featuring aj

Merde, je me suis levé super tôt, aujourd'hui. Ça va pas du tout. Neuf heures j'étais déjà hors du lit. Il y avait un problème. Me dites pas que mes insomnies se mettaient à marcher à l'envers? Genre je tomberais endormi et le soir, et plus moyen de dormir le matin venu? Comme les vieux. Mon dieu, je devenais vieux avant l'âge. Bientôt, j'allais me réveiller en pleine nuit pour aller pisser. Là, je m'inquiéterai vraiment. Ouais. C'était le signe que tu devenais décrépi, ça. J'allais me surveiller. Oula. Pas que devenir vieux me foutait la trouille, non, pas du tout, c'était une étape de la vie comme une autre et je l'accueillerai avec joie, mais si ça pouvait ne pas être dans un battement de ciel, ça m'arrangerait. J'étais encore dans la force de l'âge, là, et ma jeunesse, je l'aimais bien. J'aimais ma vie, là, tout de suite, alors j'avais bien l'intention d'en profiter encore un bout de temps. Bref, tout ça pour dire que je m'étais réveillé étonnement tôt aujourd'hui, du moins pour moi. Parce que sans doute les coups de neuf heures du matin, ça n'était pas si étrange pour quelqu'un qui avait une hygiène de vie pas trop mauvaise - moi, niveau sommeil, c'était catastrophique. Et bizarrement, j'étais complètement réveillé. Même pas un peu les yeux collés, même pas baillant et frissonnant, même pas soupirant. J'étais entièrement frais et dispo. Génial. Une belle journée s'annonçait, dis donc. Je m'étais redressé sans problème sur mon lit et, rejetant les couvertures bien loin, et après avoir traîné un peu dans le dressing, j'étais allé jusqu'à la salle de bain. Seule AJ s'y trouvait, prenant sa douche. Bah. Je lui souris en guise de bonjour et braque vers le lavabo. Se brosser les dents, c'était quand même le truc le plus pénible du monde. Quelle perte de temps. Dire qu'on devait le faire - et que je le faisais - deux voire trois fois par jour. Je termine en vitesse, rince mon visage, pousse un soupir et me redresse. Là, mon regard tombe sur du tissu. Hm. Une idée lumineuse me parvient, tandis que mes yeux passent de la serviette à AJ, à la serviette, à AJ, à la serviette. Finalement, je l'attrape et la brandis devant moi, un sourire carnassier sur les lèvres. « Donne-moi un indice sur ton secret ou tu ne reverras jamais ta serviette ! » je lance à la petite rousse. Et ouais, elle allait pas pouvoir reste là toute la journée et sa serviette était la seule alentour. Malin que j'étais. Bon, j'avais pas doute pas l'allure d'un bandit. J'avoue. « Et rigole pas ! je suis super convaincant ! » j'ajoute, avec dignité. Si, si, j'vous jure, j'étais super crédible dans le rôle.

Désolée AJ, j'avais besoin de retrouver la vitalité et l'immaturité totale que j'avais à mes vingt-trois ans, et c'était sur toi que c'était tombé. C'est ce qui s'appelle être au mauvais endroit au mauvais moment, j'imagine. Mais t'inquiète, ce serait juste une petite blague comme ça, sans grande incidence. Le jour où je voudrais réellement faire un sale coup à quelqu'un, je choisirai plus consciencieusement la personne. En gros, ça tomberait sur Santiago. Le seul mec dans le nid que je ne pouvais pas voir. D'ailleurs, ça m'étonnait. J'étais pas le genre à ne pas aimer les gens, d'ordinaire. Bon, je faisais jamais l'unanimité non plus, donc je suppose que c'était normal de tomber sur au moins un mec qu'on pouvait pas blairer. C'était même relaxant. Le contraire aurait été tellement triste. Là, je pouvais toujours aller me défouler en lui tapant la discut, lorsque je me faisais royalement chier ou que j'étais trop plein d'énergie. Sinon, bah, je l'ignorais. Bref, on s'en fout de lui, là, j'étais avec AJ. Et elle m'accusait de chantage. Pff, trop pas. Bon, si. Un peu. À peine. Naaan. « Depuis quand on peut vous considérer comme sans défense, sergent ? » Je faisais peut-être un peu de chantage, mais elle, elle racontait des carabistouilles. J'rêve. Sans défense? elle? j'étais certain qu'elle aurait pu me foutre à terre avec juste un petit doigt, et pourtant, j'avais été pas si loin de la ceinture noir de judo. Et ses paroles me tuaient aussi. Elle affirmait, là, tout de suite, que je n'aurai droit à rien. Mais... mais... Pourquoi tant de cruauté? « Oh t'es pas gentille » je m'offusque faussement. Allez, un tout petit indice de rien du tout quoi. C'était pas trop demander quand même. De toute façon, c'est pas comme si j'avais déjà plein de pistes sur son secret, au contraire, j'avais que dalle. « Hm, non, je l'aime bien cette serviette, elle me va bien, j'trouve » je minaude, en la passant dans mon dos et la mettant sur mes épaules à la manière d'une cape. Voilà, j'étais paré. J'la gardais sa serviette. Elle était moins moche que la mienne. Non, à vrai dire, c'était les mêmes, mais c'était pas la mienne, et ça suffisait à la rendre mieux. Bah ouais, ne dit-on pas que les hommes sont toujours attirés par ce que leur voisin a, même si c'est ridicule, inutile, et complètement à côté de leurs goûts habituels? Non? bah moi j'le disais. « Ce serait marrant que les autres se pointent en voulant profiter de leur douche, tranquille et là, boum, plus d'eau chaude » je rigole, en imaginant la scène. Je voyais tellement Irène, Andreas, Finnick, péter des plombs en se prenant l'eau froide dans la tronche. « Ça va, je te la rends... Je suis vraiment un brigand trop nul. Il me reste quoi, comme choix ? Le bon ? La brute ? » je fais, désespéré, tandis que, avec révérence, je m'avance jusqu'à son armoire et j'y dépose la serviette. Voilà. J'étais un gentil, moi.

« Je suis une femme fragile et sans défense. » Je clame, un air outré de lady sur mon visage. Bon c'est clair que j'ai pas fait de théâtre c'est sûr, je suis très mauvaise comédienne, en tout cas, on ne peut pas m'accuser d'être hypocrite, ça se verrait directement sur mon visage. « Bon c'est vrai, t'as raison, je ne suis pas crédible du tout. » Je soupire. Je suis loin d'être sans défense, je suis plutôt forte et rapide pour mon gabarit, donc si j'avais vraiment eu la foi, je serai allée récupérer ma serviette toute seule. Quoique il me semble que Cupidon n'aime pas la violence, regardez avec Ezequiel par exemple, enfin lui, c'était différent, il avait essayé d'étouffer Laoise. Personnellement je ne projette pas de tuer Ennio, enfin, par pour le moment, mais si l'idée me venait à l'esprit, je le ferai savoir à ... quelqu'un d'autre, pour avoir un complice. Puis Ennio répond que je ne suis pas très gentille, oh le pauvre, je lui ai fais du mal. J'hausse les épaules, non, il ne m'attendrira pas et n'obtiendra pas un indice de moi, ça c'est clair. Vous connaissez l'expression trop bonne, trop conne. Et bien moi, je fais l'inverse, au moi, je suis sûre de ne pas me faire avoir. Ennio se met ensuite à parader avec ma pauvre serviette qui lui sert de cape pour le moment, il semble bien décidé à ne pas me la rendre. J'observe son ménage un bon moment. « Tu as du style comme ça. » Je lui lance, un air faussement emerveillé sur mon minois, ça dure trois secondes, avant que mes traits ne redeviennent impassibles. On parle d'eau chaude, personnellement, je suis bien là, sous le jet d'eau brûlant, c'est l'une des rares fois où j'ai eu de l'eau chaude alors j'en profite. Habituellement, c'est moi qui pète un plomb -intérieurement bien sûr, je garde toujours la classe en tout circonstance- lorsque je prends ma douche. « Si je reste dix minutes de plus, c'est ce qu'il va se passer. » Je claironne avant de finalement éteindre la douche pour aller récupérer ma serviette qu'Ennio avait gentiemment reposé à sa place initiale. « Merci, c'est le rôle du gentil qui te va le mieux, clairement. » Je lui annonce, un léger sourire moqueur collé sur ma figure.