avec irène -- au bord du lac
C'était la fin de la semaine, bientôt le prime, demain à cette heure tout le monde seraient en train de se pomponner pour le prime. Pour l'heure Sami avait envie d'aller faire un tour du coté de la nature, à peu près comme chaque semaine. En marcel short comme à son habitude, muni de ses tongs à ses pieds, il n'était pas beaucoup vêtu mais il faisait relativement bon dehors, le soleil brillait ce qui était agréable. Il sortit du château pour se diriger vers le lac, un endroit qu'il affectionnait tout particulièrement. Un endroit dans lequel on ne pense plus à rien. Un endroit dans lequel la paix règne. Un endroit où le calme de la nature vous apaise et il adore ce sentiment, cette communion avec la nature. Lorsqu'il était petit, dans son Ohio natal, il y avaient quelques coins de nature où il s'amusait, avec son père, à observer les oiseaux, lorsque celui-ci n'était pas trop occupé par le boulot que Sami occupe aujourd'hui. Le barbu arriva donc aux abords du lac, respirant l'air frais qui lui embaumait les poumons pour son plus grand plaisir. En ayant dans l'optique de s'asseoir au bord de la rive du lac, il aperçut une silhouette déjà assisse là-bas au loin. Il reconnut Irène, et au contraire de tout le monde, ne fut pas dégouté par la personne depuis qu'elle avait révélé son secret. Son secret selon Sami était sans doute l'un des plus beaux ici. De plus, elle assumait son changement de sexe comme un chef. Et même si Sami s'était félicité de ne pas avoir couché avec elle parce qu'il aurait eu des remords en sachant qu'il avait couché avec un ancien mec, il ne la trouvait pas révulsante en tant que personne de conversation ou comme amie dans le nid, non pas le moins du monde. C'est alors tout naturellement qu'il se dirigea vers la jeune femme, et alla s'asseoir à coté d'elle, au bord de la rive. « Tu n'as pas pris ton appareil photo cette fois ? » lui demanda-t-il avec un grand sourire en évoquant leur petite entrevue de l'autre jour.

Malheureusement, ce jour n’était pas le mien. Si dans l’année j’avais le droit à un jour de mélancolie, de tristesse, c’est bien celui-ci. Le triste anniversaire des attentats de Londres. Sept ans exactement que ma vie à basculer. Certes du bon côté, mais pas forcément pour le meilleur. Je traînais par-ci et par-là, sans chercher à croiser quelqu’un. Surtout, ne pas croiser quelqu’un qui viendrait encore me parler de mon secret, du fait que j’ai changé de sexe et que ce soit admirable ou au contraire dégueulasse. La seule personne à qui j’avais parlé jusqu’ici était Ennio, mais il restait l’un de ceux à qui je le voulais bien. Certes, il avait découvert mon secret, mais il n’avait clairement porté aucun jugement sur ma personne. En tout cas, il restait le moins hypocrite du nid. Quand j’arrivais au lac et que je vis celui-ci vide, je m’asseyais tranquillement en tailleur. Pour penser ou justement pour essayer de ne plus penser. Pour oublier. Yeux fermés, si les autres me croisaient ainsi, ils ne me reconnaîtraient surement pas. Une Irène posée, ils n’en ont jamais vu. L’espace de quelques instants, je croyais vraiment en la possibilité d’être seule, sauf que j’entendais des pas se rapprocher de moi et s’asseoir à côté de moi, évidemment. Sami. À mes yeux, il devait être comme tout les autres : révulsé par ce que je suis, ou bien il s’en foutait soi-disant tout en étant carrément soulagé de ne rien avoir fait avec moi. Que ce soit le premier cas ou l’autre, c’était le même constat : ils me jugeaient tous négativement. Je lui lançais un regard, sans être pourtant méchante, désagréable, ni sans l’envoyer bouler directement. Ce n’était pas le jour. « Tu n'as pas pris ton appareil photo cette fois ? » Je lui adressais un large sourire, comprenant de quoi il faisait allusion. De la dernière fois, dans la salle informatique. Je haussais les épaules avec une moue, secouant un peu ma tête de droit à gauche. « Non, pas cette fois… et ça tombe bien, je n’ai plus envie d’avoir de photos de toi ! » Lui répondais-je, faussement hautaine, mais pas sérieusement, bien que ce soit une vérité. Je n’ai nullement envie d’avoir une photo de lui. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Lui demandais-je, de nouveau très normalement, sans jouer la carte de l’indifférence.