Avec Marcus, le 15 mai, à 19h30.
Il me restait encore un peu de temps avant d’avoir faim. (On ne mange que lorsque l’on a faim, premier enseignement de Maman). Oui, je le sentais dans mes entrailles, mon estomac n’allait pas tout de suite crier famine. Bref, fort de cette constatation, je m’étais décidé à franchement explorer tout ce château qui promettait monts et merveilles rien qu’à l’œil. Mais voilà, tout ça s’est très joli mais surfait. Il y avait sûrement mille et une subtilités si on se donnait la peine d’explorer. Ce que je fis. Je m’élançais donc dans une grande aventure, seul, au péril de ma vie – aheum. J’escaladais les étages, les descendais tout aussi rapidement, ouvrais les portes au hasard avec un enthousiasme affolant. J’étais comme un gamin dans une nouvelle aire de jeu. Oui, c’était un peu ça. Et enfin, je trouvais le Saint Graal. Je n’avais aucun penchant pour le voyeurisme – enfin, je le croyais – mais, quand même, c’était fichtrement intéressant ce qui s’affichait sur ces petits écrans.
J’avais la soudaine impression d’être omniprésent, alors que je voyais les petites têtes des candidats, leurs petits corps, leurs petits gestes, tout cela filmait et retranscrit directement. C’était intriguant, excitant, mais aussi incroyablement déstabilisant, parce que je n’oubliais pas le fait qu’on était tous surveillés comme ça par de nombreuses caméras. Mais pour le coup, c’était surtout très excitant. J’m’installais donc, me plaignant pendant un instant de ne pas avoir de pop-corn, et m’accorder une petite pause dans ma course folle à la nouveauté juste pour regarder mes p’tits camarades. Mais j’étais plus au cinéma que dans une réelle mentalité à décrypter tous leurs gestes. Je n’avais pas ce don qu’ont certains à voir l’invisible sur les visages des gens, ou dans leurs actions. Moi j’étais juste au spectacle.
La porte s’ouvrit au bout d’un moment, laissant passer une tête. Je tournais la tête pour accueillir le nouveau venu. « Un autre adepte du voyeurisme ? » Et je m’en foutais pas mal qu’il y voit une insulte.

Il est important d'explorer notre lieu de vie, de le connaître et de s'y sentir chez nous. Il m'était donc nécessaire de faire un tour complet du nid, mémoriser les pièces. Plus tard, je m'occuperais de mémoriser le noms de chaque candidat qui en vaut la peine. Les autres ... Ce serait inutile. Je déambulais donc dans les couloirs du nid, une clope à la main que je jetais d'ailleurs dans la première plante verte que je vis une fois que je l'eu terminer. J'suis pas du genre à courir après une poubelle. Je poussais ensuite une porte afin de découvrir une nouvelle pièce. J'étais curieux de savoir quelle était ma fabuleuse trouvaille. Je passais donc la pièce, cherchant à savoir si la pièce avait un quelconque intérêt pour moi, et il me sembla rapidement que oui. Cette pièce semblait être parfaite, regarder sans être vu. Parfait ! Malheureusement, il n'y avais pas le son mais bon, certaines situations en ont pas besoin. « Un autre adepte du voyeurisme ? » entendis-je alors en provenance d'un candidat qui se trouvait déjà dans la pièce. J'hochais la tête de haut en bas. « Parfaitement. Alors, quelque chose d'intéressant à regarder ? » Sait-on jamais qu'il y ai déjà des scoop à découvrir ici. Je refermais la porte derrière moi et m'enfonçais d'avantage dans la pièce, me fixant devant les écrans afin d'observer tout ce qu'il y avait à observer. « C'est quoi ton nom à toi déjà ? » Je ne l'avais absolument pas retenu, je me rappelais même pas l'avoir croiser auparavant dans le nid. Faut dire qu'on est nombreux à vivre ici et qu'on ne peut pas connaître tout le monde, surtout pas la première semaine.

Apparemment il n’avait pas perçu d’insulte. Ca avait l’air d’être un bon gars. Enfin comme tout le monde a l’air de l’être à la première rencontre, j’étais pas du genre méfiant en plus. Je retournais à la contemplation des écrans, cherchant un scoop, mais n’en trouvant pas. J’imaginais qu’il fallait plusieurs minutes de contemplation pour vraiment trouver quelque chose d’intéressant, et que le moindre détail pouvait vous passer devant les yeux sans que vous ne le voyiez. Il y avait trop d’écran, déjà un premier problème. On n’était pas trop de deux pour trouver vraiment quelque chose d’intéressant. « Moi c’est Daphnis, et toi ? » Je me retournais vers lui, un sourire sur les lèvres, accueillant. J’enchainais tout de suite après, pour répondre à sa première question. « Pour l’instant, j’ai juste remarqué qu’on avait pas accès aux toilettes. Ce qui est plutôt rassurant en fait … Parce que si nous on peut les voir, c’est que les autres forcément aussi … » Je grimaçais. L’idée me faisait toujours bizarre. Je n’étais pas le gars super populaire, et j’avais plus l’habitude qu’on me dévisage à cause de mes vêtements trop moulants que parce que je me mettais volontairement sous les feux de la rampe. Mais fallait s’y faire : on était épié jour et nuit, et cela même par nos petits camarades. « C’est dommage qu’il y ait pas le son … Tu sais peut-être lire sur les lèvres ? » Je lui lançais un coup d’œil, un sourire amusé sur les lèvres. Si c’était le cas, j’en serais vraiment impressionné, mais ça m’étonnerait. Qui pouvait réellement, sans mentir, se vanter d’un tel talent ? Ca ferait des envieux, ça s’est sûr, mais l’apprentissage est trop pénible. Et puis très franchement, cet art avait des résultats mitigés, suffisait juste de regarder des films pour comprendre que ça ne marchait pas à tous les coups. Mais ça nous serait bien pratique là, tout de suite.