En quoi était-ce drôle ? Non, vraiment, elle ne voyait pas ce qui avait pu attirer ses gloussements d'abruti. Elle n'y pouvait rien si, contrairement à la majorité de la masse humaine qui mouvait dans ce village, elle n'avait aucune difficulté à retenir des prénoms. Qu'ils y mettent un peu de bonne volonté, aussi. Ce n'était quand même pas difficile, avec toutes les occasions qu'ils avaient. Il se foutait de sa gueule, en fait, là. Elle n'aimait pas ça. Ne répliquant pas, elle préféra serrer la mâchoire. Qu'il se moque si cela lui faisait plaisir. Elle s'en foutait. Excusez-la de parvenir à réaliser des choses dont ils étaient tous incapables. Vraiment, désolée. Crétin. Soit. Ne perdant pas le Nord pour autant, elle fit une énième allusion, un énième mensonge, une énième provocation. Ce n'était que cela. Rien de plus. Et quelque part, elle supposait qu'il l'avait bien compris. Puisqu'il répliqua en usant du même ton qu'elle. Aimable. Ouais, bien sûr. C'était bien connu qu'elle était. Et comme il le disait, ouais, il allait devoir la remercier pour tant de gentillesse. « Déjà, t'es mignon, mais ça, t'évites. » qu'elle fit en dégageant sa main qui torturait sa joue qui, elle, n'avait rien demandé à personne. « Il y a d'autres trucs plus intéressants à toucher. » A nouveau un sourire bien hypocrite. Provocation. Parce qu'il n'avait pas lieu de la toucher. Quelque chose lui disait qu'il ne s'y tenterait pas, de toute façon. « Oh et s'il te plait, ne dis pas à ton copain que je t'ai embrassé. » Comme si elle craignait sa réaction, vous savez. Non, elle jouait juste à la fausse innocente qui ne veut surtout pas de problèmes. Ce qu'elle était drôle.

Zofia s'apparente, selon moi, à la femme arrogante et vaniteuse que tout homme se ferait une joie d'accoster le temps d'une nuit. Mademoiselle ne réplique pas, elle préfère serrer la mâchoire. Moi qui était persuadé qu'elle ne manquait pas de répondant, je suis presque déçu pour le coup. Presque, parce que, finalement mon interlocutrice me provoque une énième fois. Et pour lui montrer que je peux me montrer aussi sarcastique qu'elle, je lui attrape la joue et lui répond sur un ton tout à fait cynique. A la manière de miss Monde, la jeune femme se débarrasse de ma main comme l'on se débarrasserait d'une pauvre merde. C'est qu'elle ne se laisse pas faire, en plus de cela, la Madone. « Il y a d'autres trucs plus intéressants à toucher. », lance-t-elle, toujours aussi provocatrice. Je lève les yeux au ciel et secoue légèrement la tête. « Bien sûr, où avais-je la tête? » Le ton est toujours le même. Et j'ai bien peur que ce ne soit la cas pour le reste de la soirée. « Comme ça tu pourras me faire toucher tes parties les plus sensibles, hein. », dis-je à la manière d'un gros pervers qui rencontre une jolie femme pour la toute première fois de sa vie. Puis, je lève à nouveau les yeux en direction du plafond. Vraiment, elle m'exaspère. Mais ça va, je la supporte plutôt bien. Quand je disais que je n'étais pas quelqu'un de bien compliqué. « Oh et s'il te plait, ne dis pas à ton copain que je t'ai embrassé. » J'arque un sourcil. Tout à fait crédible, bien sûr. « Oh non, je ne vais pas t'enlever le plaisir de pouvoir le faire par toi-même. » On ne va pas se voiler la face, cette fille est une sacré fouteuse de merde. Il m'étonnerait qu'elle reste muette très longtemps.

Que ferait-elle si elle était privée de provocation ? Non, vraiment, elle ne voyait pas. C'était tellement plaisant, d'agir de la sorte. Juste pour son petit plaisir, oui. Ce n'était rien d'autre que cela. Même si cela la rendait profondément... chiante, agaçante, à claquer ? Ça ne la dérangeait pas. Elle s'amusait à sa façon. Et quoi de mieux pour cela que des paroles en l'air qui se révèlent totalement fausses ? Non, vraiment, elle adorait. Bien entendu, il était tellement aisé de jouer à la chaudasse qu'elle se faisait une joie de miser sur ce tableau-là. Ainsi donc, à l'entente des paroles du jeune homme, elle lui lança un regard faussement intéressé, tout en continuant sur: « On pourra dégager Lulu de mon lit. » Ou l'inviter, après tout. Bien sûr. Puisqu'elle était une trainée, tout ça, hein. Soit. Ouais, ouais, un jour, elle pensera à arrêter ce petit jeu, promis. Un jour, peut-être. Jusque-là, disons qu'elle profitait de sa jeunesse pour faire un maximum de conneries. Et d'après lui, elle se ferait un plaisir d'aller tout balancer. Ah oui ? « Tu me connais si mal. » Il ne la connaissait pas du tout, à vrai dire. Un sourire dessiné sur les lèvres, elle descendit de son perchoir, se plaçant en face de Joshua, sur la pointe des pieds afin d'atteindre sa hauteur du mieux qu'elle pouvait. « Si j'allais cafter moi-même, ça enlèverait tout le plaisir. » ronronna-t-elle en approchant une nouvelle fois ses lèvres des siennes, sans pour autant les toucher, avant de se reculer et de partir dans un rire. C'était évident, non ? Que voulez-vous, elle aimait foutre la merde. Et encore, c'était gentillet. Juste un simple baiser pour s'amuser. Elle aurait pu faire pire. Et ce n'était pas comme si elle allait scander dans tout le château que Joshua lui avait sauté dessus. Soit. Elle tourna les talons et décida de quitter la pièce, afin d'aller vaquer à d'autres occupations. Avec un peu de chance, elle trouverait même quelqu'un d'autre à emmerder.