Laoise s'était habituée à son petit confort. Si, il y a deux mois de cela, elle avait souvent affirmé n'avoir jamais tellement fréquenté un quelconque spa, depuis qu'elle était dans ce jeu et qu'elle avait cette pièce à disposition, elle l'utilisait à de nombreux reprises, appréciant l'aspect relaxant de la chose. C'est pour cela qu'elle profitait de la pièce au moins une fois par semaine, plus encore lorsqu'elle en ressentait le besoin. Il y avait toujours une petite pointe de stress qui se présentait à elle, qui s'immisçait et la gênait. Heureusement, ce spa, et plus particulièrement ce sauna, aidait. Elle ne savait pas si ça ne venait que de la chaleur ambiante ou aussi du fait que le sauna était censé être relaxant qu'elle se sentait mieux mais ça fonctionnait et sincèrement, c'est bien tout ce qui importait, dans l'immédiat. Le fait est qu'elle était une nouvelle fois dans la pièce, laissant la chaleur faire son effet sur son corps, entouré d'une simple serviette de bain. Elle était installée sur l'un des bancs et se contentait de se vider l'esprit. C'était tout le but de la manœuvre, à vrai dire. Seulement quelques minutes passèrent avant que la porte s'ouvre sur Nora, qui ne remarqua l'irlandaise que quelques instants plus tard. C'est en un sourire accueillant qu'elle la regarda prendre place à côté d'elle. « Je ne sais pas. Que veux-tu dire par "montée à la tête" ? » s'enquit-elle. Eh bien, oui, était-ce dans le sens elle était devenue folle et elle allait faire des folies, ou bien uniquement dans le sens elle était un peu shootée ou encore, hm... Oui, tout compte fait, Nora ferait mieux d'admettre clairement ce qu'elle voulait dire par là, ça serait plus simple. Quoique, si elle signifiait simplement que Laoise avait le cerveau embrumé, alors, là, oui, on pouvait dire qu'elle avait raison.

Même l’espèce de banquette en bois sur laquelle je m’allonge est chaude. Très chaude. Mais c’est apaisant. J’aime. Mon corps se détend automatiquement. La chaleur infiltre progressivement les pores de ma peau pour aller s’attaquer à mes muscles. Petit à petit, elle les détend, les apaise, les panse de leurs maux. J’échappe un soupire de bien-être en me relâchant d’autant plus. Puis, je m’adresse à Laoise. L’air reste quand même lourd et chargé. Chargé d’une chaleur à l’odeur enivrante et étourdissante. J’inspire assez difficilement. Je vrille les prunelles vers la jeune femme allongée non loin de moi. Celle-ci affiche un large sourire également. Si bien que je ne peux y répondre que positivement. Elle me demande ce que j’entends par là. J’affiche une mine faussement pensive. « Un peu tout et n’importe quoi » j’annonce, un léger sourire mutin aux lèvres. Oui, c’est la réponse passe partout ça. Mais, à son air, je comprends que ca ne la satisfait pas. Ok. « Hm… j’entends par là : est-ce que ton cerveau tourne encore dans le bon sens ? » Faut dire que ca fait même pas cinq minutes que j’ai l’impression que la chaleur a déjà atteint mon organe décisionnel. Mon cerveau quoi. « …ou a-t-il déraillé au point qu’il n’assure que les fonctions premières ? Et, encore. » j’ajoute en reportant mes prunelles sur le plafond. Un léger silence s’installe, certainement le temps qu’elle remette en route le cerveau. « Tu crois qu’il y’a aussi des caméras ici aussi ? » je fais pensive, d’une voix innocente, en zieutant les coins de la pièce. Ouais, ca reste un spa quoi. Alors sait-on jamais qu’à l’image de certaines chambres secrètes, celle-ci en soit dépourvues.

Il lui fallait plus de précisions quant à cette phrase lâchée subitement. La chaleur lui était-elle montée à la tête ? Elle se le demandait. Elle se fit un contrôle du système interne. Il lui semblait qu'elle allait bien, qu'elle avait encore toute sa tête, qu'elle ne souffrait pas d'hallucination ou de de déshydratation. Non, elle allait bien. Alors, que voulait-elle dire, exactement ? Dans un premier temps, elle déclara ne pas savoir tellement. Ah. Problème. Rapidement, cela dit, elle reprit. Son cerveau. Tournait-il dans le bon sens ? Il lui semblait que oui. Néanmoins, elle en aurait presque le doute vu les questions de sa camarade. Hm. Non, non, elle allait bien. Après, c'était certain qu'il était un peu trop engourdi pour qu'elle puisse partir dans un débat ou une conversation sur l'un de ses livres d'auteur, mais pour une discussion toute simple, elle devrait pouvoir gérer. « Eh bien, je pense que pour les activités les plus simples, mon cerveau suffit largement, mais pour le reste, je ne peux rien promettre. » Elle laissa échapper un nouveau sourire, taquine. Son cerveau tâchait de sauver un maximum d'énergie dans l'immédiat, autant ne pas trop le brusquer, le petit. Déjà qu'en temps normal, il n'était pas toujours très réactif hein alors... Un instant plus tard, Nora lui posa une nouvelle question, concernant les caméras, cette fois. Si Laoise n'était pas si détendue et avec une flemme énorme de faire le moindre mouvement, elle aurait probablement froncé les sourcils. À la place de cela, elle passa deux secondes l'interrogation dans son esprit avant de répondre. « Probablement, oui. Ça m'étonnerait que la production laisse passer l'occasion de filmer ses candidats en petite tenue. » Elle disait ça comme ça hein, mais il semblerait en effet peu probable que la prod' se passe de ces images. Autrement dit, Nora devrait peut-être bien éviter de se promener davantage dénudée dans cet endroit en pensant obtenir un peu d'intimité ici. Enfin, si elle voulait se mettre nue, Laoise n'allait pas non plus l'en dissuader mais euh... hurm, ouais, chut.

Je n’en vois aucune mais, pour autant, ça ne m’indique pas clairement de leur présence ou pas. Faut dire qu’on est allé si loin dans la technologie. La miniaturisation est arrivée à un point que s’en est plus qu’impressionnant. Donc, oui, je me méfie. Puis, Leesha confirme mes soupçons. Aussi, je vrille mes prunelles sur elle pour détailler sa tenue qui n’est ni plus ni moins qu’un maillot deux pièces. A l’image du mien. Disons que niveau parcelle de peau cachée on est à égalité. « Oui, c’est vrai qu’il te manque quelques couches de tissu ici et là » je fais avec une solennité feinte si bien que j’échappe un rire après. Franchement, je peux parler. Et, je me rallonge. Putain, il fait chaud. Je prends une longue inspiration, chaude, beurk, avant d’expirer. « Je suis la seule à étouffer ou… ? » je fais dans un murmure, la dérangeant à nouveau dans son moment de détente. Oui, je suis un vrai moulin à parole aujourd’hui. Non, mais c’est que j’ai besoin de réponses aussi. Imaginez que je sois la seule, que ce soit mauvais, et qu’il me faut plutôt vite déguerpir ? Oui, non, j’préfère m’en assurer. Comment en fait des caisses, en trois leçons par Nora. Puis bon, après je jauge de l’état de son cerveau. Est-il capable d’assurer les fonctions premières qui lui sont attribués ? Ou peut-on même le pousser plus loin ? Comme une voiture capable de monter à 220 km/h mais ne faire que du 60. Ça ne m’étonnerait pas d’elle d’ailleurs. C’est un peu la fainéantise incarnée cette nana. Crois-moi ! Je l’ai vu courir –ou pas- disons se trainer derrière son bien le plus précieux ! Supposé du moins. Et, ce n’était pas fameux alors se complaire à n’être à 50%, oui, c’est tout à fait son genre. M’enfin, je l’aime bien quand même hein. Ca fait son charme, comme dirait l’autre. « Hm, je vois. j’articule incapable de plus pour l’instant. Il faut que je m’empreigne de l’ambiance fournaise. Et, m’économise un peu aussi.

Des caméras. Cela l'étonnerait énormément qu'il n'y en ait pas une dizaine dans les cinq mètres carrés qui constituaient ce véritable four pour humains en manque de chaleur ou simplement assez barges pour s'infliger de mourir de chaud là-dedans. Quoi qu'il en soit, entre les vapeurs de la salle exiguë et les candidats en petite tenue, c'était l'occasion idéale pour faire un programme spécial interdit aux moins de seize ans, assurément qu'il y en aurait pour regarder ça, même si ce n'était que des gens qui passaient dans ce lieu dans un état presque léthargique avant d'en ressortir, supposément plus détendus. Tout ça pour dire que les caméras, bien qu'invisibles, se trouvaient bien là, à l'affût. « Et c'est toi qui dis ça. » qu'elle répliqua en un rire quand Nora commenta sa tenue légère. Clairement, la demoiselle n'était pas en reste non plus, concernant les parcelles de peau visibles. Et même avec si peu de vêtements, l'atmosphère se faisait étouffante, presque oppressante. À croire qu'elle était masochiste puisque c'était bien cela qui la faisait rester ici, c'était cela qui faisait tout le but de cette pièce. Ouais. Bref, conversation sur le cerveau de Laoise. Oui, il fonctionnait. À faible allure mais le principal était qu'il était toujours allumé et prêt à assumer les fonctions principales. Rien de bien passionnant, en soit. Tellement, à vrai dire, que Nora ne trouva rien à dire. À croire qu'elle avait peur que Laoise ne puisse pas assurer la conversation, vous savez. Les discussions philosophiques, elle allait volontiers éviter mais pour tout le reste, elle était totalement opérationnelle. Cela dit, ça l'amusa tellement d'être témoin du soudain silence de sa camarade qu'elle lâcha un rire, comme ça. Nora allait la prendre pour une folle. Ou elle allait simplement penser que la chaleur avait finalement eu raison du peu de vivacité d'esprit qui lui restait. « Tu me diras quand la chaleur aura fait son petit effet anesthésiant sur ton esprit hein. » qu'elle continua en rigolant toujours autant. Oui, il faut croire que Laoise avait définitivement perdu la tête, vu ses ricanements stupides, il n'y avait d'autres possibilités.