Pourquoi était-ce tout le temps tard que l’envie de me promener ou d’explorer le Nid d’Amour me prenais... Sauf que là c’était différent, bien différent, j’étais allongée sur mon lit, yeux fermés, tombée dans un sommeil plus que profond. Oui j’en étais certaine, pincez moi si ça vous chante vous verrez. Bref. Cependant, d’un geste machinal, absent, inconscient je me redressais assise sur le lit. Les yeux toujours clos, j’attrapais par automatisme mon Ipod, sur la table de nuit, enfilais le casque, appuyais sur le bouton « play » lançant une playlist puis me levais, commençant à reproduire dans un ordre absolument inversé ce que j’avais fais avant de dormir (ou presque). Je rôdais un bon quart d’heure dans la maison, errant tel une âme en perdition, avant de raser, sillonner, les couloirs, traversant le salon ne calculant pas les quelques personnes –la seule personne même- présente. Yeux fermés, c’était un exploit que de ne pas me casser la gueule. Et je finis par ouvrir la porte qui menais vers le jardin. Crise de somnambulisme ? Hum, peut être. Même l’air frais Irlandais qui m’accueillis dehors par une violente bourrasque ne parvins pas à me faire sortir de ma léthargie. Et j’avançais ensuite dans le jardin, le traversant le plus normalement du monde, me dirigeant vers ce qui était la cabane en bois, poussais la porte et entrais simplement.

J’entrais dans la pièce, ne ressentant qu’a peine le passage du chaud au froid, la musique battant toujours dans ma tête, alors que je m’avançais pour aller m’asseoir sur l’un des fauteuil. C’était impressionnant de voir à quel point même inconscient, l’esprit, le cerveau arrivaient à se démerder seuls. Je m’arrêtais au milieu de la pièce, statique, ne bougeant pas même un doigt, telle une statue de marbre. Là s’arrêtais donc mon périple. J’allais me réveiller c’est ça. « Tu communiques avec les esprits? » entendis-je dans un écho au loin. J’arquais un sourcil m’apprêtant à répondre mais finalement rien ne sortit, mes lèvres étaient comme scellées l’une à l’autre. Tant pis. C’est que ce n’était pas important alors. Puis je sentis, enfin « sentir », que l’on me prenais par les épaules, des mains froides se posèrent sur ma peau et un frisson me parcouru l’échine. Hé ! Si même dans les rêves on venait nous faire chier, il ne nous restait plus qu’à nous pendre sérieux. En gros, qui osait me réveiller. C’était déjà l’heure ? Il était 14h passé et je pionçais encore c’est ça. La personne me secoua à plusieurs reprises, jusqu’à ce que dérangée je finis par ouvrir les yeux.

Je clignais plusieurs fois des yeux, rajustant ma vue, tentant de comprendre où j’étais et ce que j’y faisais. Les souvenirs ne revenant pas. « Hé ! mais qu’est-ce que je fous là » fis-je en sortant de ma transe, arquant un sourcil perplexe, mon regard balayant la pièce. « Et qu’est-ce que tu fais là ?! » demandais-je ensuite en croisant le regard du jeune homme à qui je souris cependant. Loin d’être agressive ou quoi seulement perplexe. J’avais l’impression d’être l’un de ses lendemains de longue soirée de débauche (et compagnie) où la moitié des événements –voire même parfois tous hein- de la veille avaient foutu le camps de votre esprit. Néanmoins, dans mon cas, j’étais à 100% sure de n’avoir rien pris la veille. Oui certaine même. Normal y’avait rien ici de fumable ou buvable (sauf les restes –quand il y’en avait- de soirées organisées par Cupidon). « Rassures moi, c'est toi qui m'a amené ici, n'est-ce pas. » demandais-je tout sourire tentant juste de comprendre la situation. Quelque peu perdue, oui ca je l'étais complètement. Oui car si je n'avais pas été saoule ou 'défoncée' -comme dirait l'autre- comment avais-je atterrie ici hein.

Ses yeux clos étaient inquiétant alors qu'elle semblait totalement ailleurs. Serait-il possible qu'elle se soit endormie si tôt parvenue dans l'antre de Cupidon? Peut-être les bruits de sa chambre, trop perturbants et envahissant, l'avait-elle poussée à se réfugier dans cet endroit peu commun pour faire une sieste. Son visage de poupée semblait ailleurs, pris dans un rêve dont je ne connaissais la signification. Qu'avait-elle? Ma main glissa lentement sur son front, mes doigts se pressant à sa peau sans que je ne rencontre une température quelconque qui aurait pu m'indiquer qu'elle soit malade... Non … Ses paupières se froncèrent, notant un signe de vie autre que les battements lent de son coeur, alors que je penchais légèrement la tête, la tenant fermement des deux mains, la seconde ayant retrouvé sa place initiale. Je murmurais une fois de plus son prénom alors qu'elle parvenait enfin à réagir, ses prunelles ternes retrouvant un quelconque éclat tandis qu'elle observant avec une stupéfaction non feinte la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Elle posa une question à laquelle je ne pouvais guère répondre. Au contraire, c'était celle que j'aurais aimé lui poser, du moins, si elle ne l'avait prononcé la première. Glissant un regard perplexe dans son regard étrangement semblable, je levais un sourcil en comprenant moyennement la situation. Était-elle somnambule? Une seconde interrogation s'éleva, prononcée par sa voix assez endormie, et je revins sur elle.

-Je suivais un fantôme, répondis-je ironisant.

Me fixant sur son visage, je l'observais, entre inquiétude et envie de rire si elle était réellement atteinte de somnambulisme. Levant un sourcil, je répondis un sourire aux lèvres.

-Tu ne savais pas que ma plus grande passion était d'enlever les jeunes femmes couverte à peine d'une nuisette pour les amener dans une cabane en pleine nuit et en plein hiver?

Évidemment … Elle ne pouvait ne pas comprendre, ce n'était pas soudain. L'observant, je finis par l'aider à s'asseoir avant de défaire mon blouson, avisant sa peau froide. Le retirant, je lui passais sur les épaules avant de grommeler

-Tu m'explique pourquoi tu déambules en pleine nuit comme une âme en peine? Tu es somnanbule depuis longtemps?

« Je suivais un fantôme » ironisa-t-il me fixant comme inquiet et je fronçais d’autant plus les sourcils. Il parlait de moi là. « Tu ne savais pas que ma plus grande passion était d'enlever les jeunes femmes couverte à peine d'une nuisette pour les amener dans une cabane en pleine nuit et en plein hiver ? » enchaîna-t-il avec un sourire sans que je ne puisse poser ma question et je rigolais. « Ah je comprend mieux maintenant, tout s’explique, et qu’est-ce que tu en fais après les avoir amené dans ta cachette » plaisantais-je en souriant avant qu’il ne pose son manteau sur mes épaules. « Merci. fis-je en lui décochant un nouveau sourire m’asseyant sur le canapé. « Parfait gentleman rien à redire » commentais-je ensuite en lui adressant un clin d'oeil amusé.
« Tu m'explique pourquoi tu déambules en pleine nuit comme une âme en peine? Tu es somnambule depuis longtemps? » demanda-t-il ensuite s’asseyant à côté et fixais un point au loin, devant moi. « Peut être parce que je suis une âme en peine… » soufflais-je soudainement sérieuse, cependant comme absente, ne cillant pas des yeux une seule fois, mon regard perdu dans le vide, me donnant l’air pensive. Restais quelques longues minutes ainsi avant de vriller mon regard vers lui et éclatais de rire . « Enlèves cet air déconfit de sur ton lovely visage l’Italien ! » m’exclamais-je presque hilare en voyant sa tête, le poussant et lui donnant un coup d’épaule. « Je blaguais ! » ajoutais-je en rigolant, contente, satisfaite, que ma comédie ait marché. Je devais avoir un don pour ce genre de blague douteuse. « Quoi, tu m’avais vraiment cru ? » fis-je ensuite calmée en plantant mes prunelles noisettes dans les siennes, amusée, arquant un sourcil, affichant néanmoins un sourire en coin. Un don je vous ai dit.