Depuis le dernier incident, dont Adie avait été témoin l'autre jour, j'ai décidé de ne plus étaler mes affaires dans la salle de bains. C'est simple, maintenant, tous mes effets personnels sont soigneusement rangés dans mon placard. Là, au moins, je peux être certaine que personne n'osera se servir sans ma permission. Ainsi, après m'être douchée et m'être étalée quelques produits de beauté sur le visage, je gagne le dressing dans l'optique de tout ranger dans ma trousse de beauté. En faisant irruption dans la pièce, je tombe nez à nez avec une candidate dont j'ignorais l'existence jusque là. Moi qui croyait avoir déjà rencontré tous les candidats, ne serait-ce que de vue, je m'étais bien trompée.. Si ça se trouve, l'inconnue est en fait un membre fantôme qui ne fait irruption dans le château que lorsque les lieux sont déserts et qui vit dans une pièce secrète. Non, je dois certainement faire erreur. En effet, ce n'est, apparemment pas, ma présence qui semble tant la déranger. Non, ce serait plutôt le fait que je l'aie surprise avec la robe d'une autre sur le dos. Serait-elle la même personne qui s'était servie dans mes effets personnels l'autre jour ? « Pas à moi. », dis-je en levant légèrement les deux mains à l'air. Ce n'est pas elle qui est sensée adopter cette réaction, normalement ? « Mais, tu la portes plutôt bien. », renchéris-je avant de me mettre dos à elle. Je ne tiens pas à violer son intimité. Je suis juste venue ranger mes affaires à leur place et mettre un peu d'ordre dans ces dernières. « Je ne t'avais jamais croisée avant ça, t'es une candidate secrète ? » J'espère sincèrement que si ce que j'avance est faux, elle ne le prendra pas pour sa personne. Je suppose que c'est plutôt offensant que de savoir qu'on est passé totalement inaperçu jusque là. « Ah mais non ! » Je viens de me souvenir. Je me retourne vers la jeune femme et la pointe du doigt. « T'es celle qui vaut 30 000 € ! », m’exclame-je en la surprenant un peu plus dénudée.

Elle confirme mes soupçons. C'est bien elle, la fille qui pèse lourd. Attendez, on va pas cracher dessus, trente mille euros ce n'est pas rien, hein. Je n'ai même pas le tiers de cette somme dans ma cagnotte personnelle. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas venue pour l'argent. Non, parce que si ça avait été le cas, je serais gentiment restée chez moi. Mon compte en banque est déjà assez garni comme ça. Alors neuf-mille euros de plus ou de moins, ce n'est pas ça qui va changer le déroulement de mon existence. « Et tu es Elise. Si tu fais du mal à Sami, j'te coupe les cheveux. » Je souris jusqu'à ce que la deuxième réplique parvienne à mes oreilles. Dès lors, mon visage se décompose. Comment ça si je fais du mal à Sami, elle me coupe les cheveux ? C'est quoi cette menace ? Elle me fait peur.. Pourquoi m'a-t-elle dis ça ? Je pense que je vais passer le restant de mon aventure enfermée dans les toilettes, à partir de maintenant. « Si, je.. » J'ai du mal à parler. A vrai dire, cette réflexion a jeté un sacré froid dans la pièce. L'atmosphère n'est plus si aussi bonne que ce qu'elle était jusque là. Bien au contraire. La tension est montée d'un cran. « Si je quoi ? » Est-ce qu'elle plaisantait ? Non parce que, si non, je risque fort pour ma chevelure. Et j'y tiens moi à mes longues mèches blondes. « Tu me fais quoi ? » Je suppose que la scène pousse à la dérision, mais elle m'a fichue la trouille la blondie, pour le coup. Le fait que Sami soit remonté contre moi est déjà assez embêtant comme ça, alors si en plus madame vient se mêler de ce qui ne la regarde pas.. Je lâche tout de même un léger rictus. « Pourquoi parler de Sami, là, maintenant ? » Inutile de répondre, je connais déjà la réponse. Sami, Elise. Elise, Sami. Tout le monde semble avoir fait le lien dans la maison. Dommage que ce ne soit plus d'actualité.