marvel

Quand on a vraiment, mais vraiment faim, on a que ça en tête. Y’a rien qui peut nous faire décrocher. En fait, je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me fait la même chose que lorsque je suis en manque de nicotine. Je suis de mauvaise humeur, jusqu’à ce que mon problème soit réglé. Et dans la situation du moment, mon problème est mon estomac qui crie famine. C’est pourquoi je me suis préparée un bon petit plat, steak frites, pour mon plus grand bonheur. Mais non, c’était trop beau pour être vrai. What the fuck ?! Est-ce que je viens vraiment de faire ça ? Je viens vraiment de renverser le contenu de mon assiette sur le sol de la cuisine. Je suis totalement immobile à regarder ma nourriture inerte sur le plancher, ayant soit envie de pleurer, soit envie de me tuer. L’exagération est un art que je maîtrise à la perfection. « Pauvre conne... » dis-je à l’intention de ma propre personne, déposant mon assiette vide sur le plan de travail, n’ayant aucune envie de ramasser ce gâchis, mais de surtout, devoir me refaire à manger. Je lève les yeux en voyant quelqu’un entrer dans la pièce, homme que je ne connais pas, soupirant fortement. « Dis moi que tu t’en viens te préparer un festin et que tu comptes évidemment le partager avec moi parce que tu as une âme généreuse. » dis-je en mimant une petite moue. Ouais, j’essaie d’avoir pitié, ça marche à tous les coups ce trucs. Je décide finalement de ramasser mon repas sur le sol, n’en croyant pas que j’avais gaspiller quelque chose qui aurait été si bon. « Oh et je déteste le poisson, alors j’espère que ce n’était pas dans tes plans... » dis-je en lui offrant un sourire, comme s’il avait vraiment accepté ma proposition de me faire à manger, alors qu’en réalité, il n’a encore rien dit. Non mais il ne va pas me laisser mourir de faim, il oserait tout de même pas.

« Est-ce que tu m'autorises à te décevoir ? » Oh non, non, non. Il n’a pas le droit de me faire ça. En plus de ça j’ai été gentille, pas de vulgarité, ni de sarcasme, ni même de séduction provocatrice. Non, je demande simplement qu’on me nourrie, moi pauvre petite âme en peine. Une moue se dessine donc sur mon visage, alors qu’il affirme ne pas être venu dans la cuisine pour se placer derrière les fourneaux. Mais. Il a bien dit un mais. Ce mot sonne comme l’incarnation divine à mes oreilles, alors que j’étais sur le point de me dire que j’aurais besoin de recommencer à me faire à manger ou tout simplement me prendre un bol de céréale comme repas. « Pas de poissons, d'accord. Disons, je maîtrise les pâtes au pesto, si tu supportes le basilique ? Oui bien je peux toujours te faire cuire un steak de nouveau et te faire chauffer au micro-ondes l'une de ces petites boîtes de frites peu grasses dont l'on dispose dans le cellier, comme tu préfères. » Je le regarde un moment, me demandant s’il plaisantait ou s’il était sérieux. Parce que j’ai presque l’impression qu’il est trop gentil là. Je m’avance vers lui alors qu’il est déjà entrain de sortir les ingrédients dont il a besoin. Je l’interrompt alors pour déposer mes mains sur ses épaules, histoire de le regarder dans les yeux alors qu’il cesse toute activité. « T’es un homme à marier. » dis-je alors, avant de lui administrer un baiser sur les lèvres. Un simple baiser, totalement chaste avec aucune arrière pensé. Ça va surement le surprendre, mais bon, moi ça me paraît bien naturel. Je le remercie, quoi. Et puis bon, pas que j’ai l’intention de le demander en mariage, faut pas se faire d’idée, j’émet simplement une opinion. « Les pâtes au pesto sonnent divinement bien à mes oreilles. » affirmais-je en toute réponse à sa question posé il y a quelques secondes. Je me recule finalement pour aller m’installer en face de lui, le regardant se mettre à la tâche, déposant mon menton contre la paume de ma main. Je suis chanceuse tout de même, j’aurais pu tomber sur un ringard qui aurait refusé de faire ça pour moi. De bonnes personnes existent encore sur cette terre. Et moi, je n’en fais pas partie. Mais j’en profite, ça c’est un fait. « Alors toi dans la vie, t’es comme un prince charmant qui débarque pour sauver des princesses dans mon genre ? » demandais-je en soupirant. Ça pue le sarcasme, j’espère qu’il s’en est rendu compte.

« Le sarcasme, c'est pour moi en prince charmant ? ou pour toi en tant que princesse ? » Ah, il a bien comprit que je n’étais sérieuse en aucun cas. Tant mieux, c’est pas tout le monde qui sont intelligent par ici, certain ont besoin d’un dessin. Je fais mine de réfléchir quelques instants, me grattant le menton de façon terriblement cliché, les yeux vers le plafond avant de nouveau poser mon regard sur lui. « Hum... C’est difficile à dire. Je dirais que si nous étions dans un film de Disney, tu serais très certainement le prince charmant, t’as la gueule pour l’être. Dans mon cas... Je suis assez belle pour être une princesse, mais pas assez naïve. Je serais plus du genre... la vilaine. La méchante belle-soeur ou quelque chose dans le genre. » dis-je en hochant la tête à chaque affirmation. C’est complètement ridicule, je ne dis que de la merde en ce moment. « Alors j’imagine que le sarcasme s’appliquait à moi. Tu peux respirer maintenant. » dis-je en lui faisant un clin d’oeil, le regardant chercher dans tous les armoires de la cuisine. Bon, elles arrivent ces pâtes ? Je plaisante, je ne vais pas commencer à faire ma chiante alors qu’il se propose de me faire gentiment à manger. Je pousserais un peu trop loin l’audace. « Les pâtes, tagliatelle ou spaghetti ? Et puis, si je puis me permettre de te demander ton prénom en même temps ? » Bof, pour le peu que ça me dérange, j’ai tellement faim que rendu là, y’a plus de différence. « Tagliatelle. » dis-je en faisant un choix totalement au hasard. « C’est London, mais si tu veux, je peux être ta Cendrillon... » dis-je en soupirant, avant de laisser échapper un rire léger alors que j’aurais voulu garder mon sérieux face à cette réplique tout droit sortit d’un film à l’eau de rose. Parfois, je m’étonne du nombre de conneries que je peux débiter à la minute tout en gardant la tête haute. Bon, cette fois-ci n’en fait pas partie, mais j’espère que je vais au moins le faire rire. « Et toi, mon prince ? » ajoutais-je, en continuant dans la même optique. Soyons ridicule ou ne le soyons pas.