« Dis moi, tu ne saurais pas où se trouve les toilettes? » Je demande à Elise que je viens d'accoster dans les couloirs à l'étage du chateau, un peu embêté et surtout perdu. Je pensais naïvement que les WC se trouveraient dans les environs, il semblerait malheureusement que je me sois trompé et voilà cinq minutes que je cherche la pièce sans grand succès, chaton égaré, une irrémédiable envie de me soulager me prenant par tous les conduits. La demoiselle accepte avec gentillesse de m'y accompagner, je descends à sa suite les marches de l'escalier et nous arrivons tous les deux près d'un candidat blond qui semble tout autant embêté que moi. J'arque un sourcil, oubliant de remercier mon guide qui m'indique que nous sommes arrivés à destination. On reste tous les deux bras croisés non loin de la porte tandis qu'une voix tempête derrière celle-ci, nous laissant perplexe. Elle semble avoir oublié qu'elle n'est pas seule dans la maison, et lui ne nous a visiblement pas aperçu. La scène est surréaliste, je ne peux m'empêcher de sourire en avisant l'habitante à mes côtés d'un regard amusé. « Elle a la chiasse ou bien le contraire, tu penses? » Je l'interroge sans finesse. Le candidat pénètre alors de nouveau dans les toilettes, je retiens la porte de mon pieds et écarquille les yeux face à la vue que m'offre ce dernier. « Euh... Un peu d'aide? » Je demande au garçon, mon ton chevrotant entre le sérieux et une irrépressible envie de rire.

A peine une journée passée dans la maison que je fais déjà office de guide. Faut dire que s'il y a bien un endroit à savoir repérer dans ces lieux, ce sont bien les WC. Surtout dans mon cas. J'ai sûrement la vessie la plus étriquée du monde. Ainsi, lorsque Hamad- c'est ainsi qu'il s'est présenté- vient me demander son chemin, c'est le plus naturellement au monde que je lui propose de l'accompagner. Les chiottes, c'est mon domaine. Seulement, en arrivant, nous constatons ensemble l'occupation des lieux. Que dis-je.. l'envahissement des lieux. Une candidate constipée pour deux candidats surexcités. Les bien faits des besoins humains. « Elle a la chiasse ou bien le contraire, tu penses? » Je souris devant tant de "naïveté".. « Je paris tout ce que tu veux sur la deuxième option. » Ca me semble tellement logique. Quoique.. « Ou peut-être un mélange des deux ? » J'imagine la scène. Assez répugnante pour me filer la nausée. Le candidat inconnu, presque prêt à se pisser dessus, force la porte et, à mon grand étonnement, se vide finalement la vessie dans le lavabo. Je reste bouche-bée devant ce comportement pas très propre, certes, mais plutôt malin. Puis, j'assiste à l'arrivée d'un autre mâle en besoin. Bordel, on se croirait presque dans un film américain ! Vous savez, celui où tous les mecs se mattent la zigounette et qu'ils rient de la taille du pénis de leur voisin d'urinoir. Bref, je grimace. « Je sais pas si sa merde est restée bloquée dans ses fesses, en tout cas elle a créé un certain embouteillage. », dis-je en m'adressant à Hamad. « Dans tous les cas, on en revient à la même conclusion, la constipation. Pari gagné. Je gagne quoi ? »

Le long monologue de Sasha me laisse pantois. J'ai l'impression d'être retombé dans les toilettes de mon école primaire face à tant de subtilité. J'me contente de froncer le nez. « Non, mais on peut toujours le faire discrètement, si tu veux un conseil tapisse l'eau avec du pq la prochaine fois, et enlève ton micro surtout. » Je lui signale d'un air blasé en désignant du menton l'appareil toujours branché sur elle. Je sens que cette séquence restera gravée dans les mémoires de l'émission. Elise est toujours à mes côtés tandis qu'Ennio termine de souligner le ridicule des deux candidats que nous avons interrompu, si bien que je ne peux retenir un léger ricanement. Je tourne la tête vers mon guide pour me pencher à son oreille. « Un certain embouteillage? Elle a carrément bouché les toilettes je suis sûr, personnellement j'me contenterai des lilas du parc. » Je réponds avec nonchalance tout en arquant un sourcil, m'apprêtant à sortir. Je rebrousse soudainement mon chemin pour me saisir du désodorisant dont j'actionne le pchit, couvrant l'ensemble de la pièce d'effluves à la noix de coco. Une manière de conclure cet échange cocasse avant ma sortie définitive de la pièce. Je m'arrête néanmoins devant la brune. « Un pari? Quel pari? Je n'en ai mentionné aucun que je sache. » Je m'approche d'elle et dépose simplement un baiser sur sa joue. « C'est tout ce que tu auras, merci de m'avoir aidé je ne sais pas ce que j'aurais fais face à ces deux spécimens. » J'esquisse un clin d’œil dans la direction de la petite constipée et m'extirpe finalement de la pièce, soulagé.