La fête foraine est un endroit dont j'avais réussi à échapper lorsque j'étais gosse. Je n'aimais pas voir tous ces gens agglutinés autour d'une activité dont l'importance comptait tellement peu. Non, à vrai dire, ce que j'appréciais encore moins, était de voir à quel point cela pouvait attirer de monde. Je n'aimais pas les masses, je n'avais jamais aimé ça, cela me rendait juste... Mal à l'aise. C'est donc en pensant n'y trouver personne et trouvant cette idée de fête foraine déserte plutôt distrayante que j'avais choisi d'y faire un tour, bloquant bien vite sur un stand de nourritures et cochonneries. La seule chose que je me demandais était... Mais comment cette nourriture peut-elle être encore fraiche alors qu'il n'y a plus personne pour s'occuper d'elle ? Bien entendu, la production était derrière tout ça, mais l'entretient devait être bien plus lourd que l'on ne pouvait l'imaginer. Boh rien à foutre. Ah et y'a une petite brune qui se ramène. Je l'observe un instant alors qu'elle débute, prenant la parole comme ça, d'un coup, sans prévenir. Enjouée. « Salut, ça te dit qu'on partage une barbe à papa, j'arrive pas en manger une en entier ? » je jette un regard à ladite barbe à papa avant de reposer mes yeux sur la jeune femme dont le prénom m'échappe encore « Et j'en oublie de me présenter, Sïana. » Siana ? Bien. Inutile de me présenter, ce n'est pas comme si j'allais moi même me souvenir de son prénom. Ou peut-être que si, au final. « Seulement si celle ci est tout, sauf rose. » l'idée d'ingurgiter quelque chose de cette couleur ne m'était en soit pas réellement plaisante « Si t'en trouves une bleue, alors je te dirai mon nom. »

« T'inquiète pas hein, ce sont pas les cheveux de la nana aux cheveux roses .. » je l'observe, un sourcil arqué. « Rumer. » la corrigeais-je sans réellement pouvoir m'en empêcher. J'avais toujours été doué pour retenir les prénoms, parfois, j'essayais même de me forcer à les oublier, histoire de paraitre surpris lorsque quelqu'un se présentait à moi, certainement pour ne pas avoir l'air d'un de ces psychopathes traqueurs. Non, j'estimais ne pas en être à ce point, ou du moins, je l'esperais fortement. « Attends, laisse-moi deux minutes. » elle passa à l'arrière du stand alors que je restais là, bête, mains dans les poches. On aurait même pu croire que je me baladais en pleine nuit, seul, histoire de voler quelques marchandises, ce qui était un peu l'idée, à la base. « J'vais t'en faire une moi. » Parce que seul ou à deux, un vol restait un vol. Bien qu'il ne s'agissait là que de nourriture, et j'étais presque certain que personne ne nous en tiendrait rigueur. Ne lui en tiendrait rigueur, de toute évidence, puisqu'elle allait devoir manger sa confiserie seule, n'ayant pas trouvé le fruit de mes désirs. « J'trouve pas de colorant, j'crois que c'est foutue. Désolé inconnu. » j'hausse les épaules, la regardant d'un de ces airs ni content, ni mécontent, passif. « Désolé pour toi, après tout, c'est toi qui va devoir la dévorer toute seule. » aucun regret. « Cependant, si tu es capable d'en faire, pourquoi ne t'en fais-tu simplement pas une plus petite ? » Lulu et ses idées de génie, ne le remerciez pas, c'est naturel.

« Oui, elle. » dit-elle en approuvant mes paroles avant de finalement partir se faire une barbe à papa, l'objet de ses désirs. « Pas bête. Je m'en fais une, tu m'attends ? » finalement elle en vint à me redemander mon prénom, comme si elle pouvait effacer d'un simple battement de cils son précédent échec. Bien. « Et donc, tu comptes pas me dire comment tu t'appelles ? » « Si je te dis mon prénom, tu me devras par la suite un service. » bon bien entendu je ne savais pas encore lequel, mais il était toujours von de pouvoir compter sur quelqu'un une fois le moment venu, n'est ce pas ? Du moins c'est ce qu'il me semblait. « Je suis Lulu. » simplement Lulu. Je ne comprenais pas ces personnes qui me demandaient ce qu'était mon vrai nom, tout simplement parce que je l'avais abandonné depuis maintenant bien longtemps. Maintenant j'étais Lulu, j'étais nouveau née bien plus endurci que le précédent. Et qu'importe les désirs des autres, ils n'avaient pas à connaitre cet ancien moi, tout simplement parce qu'il n'existait plus. Tirant sur la clope que j'avais coincé entre mes lèvres, je regardais alors la jeune femme s'activer à faire sa barbe à papa, aussi bien qu'elle le pouvait « Une vraie pro. » lâchais-je alors qu'elle revenait à mes côtés. Elle n'en avait pas trouvé une bleue, mais avait tout de même réussi à s'en faire une elle même. « Je ne sais pas comment tu fais pour gouter à ces trucs. On dirait des poils collants. Mon ancienne petite amie avait les cheveux roses, comme l'autre. Donc c'est un peu troublant quand je vois... ça. »