La deuxième semaine était bien entamée et le prime déjà oublié. Maintenant, mes camarades et moi étaient préoccupés par les nouvelles nominations. Demain nous avions le verdict et ça peut paraître idiot, mais je n'avais pas envie d'en faire partie. Il est vrai qu'avant d'entrer dans le jeu, jamais j'aurais pensé vouloir rester dans le nid d'amour, mais après tout, une fois qu'on y est, on n'a pas vraiment envie d'y sortir.. à moins quelques cas exceptionnels. Les débuts d'après-midi dans la maison était toujours très calme, d'autant plus quand il y avait un soleil resplendissant dehors. Autrement dit, tous mes camarades étaient en train de se faire cramer la peau et par la même occasion, certains négligeant la crème solaire, étaient en train de cultiver le cancer de la peau. Dit comme ça, c'est assez trash. Mais d'un autre côté, c'est la simple vérité. Ce n'est pas parce que tu as déjà une couleur de peau foncée qu'il ne faut pas voir peur des coups de soleil. Enfin, ça encore, ce sont mes petits coups de gueule, dans le fond, je m'en fous, ils font bien ce qu'ils veulent, n'est-ce pas? Personnellement, le beau temps me donnait plus envie de me renfermer dans une pièce où le frais régnait. J'ai pensé à la cave, mais me saouler, seule, à quinze heures c'est quand même inquiétant. Alors, je décide d'aller dans la salle informatique. Je n'y étais pas retournée depuis la fin du prime et je trouvais ce système intéressant pour garder contact avec l'extérieur. J'ouvre donc la lourde porte en massif et j'y retrouve un de mes camarades, keelan. Je souris. J'aurais pu tomber sur pire. Pour vous mettre à jour, keelan est le candidat avec qui j'ai passé le premier prime, avec qui j'ai partagé ma solitude? Mais il est vrai que depuis, on ne s'était que croisé et très peu parlé.. «salut keelan» je reste assez froide, je ne sais pas m'exprimer autrement. «tu viens mettre ton blog à jour, ou bien?»

J'avais passé mon début d'après midi à la plage, à profiter du soleil en compagnie de la très charmante Anabel. J'y étais resté une heure, une heure et demi tout au plus. Ne voulant pas me choper un coup de soleil, ni d'insolation, j'avais décidé de revenir au château. Et puisque sur le chemin je passai devant la salle informatique, autant aller jeter un coup d’œil aux blogs. Contrairement à beaucoup par ici, je n'étais pas franchement un addict de ce genre de choses. Cela étant je n'étais pas réfractaire non plus. Et puis c'était plutôt marrant de lire toutes les conneries que les candidats pouvaient poster. Autant vous dire qu'il y en avait un paquet. J'étais en train de pianoter sur l'ordinateur, lorsque Katell pénétra dans la pièce.  « Salut. Ouais, je viens regarder si je n'ai pas d'admiratrices secrètes » fis je en plaisantant.  « Il est important de savoir satisfaire ses fans. » Bien sur. A prendre au second degré, évidemment. Je fouillai alors dans ma poche, m'assurant que mon briquet se trouvait à sa place.  « Ouf, mon briquet est toujours là. Je me méfie avec toi dans les parages » Petite référence au fait qu'elle m'avait volé mon briquet cette sale garnement lors du prime. Heureusement elle me l'avait restitué, sinon gare à ses fesses.

Une fois dans la salle, je m'installe devant un ordinateur, touchant sur un peu tous les boutons histoire que ce dernier s'allume. Je n'étais pas très nouvelle technologie, mais je n'avais rien contre. Dans le fond c'était tout de même très pratique dans la vie en général. Et puis j'étais née avec ça disons. Mais c'est vrai que ça ne m'était pas si indispensable comme ça pouvait l'être pour certains. «Salut. Ouais, je viens regarder si je n'ai pas d'admiratrices secrètes, il est important de savoir satisfaire ses fans.» c'est vrai. Il n'avait pas tort. Je souris et ne tarde pas à répliquer «et alors, combien d'admiratrices secrètes?» je rentre dans son jeu, évidemment, j'étais d'humeur taquine. L'engin s'allume enfin et se met directement sur le blog. Je n'avais plus qu'à rentrer mes coordonnés et j'allais être dirigée sur mon site. Je ne sais pas trop pourquoi je venais ici, dans le fond je m'en fichais un peu de ma côte, voire complètement. Je ne comprenais toujours pas le classement lors du dernier prime. Je figurais quatorzième si mes souvenirs étaient bons. C'est assez exceptionnel, soit il y avait de nombreux téléspectateurs aussi froids et insensibles que moi, soit la production faisait en sorte de mettre en avant mes bons côtés.. ce qui n'était pas une mince affaire. «ton briquet?» forcément j'échappe un petit rire diabolique. Il ne pouvait s'empêcher de me le rappeler. «tu ferais mieux de me remercier, plutôt que de te méfier.» il devait m'écouter. De loin l'envie de lui piquer m'était venue. Il me l'avait prêté, je lui avais redonné en le posant sur le bord de la chaise un truc du genre et monsieur l'avait ensuite oublié. Depuis je suis la fautive. Ben voyons. «qu'est-ce qu'il a de si important à tes yeux?» c'est vrai ça. Il lui tenait très à coeur, j'aimerais bien connaître la raison. C'est quand même pas très commun d'être attaché à un briquet.. valeur sentimentale? Grigri? Si non je donne ma langue au chat.

Katell s'installa sur un ordinateur libre non loin de là.  « Oh tellement que je ne les compte même plus » Oui bien sur, c'était la bousculade sur mon blog pour m'envoyer des messages d'amour. D'ailleurs le public avait prouvé son amour pour ma personne en me positionnant dans les...pfiou 20ème. De quoi être fier n'est ce pas ? Bon, en réalité sur 36 ce n'était pas si catastrophique que ça, mais tout de même. Pas sympa pour mon amour propre. Moi qui désirait toujours être premier de tout. On avait la gagne dans le sang ou on ne l'avait pas. Il n'y avait plus qu'à espérer que le public saura reconnaître ma grandeur, n'est ce pas. « Ton briquet ? Tu ferais mieux de me remercier, plutôt que de te méfier.» Bien sur bien sur. Je ne le perdais jamais qu'on se le dise. Elle n'avait pu que me le chiper dans ma poche, tout à fait. Bon je n'y croyais pas vraiment hein.  « Tu as raison. Je te remercie très chère d'avoir su prendre soin de mon briquet, et me le rendre sain et sauf » Là c'était mieux ? « Qu'est-ce qu'il a de si important à tes yeux?» Hm très bonne question. Il est vrai que mon attitude envers un briquet pourrait paraître excessif. Pour certain ce n'était qu'un objet stupide, mais pas pour moi. Celui là était spécial.  « Tu n'as même pas remarqué qu'il était gravé. » Je te jure, aucun sens de l'observation. En effet, dessus, on pouvait lire en petit l'inscription « Forever Yours ».  « C'est un cadeau de ma femme » répondis je simplement.

J'étais en train de parcourir mon blog et je n'étais que très peu concentré sur ce que racontait Keelan. Faut dire qu'il n'y avait rien d'intéressant. Il avait apparemment de nombreuses admiratrices secrètes. Soit. Je ne pus m'empêcher de comparer son cas au mien... à ma façon. «les miens ne doivent pas connaître ce qu'est internet.» j'en rigole évidemment, ça ne m'atteignait pas vraiment. Mais il est vrai que je n'avais que très rarement des messages de personnes inconnues. Je ne devais pas faire l'unanimité et c'était peut-être mal vu de poster un message sur mon blog. Comment pousser le vice au plus haut? Je recule un peu ma chaise et cette fois-ci, je deviens plus attentionnée concernant Keelan. « Tu as raison. Je te remercie très chère d'avoir su prendre soin de mon briquet et me le rendre sain et sauf » Il tente des remerciements, mais j'explose de rire tellement ça manque cruellement de sincérité. «avec un peu plus de crédibilité ça aurait été mieux» je déconnais évidemment. Bien que je sentais qu'il avait mis du temps à la former sa phrase et encore plus à la sortir.. enfin bon, revenons-en à ce fameux briquet, oui. Heureusement qu'il était là, lui. Apparemment il était gravé. Un briquet gravé? J'avais à faire à qui? «montre, je veux vérifier.» c'est clair que j'avais rien remarqué. Les briquets me servaient en général à allumer la clope, rien de plus. Je peux concevoir qu'on en trouve des plus ou moins beaux, mais de mon côté, qu'il soit noir, brillant, avec des fleurs, ou bien pire que ça rose : je m'en foutais royalement. Mais ça n'était pas le cas pour tout le monde. J'attends patiemment qu'il sorte son briquet, quand il reprit la parole pour m'annoncer une chose qui attire mon attention tout particulièrement : à ce qu'il disait, il avait une femme. Hein? «ah bon? t'as une femme?» je tombe de haut. Je me retiens de lui demander ce qu'il foutait dans le jeu alors, mais c'était pour le moment malvenu. J'avais bien entendu. Ça n'était pas ex femme, mais femme qu'il avait dit. Suis-je donc la seule à ne pas être au courant?

«les miens ne doivent pas connaître ce qu'est internet.» Oui ça devait être ça.  « Parce qu'ils sont trop vieux ? » Peut être attirait elle les petits vieux qui du coup ne savaient pas se servir d'un ordinateur. Bon hm je racontais n'importe quoi. Soit. Je tentais de la remercier pour m'avoir rendu mon briquet. Apparemment j'en avais fais un peu trop pour que ça soit crédible. Réaction de la demoiselle : elle éclate de rire. Ce qui faisait plaisir non ? Ce n'était pas souvent qu'on la voyait ainsi. Bon même si c'était pour se moquer de moi, tss.  « Rho pourtant je croyais l'être. » Non mais sincèrement je la remerciais de me l'avoir rendu. Peut importe comment elle l'avait obtenu à la base. Je voulais bien croire à sa version des faits, même si ça me paraissait suspect. Je lui fis alors remarque qu'elle n'était guère observatrice. Elle me demanda alors de lui montrer mon briquet. Hm, n'était ce pas la une ruse pour me le subtiliser de nouveau ? Je le sortis toutefois de ma poche et lui tendis.  « Il s’appelle revient. » fis je un sourire aux lèvres, plus pour l'embêter. Évidemment la jeune femme tilta lorsque je parlais de ma femme. Limite une expression choquée. Qu'elle se rassure, si j'étais encore marié à l'heure actuelle, je ne serais certainement pas venu m'enfermer dans ce château. Oh non.  « J'avais. » la rectifiais je. Elle serait assez grande pour faire ses conclusions toute seule. Certes, j'aurais pu être divorcé, mais dans ce cas j'aurais utilisé le mot ex femme. Et surtout, ça serait suspect de tenir autant à un briquet, qui est un cadeau de son ex, non?

«Parce qu'ils sont trop vieux» okay c'était de l'humour, mais dans le fond, je me demandais s'il n'avait pas tort, il n'y avait qu'à regarder mon partenaire? D'accord il n'est pas vieux, trente-cinq ans, c'est encore jeune, mais disons qu'au sein du nid c'était le plus âgé. Je fronce légèrement les sourcils, comme pour montrer mon mécontentement. «faut croire, cupidon aussi l'avait déjà remarqué.» moi attirée par les hommes matures? C'était pourtant pas vraiment ce qui me démarquait. C'est vrai que mes ex avaient toujours été plus âgés que moi, mais ça ne dépassait pas plus de cinq ans de différence... en général. Je n'ai pas spécialement d'explication à ça, disons que dans mon entourage je n'ai pas souvent l'occasion de rencontrer des mecs de trente, quarante ans. C'est tout. Après, je ne suis pas spécialement contre, mais avec Sami, ça me paraissait très compliqué. Je le prenais plus comme un bon pote, un confident plutôt que mon futur mec, tu connais? Toute manière, je ne devais de compte à personne et ça me ferait ni chaud ni froid de repartir célibataire de l'aventure... contrairement à certains qui le pendraient pour un échec. Je sors une nouvelle fois de mes pensées, quand Keelan me sors son briquet. Sur le moment je m'attendais plus à me faire remballer, j'avais tendu la perche, mais finalement, il préféra la contourner, en me lançant tout de même un petit pic. «Il s'appelle revient.» je lève ma main droite et prend un air moqueur «promis.» puis j'attrape l'objet. Alors comme ça, il y avait une écriture gravée. Ah oui en effet. Faut le savoir quand même, c'est pas si voyant que ça. Mais malgré sa précision sur sa femme, enfin son ex femme, enfin j'en sais trop rien au juste, il me laisse dans l'incompréhension. Il en avait trop dit. «c'est la mode d'être marié ici.» je marque un temps d'arrêt. Mon franc parlé pouvait me jouer des tours. «divorcé, donc?» il ne m'avait pas donné beaucoup d'indices.

« Faut croire, cupidon aussi l'avait déjà remarqué.» Mais...de quoi parlait elle ? De son partenaire ? Non mais oh, quand moi je disais vieux, je parlais de papy presque ! Qu'elle fasse attention à ce qu'elle dise celle là. Je n'étais pas si loin de l'âge de Sami.  « Je ne vois pas pourquoi. Il est très jeune ton partenaire » Mais oui tout à fait. Pour vrai je m'en fichais bien. Sur un autre sujet, je lui confiais mon briquet, pour qu'elle puisse lire l’inscription, puisqu'elle me l'avait demandé. Je gardais un œil dessus, sait on jamais qu'il disparaisse par magie. Mais bon, elle avait juré en levant la main droite, il ne devrait pas y avoir de problèmes n'est ce pas ? Elle n'oserait pas se parjurer. Malgré ma petite correction de temps pour ma phrase, Katell ne sembla pas comprendre. Y avait il la lumière à tous les étages ? Peut être devrais je lui faire un dessin. « C'est la mode d'être marié ici.» A ma connaissance il n y avait qu'Ariana. Et moi je ne l'étais plus. Et donc...ça faisait une mode ?  « Tu as quelque chose contre le mariage ? » lui demandais je. Avant de finalement lui répondre.  « Non. » Non, je n'étais pas divorcé. Alors, la lumière se faisait elle jusqu'à son cerveau ? Pas sur... Dans le doute, je m'exprimais plus clairement, là impossible qu'elle ne comprenne pas.  « Je suis veuf. » Hm je détestais ce mot. Mais bon, c'était bel et bien ce que j'étais. « Ma femme est morte il y a trois ans. » ajoutais je. Généralement, c'était à ce moment là que ça jetais un froid dans la conversation.