bob
La nuit venait de tomber depuis déjà quelques heures. Il avait ressenti ce besoin de se vider la tête, de prendre un peu l’air. Il aurait très bien pu passer un moment dans la piscine, ou bien dans le jacuzzi. Oh non. Il se balada longuement dans le chalet à la recherche de la moindre distraction. Oh oui, il s’ennuyait. Ses pas l’avaient tout naturellement guidé jusqu’au premier étage. Il traversa la première chambre, puis la salle de bain, et enfin la seconde chambre. Oh non. Il était trop tôt pour aller se coucher de toute façon. Emilien finit sa balade en arrivant au balcon. Il s’approcha un peu intrigué. Intrigué par cette silhouette de dos. Il se demandait bien qui était ce quidam appuyait sur la rambarde qui entourait le balcon. Il plissa les yeux, tentant d’identifier cette masse imposante. C’était un homme. Pas de doute. Assez chevelu. Un peu trop. Garçon chevelu ? Bob ? Il était penché, regardant en bas. Peut-être y avait-il quelque chose d’intéressant à regarder en bas ? A moins que Bob épiait des candidats qui se trouvaient dehors dans le jardin. Oh le petit voyeuriste. « Oh Bob ! » s’exclama-t-il, d’une voix un peu élevée. « Tu devrais éviter de te pencher un peu trop… » lui conseilla-t-il. On ne savait pas ce qu’il pouvait se passer. Le petit mouvement en trop et hop, Bob se retrouverait dans le décor. Oui, voilà. Il risquerait de tomber. De tomber et de se faire très mal. Ce serait dommage… enfin pour lui. Puis perdre le comique de la bande, ce serait dommage ça aussi. Comique, drôle… apparemment, Bob l’était si on en croyait l’award qu’il avait reçu. A moins qu’il ait des envies suicidaires. Enfin, cette dernière possibilité ne serait peu plausible à vrai dire.

De l'air frais. Ça t'était nécessaire, en cette heure de la journée. Rester enfermer toujours au même endroit ne te réussissait pas tellement, au final. Tout le monde avait pu le remarquer, tu devenais fou en quelque sorte. Bon, c'est vrai, tu l'étais déjà. Légèrement. Bref. Tu t'étais donc rendu sur le balcon, histoire de respirer. Même si t'étais convaincu que même cet air était une contrefaçon. Car ça ne valait pas l'odeur de la mer, le bruit de l'océan... et les filles en bikinis. Mais peu importe, tu t'égarais. Tout seul, comme un pauvre petit, tu regardais autour de toi, en venant à te pencher dangereusement sur la rambarde pour regarder le sol. Pourquoi est-ce que tu faisais ça ? Aucune idée. Juste parce que tu voulais voir ce qu'il y avait au sol. Et puis, cette sensation de vide en dessous de toi était plutôt plaisante. Comme si tu pouvais tomber d'un moment à un autre. Comme si ta vie dépendait d'un petit, tout petit élan. Non, tu ne désirais pas sauter. Tu aimais juste cette sensation de danger, comme d'habitude. « Oh Bob ! Tu devrais éviter de te pencher un peu trop… » Tu sursautes. D'où venait cette voix. Dieu te parlait ? Comme un idiot, tu lèves la tête vers le ciel. Mais aucun signe d'un vieux monsieur avec une barbe blanche. Deuxième option : un candidat. Ah oui. Tu te tournes. Emilien. Tu souris automatiquement, parce que tu souriais tout le temps de toute manière. « Oh tu sais... je suis invincible. Le pouvoir des cinq power rangers sont réunis en une seule personne... moi. » Tes épaules se haussent, comme si ce que tu venais de dire était d'une banalité à dormir debout. Tu étais très crédible, bien sûr. Comme toujours.

Peut-être n’aurait-il pas dû parler aussi fort. Il manquerait plus qu’il sursaute et que, par surprise, il se bascule un peu trop en avant. Un accident était si vite arrivé. Bon… ça ferait, certes, un candidat en moins dans le jeu. Ca arrangerait un peu tout le monde ça. Evidemment, Emilien ne souhaitait pas cela. Souhaiter un tel sort à une personne, ce serait être cruel, sans cœur, méchant. Le jeune suisse resta légèrement perplexe lorsque Bob lui expliqua alors qu’il était invincible. Vraiment ? Euh… Les pouvoirs des Power Rangers réunis en une seule personne… Euh… Emilien sourcilla légèrement, avant d’émettre un petit rire. Avait-il cru une seconde qu’Emilien goberait son histoire sans queue ni tête ? Vraiment ? Etait-il sérieux là ? Ce n’était pas drôle en plus… « Franchement, ne le prends pas mal, hein. Mais même la blague de Mickey était plus drôle… ». Bob avait peut être été élu le candidat le plus drôle, mais finalement, le jeune suisse resta dubitatif face à l’humour de Bob. Etait-il si drôle que cela ? Pas très convaincant pour le moment. Enfin. Emilien n’était pas là pour juger la pointe d’humour du garçon. Non. En fait, s’il était là… c’était juste pour se changer les idées, puis un peu distraction ne lui ferait peut-être pas mal. Emilien s’approcha à son tour de la rambarde, avant de lancer un bref regard vers le bas. « Qu’y avait-il de si intéressant à regarder en bas, dis-moi ? ». Non parce qu’il avait beau essayé de voir, il ne voyait (justement) rien lui. Et il fallait avouer qu’Emilien était bien curieux. Peut-être venait-il de louper une dispute forte intéressante entre deux candidats. La dispute du siècle dont tout le monde parlera au prochain prime. Non, peut-être pas en fait… c’était assez calme en ce moment au chalet, d’ailleurs.

La blague de Mickey, plus drôle ? C'était franchement insultant. Vraiment. Mickey n'avait rien de drôle. Mais tu n’espérais pas non plus être drôle en prononçant ces paroles, tu avais dis ça juste comme ça, pour lui faire comprendre qu'il n'y avait aucun danger pour que tu tombes.« Ça me fait mal au coeur ce que tu dis là, Emilien... » tu poses même ta main droite sur le côté de ton coeur, donc. Même si bien sûr, tu n'étais pas plus atteins que ça. Tu n'aimais juste pas trop être comparé à quelqu'un comme Mickey, voilà tout. Mais tu ne le prenais en aucun cas mal. Si c'était le cas, tu aurais déjà jeté ce blondinet par dessus la rambarde. Oui, oui, tu en étais très bien capable. Et puis Emilien s'approche pour regarder là où tu avais ton regard posé quelques secondes auparavant. Là où il n'y avait rien, comme il avait très bien pu le comprendre. Pourtant, il te posa tout de même la question. Peut-être qu'il croyait être trop aveugle pour remarquer quoi que ce soit. Qu'il se rassure, ce n'était pas le cas. « Rien du tout, en fait... C'est intéressant, les fleurs. Enfin, c'était juste pour la sensation de vide, en fait. » Tes phrases n'avaient rien à voir les unes avec les autres. Pourtant, tu te comprenais. Pas sûr que ce soit le cas pour Emilien. Bon, s'il n'arrivait pas à suivre, t'essaierais de faire des efforts pour paraître un peu plus normal, hm.

Voulait-il juste paraitre drôle ou… bien était-il sérieux dans ces propos ? Emilien espérait que ce soit la première optique. Que Bob voulait juste paraître drôle, mais que sa tentative avait officiellement échoué auprès d’Emilien. Non pas que le jeune suisse soit dépourvu d’humour. Il en avait, comme tout le monde. Il devait juste avoir un humour… un peu particulier. Peut-être que Bob n’apprécierait pas non plus son humour. Enfin soit. Emilien lui fit donc remarquer que même Mickey était bien plus drôle que lui. Si dans l’optique où Bob se prenait vraiment au sérieux en mâchonnant ces quelques mots, il y aurait quelques soucis à se faire pour ce candidat. Vraiment. Et la remarque d’Emilien ne fut pas entendue par l’oreille d’un sourd. Bien au contraire. Aussitôt le garçon réagit, montrant un certain choc. Ca lui faisait mal au cœur… Il exagérait quand même un peu, n’est-ce pas ? Evidemment. Emilien secoua doucement la tête, laissant s’échapper un petit rire sourd qu’il tenta d’étouffer entre ses lèvres. Il décida alors de s’approcher du rebord. Il voulait bien savoir ce qui semblait tant divertir Bob. Il était lui-même à la recherche d’un divertissement, alors autant qu’ils se divertissent ensemble, non ? Il lui demanda alors ce qu’il regardait. Ne voyant rien dans les parages. Bob lui expliqua donc qu’il n’y avait rien du tout. Rien du tout ? Ah ! C’était donc pour cela qu’il ne voyait rien. Après quoi il évoqua les fleurs, puis la sensation de vide… Bob ne semblait pas très logique dans ses propos, mais l’important était de savoir qu’il ne regardait rien. Etait-ce si important que cela, en fait ? Il avait peut-être des soucis Bob, non ? Vous ne trouvez pas, vous ? Emilien hocha la tête, faisant alors mine de comprendre. « Et moi qui pensais que tu guettais la venue de Monica Bellucci… ». Sait-on jamais. Cupidon avait peut-être envie de faire une surprise aux candidats. Non. Bon d’accord. Là, c’était un peu rêver. Un peu trop même. Puis… Bob savait-il au moins de qui il s’agissait ? Non, parce que peut-être que la filmographie du garçon s’arrêtait juste à des films douteux, ou s’adressant à une moyenne d’âge très enfantine. Il devait quand même la connaitre. Il venait de Californie. Pas d’une autre planète, à ce qu’il savait de lui. Emilien décida de s’asseoir sur l’un des sièges vides. Constatant que Bob était toujours entrain de regarder… le vide, apparemment. « Hum Bob ?... dis-moi, tu ne veux pas venir t’asseoir ? Parce que, vois-tu, devoir converser à ton arrière-train ne me réjouit pas vraiment… ». Oh puis même. Au moins, ce serait moins dangereux pour Bob. Au pire, il tombera du siège. Enfin il se fera beaucoup moins que s’il tombait du balcon.