Y'a James Hetfield qui me hurle dans les oreilles, je bouge ma tête au rythme des guitares saturés, j'ai le regard qui va avec. Glacial, mais faut dire que je suis concentré sur ma tache. J'suis entrain de vider le cellier en sucreries en tout genre. Parce qu'on est vendredi et qu'on devrait faire un truc ensemble. Tous ensemble. Jamie a vaguement émis l'idée d'un jeu, autour de l'alcool et des confession, mais j'crois qu'il a eu la flemme de tout organiser. Alors je m'y colle. J'ai ouvert plusieurs paquets de chips que j'ai placé dans un saladier. Y'a des bonbons, des m&ms, des chamallows, Sive n'a visiblement pas tout englouti mercredi. Y'a des biscuits, du chocolat, beaucoup de chocolat. Tout est installé sur la table du salon. J'ai l'impression d'être dans une fête d'étudiant, ou presque de collégiens pour le moment, une boom où on s'empiffre de sucrerie tout en se racontant les derniers ragots. Sauf qu'on est adulte et qu'on risque de se faire chier bien rapidement si on ne rajoute pas un peu de piquant. Et ce piquant c'est de l'alcool, tout l'alcool du bar, Y'a de tout, plusieurs bouteilles de chaque, je les installe bien en évidence sur la table. J'tamise l'ambiance, en y collant quelques bougies, c'est plus intime. Plus sympa. J'recule les canapés et mets des coussins un peu partout tout autour de la table. J'pense qu'il y a assez de place pour tout le monde. Si tant est que tout le monde vient. J'pense que tout est prêt. Je jette un dernier coup d'oeil. « ALCOOL A VOLONTE AU SALON ! RAMENEZ VOUS ! » Ca devrait les faire venir non ? « Y'a des chips aussi ... » Je prèfère rajouter, y'a pas que des alcooliques dans le nid...

J’comprends pas tout, en fait. J’suis dans le salon depuis un moment, passablement seul avec mon Picsou Mag, et mon casque qui m’impose du Strauss, m’invitant dans une Odyssée de l’Espace, quand je vois le Chef débouler avec des bonbecs. Je le regarde faire un aller-retour, puis un deuxième, puis un troisième. Je m’inquiète pas, il doit avoir des tocs... Mais il a carrément vidé le cellier quand des bouteilles d’alcool remplacent les inoffensifs bonbons dans ses bras. Je me demande s’il est pas entrain de faire des réserves pour l’hiver, et je sens là le bon filon du secret... J’pensais qu’il était le frère d’Ezequiel, mais maintenant je me demande s’il ne s’agit pas d’un de ces fanatiques de la fin du monde, ceux qui pillent les superettes pour faire des stocks dans leur cave, avant d’enfiler des combi jaunes toutes moisies mais soit-disant anti-radiation. Si la couche d’ozone doit céder sous l’impact d’une éruption solaire, coco, ta combinaison cramera comme tout le reste. J’sais pas si c’est Strauss dans mes oreilles, mais bizarrement, sur cette musique, mon idée devient super crédible. Je commence à flipper pour mon cul quand je le vois allumer des bougies et tamiser les lampes... Heu... Il me drague ? J’finis par ôter mon casque quand je le vois s’immobiliser, juste à temps pour l’entendre hurler qu’il y a de l’alcool au salon. Genre, il est surprit en plus ?! Il vient de tout déménager là, et il découvre son oeuvre ? « Ca sert à quoi que tu déplaces les stocks si c’est pour leur indiquer, ensuite, où tu les as planqué ? » je lui demande, très sérieusement, ne comprenant pas le but d’une telle manoeuvre. « T’as pas de l’Oasis, plutôt ? » j’enchaine en soulevant une bouteille de sky pour en lire l’étiquette.

J'étais à deux doigts de le terminer, ce bouquin de Stephen King, deux doigts. Confortablement allongé sur mon lit, j'en gobais chaque chapitre avec admiration. Mais une voix retentit alors dans tout le château, ne manquant pas de me faire sursauter d'ailleurs. « ALCOOL A VOLONTE AU SALON ! RAMENEZ VOUS ! » Quoi ? Y'avait quelque chose d'organisé ce soir ou bien ? Qu'importe, j'allais en avoir le coeur net. Je me levai donc et pris la direction de l'escalier. Du haut de celui-ci, l'on pouvait entendre un type ajouter « Y'a des chips aussi ... » Ouais non, ça au pire on s'en foutait. C'était surtout le fait de savoir qu'il y avait de l'alcool qui me fit descendre l'escalier à tout berzingue. Ne me prenez surtout pas pour un alcoolique ou je ne sais trop quoi, hein. J'avais juste besoin de me saouler un peu la gueule et je dois dire que tout ceci tombait vraiment à pic. En arrivant dans le salon, je tombai sur Slavin. Ma parole, il avait sorti le grand jeu ce soir. Eh mais c'est que Loxias se voulait également de la partie. Chouette. Y'avait pas que de l'alcool en fait. Du chocolat, des bombecs,... tout pour prendre dix kilos. « C'est pas très raisonnable, tout ça, pour les d'moiselles. C'est que ça grossit vite, quoi. J'pense à leurs grosses cuisses avant tout. », fis-je en m'adressant aux deux bonhommes. Mon tact n'était plus à prouver, hm. Bah, cela se serait si j'avais encore un minimum de respect pour les femmes. Alors je taclais, car c'était encore ce que je faisais de mieux. Quand je ne les baisais pas. Et tant pis pour les demoiselles présentes à nos côtés et étant entrées dans le salon en même temps que moi à qui ces paroles ne plairaient pas. Au pire, elles pouvaient se priver de tout ça et aller faire quelques longueurs de piscine pour éliminer cette cellulite incrustée. Ouais, bon plan ça aussi.

Je suis sur la terrasse depuis un bon bout de temps, à fumer cigarette par dessus cigarette. Rien d’autre à faire, de toute façon. Et puis on est bien, la nuit s’annonce douce. Je pourrais rester ici jusqu’au petites heures du matins, moi et ma bouteille de Jack Daniels. Ouais, je suis seule et je bois. Et alors ? Je crois que nous sommes dans un pays libre. J’imagine déjà la scène, un candidat qui débarque à mes côtés pour me faire la morale et me dire que je ne devrais pas boire seule et blablabla. Soupire intérieur. Je crois que je suis assez grande pour savoir si je dois boire seule ou non. Et dans mon cas, la réponse est plus que positive. Et puis Jack Daniels, c’est mon vieux copain, on se connait depuis mes quinze ans, le soir d’une petite fête chez Melody Mitchell. C’est même grâce à lui que j’ai perdu ma virginité cette soirée là. Comme c’est une belle histoire, tout de même. C’est pourquoi on comprend que j’ai un certain attache émotionnel à cet alcool fort. Bref, je prend une gorgée, termine ma clope et décide finalement de rentrer. J’ai changé d’idée, c’est tout. Passant par le salon, je remarque tout le cirque qui s’y passe. J’entend surtout Slavin gueulé à ce moment même et je me demande ce qu’il a bien pu bouffer. Je lève les yeux en l’air, je n’aurais pas vraiment besoin de rester, puisque j’ai déjà ma bouteille d’alcool. Mais bon, pourquoi pas, après tout. « C’est quoi le plan ? On se fait une orgie au salon ? » demandais-je en me laissant tomber lourdement sur un des coussins. Mon regard se dépose en alternance sur Slavin puis Loxias, avant de sourire. L’idée me plairait bien. Mais j’imagine que ce n’est pas ça le plan... Dommage. Y'a Andreas qui débarque, oh c'est encore mieux. Ou pas. « Comme c'est charmant de ta part... De te soucier de nos grosses cuisses. » répondis-je à sa remarque, prenant une nouvelle gorgée d'alcool. Si le but est de boire ce saouler ce soir, j'ai une longueur d'avance sur tout le monde je crois.

La semaine s’achève, la journée du vendredi tire à sa fin, et on s’emmerde grave, dans le château. Enfin, c’est mon cas, je ne sais pas ce qu’il en ait des autres. Faut dire que je suis difficile à combler, ces derniers temps, mon humeur en ayant pris des masses lors du dernier prime… et disons que je ne suis pas encore tout à fait rétabli. Mais soit, je suppose qu’à l’issue du prime, seul ombre encore vraiment présente au tableau (en excluant la seule autre menace potentielle que je n’ai plus besoin de vous présenter), je devrais être en mesure de vraiment reprendre goût à tout ce qui se déroule dans les parages. Je passe au niveau du salon, par le plus grand des hasards, lorsque je capte la voix de Slavin. « ALCOOL A VOLONTÉ AU SALON ! RAMENEZ-VOUS ! » Y’a mieux à faire dans le coin? Je crois pas, non. Alors je décide de suivre la voix de la raison et d’aller rejoindre le petit groupe qui commence déjà à se former. En plus de Slavin, Loxias, Andreas et London sont sur place. J’esquive mon partenaire pour aller me poser sur un tat de coussins, là, par terre, à l’opposé des autres, non sans oublier de choper au passage la bouteille de Tequila qui trône en reine sur la table. Ce soir, elle sera ma meilleure amie! Et je suis très possessive avec mes amis. Vous êtes prévenus. Et hop, première gorgée. Salement fort, ce truc, mais c’est bon, j’ai connu pire. Dès la deuxième, ça me parait déjà plus agréable.

Pourquoi y'a une voix dernière mon dos alors que je suis seul depuis tout à l'heure et que je fais face à la porte ? C'est que je ne devais pas l'être finalement. Je pivote légèrement et tombe sur Loxias. J'évite de l'interroger sur l'endroit où il se trouvait pour éviter de passer pour un con. J'sais pas, j'devais tellement être dans mon truc, la musique sur les oreilles que j'ai pas du tout capté qu'il était là. Deux candidats auraient pu forniquer sur la moquette que je n'aurais pas vu. Enfin peut être que si, finalement. Il m'interroge sur l'alcool il a pas l'air d'avoir compris. « C'est une feinte, j'en ai caché ailleurs, c'est pour ça que j'ai décidé de tous les inviter là. Pour pouvoir vider en paix les meilleures bouteilles. Technique, technique. » Et j'suis tellement sérieux que ce plan pourrait tout à fait être probable, le pire c'est que j'en suis capable mais pas se soir. Il me questionne à propos de l'Oasis ? Hum ? Vraiment. « Sous la table. » Y'a tous les sodas là bas, ouais, j'pensais que ça allait servir d'accompagnement, mais bon pourquoi pas. Y'a Andreas qui se pointe, comme s'il s souciait vraiment des demoiselles. « Tu leur feras faire des exercices... » Ouais au pire, elles sont pas obligé de se jeter dessus, c'est surtout pour éponger. Une nouvelle tête, déjà bien éméchée visiblement. Y'a qu'à voir sa bouteille à moitié vide. Ouais. « Non, l'orgie c'est après ma chérie et c'est rien que nous deux, j'suis devenu possessif. » Et vas-y London gueule impose ta voix parce que c'est ce qui va se produire pas vrai ? « J'voulais faire un "jeu", on peut peut être attendre les autres... » Y'a Anabel qui se faufile et qui se jette sur la bouteille de Tequila. « Ou on peut boire aussi... » Je souris, et je pose mon cul finalement, les autres nous rejoindrons bien après.

Technique ! Technique ! Je me répète ça dans la tête sans comprendre le but de la technique, parce que techniquement, s’ils vident le bar ce soir, les autres, assoiffés, finiront par retourner la baraque à la recherche de nouvelles bouteilles, ses meilleures bouteilles à lui. Et ils finiront par les trouver, c’est évident. Alors technique, technique, oui, mais de merde, de merde. Un peu quand même. Bah si ! Il m’indique l’Oasis, sous la table. Normal, genre planqué. Ça fait partie de ses meilleures bouteilles, c’est pour ça ? J’la récupère au moment ou le teuton fait son entrée, toujours très classe en parlant des cuissots féminins. « Et l’alcool ça fait prendre du bide, pourtant personne t’empêche de boire, si ? » Je réponds, machinalement, tout en me servant un verre de boisson chimique à base de fruit, mais dont la pub tente de te faire croire que c’est fait à base de fruits qui parlent se jetant dans une cascade. Et moi j’y crois. Y a la blonde des toilettes de Slavin qui entre, aussi. Enfin la blonde des toilettes numéro 2, parce qu’il y en a eu plusieurs. Elle répond à Andreas, mais elle semble complètement détachée. J’avise la bouteille qui pendouille au bout de son bras, et reporte mon attention sur Slavin. « T’en avais oublié une ? Ou bien elle a trouvé ta super planque trop bien planquée ? » Oui, là, même si j’ai l’air sérieux, j’me fous de sa tronche. J’ai toujours pas compris que lui-même se foutait de ma tronche avec sa planque, du coup je me fous de la tronche de ma tronche. Double clash ! Il en profite pour proposer un jeu... Super ! Monopoly ? Oh, y a ma copine de guerre, aussi. Mais elle s’installe toute seule dans un coin, avec une bouteille. Pas grave, j’vais l’emmerder un peu. J’attrape le bol de monster munch, et lui balance des petits fantômes à intervalle régulier, le tout à grand renfort de ces bruitages dont j’ai le secret. « Vouiiiiii ! Vouiiii ! Vouhiiiiiiii ! » On dirait une voiture de F1, non ? Bah non, c’est une attaque de fantômes volants.

Alors que je m’assois difficilement par terre, je me rend compte que je suis déjà quelque peu éméchée. Ça commence bien la soirée. Pour la peine, je vais reprendre une petite gorgée. J’écoute, pas vraiment attentivement, la conversation entre Slavin et Loxias, mais bon, je ne comprend rien. Soit je suis vraie blonde, conne et tout le tralala, soit ils sont fous. J’opte pour la deuxième option. Et puis je parle d’orgie. Avec les chandelles comme ça, on dirait vraiment que c’est ce qui va se produire. J’ai peut-être une imagination un peu trop débordante. « Non, l'orgie c'est après ma chérie et c'est rien que nous deux, j'suis devenu possessif. » Ma chérie, vraiment ? Je crois que j’ai envie de vomir et non, ce n’est pas à cause de l’alcool. Heureusement que je commence à le connaître et que je sais qu’il plaisante. « Comme c’est mignon mon amour. J’adore qu’on prenne possession de moi. » dis-je toujours aussi neutre, ayant tout de même mis de l’emphase sur le nouveau petit surnom que je lui accordais. Et oui, ma phrase est à connotation sexuelle, mais je pense que tout le monde l’a compris. Y’a Anabel qui débarque, mais elle décide de s’asseoir plus loin. Elle a peur qu’on la mange ? Remarque, elle peut s’asseoir où elle veut, ça ne change rien à ma vie. Loxias lui lance des trucs sur la gueule et je plisse les yeux, trouvant qu’il a l’air bien stupide. « T’as bu ou... ? » C’est une question, ou plutôt une affirmation. Je ne sais pas, mais il me donne mal à la tête avec ses bruits étranges. « J'voulais faire un "jeu", on peut peut être attendre les autres... » Et voilà, une étincelle dans les yeux, Slavin d’avoir de nouveau mon attention en entier. Il parle de jeu, je répond à l’appel. Ils font quoi les autres ?

Je sens qu’indirectement, la remarque que lance Slavin sur l’alcool, celle où il mentionne que l’on peut aussi boire, est dirigée vers moi. Bah quoi, il a parlé d’alcool, c’est ce qui m’a attiré ici, alors je vais pas faire sans rien que pour ses beaux yeux, si ? Oh, bah s’il me le demandait gentiment, peut-être, mais c’est un peu trop tard pour ça, maintenant que j’ai récupéré Mister T. C’est le nom de ma bouteille de Tequila, ça. Il parle aussi de faire un jeu, et je fais qu’hausser les épaules. Je suis là, maintenant, et je veux bien tenter de me mêler au groupe, si vous voulez vous amusez un peu. Qui sait, je sortirai peut-être dimanche, aussi bien en profiter pour faire la fiesta au moins une bonne fois pour toute. Nouvelle gorgée de fort, oh et puis une autre, tien. Je manque m’étouffer avec quand je reçois pleins la tronche de Monster Munch, et je vrille mon regard vers la source de ce bombardement. Aucune surprise. Loxias est dans le coup. « Vouiiiiii ! Vouiiii ! Vouhiiiiiiii ! » Regarder le gamin, comme il s’amuse! J’attrape le coussin à mes côtés et lui balance au visage en guise de riposte. Non, mais c’est que j’ai pas d’autres munitions que ça moi! Je suis quand même pas pour sacrifier du précieux alcool pour le faire taire. Je crois même que London apprécie ma tactique. Tant mieux si je peux rendre service.

Vendredi soir, idées noires. Tranquillement allongée sur son lit recroquevillée sur elle même, Adie commençait à tomber dans un léger sommeil quand elle en fut tirée de force par un beuglement bien trop fort pour être un accident. Le temps de reprendre ses esprits, la jeune femme s'assit sur le rebord du lit et finit par comprendre ce qui se tramait. Elle avait cru entendre 'alcool' et donc, l'idée la plus probable était que la fête se passait au salon. Quand elle arrive finalement sur les lieux, la jeune femme ne peut s'empêcher de sourire. Ouais en effet, c'est bien un rendez-vous d'alcooliques et en prime, c'est déjà le boxon avec des gâteaux et des coussins qui volent. Super, vive la régression. Adie s'approche et prend place sur les coussins à côté de Slavin, forcément. Pourquoi? Parce que c'est comme ça. Du coup, elle ne manque pas de capter les paroles de London et préfère se taire et lever les yeux au ciel. Sérieux, elle pense qu'à ça celle-là ? Mais c'est pas le moment de foutre la merde comme Adie sait tellement bien le faire quand il s'agit de Slavin alors elle se tait, et ravale sa frustration tout en arborant un petit sourire. Un regard sur la table lui suffit pour se rendre compte qu'ici, rien ne l'intéresse et alors qu'elle picore dans un saladier de chips, elle remarque la bouteille d'Oasis dans les mains de Loxias trop amusé à attaquer Anabel pour se servir. Ouais. Loxias, tu peux me passer la bouteille d'Oasis s'il te plait? lui dit-elle en souriant. Parce que là, deux options. Soit il lui passe gentiment comme un mec civilisé, soit il est du genre 'jfais la gueule pendant milles ans pour des trucs qui me concernent même pas' et il lui balance à la gueule. Au moins, l'avantage, c'est qu'elle sera fixée...