Evadne ~ Salon - 13h25

Ce matin, j’ai décidé d’adresser la parole à aucun connard, mais j’crois que ça sera mission impossible vu que y’a souvent une ou deux p’tites choses à dire entre deux foutues minutes. Déjà, lorsque j’arrive dans la cuisine pour prendre mon p’tit déj’ minutieusement préparé par la Tweedy, j’ai droit à un océan de commentaires, de phrases et de discussions que j’ai forcément pas envie d’avoir, surtout avec elle. On parle déjà assez la nuit –je suis insomniaque- donc son heure de sociabilité elle l’obtient largement durant nos nuits… Donc pour avoir réussi à résister aux conneries qu’elle m’a balancé, j’ai droit à un bocal avec beaucoup de petits biscuits dedans, et j’ai même pas le temps de refuser qu’elle me les colle… J’ai envie de lâcher ce truc mais j’crois qu’elle m’a prévenu : Si je lâche cette merde, c’est moi qui devrait ramasser chaque biscuits un par un, sans oublier les débris de verre… Mais les débris je m’en moque, c’est surtout ces biscuits qui me font peur… Rooh c’est de la pure merde ces trucs… Et puis pourquoi j’dois l’écouter celle-là hein ? C’est sûr qu’au fur et à mesure que je la côtoie cette conne, son emprise sur moi commence à augmenter et grandir petit à petit… Et là, je suis même plus capable de lui dire non, en pleine tronche, alors que y’a deux semaines, je l’envoyais se balader avec ces conneries sans difficulté… Bon donc là, je suis comme un gamin, entrain de longer les pièces de ce château avec un gros bocal entre les mains… Non c’est pas les élections bande de con, ni Halloween … Et même si ces biscuits sont affreux, vous aurez rien… Dans ma lancée vers l’extérieur, je perçois une blonde… Elle est nouvelle celle-là ? J’connais pas… Ah oui mais non c’est ma nouvelle copine, c’est bon j’me rappelle. Donc je la suis, en filature et je me rends compte que cette fille est folle… Elle débouche dans le salon et prend soin de positionner ses jolies fesses bien rondes que j'ai largement pris le temps d’apprécier par derrière sur un canapé… Je m’avance donc vers elle et je me jette à ces côté. Tu veux des biscuits ? Non j'donne rien. Mon bocal entre mes deux cuisses, je me tourne vers elle. Proximité : Euh… Je suis collé à elle j’crois… C’est brusque je sais, mais c’est pas ma copine non ? « Ezéquiel. Ton nouveau copain. » Faut que je lui donne un petit sourire ? J’sais pas le faire désolé mais t’es jolie tu sais… « Tu es pas moche quand même… » J’risquais quand même pire les gars, j’viens de la recruter aveuglement via les blogs, ne la connaissant même pas, donc m’ouais j’me dis que je suis tombé sur un bon poisson…

Evadne est entrain de lire, elle lit sans cesse lorsqu'elle ne fait pas le ménage. Elle n'est pas comme les autres, elle n'a aucun sens artistique et n'a pas envie de s'improviser photographe sous prétexte qu'elle a un appareil photo entre les mains. Les photos, de toute évidence, elle n'aime pas ça, elle n'aime pas être sur les clichés, elle n'aime pas être au centre de l'attention à vrai dire. Elle préfère rester dans son coin et se faire discrète. Eva c'est le genre de personne à se cacher derrière quelqu'un de grand lors de la photo de classe, simplement pour passer inaperçue, pour éviter qu'au bout de plusieurs années, quelqu'un se penche sur les clichés et essayer vainement de retrouver son prénom. Puisqu'elle ne marque pas les esprits, elle est banale, elle est discrète et ne marque pas les esprits. Elle n'est pas de celle qui participent en classe, elle préfère se taire et écouter, pourtant, elle a presque toujours la réponse à la question du professeur, mais non, elle reste discrète, au fond de la classe. C'est la même chose au sein du nid, elle est là, mais personne ne la remarque réellement, elle ne fait rien pour qu'on la remarque de toute façon. Plusieurs personnes sont passées dans le salon pendant qu'elle lisait, elle, elle les a remarqué, tandis qu'eux n'ont pas prêté attention à sa présence, mais ce n'est pas grave, ça lui convient très bien. Elle est entrain de lire les Hauts des Hurlevents, lorsqu'elle sent une pression contre elle. Elle redresse les yeux pour découvrir Ezéquiel outrageusement collé contre elle. Elle sursaute légèrement surprise de cette intrusion. Il se présente, et elle lui sourit. Son coeur s'emballe, elle ne sait pas trop pourquoi. « Evadne, ta nouvelle victime. » Répliqua-t-elle, le plus naturellement possible. Elle vit son bocal de biscuit mais ne tenta pas le diable, il n'avait rien du mec qui partage. Elle retourna à son livre jusqu'à ce qu'il la complimenta. Elle était assez étonné. Jamais, elle ne l'avait pas entendu faire ce genre de commentaire. « Je sais. » Répondit-elle non sans sourire légèrement. « T'es plutôt pas mal dans ton genre. » Ce n'était pas son type d'homme mais il était plutôt bien battit, ce serait mentir de dire l'inverse. Elle n'osa pas engager la conversation, même si elle se demandait ce qui l'avait poussé à la choisir.

Evadne, ta nouvelle victime… ça sonne quand même vrai ça. Elle a pas tort j’dirais, si on venait à penser littéralement, car franchement il existe plein d’autres candidates qui aimeraient pas trop être à la place de cette blondie, mais moi j’me dis, vaut mieux être avec moi que contre moi, comme l’a si joliment souligné aile de dinde. D’ailleurs ce mec est pas con et il vient de me donner implicitement un argument de roc pour ma compagne cherchant à avoir le plus de copains possible. J’commence donc avec… Evadneuh c’est ça ? J’avais l’apeller… attendez… j’réfléchis à un truc plus simple… « T’es la nouvelle-copine-à-Ezéquiel. » Sympa le nom, mais dans deux jours, ou trois, le nom deviendra plus court et il n’en restera que : La-copine-à-Ezéquiel. Oui voilà. Ça fera l’affaire. Après si elle marque des points elle pourra évoluer au deuxième stade et j’pourrais à ce moment l’appeler Eva. Pour l’instant blondie, souviens toi mais tu n’es que La-copine-à-Ezéquiel. J’tente donc de lui faire un p’tit compliment –à ma manière- pour la calmer un peu car j’ai pas trop envie de la perdre, c’est la seule qui a accepter ma demande d’ajout explicitement donc faut pas que je me loupe, ; c’est pour vous dire qu’elle est très importante pour moi, et détrompez vous si vous pensez que cette belle blondie a été recruté par hasard, non, pour moi, rien n’est dû hasard et je dirais au contraire, qu’il existe plusieurs critères qui m’ont amené à l’aborder, cette petite, et après, je dirais que le destin joue un rôle fondamental dans tous ceci. Elle sait qu’elle est pas moche… Limite ça ça sert à rien… Ah oui je crois que la blondie me connait pas mais faut éviter de balancer les trucs inutiles car ça sert à rien. Avec moi, on évite les détails et on passe toujours aux choses importantes. Elle me retourne le compliment. M’ouais ça passe, fin je le lui accepte puisque c’est ma nouvelle copine mais la prochaine fois, évite de me draguer car limite ça sert à rien et je n’en vaux pas la peine. Mais elle marque quand même un point. Bon, j’enfonce mes doigts de géants au fond du bocal pour en retire des biscuits, cette fois-ci en forme de petits poissons lilliputiens. J’en balance plusieurs d’un coup dans ma bouche et je me rends compte qu’il m’en reste deux sur la paume de ma main droite qui n’ont pas céder… Ah d’accord, vous croyez que vous avez échappé à la mort bande de petits poissons sodomisés… Kfufufu vous allez voir j’suis un sadique. Bon je lui dépose soigneusement un petit poisson sur son livre –notez l’effort, notez le !- car ouais pour l’instant elle en a droit qu’un seul, même si j’en ai des centaines mais bon… et l’autre bah… Je l’écrase avec mes deux doigts pour balancer les miettes en dehors du canapé en dépoussiérant mes mains. « Tu lis quoi ? Et les copains ils foutent quoi lorsqu'ils sont ensembles ? » Car figurez vous c’est ma première copine, et j’en ai jamais eu l’occasion d’en avoir auparavant donc oui je sais pas comment ça se passe entre les copains…un problème ?

Si Evadne avait peur d'Ezéquiel avant que Jamie ne lui donne sa bénédiction, elle est plus en confiance maintenant. Elle ne sait pas pourquoi puisque tous les autres continuent de se méfier. Sans doute à juste titre, mais elle n'a pas peur. Alors elle est là, avec le candidat, les yeux rivés sur son bouquin qui la passionne, mais lui se présente, comme si elle ne le connaissait pas. C'est vrai que lui n'avait pas semblé l'avoir remarqué avant qu'il ne poste sur son blog, ça n'avait rien d'étonnant. Il surenchérit lorsqu'elle lui donne son prénom. Il aime bien les surnoms, Eva avait oublié ce détail. Elle fronce les sourcils lorsqu'elle l'entend la qualifier. Elle tourne la tête dans sa direction, et hésite avant d'ouvrir la bouche. « On dit, la copine d'Ezéquiel, pas la copine à Ezéquiel, c'est pas correcte. » Sa voix est douce, elle ne le critique pas, mais elle ne peut pas s'empêcher de corriger les défauts de la langue, elle a une formation littéraire, c'est plus fort qu'elle. C'est pas de sa faute, elle est comme ça. Et puis ce n'est pas un défaut de vouloir le corriger, elle lui rend service non ? « Mais tu peux dire ce que tu veux... » Elle se sent obligé de rajouter, jusqu'au cas où. De toute façon, il n'est pas le seul à faire ce genre d'erreur, c'est plutôt fréquent en réalité. Elle le remarque instantanément, mais est bien souvent la seule. Après ça, elle retourne à sa lecture, elle ne s'occupe pas vraiment de ce qu'il fait, il fait bien ce qu'il veut, elle s'en moque. Elle a juste envie de lire, elle croit qu'il mange. Ses petits biscuits qu'il a rapporté avec lui. Sans qu'elle ne s'y attende, il lui dépose un gâteau sur son livre. Elle esquisse un sourire, s'en empare et le regarde. « Merci. » Elle le mange ensuite. Il est bon ce petit gâteau. Bon, elle n'apprécie pas vraiment qu'il salisse délibérément le salon qu'elle a nettoyé toute la journée d'hier mais elle ne dit rien. Il l'interroge ensuite sur son livre d'abord et sur l'amitié ensuite. « Les hauts des Hurlevents, tu veux que je te lise un morceau ? » Elle se doute de la réponse, mais on ne sait jamais. Elle réfléchit pour le reste, elle n'a jamais vraiment eu d'amis, elle n'est pas la plus douée pour ça. « Ils partagent des choses, comme avec le biscuit que tu m'as offert. Ils se confient l'un à l'autre, se font confiances. S'amusent ensemble. Ils s’entraident. » Elle hausse les épaules, elle croit que c'est tout, c'est suffisant.

Bon là, vous allez remarquer mais je fais des efforts pas possible, mais vraiment des efforts de malade pour être le minimum présentable. Ouais, pour l’instant, comme je l’ai dit, je vais éviter de l’étouffer ou lui écraser la tête contre un canapé –même si l’envie est là- mais je vais m’abstenir qu’elle se fasse mal avec moi car c’est jusqu'à maintenant ma seule copine… Hum hum, petite rectification : ma seule et réelle copine. Alors lorsque je lui fait part de sa nouvelle appellation, elle me corrige… Oula elle sait pas que j’ai des lacunes en communication ? Elle sait pas que j’aime pas parler, que je l’ouvre rarement et que mon cerveau, contrairement aux votre, doit fournir un effort insoutenable pour sortir une phrase correcte monosyllabique, ou pire, hachée ? Non ça elle le sait pas, elle sait pas que j’ai pas les mêmes approches communicatives qu’elle, ni la même logique… Donc lorsqu’elle rajoute que je peux dire ce que je veux, je lui réponds, avec toute l’aisance du monde. « La copine d’Ezéquiel. » C’est bon là ? Sinon mon cerveau continue à l’intercepter comme étant la copine à Ezéquiel car c’est plus facile pour moi donc c’est juste pour me faciliter la tâche, en somme. Je lui dépose donc un petit biscuit de ceux qui me restait et elle me répondit : Merci. Bordel j’dois répondre quoi là ? Vite vite help me faut une phrase là pour pas paraître con avec elle… Bon puisque je sais pas ce qu’on doit répondre face à un merci, je vais m’abstenir de parler car pas trop envie de me planter, et je dis, et je le répète, surtout surtout avec elle. Faut pas la perdre. Bon peu importe, elle me balance le nom de son foutu bouquin et me propose d’écouter un extrait… M’ouais pourquoi pas, mais c’est pas pour écouter les conneries que vomi son auteur dans son bouquin, non loin de là ce connard m’intéresse pas, mais c’est juste pour l’écouter elle, oui elle, avec sa voix douce qui et plutôt pas mal… M’ouais parce que comparé à la voix de la Tweedy qui n’est pas si terrible que ça, ou bien la voix muette de la scientifique, sa voix à elle est pas mal. « Ouais vas-y, mais doucement. Pour que j'te suis. » Oui car figurez-vous, mon cerveau c’est pas une fusée, donc le temps que je décrypte ce qu’elle va me lire à haute voix, autant tout gober d’un coup. Puis vient le moment ou elle me fait part de ce que réellement les potes font. Bon, tout son tralala je sais pas le faire, mais vois-tu, vu que t’es une Vip maintenant, j’vais quand même faire des effort. Je prends d’autre biscuit pour les fourrer dans ma bouche et m’exclamer. « Bon on va faire tous ça ok. » On est copain là donc limite je crois qu’il est dans notre devoir (pour ne pas dire ‘il’) de faire ce que de vrais potes font. Alors, donc pour être copains faut… « Confie toi à moi et je vais faire pareille. Après je vais te faire confiance mais me la fait pas à l’envers car sinon j’hésiterais pas à t’éventrer… Ensuite ouais on va s’amuser ensemble et je vais t’aider. Si y’a un connard qui t’embête je suis prêt à faire un meurtre. » C’est ma copine donc pas touche maintenant. Bon les gars, cette conne je viens de l’annexé, elle rentre maintenant dans mes colonisations donc si quelqu’un osent la toucher sans qu’elle le veuille, j’vais le poutrer … Ouais ouais, maintenant elle vient d’’hériter du siflet d’Ezéquiel, donc elle sufit qu’elle m’appelle et je balaye… Protection quoi.