, y compris leur territoire, mais pour Andreja qui n'avait jamais quitté le tout petit pays d'Europe de l'Est dans lequel il était né et avait vécu toute sa vie avant de commencer à travailler pour le consulat serbe, l'Alaska c'était déjà beaucoup. « Hm, bah je devais avoir sept ou huit ans, par-là, donc je me souviens pas de grand chose, à part qu'il faisait froid là où on habitait, et j'ai jamais trop aimé ça. » Il avait laissé échapper un soupir amusé. Elle ne devait vraiment pas aimer l'hiver dans ce cas ; A Chicago ils étaient aussi froids que les étés étaient assommants de chaleur. Andreja aimait bien ce type de climats lui, il n'avait toujours connu que cela, et c'était même l'un des rares trucs qui ne l'avait pas dépaysé. « Ah, mais je crois bien qu'on avait fait une balade sur un traîneau, avec des chiens pour le tirer. Et on était même allé assez loin pour voir des aurores boréales. » Elle s'en souvenait encore bien finalement, pour un souvenir qui devait remonter à plus ou moins deux décennies. « Rien que pour ça, c'était un chouette état, l'Alaska. Même si on se les gelait. » Elle était passée en l'espace de deux phrases de "c'était y'a longtemps et j'aime pas le froid" à "j'en ai quand même des souvenirs cools même si il faisait froid" ... c'était un peu déroutant. « Tu habiter là longtemps ? » Il avait d'abord conclu à des vacances mais en l'écoutant ensuite lui parler de l'Alaska il comprenait plutôt qu'elle y avait vécu un temps. « Tu pouvoir essayer avec Milou ici, mais il pas l'air très ... dégourdi. » En plus d'avoir une carrure léééégèrement chétive. Pauvre Milou, heureusement que la plupart des candidats ne mettaient pas à exécution les menaces ou idées douteuses le concernant. Roulant sur le côté et quittant le plafond des yeux pour les reposer sur Jessica, Andreja avait changé de sujet pour la questionner sur son métier. Comme ça sans raison, parce qu'ils se "connaissaient" sans vraiment se connaître et que quand il l'avait sous la main il avait envie d'en profiter pour en apprendre un peu plus sur elle ... et cette fois-ci en étant un peu plus attentif aux réponses. « J'espère que tu t'endormais pas pendant tes cours. » Ahah, très drôle. Secouant néanmoins la tête d'un air amusé il avait répondu « Je dormir seulement quand le cours pas être intéressant. Sciences, anglais ... » Voilà, voilà, on savait d'où venaient ses lacunes en anglais avec ça. « Et puis ça être dur de dormir dans un cours de sport. » Et encore plus en étant professeur du coup. Et puis l'avantage de faire cours à des adultes c'était qu'il n'y avait pas à gérer les querelles d'adolescents en prime. Pour en revenir à sa question à lui, puisqu'elle semblait se demander pourquoi il la posait, c'était simplement que lorsqu'il était vigile dans une boîte de striptease du Baščaršija la plupart des filles n'aspiraient qu'à se tirer ailleurs, de préférence le plus loin possible des clients étrangers qui avaient vu trop de films et prenaient leurs aises en confondant boîte de striptease et bar à putes. « Moi non plus, j'ai pas vraiment le choix, c'était ça ou rien. Enfin, je peux décider de m'en aller quand je veux, mais je me retrouverais un peu au chômage et ce serait pas la meilleure chose qui puisse m'arriver. » Non, certes. Ce n'était pas vraiment le sens qu'il voulait donner à sa question à vrai dire, même si son vocabulaire et ses tournures de phrases le limitaient un peu dans sa volonté d'expression. « Non je vou- ... veux dire, tu jamais voulu faire autre chose ? » Ou chercher autre chose, il n'en savait rien, même s'il se doutait qu'une danseuse ne trouvait pas de boulot aussi facilement qu'un plombier ou un électricien. « Mais attention, j'aime mon job, hein ! » Ah mais il ne remettait absolument pas ça en cause, il l'espérait même pour elle, y'avait rien de pire que de faire un boulot à contre-coeur. Même lui, son boulot de professeur d'auto-défense lui manquait mais il ne détestait pas son boulot actuel pour autant, en dépit des sacrifices que cela avait impliqué. « Et tu le faire bien, je pouvoir confirmer ça. » avait-il fait remarquer d'un ton amusé. Elle le faisait bien et elle avait un corps qui méritait d'être montré, ce serait presque un crime de se cacher quand on était aussi bien foutu que Jessica, ça Andreja était au moins bien placé pour le savoir.