i'm sorry • le 12/06 à 16h02

sive & adie

Rien ne s'était passé comme prévu. Non rien du tout. Depuis le prime, Adie rasait les murs. Elle se sentait sale, idiote et complètement garce. Ce n'était pourtant pas son genre d'habitude, il fallait vraiment y aller fort pour réveiller le dragon en elle. Sive était la candidate qu'elle appréciait le plus ici et ce qu'elle avait pu raconter au prime, Adie le regrettait à présent. Sauf que bien sûr, elle savait que la jeune femme n'y croirait pas et c'était tout à fait normal. Si la situation avait été inversée, Adie aurait été profondément blessée et déçue du comportement de Sive. Cependant, elle aurait voulu des explications, elle aurait aimé lui donner le bénéfice du doute afin de rendre la situation un peu plus vivable. Elle n'était pas sotte, elle savait que tout ne serait pas comme avant mais elle espérait tout de même pouvoir y arriver, avec le temps. C'est pourquoi Adie avait donné rendez-vous à la jeune femme via un message posé dans son dressing. Elle ne savait aucunement si elle allait venir mais voulait rester optimiste. Quant à son discours, elle n'y avait même pas pensé, ça aurait été un peu trop prétentieux de se part de se préparer. Elle qui était en tord. Rendez-vous avait donc été pris dans les écuries, mardi à 16h. Adie s'y rendit, tendue, ayant trop peur de la suite.

J'avais évité d'y penser. A ce rendez-vous programmé, à ces explications qui devaient être accordées, prononcées. Et pourtant, quand l'heure avait sonné, mon horloge interne me l'avait bien rappelé. Non, je n'avais pas pu oublier ça, malgré tous mes efforts. J'aurais même été prête à y être en avance, si je ne m'étais pas retenue un peu, si je n'avais pas pris tout mon temps. C'est que je ne comprenais pas. Non, je ne comprenais pas. J'avais beau retourner la situation dans tous les sens, je ne voyais pas pourquoi Adie avait fait une telle chose. Même si Cupidon lui avait demandé, s'il l'avait fait, c'était la seule raison approximativement logique que je pouvais voir à son geste... J'avais sûrement perdu de vue que nous étions dans un jeu où nous vendions tous notre peau pour quelques billets, pour l'espoir de rester ne serait-ce qu'une semaine de plus dans cette aventure hors du commun, et pourtant tellement lourde en contrepartie. Ou bien ce que j'avais perdu de vue, c'était qu'ici plus qu'ailleurs, les apparences pouvaient être trompeuses, et que n'importe quelles alliances pouvaient se créer pour une raison stratégique. Adie avait-elle cherché à ramener Swann de son côté, creusait-elle mon secret, ou avait-elle été fausse depuis le départ ? J'avais bien des suppositions en tête, mais aucune réponse ne me convenait. Ma déception avait été illimitée. Et maintenant, je faisais face à Adie pour l'heure de vérité. Ce serait sûrement un bien grand mot. Elle ne me dirait que ce qu'elle avait envie de dire, ou ce qui lui était permis, ou pire, ce qu'il fallait pour sauver sa peau. J'étais plantée là devant elle, et je ne savais pas quoi dire. J'aurai voulu parler, mais rien ne me venait. Par quoi étais-je supposée commencer la discussion après ça ?

Assise sur une botte de paille, Adie était tendue, appréhendant se rencontre avec Sive depuis le dernier prime. Dans sa tête, il n'y avait rien. On aurait pu croire que ça fusait d'excuses mais en fait, Adie n'en avait pas, tout du moins pas qu'elle pouvait énoncer à haute voix. Ce sentiment était d'ailleurs pire que tout car elle sentait que Sive ne lui pardonnerait jamais et qu'en prime, d'autres candidats avaient certainement revu l'image qu'il pouvait avoir d'elle. Oui, en général elle s'en foutait mais là, c'était différent. Pour Sive et aussi parce que ça pouvait lui coûter sa place. Mais ça à la limite, ce n'était franchement pas le plus important. L'heure était arrivée et Sive n'était toujours pas arrivée. Ok, elle ne viendrait pas. C'était sur. Et puis, finalement, la jeune femme arrive. Elle entre, se place face à Adie et là commence un silence de plomb. Bien sûr qu'elle n'allait pas parler, elle attendait ce que la brune avait à lui dire et c'était déjà bien, même si Adie espérait plus. Il fallait qu'elle se lance mais elle n'y arrivait pas. Que dire qu'elle ne prendra pas pour un mensonge maintenant qu'elle la prenait pour une hypocrite. Putain de jeu à la con. Et elle se lança. « Je sais que tu m'en veux et je sais que j'ai peu de chance que tu me crois. Je... je suis désolée Sive, tout s'est passé trop vite et... c'était pas ça que je voulais dire. Je sais pas, je revenais de la cabane, j'étais... énervée et j'ai dit n'importe quoi. » Putain ce que c'était dur. Adie avait l'impression que chacun de ses mots ne voulaient pas sortir de sa bouche et qu'ils s'y agrippaient avec leurs griffes acérées. « Saches que je n'ai jamais été hypocrite avec toi et d'ailleurs, je ne le suis avec personne. Je dis les choses, tu sais bien. Tu es la candidate que je préfère ici et je me rends bien compte que j'ai fait une connerie que je paie amèrement aujourd'hui. Tu as été mon principal soutien, tu es une fille formidable que j'adore et je n'ai pas envie de perdre ça. Ce jeu, tu sais, enfin... on a des choses à cacher, toi comme moi et tu comprendras plus tard tout ça. Pourquoi je suis comme ça, parfois le jour et la nuit, parfois à côté de la plaque. Et je sais que c'est peut-être trop te demander mais j'aimerais que tu me croies et qu'au moins, on essaie d'oublier tout ça. Je saurais te prouver ma loyauté. » Son monologue terminé, Adie se concentra pour se retenir de pleurer. C'était trop facile de pleurer pour amadouer les gens, même si ce n'était pas ce qu'Adie tentait de faire, ses pleurs venaient spontanément. Mais c'est ce que Sive croirait certainement et elle ne voulait pas ça.

Ce que je ressentais était complexe. Parce que si mon hypothèse était juste, j'hésitais entre lui pardonner et l'accabler plus encore. C'était la seule raison qui faisait que j'étais là, à écouter ce qu'elle avait à me dire, et que je ne l'avais pas mise à terre lors du prime. C'était la seule raison qui pouvait expliquer que je ne me foutais pas totalement d'elle encore, même si j'étais profondément blessée.« Qu'est-ce que tu voulais dire, alors, Adie ? » Ca n'empêche pourtant pas ma voix d'être froide, voire même glaciale. Elle ne sort pas de ma gorge. Elle est un écho. Elle n'est plus moi en ce que je ne lui trouve plus rien d'humain. J'agis comme un robot, parce que les robots ne ressentent pas. J'écoute tout de même son discours. Ses promesses de loyauté, ses excuses qui sont plus des justifications que des excuses, son blabla sur le jeu. Je fronce les sourcils et secoue la tête. « Tu ne comprends pas. » Je m'approche un peu, malgré ce qu'il m'en coûte. « Si j'avais cru que tu pensais réellement ce que tu disais, Adie, tu les aurais suppliés dimanche de te laisser partir avec Némo et Katell. » Elle ne se rend pas compte. Bien entendu, elle a connu la meilleure partie de moi, plus que n'importe quel autre candidat. C'est ce qui me dégoûte le plus. Mais peut-être est-ce pour cela qu'elle se l'est permis. Aurait-elle osé autrement ? Ce n'était pas une menace. J'étais simplement en train d'essayer de lui ouvrir les yeux sur notre problème. Elle pensait qu'il résidait en un autre endroit. « J'aurais pu te buzzer, mais je me suis dit que tu avais déjà assez perdu. » Je parle de moi, là, de la confiance que je lui accordais, de notre amitié naissante. Pas de sa cagnotte qu'elle a fait flamber. Je lève un peu le visage, à la recherche d'air, et parce que tristesse, colère et incompréhension se mêlent. J'le connais celui-là : mauvais cocktail. « Quand je pense que... J'aurais jamais fait ça. Je pense comprendre, mais si ça n'avait pas été le cas ? En faisant ça tu as pris le risque. J'espère qu'ils ont bien gonflé le chiffre. » En cet instant, j'ai beau être incroyablement touchée, mon regard reste dure, mon apparence froide. Pourtant, là, tout de suite, je me sens tellement fragile que ça m'effraie moi-même. « J'espère vraiment que c'était ça. Pour toi, pour moi... j'espère. »

C'était trop compliqué. Sa voix était dure, froide et jamais Adie n'aurait pensé qu'une telle voix lui serait adressée à elle. Elle qui adorait Sive et pour qui c'était réciproque. Oui, c'était. Adie était mauvaise pour le jeu mais encore plus pour les conséquences qui en découlaient. Sérieusement, qu'est-ce qu'elle foutait là ? « Je... Je ne voulais rien dire de tout ça. J'étais... enfin... j'en sais rien. » Mais parle bon sang, parle ! Sors ce que tu as à dire ! C'est quand même pas si compliqué ! Au fond d'elle même, Adie commençait à se détester, elle n'arrivait même pas à s'expliquer, elle ne pouvait rien dire, elle n'avait rien à dire et c'était désolant. Pendant ce temps, Sive prenait la parole à son tour. Voulait-elle dire qu'elle lui faisait toujours un peu confiance et qu'elle la croyait ? Adie l'espérait vraiment car elle s'en voulait, tellement. Et puis, elle parla de la buzzer, Sive avait donc certainement des doutes sur son secret et en un sens, c'était une bonne chose. De tous, elle préférerait que ce soit Sive qui la découvre et non un des candidats avides d'argent et de chasse aux secrets. Quant à la perte que subissait Adie, oui, c'était une punition déjà bien suffisante. « Tu sais, je m'en fiche que tu me buzzes ou non, ça ne changera rien et je serais presque même ravie que ce soit toi qui le trouves plutôt qu'un chercheur de secret sans cœur. Et puis, ce jour-là, tu comprendras des choses. » Pas sur son comportement au prime certes mais sur d'autres détails. Parce que le prime, elle semblait déjà avoir compris. Mais Adie ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas être sûre, c'était dans l'ordre des choses. « Je sais... Je te connais et j'ai fait une erreur, je savais que ça te blesserai même si ces mots, je ne les pensais pas. » Elle ne pouvait rien dire de plus, elle était trop déçue d'elle-même. C'était affligeant ce que ce jeu pouvait faire faire aux gens, Adie s'était toujours marrée devant sa télé mais une fois dans le jeu, non, c'était vraiment moins drôle, même pas risible. « Si je n'ai rien que de l'espoir, ça me suffit déjà. Je sais que demander plus serait déplacé. Et moi-même j'espère que cet épisode sera une histoire dont nous rirons plus tard.» lui dit-elle finalement, baissant les yeux vers le sol et tapant avec son pied dans un petit caillou.

Adie bafouille. Elle bafouille et me perds, en un sens, et me libère d'un autre. J'ai vraiment l'impression que sa parole est entravée. Petit à petit, elle me rassure, sans le faire, en pensant s'enfoncer plus encore. Alors je voudrai la croire. Vraiment, je voudrai tout oublier, et qu'on reprenne là où on s'est arrêtées. Mais et si... Je me trompais ? Si tout cela était venu du cœur, qu'elle cherchait maintenant à se protéger après avoir été prise sur le fait, et que je me rendais compte au final que le manège qu'elle avait joué au prime était vrai ? Mais non, c'était un prime. Elle revenait de la cabane. Si elle avait voulu cracher sur mon dos et pensait ce qu'elle disait, ce n'était pas le meilleur moment, en plein prime, ce n'aurait pas été bien malin. Mais elle revenait de la cabane... Les gens pouvaient donc penser qu'il s'agissait d'une mission. Je m'embrouillais toute seule. Je n'arrivais plus à distinguer le vrai du faux. Cette émission n'était pas faite pour moi. Elle se targuait de mentir pour mieux faire éclater la vérité. « Je ne parlais pas de buzzer ton secret. » Mais plutôt d'une mission. On pouvait bien faire cela, non ? Il me semblait. Je ne m'étais pas assez renseignée pourtant sur le jeu avant de rentrer ici, je ressentais à présent mes lacunes. Son secret, j'avais éventuellement des pistes, mais celles-ci demeuraient minces. « Mais c'est bon à savoir. » Un petit sourire apparaît sur mes lèvres, et il est douloureux, bien que j'essaye de mettre tout ça derrière moi. « Viens par là. » Je lui tends ma main droite pour l'inviter à me rejoindre, pour l'inviter à la paix. J'espère seulement que je ne le regretterai pas. Il ne fallait pas se mentir, je n'étais pas persuadée pour autant de pouvoir tout balayer par ce simple geste. J'avais encore besoin de cicatriser. Je comprenais pourquoi elle l'avait fait, mais je ne cautionnais pas. A sa place, je n'aurais pas pu. Mais au moins, les règles étaient claires : le jeu avant tout. J'étais informée qu'il ne faudrait pas me priver si je me retrouvais à sa place. « Y a autre chose, Adie ? » Je porte sur elle un regard suspicieux. Elle n'est pas bien, c'est un fait, et je me demande si je suis seule responsable de cela.

Petit à petit, alors que le visage de Sive semble se détendre, le corps d'Adie la suit. Etait-ce bon signe ? Rien n'était moins sur mais la brune préférait l'optimisme à la peur. Quand elle était entrée dans le nid, Adie savait qu'il lui serait peut-être difficile de se lier sincèrement à des personnes. Elle n'était pas asociale mais pour avoir regarder l'émission plusieurs fois, elle avait bien vu que parfois, sans raison apparente, certains candidats se retrouvaient sur la touche. Du coup, quand Sive était arrivée ce matin là alors qu'elle était en pleine séance de yoga, elle avait été agréablement surprise de voir cette amitié naître, puis grandir au fur et à mesure du temps. Elle allait donc tout faire pour rattraper ses fautes, c'était clair et net, elle ne pouvait pas continuer dans cette maison sans Sive, sans son soutien, sans sa gentillesse et son amitié, c'était impossible. La jeune femme fit alors allusion au buzz qu'elle avait mentionné quelques secondes auparavant lui mentionnant qu'elle ne pensait pas au secret. Adie leva les yeux vers elle et ne put dire grand chose. « Ah, ok. » Sive reprit ensuite la parole et enfin, un sourire se dessina timidement sur ses lèvres, sourire qu'Adie ne put s'empêcher de copier, comme par mimétisme. Car même si Sive ne parlait pas de son secret, Adie restait sur ses positions. Elle était l'une des très rares personnes à qui Adie donnerait sa cagnotte avec joie, surtout que ce secret, elle commençait à vouloir s'en débarrasser, même si le moment venu, elle penserait peut-être le contraire. L'ambiance semblait se détendre un peu et sans qu'Adie ne s'en doute une seule seconde, Sive lui tendit la main, comme un signe de paix. La brune se leva alors de sa botte de paille et s'avança vers Sive et lui prit la main. Elle ne savait pas trop si elle pouvait la prendre dans ses bras ou si une simple poignée de main suffisait. Dans le doute, elle opta pour la seconde option. Après tout ce qu'Adie venait de lui faire subir, on aurait pu pensé que Sive n'aille pas plus loin. La brune lui aurait laissé du temps, c'était tout à fait normal mais non. Fidèle à elle-même, la blonde ne put s'empêcher de s'inquiéter pour Adie, chose à laquelle elle avait toujours été assez attentive. « Non. Enfin... disons que le prime n'a pas été de tout repos, non sans être de ma faute et j'ai pas mal de choses à me faire pardonner. Et puis, je suis fatiguée, c'est tout. C'est pas grave. J'ai pas envie de t'ennuyer avec ça. C'est... deplacé. » Vu la situation en effet c'était assez malvenu mais Sive avait posé la question et Adie n'aurait pas pu lui mentir. D'autant plus qu'elle devait se doutait des raisons de la sale tête d'Adie, elle était là aussi, au prime. Et puis elle ajouta « Je ferais tout pour te prouver ma loyauté Sive. »

Sa réponse brève, elle qui ne tente pas de me dissuader, qui ne renchérit même pas. Est-ce parce qu'elle préfère que je pense cela, ou est-ce parce que cela est vrai ? J'en ai assez de toutes ces questions qui tournoient dans ma tête. Deux jours qu'elles ne s'arrêtent pas, et je suis épuisée. Je me rends compte que je me suis attachée malgré moi plus que je ne l'aurais voulu. Quand je la regardais, avant, quand je voyais son sourire et ses yeux pétillants, sa fraîcheur et son caractère aussi doux que tempétueux, je me disais que ça en valait probablement la peine. Pourtant, mes certitudes s'étaient érodées suite à l'incident, quand bien même je souhaitais m'y rattacher. Sûrement était-ce là le plus épuisant : mon désir de m'y rattacher envers et contre tout. Ainsi, quand je vois son visage marqué par la peine et que j'entends ses mots qui la traduisent encore, je ne peux m'empêcher de retrouver ces bons sentiments qui nous avaient reliés les premières semaines, quand tout n'était encore que confiance, pour ce que cela pouvait être, et insouciance. Je regrettais plus que tout le bris de ce que nous entretenions. Elle m'avait semblé être une amie fidèle, et la déception, elle, ne pouvait s'envoler aussi rapidement que ce que je souhaitais. Je n'étais même pas certaine de le souhaiter à vrai dire. C'était jusque-là ma défiance qui m'avait préservé. J'avais abaissé mes barrières, et me voilà dans une situation des plus délicates, où mon cœur et ma tête se livraient un combat sans égal. Elle m'assure néanmoins qu'elle me prouvera qu'elle est loyale. Je replace une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, en un geste supposé l'apaiser. Je pèse mes mots, je réfléchis. Je ne veux pas dire des choses que je ne pense pas, bien que nous nous retrouvions en une position difficile. « Écoute, je ne peux pas te dire que je vais pouvoir passer l'éponge du jour au lendemain, je n'ai pas ce caractère-là, mais je vais essayer, et je sais que si nous oublions ce qui nous lie, alors nous creuserons un fossé entre nous, qui sera difficilement rattrapable. Par conséquent, je ne crois pas que cela soit déplacé... » Je doute d'être très claire, mais j'ai tenté de mettre du mieux que j'ai pu des mots sur ce que je ressentais. Même si cela s'avère bien souvent être une tâche particulièrement complexe pour moi.

Adie n'avait plus rien à dire, plus rien qu'elle ne puisse ajouter pour se faire pardonner et elle espérait de tout cœur que tout ceci ait suffit pour que Sive ne la rejette pas. Bien évidemment, elle savait que son amie n'allait pas lui pardonner si facilement, elle la connaissait assez pour savoir ça et elle ne lui en voulait pas. C'était le juste ordre des choses. Elles allaient devoir prendre leur temps et ce temps, Adie allait tout faire pour qu'il soit bénéfique. Ces quelques minutes en compagnie de Sive avait totalement vidé Adie qui était à présent exténuée. Il faut dire que récemment, le destin n'avait pas été très clément avec la jeune femme, elle savait qu'elle avait beaucoup plus à se faire pardonner même si on avait pu lui dire que non. Elle s'en voulait d'être comme ça, aussi impulsive, de faire les choses sans réfléchir aux conséquences. Chaque prime était source de conflit et de stress, à chaque fois, il se passait un événement qui remettait tout le passé en cause et Adie en était fatiguée mentalement. La fatigue physique, elle, était aussi présente mais pour d'autres raisons. Alors face à Sive, la blonde étant définitivement plus à l'aise avec les gestes qu'avec les mots remis en place une mèche de cheveux qu'Adie avait devant le visage. Ce geste amical et doux remis un peu de baume au cœur à la brunette mais elle ne voulait pas pleurer, elle se retenait. Elle en avait marre d'ailleurs de devoir se retenir. C'était toujours la même chose, les montagnes russes, un jour le sourire, un autre énervée et pour finir le cycle, le dernier en pleurs. C'était fatiguant, éreintant. Sive confirma alors les pensées d'Adie concernant son pardon mais elle lui signifiait tout de même, timidement, qu'elle était là pour elle. Elle lui sourit, ne trouvant pas les mots pour lui répondre et ne put s'empêcher de s'approcher pour finir par la prendre dans ses bras. Elle avait peur que Sive la repousse, c'était hautement possible et elle aurait compris. Elle espérait juste que ce ne soit pas le cas.

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