Perchée sur des talons compensés, j’arrivais dans le parc à grandes enjambée. La curiosité me brûlait vraiment les yeux et mes pieds trépignaient d’impatience, depuis tant de temps maintenant. J’avais terriblement envie de voir et de découvrir le labyrinthe. J’étais, comme qui dirait, persuadée que beaucoup s’y était perdu ici. J’étais certaine aussi que moi, contrairement à eux, je saurais m’en sortir. D’ailleurs pourquoi n’y arriverais-je pas : je suis déjà bien plus intelligente que certain ici, c’était d’une évidence déconcertante. Une évidence à mes yeux. Balançant mes bras énergiquement pour aller au plus vite possible, mon chemin croisa celle d’une blonde. Tiens, c’est qui elle ? Une grimace déforma mon visage, avant que ma main ne vienne se saisir de son poignet. « Viens » Lâchais-je à la dénommée Evadne, si mes souvenirs sont bon (et ils le sont toujours). Je ne lui demandais pas son avis, évidemment, ça m’importait peu. Elle avait déjà le privilège de m’accompagner. Arrivées devant, celui-ci me fit penser au labyrinthe dans Shinning. Rien de bien flippant, mais nous étions loin d’être dans un hôtel construit sur un ancien cimetière indien. Loin aussi de la neige glaciale de l’hiver. Nous étions tranquille, Madame et moi-même, prête à entrée dans cette prison naturelle.

Etrangement, Evadne n'avait pas mis les pieds dans le labyrinthe depuis le début de l'aventure. Elle ne se sentait pas de mettre les pieds dans cet endroit, même s'il lui rappelait le labyrinthe du compte de Carol Lewis néanmoins, elle n'en gardait pas de bons souvenirs. La seule fois où elle s'était approché de cet endroit, elle avait reçu les foudres d'Adie pour une stupide baiser qui faisait encore parler aujourd'hui. Mais pourtant elle était là, à regarder les arbres danser au gré du vent, elle regardait les feuilles virevolter comme elles peuvent le faire à l'automne sans se rendre compte qu'aujourd'hui signait le premier jour d'été. C'est pour ça qu'elle ne remarqua pas qu'une jeune femme forçait son cercle privé, son intimité à elle. Elle l'attrapa. Ce geste lui rappelait des souvenirs particulièrement frais, sauf que dans ce cas, elle était celle qu'on attrapait. « Avant d'entrer là dedans, tu dois savoir que c'est une première pour moi. » Elle gesticulait voulait récupérer son poignet et en bon état si possible, elle fronça les sourcils fixant son bras à elle, et ses ongles qui s'enfonçaient dans sa chair. « Tu me lâches oui ? »

Tester mon intellect n’était pas une mauvaise idée. C’est que depuis mon arrivée, j’avais laissé mon cerveau un peu trop au repos. Je me devais de le faire fonctionner de nouveau, pour ne pas devenir réellement imbécile. Rien de tel qu’un exercice géant, à grandeur nature : un labyrinthe. N’étant franchement pas imbécile, justement, j’avais tout de même prévu d’emmener quelqu’un avec moi. Au cas où je me perdais tout de même, je ne serais toute seule. Evidemment, je n’avais demandé à personne de m’accompagner : qui m’aurait dit oui spontanément ? Qui m’aurait dit oui tout court ? J’avais alors pris les devants, prenant sur mon passage la blonde. « Avant d'entrer là dedans, tu dois savoir que c'est une première pour moi. » Je la regardais vaguement de coin, posant immédiatement mes yeux sur l’immensité fait d’arbre devant nous. Un sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que mes yeux s’ouvrirent grand. « T’inquiètes pas, pour moi aussi… » Lui répondais-je, sérieusement excitée à l’idée d’entrer dans ce dédale. Tellement, que je ne sentais pas la blonde bouger pour se dégager de ma féroce poigne. « Tu me lâches oui ? » Je n’étais pas sûre de le vouloir… maintenant qu’elle savait que je n’avais jamais mis les pieds là dedans, elle ne voudrait plus entrer avec moi. Mes yeux se posèrent de nouveau sur elle. « Voilà… on y va ! » Je lâchais rapidement son poignet, avançant vers le labyrinthe, dans lequel je marchais. Certes rapidement, mais pas en courant. À droite. À gauche. À gauche. À gauche. À droite. À droite. Tout droit. Un mur d’arbre. « T’as pas peur j’espère ? » Lui demandais-je, en me retournant, un sourire sur les lèvres.

Evadne ne sait pas pourquoi Irène a usé la manière forte pour la convaincre de l'accompagnée, elle n'y a pas vraiment réfléchi, mais elle n'aurait sans doute pas refusé. Elle a sa réputation mais Eva s'en moque, sa réputation à elle n'est pas vraiment mieux. Alors pourquoi l'envoyer sur les roses. Mais de toute façon la candidate n'a pas son mot à dire puisqu'elle ne lui demande pas son avis, elle la met au pied du mur et la force à l'accompagner. La blonde estime essentiel de lui signaler qu'elle n'y est jamais entrée et Irène lui répond la même chose. Au moins, elles seront deux pour appréhender ces couloirs d'herbes. Elle a l'air tellement excité que ça fait sourire l'Ecossaise. C'est comme si elle s'apprêtait à faire un truc fou, alors qu'en réalité ce n'est qu'un labyrinthe. Elles ont peu de chance de vivre une histoire aussi folle que celle d'Alice alors pas de quoi s'exclamer. « Je te suis ! » La bimbo la lâcha enfin, elle lui avait fait mal cette garce, elle frotta son poignet encore endolori par sa chute et suivit la blonde qui semblait sûr d'elle. « Peur de quoi ? Que tu me violes au détour d'une allée ? » Elle lui demanda sur un ton si sérieux que c'était presque troublant. « Je suis amie avec Ezéquiel, donc non je n'ai pas peur ni de toi, ni d'être coincé dans un labyrinthe, et toi t'as peur ? » Lui demanda-t-elle avant de finalement sourire alors qu'elles avançaient à nouveau.

« Je te suis ! » Très bien mademoiselle, en marche. Rapidement, parce que je m’enfonçais déjà rapidement dans les allées, allant encore et encore plus loin, me retrouvant face à un premier mur. Une première difficulté. « Peur de quoi ? Que tu me violes au détour d'une allée ? » La blondie semblait sérieuse. Elle ne devrait pas jouer à ce jeu, parce que je n’avais pas encore révélé tout mes facettes. Non pas que je puisse être une violeuse. Je la reluquais, arquant un sourcil. « Fait attention à toi, je pourrais bien… Je ne l’ai pas encore montré, mais les nanas m’excitent aussi… » Et oui, j’aime bien plus les hommes que les femmes, mais ces dernières ne me laissaient pas indifférente. Je ne lui révélais pas ça parce que c’était le cas d’Evadne, certes elle était bien jolie, mais les filles du nid n’étaient pas trop... de mon genre ? Ouai… « Je suis amie avec Ezéquiel, donc non je n'ai pas peur ni de toi, ni d'être coincé dans un labyrinthe, et toi t'as peur ? » Pour la deuxième fois, j’arquais un sourcil, cette fois accompagné d’une légère grimace de me lèvres. « Hum, et le fait que tu sois ‘amie’ avec lui, ça c'est censé me faire peur? » Je demandais, perplexe, au cas où j’avais mal compris. Je pensais qu'à partir du moment où tout le monde avait su que je m'étais faite baisé par ce mec là, cela signifiait que je ne le craignais pas. Contrairement à pas mal de minette, Ezéquiel me faisait marrer au même titre que les autres, à leur dépend. Le noir n’échappait pas à la règle, lui, qui ne m’inspirait aucune crainte. « Ai-je l’air d’avoir peur ? J’ai peur de rien… quoique si, j’ai peur des niaiseries. Des remerciements. De l’attachement… »