feat katell

A seize heures personne ne traînait dans la maison, pas étonnant vu le soleil flamboyant de dehors. Et puis on va pas s'le cacher, pour la plupart d'entre nous, le déjeuner venait tout juste de se terminer, c'est pas le moment de songer au goûter mais plutôt à une quelconque activité... extérieure. Sur les trente candidats en jeu, il y avait bien une bonne dizaine d'occupations différentes. Entre le bronzage, les ballades en forêt, la visite du parc du château, le labyrinthe et j'en passe. Bon à l'inverse, y'en avait toujours qui pointait le bout de leur queue dans la salle d'observation, ou qui faisait la sieste post-dejeuné sur le divan. Y'en avait même un assis sur un tabouret de la grande table de cuisine en train de bouffer. C'était le terme sérieusement. Il n'avait aucune délicatesse dans ses gestes, il devait surement avoir faim, vu à la vitesse qu'il enfila ses tartines. Je m'approche de lui, j'avais chaud et une envie toute particulière de manger des fruits... mais des fruits mixés. Une envie de smoothie plus précisément. Y'avait un mixeur dans c'te baraque? Sérieux elle bénissait Cupidon si elle en trouvait un. J'avance donc vers les premiers placard, tout en regardant les dernières miettes du sandwich se faire ingurgiter par ce cher candidat et j'en hausse les sourcils. Putain, comment il faisait pour rentrer tout ça en lui? Personnellement, je mange un septième de son goûter et je dégueule dans la foulée. Et pourtant, j'aime le nutella. Ce dernier sourit. Pitié non. «charmant» il avait du chocolat plein les dents, mais il a quand même réussis à me faire sourire. Son côté complètement bordélique et sans gêne m'atteignait presque. J'ai dit presque. Je continue ma quête d'un mixeur et par la même occasion, je remarque le bordel qu'il a foutu sur le plan de travail. J'étais pourtant pas maniaque, mais j'allais lui faire la remarque, vous me connaissez. «éh dis, tu rangeras ton bordel aussi.» mon intonation est devenue un peu plus sèche, mais ils comprendront au fil de l'aventure que c'est juste une façon de parler et que je ne sais pas dire les choses plus aimablement, tu vois? «aufaite, tu t'appelles?» ouai parce que le nommer le "candidat nutella" c'est sympa trente secondes mais j'vais m'en lasser.

Il est sérieux le mec? Je m'attendais à me faire gentiment remballée sous mes ordres quelque peu douteux, mais c'est avec stupéfaction que je regarde attentivement et avec un brin d'amusement mon camarade s'exécuter. Il range le nutella, puis la brioche et il va même jusqu'à passer l'éponge. Je reste quelques secondes plantée devant le plan de travail, je ne fais rien d'autre que penser. Chose que je sais faire parfaitement. Je lui lance un clin d'oeil dans la foulée, comme pour le féliciter. Bon j'le prends un peu pour un gamin, qui de un ne sait pas manger, de deux écoute tout ce qu'on lui dit et de trois à un nom de film pour enfant. Un nom de poisson, oui t'entends bien. Némo. Instinctivement je m'arrête dans ce que je suis en train de faire et me retourne histoire d'être face à lui. «némo? tes parents ils avaient vu ou bien?» aïe. Ça m'apprendra à ne pas tourner sept fois ma langue dans ma bouche (putain, cette expression est bien plus efficace à l'oral qu'à l'écrit.) non mais c'est vrai, némo quoi. Sans parler de la référence, le prénom est ridicule point barre. Derrière ça, j'trouve qu'il y a qu'un individu comme lui qui peut porter ça... peu importe. Je continue à fouiller dans les placards, je commence à m'énerver. «il y a pas un putain de mixeur ici?» je désespère, j'ai plus qu'à renoncer à mon smoothie, ça allait être dur à tenir. «Et toi ? Ton p'tit prénom c'est ..» mon petit prénom? Je soupire. Mon prénom tout court me suffira. «Katell.» j'aurais pu dire Katheline, mais seulement ma grand-mère m'appelle ainsi. Butée telle que je suis, je continue à ouvrir tous les placards, et j'y trouve dans le dernier l'engin que je cherche depuis dix bonnes minutes. Ouf. J'le sors, putain c'est quoi ce mixeur? Du temps du moyen âge tu connais? «Tu es venue te préparer un petit plat ? Sinon je peux te faire ma spécialité, mais c'est 100% calorie » en plus il est serviable. Je fronce les sourcils, c'est devenu un réflexe ici. «tu m'en veux pas, je vais plutôt me rabattre sur ma spécialité.» je suis froide, mais maintenant les candidats devraient être habitués. Ce n'est pas les calories qui me faisaient peur, mais plutôt sa spécialité..

Le mixeur en main, je peux enfin passer à l'étape suivante... mixer les fruits? Bonne idée tu ne trouves pas. Je regarde un peu la corbeille à fruit, pour le coup, Cupidon n'est pas radin là-dessus. La corbeille, en plus d'être grande elle était diversifiée. J'entends par là qu'il n'y avait pas seulement des pommes et des bananes. Une chose qui forcément me réjouis puisque les fruits et moi ça ne fait qu'un. Ça sera sûrement d'ailleurs mon alimentation de la semaine si les plateaux repas continuent d'être garnis de charcuterie... un jour ça va, mais deux fois par jour pendant une semaine ça allait être vite pesant. J'avais presque oublié némo lorsque ce dernier mon contredit quant à l'état de ses parents lors du choix de son prénom. Il jouait sur les mots et ça me plaisait qu'à moitié... tout simplement parce que j'ai toujours raison. «ouai, du pareil au même quoi» ni une ni deux, j'ouvre le mixeur et ouvre le frigo. Des kiwis. Si seulement il y avait des kiwis ça serait un miracle. Bon je venais pourtant de dire que la corbeille était remplie, mais... je faisais ma difficile, comme à chaque fois. Jamais satisfaite vous allez me dire. «Un coup de main alors ?» et voilà que ce dernier me propose son aide. En soit c'est plutôt aimable, même si je sens bien que ce n'est pas tout à fait sincère. À vrai dire, il se fait juste terriblement chié et essaye de trouver une occupation. J'hausse les épaules. Je savais d'avance qu'il allait plus me gêner qu'autre chose, mais allez, j'étais d'humeur plutôt joueuse, à noter d'une croix rouge sur le calendrier. «au programme, smoothie kiwi banane» je vois ses sourcils se froncer, je m'en doutais et je m'attendais à cette réaction. Il ne connaît pas les smoothies. C'est vrai que ce n'est pas très commun en Irlande, mais en France, c'est plutôt au goût du jour. «tu m'en diras des nouvelles.» par la même occasion, je lui file un couteau et les bananes. Pas besoin de lui expliquer, il doit comprendre que j'attends de lui qu'il les coupe en morceau. Je ne lui ai pas répondu clairement à sa proposition mais disons que cet acte veut tout dire.

Mon smoothie prenait forme, enfin façon de parler. Fallait pas vraiment se fier à l'apparence finale, puisque ça ne donnait pas grand-chose de très appétissant. C'était plus rafraîchissant que nourrissant, mais avec un temps pareil, on ne pouvait pas rêver mieux. Je regarde mon camarade, franchement il me faisait penser à un collégien, dans l'sens où il avait vraiment un comportement immature. D'un autre côté j'appréciais ce côté décalé et ça faisait un bien fou contrairement à ce que vous pensez. Je pense qu'à longueur de journée, j'aurais du mal à le supporter, mais à petite dose, c'était plaisant. Il se faisait chié, ça se voyait comme un nez au milieu de la figure. Il cherchait une connerie à faire, j'avais ce don pour détecter ce genre de choses. D'ailleurs, ce dernier me lance sur un terrain... glissant «Katell, je vois bien que ce n'est pas ton genre, tu vas trouver ça sûrement hyper gamin, puéril, fin bref j'men fous mais pour s'occuper, que dirais-tu de faire quelques smoothies épicés pour nos chers camarades ?» Je souris... intérieurement, je devais pas me faire cramer, j'avais justement en tête d'inverser un peu la donne. En effet, avec ce genre de camarade, il y a moyen de bien s'amuser, alors qu'avec une personne telle que moi, c'est déjà moins probable. C'était donc à moi de lui prouver que je m'y connaissais en taquinerie. Mais fidèle à moi-même, je décide de refuser le complot, j'arrive même à être crédible. «laisse tomber mec, c'est pas une bonne idée.» Ça c'est fait. Je m'impressionne de mes talents de comédienne. J'évite à tout prix de croiser son regard, car j'allais bien finir par me marrer et perdre toute crédibilité. Franchement c'est vrai que je crois que j'aurais fais la gueule à sa place. Gentiment il propose une activité plutôt amusante et je le remballe bien gentiment... mais il allait vite s'en remettre... croyez-moi. Le mixeur venait donc de terminer son travail et je verse la texture dans deux verres. Par la même occasion, alors que némo détourne le regard, je lui rajoute quelques ingrédients mystères... et lui tend son verre. «tiens goûtes.» sérieusement, personne n'aurait trouvé la faille, j'étais parfois bien plus maligne que je l'imaginais. Je le regarde approcher son verre tout près de ses lèvres. Je me pince la lèvre inférieur, bois crétin ! «smoothie banane kiwi...» je m'arrête deux secondes et me marre en voyant la gueule qui tire à la première gorgée. J'ai cru qu'il allait rejeter son intestin, vraiment. Ça n'a pas l'air bon, ah bon? Normal vu les petits rajouts de dernières minutes. Mission réussie, je suis fière de moi «avec son zeste de chlorure de sodium, une touche de vin blanc et un reste de jus de citron.» voilà que je dévoile finalement la potion de cet texture infecte. «c'est ta connerie qui m'a inspiré.» c'est vrai, ce p'tit bout d'mec avait été ma muse pendant quelques minutes. «c'est qui notre prochaine victime?» let's go.

Apparemment mon mélange était vraiment infecte. Ça ne m'étonne pas, quand je fais quelque chose ce n'est pas à moitié. Il n'avait pas fallu de beaucoup de tentations pour que je me prête au jeu. Lui par contre avait l'air très surpris et un peu vexé de mon comportement. Personnellement c'était une première victoire. C'est alors avec une grande fierté, la tête relevée que je le regarde recracher la texture. Putain le plan de travail quoi. Il pouvait pas faire attention? «fais pas semblant, tiens, bois de l'eau.» je lui tends un verre d'eau, cette fois-ci sans mauvaise blague, une fois ça va, deux fois n'est pas de coutume. Je finis de mon côté mon smoothie, il manquait de fraîcheur, bien que les kiwis étaient bien sagement gardé au réfrigérateur. Je pose mon verre dans l'évier, et je remarque par la même occasion que la pile de vaisselles sales commençait à se faire très haute. Mais croyez-moi bien, je n'allais pas m'y atteler. Je vois némo reprendre ses esprits, le liquide enfin passé, je remarque qu'il reprend des forces. Il me regarde attentivement, j'arque un sourcil, je ne sais pas vraiment comment le prendre. J'imagine qu'il songe d'ores et déjà à une vengeance, mais malin comme il est, il va attendre le moment propice. «Y a-t-il un personnage dans la maison qui t'insupportes déjà ?» sa question méritait réflexion. Il y avait malheureusement plus d'un personnage s'il voulait tout savoir. J'essaye de me rappeler en vitesse des quelques noms que je connaissais. Il n'y en avait pas des masses non plus. «si y'en avait qu'un...» ça serait bien plus simple figure-toi. Mais honnêtement sa question posait problème. À ce stade du jeu, je n'avais pas fais assez de connaissances pour pouvoir donner des noms. «je connais même pas les noms, ils sont tous autant insupportables.» c'était un peu de la généralisation ce que j'étais en train de faire, mais en même temps, c'était plutôt véridique.

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