Cette pièce m’était encore inconnue, comme pas mal d’autres en fait et pourtant, elle ressemblait tant à la pièce de surveillance où j’avais été enfermé. À la différence près que, pour moi, le son n’avait pas été coupé. Ce qui est dommage parce, même si voir une image peut-être marrant – on peut tomber sur des perles – le plus intéressant est en général ce que l’on dit. Quoique dans mon cas, le langage du corps et le plus important… si vous voyez ce que je veux dire. Je sais aussi que pour certain dans le nid, c’est bien tout le contraire, alors ne voir que les images, se résoudrait à se faire chier, fermement. D’ailleurs, en ce moment, je n’ai pas l’impression qu’il se passait quelque chose de particulier… mis à part quelqu’un se dirigeant par ici. Effectivement, quelqu’un arrivait tranquillement vers la salle de vidéo-surveillance. Cette même salle dans laquelle je me trouvais, moi et mes affaires. Je pris une petite pause, pour l’accueillir aussi rapidement que possible, alors qu’il venait toujours juste d’ouvrir la porte. « Salut Marcus… on viens surveiller les autres ?» Lui disais-je, relevant un sourcil, rapidement suivit par un clin d’œil. Je décollais mon dos du dossier de la chaise, pour venir me pencher sur celle d’à côté, dont je tapotais l’assise de la paume de ma main. « Viens t’asseoir avec moi ! » Lui suggérais-je, sans le commander évidemment. S’il le voulait, il pouvait s’en aller… mais je sais qu’ils voulaient se « rapprocher des autres » ou un truc du genre. C’est pas le meilleur moyen ça ?

Cette smeaine, c'était décidé ! J'allais trouvé un secret ! J'allais me concentrer un peu, observer chacun de mes camarades pour dénicher des infos croustillantes à leurs sujets. Et quoi de mieux pour observer les gens que la salle de vidéo surveillance hein ! Certes, le son était coupé mais parfois, les images parlent d'elles-même. Je comptais tomber sur des situations embarrassantes entre certains candidats par exemple, des moments d'émotions qui ne devraient pas avoir lieu ... Enfin, vous voyez ! J'avais envie de voir quelque chose qui me mettrait sur une toute petite piste de rien du tout . Honnêtement, pour le moment je ne suis nulle part dans cette foutue chasse. Ouvrant la porte de la salle et pensant me retrouver seul, je fus surpris de voir qu'Irène y était déjà. Bien entendu, elle avait pu voir que je venais vers elle grâce aux vidéos « Salut Marcus… on viens surveiller les autres ?» C'est qu'elle sait utiliser son cerveau cette fille-là ! J'suis certainement pas venu ici pour faire du tricot ou une partie de dame. « Ouais, et toi aussi, il parait. » J'lui souris tandis que je vois qu'elle m'indique le droit de m'asseoir sur la chaise à côté de la sienne. Je n'ai aucune raison de refuser cette proposition, je m'avance donc et dépose mon derrière sur la chaise « Alors, tu as vu quelque chose sur les images ? » Allez, partage donc tes infos. Enfin, seulement si ça s'avère être intéressant.

Je savais que j’étais d’une perspicacité supérieure à la normale et Marcus m’en apportait l’ultime preuve. La classe quand même, j’avais bien vu qu’il était là pour fouiner chez les autres… comme moi quoi. « Ouais, et toi aussi, il parait. » Un sourire naquit sur mes lèvres, alors que ma tête répondit avant mes lèvres, allant de haut en bas. « ‘Parait ouai… » Malgré mon accès à la salle aux indices et les quelques pistes que j’avais pu déceler chez les uns et chez les autres, je n’en restais pas moins complètement paumée. Pas totalement hors jeux, mais complètement dans la course non plus. Je n’avais qu’une fierté : visiblement mon secret n’intéressait pas les autres et c’était tout bénéf pour moi. Marcus ne rechigna pas à l’idée de venir me rejoindre devant les petites télés. C’est que maintenant et après notre petite discutions durant le prime, il était devenu plus intéressant qu’il en avait l’air, à mes yeux. Après, je suis sûrement naïve de croire qu’il ne me voit pas comme une traînée, mais je sais au moins que ma facilité avec le cul ne le choquait pas. « Alors, tu as vu quelque chose sur les images ? » Mes yeux voguèrent entre les différents écrans, cherchant le moindre petit mouvement du moindre candidat. Une moue s’installa sur le bout de mes lèvres, qui se tordirent un peu. « Ouai j’ai vu quelque chose… j’ai vu que les autres sont vraiment chiant à mourir en fait. Regarde, il ne se passe strictement rien ! » Je m’insurgeais contre cette bande de mollusques sérieusement soporifique, tout en pointant ma main vers les écrans. « On ne peut même pas s’imaginer des scénarios, y’a personne qui se bouge… »

J'étais venu ici plusieurs fois, et sans jamais y voir quelque chose de vraiment captivant. Etions-nous tous si chiant à mater ? En tout cas, j'étais désormais prêt à admirer les gens capable de rester dans une léthargie profonde durant la diffusion de cette émission. Mon regard se posa sur l'un des écran ... Rien. Sur un autre un peu plus loin ... Rien non plus. Je soufflais légèrement exaspéré, comment voulez-vous que je trouve des secrets moi ? « Ouai j’ai vu quelque chose… j’ai vu que les autres sont vraiment chiant à mourir en fait. Regarde, il ne se passe strictement rien ! » A nouveau mon regard dévia sur un nouvel écran. Ouais, elle avait pas tord, ils étaient carrément chiant à regarder tous ceux-là. On dirait simplement des petits vieux qui n'ont pas encore pris leurs petites vitamines quotidiennes, vous voyez. « On ne peut même pas s’imaginer des scénarios, y’a personne qui se bouge… » Et sur ces paroles je vis une candidate se rapproché d'un candidat ! ça y est il allait peut-être se passer quelque chose. « Là, regarde. » Avais-je dit en pointant l'écran avec mon indexe, allez, dites moi qu'on le tenait notre scoop...Faux espoir, la candidate se casse après avoir simplement embrassé la joue du mec. « J'ai rien dit. » Soufflais-je alors en m'enfonçant dans le fond de mon siège. J’arquais alors un sourcil avant de sourire à Irène. « Faudrait qu'on trouve quelque chose d'intéressant à faire ! Quelque chose qui ne nous ferait pas passer pour deux gros lourdeaux incapables de s'amuser .... » En voilà une idée de génie Marcus, je m'applaudirais presque. « Mais quoi !? » C'était ça la bonne question à se poser désormais, que pourrions-nous faire pour nous amuser un peu comme deux larrons en foire.

C’était indiscutable : les autres étaient vraiment chiants à mourir. Ils ne foutaient rien, que dalle, pas un baiser, pas une dispute, pas une bagarre. Je sais que c’est mal de penser à ça, mais une meuf ne pouvait s’en prendre plein la gueule par une autre meuf ? Ce serait trop demander peut-être… n’empêche je n’étais pas la seule à le penser, à en croire l’expression de Marcus. Il se faisait chier alors, lui aussi… C’est pour cela que, quand Marcus me pointa du doigt un écran en s’exclamant : « Là, regarde. » je fis un sursaut d’enfer en tournant immédiatement ma tête vers cet écran, heureuse de voir enfin quelque chose. Un sujet de conversation. Une rumeur à lancer… Mais rien du tout. « J'ai rien dit. » Mouais, je fis une moue, imitant le mec en me renfonçant dans le fauteuil. « Faudrait qu'on trouve quelque chose d'intéressant à faire ! Quelque chose qui ne nous ferait pas passer pour deux gros lourdeaux incapables de s'amuser .... » C’est clair que les autres n’allaient pas nous fournir un grand divertissement… il fallait nous occuper nous même. « C’est bête qu’il n’y ait pas de micro. On pourrait leur faire peur… » Pensais-je à haute voix, en tournant légèrement ma tête vers Marcus, un sourire amusé aux lèvres. Je fis semblant d’avoir un micro dans les mains et me retournant vers les écrans. « Baaaah Slavin remonte ton pantalon, on voit la raie de ton cuuuul ! » Je lâchais mon micro imaginaire, pour faire un nouveau bond sur ma chaise. Cette fois-ci parce que j’avais une idée. Je me tournais de nouveau vers lui, lui offrant mon plus beau clin d’œil. « On peut honorer… notre deal du prime »… j’avais pas oublié !

Il nous fallait des idées pour pouvoir animer un peu cette baraque ! Certains des candidats se ramolissaient au fil du temps comme des caramels laissés trop longtemps au soleil. J'espérais de tout coeur que ce n'était pas l'image que je laissais de moi ici. Non, ça ne pouvait pas l'être ... J'étais pas si chiant que ça. Bref, on sait jamais quelle image on renvoie aux yeux des autres de toute façon. « C’est bête qu’il n’y ait pas de micro. On pourrait leur faire peur… » J'haussais les épaules, non, rien de cela dans le coin ! Pas de micro et pas de son. Pourtant j'aurais grave kiffé remplacer Dieu ( ou cupidon) dans ses fonctions en parlant aux candidats sans être vu par les autres ! Faudrait que je demande à remplacer Cupidon lors de la prochaine saison, il a fait son temps le pauv' vieux. « Baaaah Slavin remonte ton pantalon, on voit la raie de ton cuuuul ! »Je souriais à ce que Irène était en train de dire avant de dire. « FAIS GAFFE ANABEL, Y A EZEQUIEL DERRIERE TOI ! » A peine eus-je prononcer ces quelques mots que la candidate blonde se retournait vers moi, souriant comme si une idée de génie lui avait traversé l'esprit. Bien entendu, j'étais curieux mais je ne du pas attendre bien longtemps avant qu'elle me fasse part de sa fameuse idée. « On peut honorer… notre deal du prime » Comment avais-je fait pour ne pas y penser plus tôt ... Cependant, je doute que cette salle soit très adaptée aux circonstances. Je m'approchais cependant de l'oreille de la candidate pour y murmurer quelques mots. « ça marche. »Je plaquais aussitôt mes lèvres dans son cou, avant de diriger celles-ci sur les siennes. C'est avec fougue que j'embrassais la candidate tandis que je passais également ma main dans ses cheveux. Mon autre main s'égara rapidement sur sa cuisse.

C’est vrai que, remplacer Cupidon l’espace de quelques minutes serait vraiment délirant. Fureter chez les gens et leur faire des réflexions à distance : c’est un peu mon rêve quoi. J’aime bien me faufiler dans la vie des gens et j’adore lancer des rumeurs ou des réflexions folles à tord et à travers. « FAIS GAFFE ANABEL, Y A EZEQUIEL DERRIERE TOI ! » Je me mis à sourire, voyant Marcus se prendre au jeu aussi. Ouf, je n’étais passé pour la salope qui ne loupe pas la moindre occasion de se moquer des autres. Bien que Marcus nous soulignait quelque chose de pas très étonnant : Ezéquiel derrière Anabel, ce n’est pas une chose incroyable. Mais sérieusement, sans micro, ce jeu n’avait aucun intérêt. Aucun piquant. J’en voulais moi du piquant. C’est pour cela que je remettais sur le tapis ce dont nous avions parlé durant le prime. Un pacte plutôt intéressant. On peut toujours tenter : je n’étais pas contre et Marcus ne semblait pas être du genre à ne pas tenir ses dires. Après tout, nous étions seuls. Nous étions aussi dans la salle de caméra surveillance, autant dire, au seul endroit où personne ne pouvait nous observer (mis à part les technicien et producteur de l’émission). Marcus approcha son visage du mien, me glissant à l’oreille un « Ca marche. » qui voulait tout dire. Voyons, il ne me laissait pas le temps de glisser un petit mot que ses lèvres s’encraient déjà dans mon cou. Je me mis à sourire, avant que mes lèvres ne soient elles aussi couvertes. L’un de mes bras entoura son cou, tandis que l’autre cherchait à se faufiler sous son haut, à la recherche de son torse. Sa fougue m’emporta vaguement et me laissa lâcher un « T’es plus hot que t’en à l’air », avec un sourire satisfait. C’est vrai, j’avais réellement sous estimé Marcus.