En cette soirée, après le dîner, j'avais décidé de me rendre au centre de remise en forme. En short de bain, je profitais du jacuzzi. Des petites bulles, des petites bulles, toujours des petites bulles. Plutôt agréable. J'y restai une bonne demie heure, avant de retourner à la piscine. Où je croisai ma petite Anabel. La pauvre qui était réduite au silence cette semaine. Ce n'était pas la plus bavarde des candidats, mais tout de même, c'était très embêtant. Franchement, on aurait pas pu forcer Andréas à la boucler plutôt ? Ça cela aurait été vraiment utile. Des vacances.  « Anabel...Puisqu'on ne peut pas parler. Je te propose un truc. Un massage, ça te dit ? Je suis d'humeur généreuse ce soir. » Fallait bien compenser un peu son handicap non? Et puis j'étais sur qu'elle en aurait bien besoin. Tendue ses derniers temps. Même si son état d'esprit semblait s'être amélioré par rapport à la semaine dernière. Heureusement. Je préférais une Anabel de bonne humeur, qu'une Anabel déprimée, à noyer son chagrin dans l'alcool.

Spoiler:

Le silence n’avait jamais été mon meilleur ami, mais cette semaine, j’avais l’impression que lui et moi, on connectait. Par la force des choses, je dois dire. Forcée à sa compagnie depuis le prime de dimanche, gracieuseté de Marcus, je ne l’avais jamais autant côtoyé que depuis ce jour-là. Bon, d’accord, je n’étais pas bien bavarde de nature, mais vous savez, je rêvais de pouvoir dire quelque chose, ne serait-ce qu’un seul mot, peu importe duquel il s’agissait. Même un simple ‘Oh!’ me satisferait, c’est pour dire. Mais non. J’allais juste le jeu jusqu’à dimanche, car j’étais bonne joueuse… Et je n’aurai qu’à parler la semaine prochaine pour compenser, oui, voilà! Cette soirée-là, afin de m’occuper un peu, je m’étais rendu à la piscine avec l’intention de faire trempette – comme en témoignait ma tenue – mais sur mon chemin, alors que je m’affairais près des transats, je tombais nez à nez avec Keelan, qui, visiblement, sortant du jacuzzi. « Anabel… Puisqu’on ne peut pas parler. Je te propose un truc. Un massage, ça te dit ? Je suis d’humeur généreuse ce soir. » Son offre tombait plutôt à pique, à vrai dire. Il était vrai que j’étais tendu depuis la semaine dernière, et je ne doutais pas un seul moment que ces mains magiques chasseraient ces tensions de mon corps. J’acquiesçais donc d’un signe de la tête, accompagnée d’un sourire, pour lui faire savoir que son idée me plaisait. Je pris d’ailleurs l’initiative de me rendre au spa, m’assurant cependant qu’il me suivait, puis m’assied sur l’une des tables de massage, attendant quelconque instructions pour la suite des choses. Il fallait quand même que je lui laisse le temps de m'installer avant de retirer la robe qui couvrait mon maillot, un bikini presque de circonstance.

Anabel me gratifia d’un sourire et d’un hochement de tête. Elle semblait emballée par l’idée. En même temps hein, j’ai envie de dire, qui ne le serait pas ? On ne pouvait guère refuser une telle proposition. Moi aussi j’aimerais bien un petit massage, mais personne ne m’en proposait snif. Je me contenterais alors d’en donner et procurer confort aux autres. Parce que jusqu’à présent, je n’étais pas capable de me masser tout seul. En silence, forcément, la brunette se dirigea vers le spa. Je la suivis donc, et elle s’installa sur la table. Je pouvais apercevoir à travers sa robe légèrement transparente qu’elle portait un maillot de bain. Très bien.  « Installe toi et mets toi à l’aise » Traduction : on enlève la robe. Évidemment elle pouvait tout à fait rester en maillot, pas de nudité obligatoire. Comme si elle allait retirer le haut de toute manière, ce n’était pas Irène. Pas de soucis à se faire. Anabel avait quand même de la chance en plus, il s’avérait que j’étais un bon masseur. Si si parole de ma femme. De toute manière je ne lui aurais pas proposé si c’était pour lui massacrer le dos hein. Je voulais la détendre, pas lui provoquer encore plus de tensions dans les muscles. La dernière fois que j’avais posé mes mains sur une femme, pour un massage, remontait à plusieurs années. Ceci dit ce n’était pas le genre de choses qu’on perdait. On était doué, où on ne l’était pas. La demoiselle s'exécuta et s'allongea sur la table, en maillot. J'attrapai la bouteille d'huile, et m'en versai sur les mains. Je la réchauffai un peu, avant de finalement poser mes mimines sur sa peau. Ce qui était bien, c'est que même si ça ne lui plaisait pas, bah elle ne pourra rien dire, haha. Même si je doutais que ceci arrive. Je commençai d'abord par la nuque, et le haut des épaules. Je pouvais sentir en effet qu'elle était tendue.  « Tu verras, après, tu te sentiras flotter sur un petit nuage. »

J’étais assise là, sage comme une image, à attendre. Attendre quoi ? Un signe de sa part, peut-être, je l’ignore. Je trouvais juste… étrange d’arriver dans la pièce, de retirer ma robe et de m’installer sans un mot. Mais force est d’admettre que… je n’avais pas vraiment d’autre choix, sauf d’attendre ses instructions. Ce qui arriva bien vite, quand il pénétra à ma suite dans la pièce. « Installe-toi et mets toi à l’aise. » Ok, chef, à vos ordres. Me relevant de mon siège, je retirais ma robe, puis mes sandales, que je déposais sur l'autre table, juste en face, avant de m’étendre sur le ventre, sur la table à massage. C’était un peu étrange d’être là, à ne rien, et à attendre que sa voix daigne meubler le silence de la pièce. Je déteste ne pas pouvoir parler, et dire que j’en avais encore pour au moins cinq jours! Heureusement que les mains de Keelan vinrent chasser ce mauvais tourment de ma tête, commençait leur besogne sur le haut de mon dos, et plus encore au niveau de ma nuque et de mes épaules. Là où la tension se faisait le plus sentir. Heureusement, il s’avait s’y faire pour la relâcher. « Tu verras, après, tu te sentiras flotter sur un petit nuage. » Je n’en doutais aucunement, j’avais pleinement confiance en lui, de toute façon. Du moins, autant que l’on peut avoir confiance en quelqu’un dans cet aventure. Je profitais de ce moment de bonheur gratuit en fermant les yeux pour mieux apprécier le contact de ses mains sur ma peau… enfin, pour mieux apprécier le massage, plutôt. Oui, oui, c’est bien ça.

Si Anabel appréciait le massage, il fallait savoir que ce n'était pas non plus exactement à sens unique. Déjà, la vue était plutôt agréable, il fallait dire ce qui était. Ensuite, y avait pire que de devoir poser mes mains sur son corps. Vraiment. Mais je vous assure, que ma proposition de massage à la base était complètement désintéressée. Je voulais juste faire plaisir à Anabel, améliorer son bien être. Après m'être occupé de sa nuque et ses épaules, je descendis lentement, passant aux omoplates, puis dans le milieu du dos. Son haut de maillot était un obstacle, quelque peu gênant, mais je ne me permettrai pas de lui enlever.  « Je ne te l'ai pas dis au fait, mais c'est mon anniversaire aujourd'hui. » dis je en brisant le silence. Et oui, 31 balais aujourd'hui. Ça faisait un coup de vieux.  « 31 ans » ajoutais je, comme si je répondais à sa question silencieuse. Anabel n'était peut pas une grande bavarde mais habituellement elle parlait. Or la n'entendre que le son de ma voix ça faisait bizarre. Ça donnait l'étrange sensation de parler tout seul. Mais bon, je devais m'y faire, puisqu'elle ne pourra pas retrouver la parole avant 5 long jours. Je ne savais pas si je pourrais le faire moi. Je serais tenté de répondre aux gens forcément, de dire quelque chose...Instinctivement, sans même faire attention.

Ce massage arrivait un peu comme une bénédiction, et réellement au bon moment. Si ce silence qu’on m’imposait cette semaine ne me faisait pas tant de mal que ça, je dirais seulement qu’à force, ce sentiment d’acharnement sur ma personne commençait à se faire sentir. Des tensions dans le cou et le dos étaient apparu, à force. Et même si, du coup, cette restriction à ne pas parler, ne pas dire un seul mot, me semblait bien risible en comparaison au reste, il n’en restait pas moins que c’était tout de même contraignant. Le nombre de fois où j’eu le réflexe d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose… et où je m’arrêtais au dernier moment, de peur d’être sanctionné. Parce que je ne souhaitais pas être nominée pour si peu, s’entend. Je jouais donc le jeu… en espérant que dimanche prochain signerait la fin de mes soucis –du moins, superficiellement parlant. Keelan continua sa descente le long de mon dos pour en arriver au niveau des omoplates, puis dans le milieu de celui-ci. Hm, j’avais une certaine sensibilité au niveau des côtes, mais ça restait le résultat d’une vilaine chute, il y a quelques années. Seulement, il dut me sentir me contracter un peu, mais je me relâchais aussitôt qu’il passait son chemin. « Je ne te l’ai pas dis au fait, mais c’est mon anniversaire aujourd’hui. » Mes yeux s’ouvrirent en deux billes rondes, et je détournais la tête, à m’en briser le cou, ou presque, pour arriver à l’apercevoir. « Trente et un ans. » Mais pourquoi m’avait-il caché cette information! Un anniversaire, ça se fêtait, non? Et en plus, je me sentais mal, du coup. J’aurais dû être celle qui lui offrait ce message, et pas l’inverse. Un petit sourire désolé apparu sur mon visage. J’étais heureuse d’apprendre cette nouvelle, mais ce silence, le mien, était vraiment lourd. Je n’aimais pas ça. Et pour la peine, je ne pouvais même pas lui souhaiter un véritable joyeux anniversaire digne de ce nom! Je soupirais finalement avant de me retourner, ma tête se réinstallant dans le creux de mes bras.

Je sentis le corps d'Anabel se contracter légèrement en passant sur une certaine zone de son dos apparemment sensible. Je passais rapidement ce point, pour masser, remontant lentement le long de la colonne vertébrale. En même temps, je lui annonçais comme ça innocemment, que c'était mon anniversaire. Suite à cette mini révélation, Anabel se tordit le coup pour me regarder. Je pouvais décoder son expression comme : ‘’pourquoi t’attends maintenant pour me le dire ? Tu fais chier. Je peux même pas parler. Je suis désolé de ne pas avoir organiser une fête du feu de dieu, je vais me rattraper très vite.'' C’était a peu près ça. Non ? Bref, de mon anniv, j'en avais parlé à personne. Hm je ne savais pas trop pourquoi d'ailleurs. Pour tout vous dire je l'avais oublié jusqu'à ce matin, alors... Il fallait dire qu'on perdait la notion du temps ici. Outre mon anniversaire, c’était celui de mon frère aussi. Logique, vu qu’on était jumeaux. « Boudes pas, tu ne pouvais pas le deviner. » Je la voyais bien soupirer, râler en silence. Pendant ce temps, je continuais mon massage, arrivant aux hanches, le bas du dos. Je restais strictement professionnel, pas de mains baladeuses qui dévieraient du chemin. Bon, je ne garantissais rien pour mes petits yeux, mais chut, de toute manière elle ne pouvait pas me voir. Pas vu, pas pris.

Je ne sais pas d’où il tenait cette habilité à être aussi doué de ces mains, mais était-ce vraiment important? Le fait que je puisse en profiter, et surtout, qu’il est accepté de m’en faire bénéficier devait me suffire… et c’était effectivement le cas. Je savourais le tout, ma tête blottie contre mes bras, les yeux fermés. Si ce n’avait été que de sa voix qui meublait le silence de la pièce, j’aurais surement très bien pu m’assoupir tant le bien-être que je ressentais m’était bénéfique. Tant mieux pour lui, d’ailleurs, je m’en serais voulu de l’abandonner ainsi, déjà que je ne pouvais point lui répondre, lui faire l’affront de dormir serait le comble. Il m’avoua que son anniversaire était à ce jour, et je réagis en lui jetant un regard qu’il laissa passer le message que je désirais… Du moins, je l’espérais. Bon sens, je détestais ne pas pouvoir lui adresser la parole. À lui. À n’importe qui d’autre, en fait. Je ne pus m’empêcher de soupirer avant de retourner à ma position initiale. Cela le fit réagir. « Boudes pas, tu ne pouvais pas le deviner. » Il n’avait pas tort. Je n’étais pas en mesure de deviner sa date d’anniversaire, et donc, de savoir qu’il ajoutait une année au compteur de sa vie aujourd’hui. Je n’étais pas devin, je n’avais pas ce genre de savoir absolu. Alors je devais me contenter de cette révélation qu’il venait de me faire, et composer avec elle. Ma seule réaction fut un léger haussement d’épaules… dans la mesure où je ne pouvais pas vraiment faire plus. Ses mains arrivèrent dans le bas de mon dos, au niveau de mes hanches, et involontairement, ces gestes provoquèrent un léger frisson, me parcourant l’échine de haut en bas. Je ne sais point s’il le remarqua.

Petit haussement d'épaule venant de la part d'Anabel. C'était tout ce que je pouvais avoir. Pour tout vous avouer, entendre le son de sa voix me manquait. Entendre que la mienne c'était assez fatiguant. Parce que contrairement à Andréas, perso, je n'aimais pas m'écouter parler. Brefouille, je continuais mon petit massage, espérant que ça plaisait à la brunette. Elle n'était pas parti en courant, alors a priori ça devrait aller. De toute manière, pourquoi n'aimerait elle pas mon massage ? Sans vouloir me vanter, j'étais plutôt doué dans ce domaine là. Et ce n'était pas moi qui le disait. C'est moi, où la jeune femme frissonna légèrement ? J'aurais juré que c'était le cas. Peut être avait elle eu juste froid. Quelques minutes plus tard, j'otai finalement mes mains de son dos – presque à regret - pour déclarer.  « J'ai fini » Toute bonne chose devait avoir une fin n'est ce pas ?  « Verdict ? Tu te sens comment ? » Oui je posais une question à une muette, hm.

J’avais ce sentiment constant de me débattre avec ma nature humaine, soit celle de prendre la parole, de répondre, lorsqu’on m’adressait quelques mots. Cette semaine, cependant, je ne pouvais agir à ma guise ; je devais tenter de supporter cette interdiction sans broncher, et me faire copain-copain avec le silence, que ça me plaise ou pas. Ça me pesait, de ne point pouvoir tenir une conversation ‘normale’ avec quelqu’un. Je sentais qu’il me manquait quelque chose… C’est un peu ce à quoi je pensais, pendant que les mains de Keelan se baladaient toujours dans le creux de mon dos, tâchant de minimiser les tensions qui s’y trouvait. Et il s’y prenait très bien. Mais malheureusement, toute bonne chose à une fin. Et la fin de ce massage vint plus vite que je ne le cru. Ou pas. En fait, j’ignorais depuis combien de temps nous nous trouvions ici. « J’ai fini. » l’entendis-je me confirmer, même si dès le moment où il avait cessé de me toucher, j’avais compris le message. « Verdict ? Tu te sens comment ? » Il était marrant celui-là, me poser ce genre de questions alors que j’étais incapable de lui répondre. Ce n’était pas gentil, se moquait-il de moi? Je me relevais donc, et une fois sur pied, je levais ma main vers lui, pouce en l’air, pour lui signifiée, bien sûr, que je me sentais très bien, que ce massage avait fait son travail, tout comme lui d’ailleurs. J’articulais même un léger ‘ merci ’ du bout de mes lèvres, toujours forcé au silence. J’aurais tellement aimer faire plus, que ce soit le remercier de vive voix, lui rendre la pareille – même si mon talent de masseuse frisait le ridicule – ou simplement lui souhaiter un bon anniversaire. De quoi…, je ne sais pas, rendre sa soirée mémorable en quelque sorte. Était-ce pour cette raison que je me rapprochais de lui ? Était-ce pour cette raison que mes lèvres allèrent se coller au sienne. Peut-être, peut-être pas. Mais je le fis tout de même, ignorant le fait que ces lèvres-là se connaissaient déjà...