Summer

Le soleil s'était couché depuis longtemps et pourtant je restais assis là, le regard perdu dans le vide, mes prunelles agrandis. C'était une journée qui s'annonçait, une journée difficile. Minuit depuis peu et déjà mes souvenirs me hantaient. Les vagues images qui hantaient mon esprit, les coups de feu. Je pressais mes paupières, revoyant le sang coulait devant mon visage, les yeux révulsés de mon coéquipier. Serrant les dents de douleur, je contemplais la lune, indifférent à l'activité, indifférent au monde. Je pensais à cette personne, ses grands yeux vert. Elle comptait tant sur moi ou pas. Son avenir restait dans le creux de ma main. C'était dramatique et en même temps... n'étais je pas là pour elle? La lune descendait sur l'horizon, toujours de plus belle, ou montait. Je ne parvenais pas à en déterminer réellement le chemin. Je ne parvenais pas à comprendre. Ma vision se troubla soudainement, empreinte d'une flamme indécise. La lune ensanglantée attira mon attention et un nouveau coup de feu me fit trembler tandis que je portais instinctivement mes doigts à cette cicatrice qui se dessinait sur mon flanc. Pâle réalité de ce qu'il était advenu ce soir là. Personne ici ne pouvait comprendre et je n'oserais jamais en parler à Summer. C'était un événement que je tentais vainement d'oublier depuis trois ans, et ce n'était pas en parlant à la femme dont j'étais tombé amoureux contre mon grès que j'allais arranger les choses. Amoureux... Etait-ce en réalité une bonne chose? Oui j'étais venu dans l'idée également naïve et romantique de trouver une femme qui me correspondait enfin. Mais étais je réellement apte à aimer?Un nouveau flash, un éclat blanc, du cristal se fichant dans des prunelles que je gardais désormais fermé. Une illusion revenue me hanter tandis qu'un masque de douleur imprégna mon visage, tendre cauchemar narguant un sommeil qui se profilait. Ma tête flancha soudainement, percutant un meuble dont je n'avais pas idée tandis que l'image se fit plus précise.

Un long couloir, une main frôlant un mur. J'avançais dans l'obscurité, le coeur soulagé de la peur que je ne parvenais pas encore à ressentir. Un coup de feu, je me retournais soudainement, fouillant l'obscurité de mes prunelles concentrées sur la mission. Mon arme pointée devant moi, j'attendais, avant d'entendre le hurlement d'un coéquipier que j'avais perdu de vue. Un bond, une course contre la montre. Un échec. Sur place, il était déjà mort, de la façon la plus atroce inimaginable. Cette vision cauchemardesque fut comme dessiné en gros plan alors que son assassin souriait. Se transformant soudainement en un visage féminin que j'aurais aimé balayé.

Mes yeux se rouvrirent alors dans l'obscurité. Je me laissais tomber dans l'herbe, le coeur noyé, les idées peu claires. Je ne les sentis pas couler, ces larmes que personne n'avait jamais entrevues. J'étais de ceux qui ne supportaient pas les faiblesses, de ceux qui ne dévoilaient jamais un côté fragile. Solitaire dans l'âme, je regrettais à cet instant d'être dans la maison et ce profondément. Ce ne serait pas un jour aisé à combattre, surtout enfermé, quand j'avais besoin justement de me changer les idées. L'ennui étant roi dans la demeure, je pouvais difficilement le combattre, et mes pensées torturantes me scinderaient toute la journée.

Les bruits aux alentours ne m'atteignaient pas. J'étais perdu et je comptais le rester. Je n'avais pas envie d'être approché. Je n'avais qu'une envie. Oublier.