Tweedy était le genre de filles un peu barges. Le genre de filles à se lever aux aurores puis à getter sournoisement que les candidats dormant dans la chambre qui n'était même pas la sienne désertent cette dernière dans l'espoir d'y voir rester une seule et unique personne. Le genre de filles, aussi, à s'approcher furtivement du lit de cette même personne et à y grimper telle une enfant de huit ans. Et enfin, le genre de filles à réveiller cette personne qui, assurément, aurait préféré dormir encore quelques heures. Mais ça, c'était sans compter sur Tweedy et sa folie, que la personne en question commençait d'ailleurs à bien connaitre. Cette personne, c'était Laoise. Laoise que Tweedy avait observé dormir le temps que le partenaire de cette dernière quitte leur lit, comme l'ensemble des autres candidats dormant dans cette chambre l'avaient fait avant lui. Laoise qui ne tarderait pas à regretter de ne pas s'être levée elle aussi. Laoise qui finirait par se persuader que Tweedy avait réellement un grain. « Minstinguette, il faut se réveiller ... » fit alors Tweedy, qui se trouvait donc désormais vautrée sur le lit de sa camarade. « Je suis venue t'embêter, excuse-moi par avance » reprit-elle sur un ton amusé, toutefois à peine honteuse face un tel aveu. A croire qu'elle savait que Laoise la savait bien assez folle pour venir embêter les gens au saut du lit. « Action ou vérité ? » fit-elle à nouveau, laissant cette fois-ci échapper un petit rictus, tandis qu'elle n'était même pas sûre que sa camarade l'entende. Peut être dormait-elle à poings fermés ? « Je blague, pas d'action ou vérité ce matin ... » annonça-t-elle par la suite, tandis qu'elle secoua légèrement Laoise. « Mais je suis quand même venue t'embêter, hein. » Sans blague, on n'avait pas du tout remarqué, hein. Quelle blague. « Debout, debout, debout, debout, debout ! » insista-t-elle finalement, tandis que ses mains vinrent finalement se poser au niveau des cotes de sa camarade, qu'elles virent alors chatouiller. C'était un acte désespéré, oui.

Quelques fois, et c'était fort heureusement plutôt rare, Tweedy devenait complètement barge. Pas barge au point de poursuivre des gens avec un couteau de cuisine, mais presque. Ce matin, la jeune femme avait par exemple décidé d'aller embêter sa camarade, Laoise, qui faisait aussi office de compagne de débauche à certaines occasions. Pour le coup, Tweedy agissait comme une traitresse, puisqu'elle s'en prenait à celle avec qui elle avait presque fait les quatre-cent coups. Bon d'accord, on exagère peut être un petit peu pour un simple jeu d'action ou vérité, mais tout de même, ce genre de choses, ça rapproche. Et pourtant, Tweedy n'avait pas hésité à bondir sur le lit de sa camarade et à tenter, dans un premier temps, de réveiller celle-ci avec douceur. Oui, dans un premier temps. Car voyant que ça ne menait à rien du tout, la petite brune décida de passer à la phase deux. Et ça, ça ne sentait clairement pas bon pour Miss Laoise. Parce que phase deux signifie chatouilles dans le langage de Tweedy. Eh oui. Et donc, celle-ci ne tarda pas à poser ses mains sur les côtes de sa camarade pour lui prodiguer quelques chatouilles bien sadiques, surtout à une heure pareille où la jeune femme avait sans nul doute terriblement envie - et besoin - de dormir. Mais ça, à la rigueur, Tweedy n'en avait que faire. Elle s'était mis en tête de réveiller Laoise, alors elle réveillerait Laoise. Point. Et si cela devait lui couter une tarte en pleine figure, et bien soit. Heureusement, point de violence physique en retour de ces chatouilles - ce qui n'avait rien de bien étonnant vu qu'il s'agissait de Laoise - mais simplement un geste visant à éloigner les mains vicieuses de Tweedy des cotes innocentes de Laoise. Les yeux de cette dernière s'ouvrirent enfin et Tweedy afficha sans tarder un large sourire de contentement. Elle avait réussi son défi là, non ? Oui parce que, dans sa tête, c'était un défi. Genre action ou vérité, mais version je-n'ai-pas-d'amis-alors-je-joue-toute-seule. Exactement. Là, Laoise fit carrément l'effort de prendre la parole, insinuant que Tweedy était méchante. Un rire s'échappa doucement des lèvres de la petite brune. « Arrête, tu sais très bien que je suis un ange » fit alors Tweedy, sur un ton quelques peu amusé. Sa camarade décida alors de recapturer ses mains, histoire sans doute qu'elle ne puisse plus rien lui faire. « Ah non, ça c'est de la triche » reprit Tweedy, affichant une petite moue contrariée. Elle avait décidé d'être chiante ce matin, oui.

D'accord, il est vrai que Tweedy venait de faire fort. Bondir de la sorte sur cette pauvre Laoise puis réveiller celle-ci à coup de secousses et de chatouilles, ça n'était effectivement que très moyennement sympathique. Pour le coup, Tweedy se sentait presque coupable. Presque. Parce qu'il fallait avouer que tout cela avait quand même tendance à l'amuser légèrement. Il était fort probable que Laoise ne soit pas autant amusée que la petite brune, quoi qu'il soit évident qu'elle prenait plutôt bien la situation, et cela contribuait justement à rendre la situation amusante aux yeux de la française. Elle était peut être un poil sadique, un poil cruelle même. Mais tant qu'elle le vivait bien, tout allait pour le mieux non ? Et maintenant, Tweedy prétendait être un ange. Oui, un ange. Comme si c'était le comportement d'un ange qu'elle venait d'adopter, hein. Elle nous prenait très clairement pour des haricots la Tweedy. Mais qu'importe puisqu'elle semblait en plein délire de toute manière. Pour changer. Visiblement, Laoise n'était pas d'accord avec Tweedy. Ça alors, comme c'était étonnant. « Même si le rouge me va plutôt bien - d'après ce qu'on m'a dit - je suis navrée de te dire qu'il n'y a rien de démoniaque en moi » répliqua alors la jeune femme, sur un ton quelques peu amusé. Tweedy n'était peut être pas un ange, mais elle n'était pas un démon pour autant, hein. Par la suite, et lorsque Tweedy trouva à redire du fait que Laoise avait emprisonnées ses mains, sa camarade lui fit savoir qu'elle se passerait de règles dans la mesure où Tweedy s'était permise de la réveiller comme une chipie. Ah merde. « Oui, mais non ! » s'exclama alors Tweedy. Vite, trouver quelque chose. N'importe quoi pour récupérer ses mains. Hum ... « Tu ... tu ne vas pas pouvoir séquestrer mes mains éternellement ! » Ah oui, ça c'était de l'argument, hein. Ou pas, hm.

Si Tweedy était véritablement un ange, comme elle prétendait si bien l'être, la petite brune cachait bien son jeu. Parce qu'à en juger par son comportement de ce matin à l'égard de cette pauvre Laoise, ça n'était évident que pour elle. En effet, toute personne ayant assisté à cette scène d'horreur - oh oui, d'honneur - était en droit de se dire que la jeune femme n'était en rien un ange. Mais était-ce pour autant suffisant pour lui faire comprendre qu'elle avait plutôt l'attitude d'un démon, d'une créature maléfique, d'un être malveillant ? Quand même pas ... si ? Laoise, elle, semblait désormais persuadée que sa camarade cachait bien son jeu et qu'elle était en fait une vilaine petite chipie, voire carrément le diable en personne. N'exagérait-elle pas un tout petit peu, hm ? A ses yeux, probablement pas. Ainsi donc, Tweedy avait beau lui dire qu'elle n'avait absolument rien de maléfique - ce qui, là tout de suite, était relativement peu crédible - sa camarade semblait déterminée à lui trouver un coté sombre. Elle nota par ailleurs le regard dit "diabolique" que venait de lui adresser Tweedy. Celle-ci écarquilla alors de grands yeux. Mais ... mais ... quel regard diabolique ? « Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler » fit alors innocemment Tweedy. Naturellement, celle-ci avait bien compris que sa camarade usait d'humour, comme pouvait d'ailleurs en témoigner le sourire qui avait pris place sur les lèvres de cette dernière. N'allez surtout pas croire que Tweedy avait cru un instant à ces accusations, hein. Non non, absolument pas. Promis. Juré. Craché. Eurk. Par la suite, Tweedy chercha tant bien que mal à récupérer ses deux mains, désormais prisonnières de l'emprise de Laoise qui, visiblement, craignait que sa camarade ne lui fasse à nouveau des chatouilles. Franchement, ce serait bien mal connaitre Tweedy que de penser une telle chose. Et tandis que la petite brune insinua que, de toute manière, Laoise ne pourrait pas tenir ses mains éternellement, celle-ci ne sembla pas s'inquiéter de ce point. Zut, voilà une tentative désespérée qui tombait à l'eau. Pas de panique, Tweedy en avait toute une panoplie en réserve. « Parier ? Je ... oui, je veux parier » déclara alors fièrement la jeune femme qui s'agitait doucement pour tenter de récupérer ses mains, en vain. « Imagine que tu sois obligée de te brosser les dents avec tes pieds, de manger avec tes pieds, de te savonner avec tes pieds, de taper à l'ordinateur avec tes pieds ... Tu verras, tes mains te manqueront bien assez vite pour que tu réalises combien il fut idiot de me priver des miennes, hm » reprit alors Tweedy. Elle était déterminée à récupérer ses mains, sachez-le. Et ce, de gré ou de force. Mais bon, surtout de gré quoi.

Mais pourquoi Laoise s'obstinait-elle à penser que Tweedy avait tout d'un petit démon ? Ça n'était absolument pas vrai, hein. Non vraiment, absolument pas. Bon d'accord, peut être bien que son comportement de ce matin tendait à prouver le contraire, à savoir qu'elle cachait bel et bien un comportement démoniaque, mais de là à en tirer de si hâtives conclusions, hm. Laoise disait donc avoir démasqué le démon qui se cachait en Tweedy et que plus personne ne s'aviserait de l'imaginer innocente à l'avenir, le tout dit sur un ton à priori sérieux mais très vite trahi par un sourire naissant. Ce même sourire se retrouvait par ailleurs sur les lèvres de Tweedy qui avait tendance à trouver la situation amusante, une fois encore. Car chaque fois qu'elle se retrouvait avec Laoise, elle agissait pour le moins particulièrement. La dernière fois dans la cave à vin, et aujourd'hui dans cette chambre. Qui avait une mauvaise influence sur l'autre ? Tweedy en avait hélas une petite idée. Mais voilà que sa camarade refusait toujours aussi catégoriquement de lui rendre l'usage de ses mains. Voilà qui était bien embêtant. Et ce le serait d'autant plus d'ici quelques temps quand ni l'une ni l'autre ne pourrait utiliser ses mains pour faire une quelconque action. Imaginez un peu la galère monstre. Tweedy se devait alors de convaincre Laoise de libérer ses pauvres mains qui, à coup sûr, se trouvaient fort désolées d'avoir attaquées les si gentilles cotes de la candidate. Mais le coup du « tu vas devoir tout faire avec tes pieds, ma mignonne », ça ne s'avérait pas franchement concluant. Ah zut. Elle se devait donc de trouver autre chose, un argument plus convaincant, puisque sa camarade semblait dire qu'elle se ferait au fait de n'utiliser que ses pieds, et même que cela mettrait un peu de piment dans sa vie. Dans ce cas ... « Tu sais qu'en tenant mes mains de la sorte, tu les empêches carrément de s'excuser, les pauvres » miaula-t-elle alors tout gentiment. Allez, si elle la prenait par les sentiments, peut être bien qu'elle arriverait à ses fins. Autant tenter le tout pour le tout.