Eh bien, oui, c'est tout ce qu'elle avait à dire. Qu'aurait-elle pu ajouter de plus, hm ? Visiblement, la situation ne prêtait pas tellement à davantage de paroles superflues, si ? En réalité, il y avait en effet beaucoup à avouer mais c'était bien simple : Laoise ne jugeait pas utile de le dire. Elle avait bien merdé leur relation, voilà, fin de l'histoire. Quelque part, la situation prêterait presque au rire. Oui, oui. Parce que Laoise foutait toute une relation en l'air à cause d'un on ne sait quoi, elle s'énervait après sa camarade tout en le regrettant et alors qu'elle pourrait essayer d'arranger le tout, alors qu'elle pourrait tout simplement décolérer, elle s'enfonçait encore un peu plus. Tss. Ces nanas... à ne rien y comprendre. Quoi qu'il en soit, elle conclut sur le fait que sa camarade pouvait maintenant aller s'amuser avec son harem de mecs si ça lui faisait plaisir. Parce qu'elle avait tout un harem, pas vrai ? Entre ceux avec qui elle s'envoyait en l'air, ceux qu'elle embrassait et ceux qui étaient des « amis », Laoise s'y perdrait presque, hm. Mais, si, si, c'était ce qu'elle voulait, elle avait envie de voir Anabel dans les bras de n'importe quel autre type qui copulerait avec elle sans en avoir rien à foutre de sa personne. Bien sûr, cela semblait évident, n'est-ce pas ? Bon, en vrai, non, elle préférait autant pas mais elle faisait visiblement tout pour blesser sa camarade, là. « Tu sais, ce que je veux, ça fait bien longtemps que ça ne compte plus. » souffla-t-elle. Là, ce n'était pas un mensonge, c'était la stricte vérité. Ce qu'elle désirait, au fond, ça n'importait pas et cela pour de nombreuses personnes. Enfin, ce n'était pas le sujet. De toute façon, ce qu'elle voulait, elle ne pouvait pas l'obtenir, c'était aussi simple que cela donc autant tourner cette page, tout ceci devenait outrageusement stupide. Donc, oui, Anabel pouvait partir, elle supposait... Maintenant qu'elles étaient aussi blessées l'une que l'autre hein, elle pouvait. Là, encore, ce n'était pas tellement le souhait de l'irlandaise. Enfin, si. Mais non. Non, vraiment pas, en fait. Mais c'était ce qu'elle devait faire, parce que... elles n'avaient plus rien à se dire ? Parce qu'elles n'étaient plus amies ? Que leur relation ne pourrait plus jamais redevenir comme elle était ? Parce que Laoise était une garce moralisatrice qui osait insulter Anabel de tous les noms, simplement parce que son comportement la décevait ? Oui, sans doute un peu de tout ça. « Oui, tu peux t'en aller.  » Encore un mensonge. Elle espérait tout de même que sa voix ne la trahissait pas trop, que sa gorge légèrement serrée ne l'empêchait pas de sortir cette phrase avec un aplomb qui ne laisserait rien présager de plus que ce qu'elle disait. Oui, elle l'espérait.

Non, ça ne comptait pas, ce qu'elle voulait. Autant elle avait l'habitude de se conformer aux envies des autres – de ses parents – autant elle n'était pas persuadée qu'elle souhaitait que ses envies comptent, là. Pour tout dire, ce qu'elle voulait était assez flou dans l'immédiat. La blesser, se réconcilier, la repousser. Elle ne savait pas tellement à quel jeu elle jouait là. Enfin, ce qui était fait était fait, n'est-ce pas ? Elle l'avait blessée, voilà, c'était tout, Laoise était assurément très fière d'elle. Hm. Ouais, non, elle ne l'était pas. C'était simplement qu'elle avait le chic pour faire des conneries sans nom. Parce que, ouais, c'était totalement con d'agir ainsi, peu importe ce qu'elle souhaitait faire. Ouais, elle perdait totalement le contrôle, la gamine et elle était partagée entre différents sentiments. Elle ne pouvait pas cacher le fait qu'elle était horriblement blessée, oui, oui, blessée. Et même si, d'un côté, elle voulait se réconcilier avec Anabel, c'était sa peine qui remportait le combat intérieur qui se jouait. Si bien qu'au final, sa camarade pouvait s'en aller, oui. Parce que c'était visiblement la seule chose à faire dans l'immédiat. À moins qu'elles ne recommencent à se disputer, bien sûr mais ça ne faisait sans doute pas parti des projets. Non, Anabel semblait résignée à partir. Toutefois, lorsqu'elle aperçut les quelques larmes qui traçaient un chemin sur ses joues, elle eut presque envie de la retenir. Presque, oui. Mais elle ne le fit pas. Sans doute parce qu'elle était trop crétine pour ça. Oui, sans doute. Elle la regarda partir avant de cacher son visage dans ses mains, reniflant pathétiquement, signe que les larmes risquaient de glisser sur sa peau sous peu. Mais non, elle refusait de pleurnicher, ça serait stupide.