L'espace d'un instant j'ai cru que j'étais un électron libre, le seul type sans partenaire, alone in that place. J'crois qu'on s'évite depuis la soirée, pas forcément de manière consciente, pas dans mon cas en tout cas. Mais, notre rencontre m'a laissé un goût amère dans la bouche. J'ai demandé à Cupidon de ne pas me mettre un pot de glue dans les pattes mais de là à s'ignorer y'a une sacrée marge. Je suis épuisé, je n'ai pas dormi depuis quarante huit heures, je crois qu'il faut que je dorme avant de littéralement décéder. Je rejoins la chambre qui m'a été assigné, puisque c'est la tradition, on doit dormir avec son partenaire ici. Soit, je cherche notre lit, et découvre finalement la jolie blonde entrain de s'affairer à je ne sais quoi. « Salut » La façon la plus stupide de s'introduire soit dit en passant. J'ai simplement envie de l'alerter de ma présence. « Je crois qu'on ne s'est pas convenablement présenté. Callan, enchanté. » Deux solutions s'impose à moi, soit elle me rembarre joliment soit elle accepte de mettre notre "différent" de côté en entrain dans mon jeu. Ou rien de tout ça. Je croise mes bras contre ma poitrine et la fixe.

Plus elle y repensait, plus elle réalisait que sa réaction lors du premier prime avait été clairement démesurée. La jeune femme s’était sentie envahie par les douloureux souvenirs de son divorce et n’avait pas su gérer ses émotions comme elle l’aurait voulu. Étonnant pour celle qui pouvait parfois renvoyer l’image d’une garce impassible et glaciale. Pour sa défense, elle n’imaginait pas qu’un candidat marié puisse participer à une émission telle que Fake Lover. Il avait sûrement ses raisons qu’elle apprendrait à respecter. Alors qu’elle limait nerveusement les ongles, son partenaire fit justement irruption dans la chambre. Silencieuse, elle le dévisagea un instant avant de reporter son attention sur ses mains. Elle était embarrassée d’avoir craqué dès le premier soir de l’aventure. Depuis, elle avait fait en sorte de l’éviter au maximum, se sentant incapable d’affronter une telle situation. Son seul tort avait été de porter une alliance. Elle ne prononça aucun mot, espérant qu’il perdrait patience et s’endormirait ailleurs.

Le regard glacial de Daphne aurait dû me mettre sur la voie pourtant, je m'entête à essayer de colmater les brèches. Au lieu de cela, je me heurte à un mur. Son silence est révélateur. Je viens de trouver ma cause perdue, elle est blonde est à décidé de m'ignorer. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Me casser et l'ignorer à mon tour durant le reste de l'aventure ? Oui mais non. Ce n'est pas vraiment dans mon tempérament. La patience dans ses conditions j'en ai à revendre. Je soupire, j'sais pas ce qu'elle attend, si elle compte se refermer ainsi encore longtemps. Je m'assieds sur le bout du lit, j'attends, silencieux. Je l'observe, elle ne bouge pas d'un centimètre. Nouveau soupire et je me lève « Ton mari ça devrait être un sacré connard pour que tu m'en veuilles autant. » Ça c'est dit. Explosion dans : quatre, trois, deux, un...

Il avait tort, son ex-mari n’avait absolument rien à se reprocher. Daphne était de loin la seule à blâmer dans son divorce. Elle avait commis le péché d’adultère, elle avait détruit l’homme qui l’aimait profondément. Elle ne rencontrerait sûrement plus jamais quelqu’un qui lui porterait autant d’amour. La jeune femme avait par conséquent développé une phobie du mariage. « A vrai dire, la sacrée connasse c’était moi. » Finit-elle par avouer, abandonnant sa lime à ongles sur la table de chevet. Callan n’avait pas besoin d’en savoir davantage pour le moment. D’ailleurs elle n’était pas sûre que les détails soient susceptibles de l’intéresser. « Daphne, également enchantée. » Finalement l’idée de repartir à zéro ne semblait pas si stupide. Il était son partenaire, autant essayer de nouer une certaine complicité.