« Tu t'es déjà rasé les burnes toi ? » Bonjour Jamie, c'est Slavin qui te parle, non tu ne dors plus mon lapin, au lieu de cela, t'es dans la salle de bain, la tête dans le cul et y'a un abruti le corps enroulé d'une serviette de bain blanche immaculée, qui te pose une question zarb. C'est le sous-titre qui doit passer en ce moment sur l'écran de télévision de la ménagère de moins de cinquante ans qui nous reluquer pendant qu'elle dépoussière les innombrables bibelots merdique qui s'agglutinent sur le rebord de sa cheminée, elle les déteste, ils la font chier, mais elle continue de les astiquer machinalement. Bref, sur son écran, elle peut me voir, devant le miroir, un rasoir à la main, le regard dans le vague, de la mousse à raser verte fluo étalé sur le torse. « Te fous pas sous le jet de gauche, l'évacuation est bouchée, doit y avoir une nana qui s'est délestée de quelques touffes. » Je l'informe avec toute la délicatesse dont je suis doté au réveil. Glauque, mais c'est vrai que c'est bouché, je crois que j'ai évité l’inondation de peu. Bon finalement, je me lance, mais ça me fait chier je ne vous raconte pas. Mais un jour y'a une conne qui a décidé que les poils sur le torse c'était pas sexy, alors elle a foutu sa bande et depuis j'dois m'y résoudre. Parce que cette même conne a promis de se la jouer esthéticienne à vie et de s'occuper de ma toison sauf qu'au bout d'un moment, elle n'a plus donné signe de vie la conne. Pas que j'ai beaucoup de poil, mais maintenant ça ne ressemble plus à grand chose, alors j'rase, mais aujourd'hui j'ai pas vraiment envie. Mais j'ai pas le choix. Je soupire lorsque la lame rencontre mon torse, bon et bien voilà, c'est le grand saut.

Chocolat.

Chocolat.

Il était une fois dans le petit monde merveilleux de Jamouche-la-mouche, une petite mouche volant à la rescousse de ses cousines, trottinant, pataugeant joyeusement dans la merde de ses camarades, se délectant de chaque humus comme si c'était son dernier. Jamouche-la-mouche n'était pas bien compliquée, elle aimait toutes les choses jolies. Par exemple, elle pouvait se déposer sur votre derrière sans que vous ne vous en rendiez compte. Jamie-la-mouche est également forte pour tout ce qui est d'ennuyer les vilains humains une fois la nuit tombée. Et vas y que je vole à côté de ton oreille pour te...

ET PAF ! She's gone, sheeee's gooooooooooo... -pour le bien de la scène, imaginez un ralentissement dans les graves jusqu'au silence complet-

« Tu t'es déjà rasé les burnes toi ? » j'ouvre les yeux. Je sens une pression sur mon crâne, ouais, j'venais bien de m'assoupir, à un tel point que ma tête avait basculée en avant, s'appuyant à la paroi. Ouah mec, t'es sérieux là ? Je retire ce que j'avais pu dire auparavant sur le fait que je ne pouvais m'endormir n'importe où. Ramassis de conneries. « Gnéééé ? » wesh j'suis Jamouche-la-mouche, j'ai pas d'burnes d'abord. Quoique... « Ça a des burnes les mouches ? » j'me gratte l'oeil en le toisant un instant avant de secouer légèrement la tête. « Nan j'me rase pas en règle générale, déjà que j'ai pas grand poils sur le torse, mais non, j'me rase pas. J'veux dire... » j'voulais dire quoi déjà ? Ah ouais « Après t'es carrément moins viril quoi. » ouais, la virilité pouvait parfois se qualifier par un simple mot... poil. « Te fous pas sous le jet de gauche, l'évacuation est bouchée, doit y avoir une nana qui s'est délestée de quelques touffes. » merde, j'y étais déjà. Jetant un coup d'oeil au fameux trou, je grimaçais légèrement avant de reprendre la parole « On va dire qu'c'est pas moi qu'était là en dernier hein, aucun témoin... sinon j'dis aux meufs que tu t'es imberbe. Deal ? » ouah la menace ! C'vilain ça Jamouche, vilain ! « Tu fais quoi avec ta lame en l'air là ? Si c'est pour te scarifier attends que j'sois sorti s'teuplait', j'ai des vertiges à la vue du sang » ouais j'restais une petite nature tout de même hein, fallait pas trop m'en demander. « A moins que tu sois du genre Emo, dans ce cas je te recommande vivement d'utiliser une feuille de PQ, j'crois que c'est tendance niveau scarification chez eux. » si si.

Quoi pourquoi il me parle de burnes de mouches lui ? J'dois tirer une de ces tronches là toute suite, mais c'est ce que j'appelle une grimace de réflexion. Oui, j'fais cette tête là quand j'réfléchis. « Pourquoi t'es une mouche ? Attends moi là, j'vais te buzzer. Remarque, ouais t'as un air, c'est vrai. » J'ris comme un con à qui on venait de balancer une blague qui n'a fait rire que lui. Il se rase pas, c'est vrai qu'on dirait un mec de quinze ans, et encore j'crois qu'à quinze j'avais plus de poils que lui. Hum. Pas viril ? Putain, il remet ma virilité en doute là ou quoi ? « Hein ? Non mais n'importe quoi. » J'parle pas de mes jambes, qui sont carrément poilues elle, mais non, j'parle des burnes, j'sais pas pourquoi d'ailleurs, parce que les miennes, enfin bref. J'écarquille les yeux, quoi ? Non mais quoi ? J'dois avoir l'air d'un poisson, tellement j'suis surpris. « Tu déconnes, t'es pas entrain de me dire que la toison dorée elle est à toi ? » Il peut dire ce qu'il veut j'suis pas imberbe. « Deal. Ceci dit, y'en a déjà deux qui te croiront pas. Trois, Sive m'a déjà vu à poil aussi, et hum. J'crois que c'est tout. » C'est déjà pas mal vous me direz, mais en même temps, si la production ne me collait pas une case flouté sur mon paquet, pas que j'veuille impressionner qui que ce soit, mais je m'en fous moi. Bref, j'suis dans ma réflexion là, et je me rends pas compte que ma main est en l'air et que je brasse de l'air avec mon rasoir. Et là, y'a Jamie qui se fait un film. Hum, oui mais bien sûr. « Fais gaffe j'crois que l'eau chaude ça te crame les neurones, tu racontes que de la merde mon lapin. » Je ris et commence à me raser, mais sans me couper parce que j'suis un pro. « Tu peu m'expliquer pourquoi c'est vert ce truc ? J'ai l'impression de me raser avec du sang d'Alien. » Du sang d'Alien qui sent super bon et qui donne la peau douce mais quand même.