Les semaines étaient passées tellement vite dans le château que j’avais du mal à croire qu’on était déjà rendus a une semaine avant les demi-finales. Que bientôt, il n’en resterait que 4 alors qu’au début nous étions presque quarante. Et nous avions la chance d’être dans la quinzaine finale, en soit c’était peut être déjà un exploit pour des gens comme lui et moi, qui avaient plus tendance à se faire des ennemis que des amis. Je pense que sans mon secret je serais parti bien plus tôt, les gens ne m’auraient pas supporté et le fait d’être en partenariat avec Tweedy n’aurait rien changé, pas au début du jeu. Maintenant que j’étais avec Keelan, j’étais également étonné de ne pas avoir été nominé plus tôt, mais encore une fois mon secret m’avait rendu moins… Imbuvable. Mois détaché d’absolument tout, on a tendance a ne pas supporter les gens qui se fichent de tout et même si j’avais essayé de ne plus trop être comme ça – puisque Jamie ne l’était pas du tout – cet aspect de ma personnalité ne s’effacerait jamais. « Quand même, après tout ça, bah ça m'ferait bien chier de partir maintenant. » Je hoche la tête. « De même. » Dis-je finalement. Parce que j’avais vécu beaucoup de choses et m’était pris un nombre considérable de claques dans la gueule pour en arriver là, au sens propre comme au figuré puisque ma charmante Tweedy m’en avait déjà foutu une plusieurs fois, hm. Finalement la discussion dériva sur les changements que nous avions subis dans ce château, il me demanda si certaines personnes, selon moi, avaient changé en mal. Je répondis par la négative. Il ne répondit pas, j’imagine qu’il était d’accord avec moi. « Et y'a des personnes que t'aurais préféré ne jamais rencontrer ? » Je fais mine de réfléchir pendant quelques instants, j’imagine qu’il s’attend a ce que je parle de mon partenaire, pourtant en soit, je ne regrette pas de l’avoir rencontré. « Non, même si je n’apprécie pas tout le monde, je pense que c’est toujours une bonne chose de rencontrer des gens différents. » Même si ils sont cons. Peut être que j’aurais du être psychologues avec une réponse comme ça, hein, j’aime les personnalités différentes. Voilà. « Et toi ? » Très original comme question mais soit.

L'envie de quitter ce château ne se faisait clairement pas ressentir, et Finnick était probablement du même avis que moi - sortir maintenant serait plus emmerdant qu'autre chose. En tout cas moi, ça me ferait franchement bien chier. « De même. » Ce que je pouvais le comprendre. Qui avait envie d'être éliminé aux portes des demi-finales, franchement ? Et sinon, y avait-il des candidats en ces lieux ou désormais sortis qu'il aurait tout bonnement préféré ne jamais rencontrer ? « Non, même si je n’apprécie pas tout le monde, je pense que c’est toujours une bonne chose de rencontrer des gens différents. » Ah, au moins il reconnaissait ne pas affectionner tout le monde. Il n'était pas comme Tweedy lui, il ne se sentait pas constamment obligé d'apprécier tout le monde. Remarquez, ça n'était pas mon cas non plus. J'estimais très peu de monde, ici comme dehors. « Et toi ? » Heu, de mon côté les choses étaient quelque peu différentes. « C'est pas que j'aurais préféré ne jamais en rencontrer certains... seulement je pense avoir fait des rencontres du genre "superfétatoires", dont j'aurais clairement pu me passer. » Oui, sans citer de noms je pouvais clairement affirmer que certaines rencontres que j'avais faites ici n'avaient mené à rien, ou juste à des querelles. Donc techniquement ça servait pas à grand chose. « À un moment j'ai quand même amèrement regretté d’avoir connu Irène, mais maintenant c'est tout le contraire à vrai dire. » rétorquais-je, en baissant un instant les yeux au sol avant de les reporter sur Finnick, un sourire au coin des lèvres. Au final Irène était l'une des mes plus belles rencontres ici, et je regrettais de l'avoir réalisé si tard. Tout ce que j'avais appris la concernant et qui m'avait un temps profondément écœuré était maintenant derrière nous - j'allais de l'avant, sans réellement me poser de questions, en ne pensant même pas au lendemain. Et Finnick me comprendrait sans doute, lui qui avait en quelque sorte trouvé en Tweedy son âme-sœur.

Si j’avais préféré ne pas rencontrer certaines personnes ? Non, car toute rencontre est bonne à prendre, je pense. Mais ile st vrai que toute les rencontres n’étaient pas forcément agréables. Au début du jeu je n’aimais pas Santiago et j’appréciais Keelan et là, à la fin du jeu, ça avait changé du tout au tout, comme quoi… Du coup je me demandais ce qu’il en était pour Andreas, je savais qu’il n’appréciait pas tout le monde non plus mais est-ce qu’il étaot du genre à regretter d’avoir rencontré certaines personnes ? « C'est pas que j'aurais préféré ne jamais en rencontrer certains... seulement je pense avoir fait des rencontres du genre "superfétatoires", dont j'aurais clairement pu me passer. » Donc là il venait d’inventer un mot, en plus, non ? En tout cas j’ai jamais entendu ça, moi. Mais je comprends ce qu’il veut dire, peut être même qu’on pense aux mêmes personnes. « À un moment j'ai quand même amèrement regretté d’avoir connu Irène, mais maintenant c'est tout le contraire à vrai dire. » Dit-il en baissant les yeux au sol, je fronce légèrement les sourcils alors qu’il reporte son regard sur moi. Oh toi mon vieux tu vas avoir droit à un interrogatoire, maintenant que j’ai entendu ça ! « Qu’est-ce que tu veux dire par ‘tout le contraire’ ? Je vous aie bien vu vous rapprocher mais… A ce point ? » Je plisse les yeux, à vrai dire j’ai du mal à imaginer Irène et Andreas former un couple mais franchement si c’était un jour le cas je serais très heureux pour les deux car selon moi ils le méritaient. Ils étaient tout deux des personnes qui avaient vécu pas mal de trucs dans leurs vies, ils méritaient de trouver le bonheur, le même bonheur que j’avais trouvé avec Tweedy. « N’aie pas honte de me répondre oui, hein, je suis bien placé pour comprendre qu’on s’attache vite aux gens et pas forcément à ceux auxquels on s’attendait. » Et pour cause, au premier prime je pensais que j’allais détester Tweedy, je ne l’ai jamais dit à personne mais c’est ce que j’ai pensé ce soir-là.

J'aurais peut-être du me taire, et ne pas évoquer mes rapports avec Irène. Car avec Finnick, chaque confidence ne pouvait donner lieu qu'à des questions. Eh oui, monsieur était aussi curieux que moi et au final je savais ce à quoi j'allais être exposé maintenant. « Qu’est-ce que tu veux dire par ‘tout le contraire’ ? Je vous aie bien vu vous rapprocher mais… A ce point ? » Certes, Irène et moi nous étions considérablement rapprochés. Bien qu'il était difficile de dire où nous en étions à l'heure actuelle. C'est que cette situation, je ne l'avais jusque là jamais connue. Tout ceci était nouveau, et y'avait franchement de quoi en perdre la tête. Mais quelque part ça faisait de bien de se sentir un peu normal, pour une fois. De ressentir des sentiments que tout le monde avait déjà un jour éprouvés, à l'image de Finnick ici présent pour Tweedy. « Hum oui, à ce point. » avouais-je, avec une certaine retenue. Peut-il ne comprendrait-il pas pourquoi je vivais ça maintenant et seulement maintenant, mais au fond moi-même je ne me l'expliquais pas. « N’aie pas honte de me répondre oui, hein, je suis bien placé pour comprendre qu’on s’attache vite aux gens et pas forcément à ceux auxquels on s’attendait. » C'est vrai que quitte à en parler à quelqu'un, mieux valait encore à ce que ce soit au mec que je savais le plus amoureux actuellement, dans le nid. Il n'y avait que deux véritables couples à l'heure actuelle, seulement Finnick et Tweedy avaient vécu énormément de choses tous les deux, comme Irène et moi en avions vécues beaucoup également. « Je pensais pas m'attacher comme ça à elle, c'est vrai, surtout pas après ce qu'il s'est passé. Mais voilà je peux pas luter contre ce que je ressens, surtout que c'est une grande première pour moi. » Je regrettais à l'heure d'aujourd'hui toutes les horreurs que je lui avais sorties il y a de ça quelques semaines, concernant son "changement d'identité" - je préférais employer ce terme - car au final tout ceci n'était plus un problème pour moi. J'étais disposé à l'accepter comme elle était, je l'avais déjà fait d'ailleurs. « Ouais, c'est vraiment la première fois que ça m'arrive. » terminais-je, tout en fourrant mes mains dans mes poches. Ah ça c'est certain, je n'avais jusqu'ici jamais été confronté à ces sentiments et à cet attachement pour une personne autre que moi. Preuve que je pouvais aussi mettre mon petit moi de côté parfois.

J’imaginais bien que ma question pouvait le gêner, après tout quand on me posait ce genre de question sur Tweedy je ne me sentais jamais très à l’aise, j’avais toujours eu du mal avec les sentiments et le fait d’être en couple et amoureux n’y changeait rien, ça avait toujours autant de mal à sortir. « Hum oui, à ce point. » finit-il par avouer. Par la suite je lui confiai qu’il n’avait pas a être gené de me dire oui étant donné que dans cette maison j’étais sans doute le plus apte à le comprendre. Manifestement le candidat pensait que j’avais raison car au bout de quelques secondes il se remit à parler. Je pensais pas m'attacher comme ça à elle, c'est vrai, surtout pas après ce qu'il s'est passé. Mais voilà je peux pas luter contre ce que je ressens, surtout que c'est une grande première pour moi. » Je le comprenais totalement, c’était exactement ce qu’il s’était passé pour moi. Pour moi l’amour s’était toujours apparenté à une vaste blague sans grand intérêt, un concept inventé pour se faire un max de thune si vous voulez mon avis et pour attirer les midinettes pré-pubères dans les salles de cinéma ou dans les concerts des boys band les plus ridicules. Mais non, ce truc existait vraiment, incroyable n’est-ce pas ? « Ouais, c'est vraiment la première fois que ça m'arrive. » fit-il en fourrant ses mains dans ses poches. « Tu l’as dis toi-même, tu ne peux pas lutter contre ça. Et puis tu as de la chance, Irène n’est pas du genre fleure bleue non plus… Enfin… Si c’est réciproque. » Je tourne la tête vers lui, j’espère sincèrement que ça l’est. Mais Irène n’est pas comme Tweedy, elle ne s’affiche pas, si elle tombe amoureuse j’imagine qu’elle sera plus du genre à agir comme Andreas ou moi, à garder ses sentiments pour elle jusqu'à ce qu’elle n’en puisse plus. Parce que figurez-vous que ce n’est pas évident de tout garder pour sois, surtout ce genre de truc.

Au fond je ne voyais pas ce qui pouvait m'empêcher de me confier à Finnick. Au contraire, je savais qu'à lui je pouvais tout lui dire sans qu'il ne s'empresse aussitôt de courir le répéter à qui voudra bien l'entendre. C'était un type droit, du moins à mon sens, et à partir de là je lui faisais confiance. Je ne tardai pas à évoquer ma relation avec Irène, qui avait récemment pris un tournant radical. Finnick ne pouvait que me comprendre, lui qui avait connu ça avec Tweedy sans s'y attendre. Moi je ne pensais pas m'attacher de cette façon à Irène, et pourtant c'était arrivé. « Tu l’as dis toi-même, tu ne peux pas lutter contre ça. Et puis tu as de la chance, Irène n’est pas du genre fleure bleue non plus… Enfin… Si c’est réciproque. » J'arborai un instant une sorte de regard perplexe. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas réciproque puisqu'elle me l'avait signifié plus d'une fois depuis nos fameux aveux dans la chambre ? Non, je n'essayais pas de nier l'évidence puisque à mes yeux nos sentiments étaient partagés, et elle ressentait la même chose que moi. « Elle m'a affirmé que c'était réciproque, et je suis disposé à la croire. » Surtout que bon, ça me ferait bien chier qu'au final elle se soit foutue de moi alors que j'avais fait l'effort quasi surhumain de m'ouvrir à elle et de lui dire ce que je n'avais encore jamais dit à personne. « Après je ne suis pas à l'abri d'une grosse désillusion, bien sur. Ce que j'espère c'est que... non rien. » Non non, on allait éviter de le dire hein. Parce que si Irène était amenée à voir les images par la suite, j'allais prendre cher. Mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir certaines craintes la concernant. Comme elle en avait peut-être de son côté aussi, d'ailleurs. J’espérais que les miennes n'avaient pas lieu d'être, mais rien n'était moins sur.

Je voyais mal pourquoi les sentiments d’Andreas ne serait pas réciproques, en fait je pense que si ils ne ‘lavaient pas été, il n’aurait rien dit du tout. Moi c’est ce que j’aurais fais si je nourrissais des sentiments pour une femme et qu’elle ne dit rien, ne change pas son comportement, comme si j’étais seul a être amoureux, comme un con. Heureusement je n’avais pas connu cette situation, c’était plutôt Tweedy qui l’avait connue, la pauvre… Mais je m’étais rapidement rendu compte que ses sentiments étaient partagés, quand même. « Elle m'a affirmé que c'était réciproque, et je suis disposé à la croire. » Je hoche la tête, content pour lui plus que pour eux deux, car j’ai toujours une petite rancœur envers Irène, même si j’estime la candidate, son coté bitch a plus que tendance à m’agacer. Mais ce n’est pas comme si je ne lui avais jamais rien dis de mesquin, hein, la réplique sortie lors du prime par exemple. Comme quoi il n’y avait que le train qui ne lui était pas passé dessus, celle-là je ferais bien de ne plus jamais la ressortir, hein. « Donc vous êtes en couple ? » Donc je suis trop curieux, ouais. Mais c’est plus fort que moi, et il sait que je ne suis pas du genre à aller tout répéter. J’ai autre chose à faire de ma vie, merci. « Après je ne suis pas à l'abri d'une grosse désillusion, bien sur. Ce que j'espère c'est que... non rien. » Fait-il, je hausse un sourcil. Je m’imagine plusieurs choses, qu’elle ne le trompe pas ? Qu’elle ne se foute pas royalement de sa gueule ? Ce serait tellement du genre d’Irène, hein, soyons honnêtes. Je décide de ne pas en demander plus et de me contenter de le rassurer. Comme plusieurs personnes l’avaient fait avec moi, Adie et Anabel par exemple. « T’as peur, c’est normal, moi aussi j’ai peur et pourtant ça fait bien deux semaines qu’on est ensemble… » Je suis sur que Tweedy connait la date exacte, moi j’ai oublié je me souviens juste qu’on s’était engueulé, que je lui avais demandé de me laisser, qu’on se perde pour de bon et qu’elle avait refusé. Donc je l’avais embrassé. Voyez la logique. « Mais en attendant, il faut bien admettre que ça fait du bien d’être aimé, de l’être vraiment. Tu peux bien prendre ce risque, non ? » Moi je l’ai pris et putain que c’était bon, vivifiant, envoutant.

Finnick semblait vouloir me mettre en garde, comme s'il ne désirait pas que je m'en prenne plein la gueule avec cette histoire. Qu'il ne s'en fasse pas pour moi, jusqu'à preuve du contraire les sentiments que nous partagions, Irène et moi, étaient réciproques. Je savais où j'allais. « Donc vous êtes en couple ? » Oh, voilà que monsieur se montrait bien indiscret d'un coup. Bah, je pouvais bien poursuivre dans mes petites confidences, non ? De toute manière il était maintenant en droit d'affirmer que je lui en avais trop dit, et qu'il était donc de mon devoir de ne plus rien lui cacher. Oh et puis merde il voulait juste une réponse. « Je pense qu'on l'est, oui. » Du moins c'est ce que j'avais cru comprendre suite à la soirée. Pourquoi tourner autour du pot ? Après nous être avoué nos sentiments, y'avait rien d'étonnant à ça. Certaines craintes et certains doutes persistaient malgré tout, et je ne savais pas quoi faire : les ignorer et passer outre ? me poser de réelles questions ? « T’as peur, c’est normal, moi aussi j’ai peur et pourtant ça fait bien deux semaines qu’on est ensemble… » Ouais bah j'avais hâte de nous voir, Irène et moi, dans deux semaines hein. Serions-nous encore ensemble ? Allez savoir... « Mais en attendant, il faut bien admettre que ça fait du bien d’être aimé, de l’être vraiment. Tu peux bien prendre ce risque, non ? » Je devais bien avouer que je ne m'étais pas senti aussi bien depuis un moment. Mine de rien Laoise avait raison, l'amour avait quelque chose de fantastique au premier abord. Après, j'avais pas forcément envie d'en connaitre le mauvais côté, mais peut-être était-ce inévitable au final. « Ouais je peux. Et au pire, je risque d'avoir le coeur brisé. Mais j'estime être immunisé contre ça. » Cherchez pas à comprendre, je l'étais voilà tout. Après avoir nié l'existence de ce cœur qui, aujourd'hui, faisait quelque peu des siennes, il me semblait impossible de souffrir en amour. Non vraiment, et je ne disais pas cela par fierté, je n'étais juste plus du tout disposé à souffrir pour quoi que ce soit. L'époque dite la plus douloureuse de ma vie était révolue depuis belle lurette. Aujourd'hui j'étais protégé par une sorte de carapace qui empêchait les autres de me faire du mal. Si Irène jouait avec mes sentiments, je le saurais bien assez tôt, mais je m'en remettrais, c'était certain.