Le sommeil n'est pas de la partie. Assis dans mon lit, je regarde Tris, endormie à point fermer. Et je la jalouse. J'aimerais pouvoir dormir autant, être embarqué par Morphée et me défaire de ces cernes qui campent sous mes yeux depuis les premiers jours de l'aventure. J'en ai marre, et je soupire. J'ai envie de m'évader, de penser à autre chose qu'à ce foutu sommeil. Je m'extirpe du lit avec délicatesse. J'ai pas envie de brusquer le sommeil de ma coéquipière. J'enfile un jean, une chemise à manche longue que je ne boutonne pas jusqu'au dessus, et je sors. La brise du soir me fait frissonner. J'ai la chair de poule. Je presse le pas jusqu'au bistrot. J'entends de la musique, y a de la lumière. Je me dis qu'il y a peut-être une fête, encore ce soir. Je souris. J'aime bien ces fêtes inopinées. J'entre et je constate que non, il n'y a pas de fête. Mais mon sourire ne s'efface pas pour autant. Il s'élargit, même, laissant mes lèvres s'étirer sur mes dents blanches. Je plisse un peu les yeux, je ne bouge pas. Je la détaille. Je dévore son corps, je dévore sa chair, je la dévore, entière. Mes yeux glissent sur elle. Je détaille chaque grain de peau, chaque déhanchement. Et puis, je m'approche, à pas de loup. Je fais doucement, sans la quitter des yeux. Elle se déshabille sensuellement et sa réveille en moi des chaleurs qui me prennent dès le bas du ventre et remontent en moi à la vitesse de la lumière. J'ai chaud, la musique me fait tourner la tête. Mes mains brûlantes de désir et d'envies viennent se poser délicatement sur ses hanches dévêtues. Le contact avec sa peau est comme électrique. Il me fait frissonner. Mes lèvres viennent goûter à sa nuque dans des baisers voluptueux. « Salut.. » je lui susurre à l'oreille d'une voix mielleuse. Je me décolle d'elle, à regret même si nos corps s'emboîtent à la perfection. Je m'accoude au bar, prends la bouteille de whisky et boit une longue gorgée à la bouteille. Gorgée qui descend le long de ma trachée en laissant des traînées brûlantes. J'ai soif d'elle et je me contente de faire passer le tout avec du Jack Daniel's. J'sais pas quoi dire, j'sais pas quoi faire. Son corps dévêtue m’obnubile. Je résiste pas. J'suis faible.

Mon regard la dévore. Je ne vois pas clair dans son jeu. Et, au fur et à mesure que les notes avancent, l'attirance qui me dévorait, grandit petit à petit. Je tente de l'éteindre à coup de Jack Daniel's mais le liquide à le don d'attiser la flamme qui me consume. Elle sait y faire. Je ne suis certainement pas le premier. Et je ne serai surement pas le dernier. Qu'importe. Ce soir, elle est à moi. Ses vêtements tombent uns à uns à ses pieds. Je me languis. Mes gestes sont presque mécaniques. J'ai peur. C'est une sensation qui m'est inconnue et pourtant, je ne la canalise pas. Je ne suis pas doux, je ne suis pas assuré. Cela dit, mes baisers n'en sont pas moins fiévreux d'envie. Ils me trahissent. Elle par contre, voit clair dans mon jeu. Elle sait l'effet qu'elle me fait et elle en joue. C'est insupportable. Je suis faible. Elle s'approche de moi et mes yeux descendent afin de dévorer sa poitrine délicatement dessinée. Ils rendent le désir encore moins supportable. Je la laisse me chiper ma bouteille, s’asseoir sur le comptoir et s'approcher de moi. - Alors, t'es heureux de m'avoir en tant qu'esclave ? Je ferme les yeux et je contracte ma mâchoire. Même ses mots ont un impact flagrant. Toute mon échine frissonne et mon regard se fait intense. Désireux. Elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Je suis vulnérable. J'attrape son menton d'une main ferme et j'embrasse la commissure de ses lèvres. Je remets la musique en marche, je bois une nouvelle gorgée de whisky et je me recule de quelques pas. J'écume les boîtes de nuit depuis mon plus jeune âge. Autant dire que mon déhanché est testé et approuvé. J'ai même été gogo danseur, une fois. Ma cadence est plutôt pas mal. J'ai pas honte de moi. Mon regard la fixe et mes mains s'agitent pour déboutonner ma chemise jusqu'à ce que je sois torse nu. « Viens. » je lui demande. Elle n'a pas le droit de le refuser, et elle ne le fait pas, d'ailleurs. J'attrape ses poignets et je l'attire contre moi. J'veux pas qu'il y est d’espace entre nous. Mes mains se posent sans gênes sur ses fesses pas encore dévêtues. Mon visage se niche dans son cou et je nous laisse aller au rythme de la musique. « J'ai très envie de toi.. C'est réalisable tu penses .. ? » je lui susurre d'une voix de braise. Je n'arriverai pas à retenir mes pulsions encore très longtemps.

Le corps brûlant d'Elliot contre mon torse me fait bouillir. Cette femme est une déesse, une tentatrice et je ne résisterai certainement pas longtemps. Mes mains agrippent ses hanches et je ferme les yeux, me persuadant de la normalité de la situation. Et pourtant, parmi ce désir qui me consume littéralement et me file des bouffées de chaleur, il y a comme une réticence en moi. Une voix venue d'ailleurs qui me somme d'arrêter de jouer à ce petit jeu avec Elliot. Tais-toi, je me crie à moi-même. Laisse-moi, laisse-moi profiter de cet instant qui me torture depuis déjà plusieurs jours. Laisse-moi goûter à sa peau comme je goûterais à une pomme d'amour ou à de la barbe à papa. Laisse-moi faire ce pourquoi je suis le meilleur. Faire le salaud. Baiser comme j'ai envie pour délaisser ensuite. Je me torture, mes sourcils se froncent tout comme mes yeux. - A ton avis. Je n'attends que ça. Ses mots sont des électrochocs. Ils glissent sur moi comme de l'acide brûlant. Ils laissent des marquent profondes dans ma chair. Je sursaute légèrement. - A ton tour de me séduire. Je me fait violence. Si, d'habitude, ses mots auraient eu l'effet escomptés, ce soir ils me torturent. J'ai envie de baiser encore son coup, de me nourrir de son odeur. Et pourtant. Pourtant mon fort intérieur me crie autre chose. Une chose qui ne m'étais jamais apparue. Une chose que je ne me souviens même pas d'avoir éprouvé une seule fois en vingt-quatre ans. Il a fallu que je m'inscrive à ce foutu jeu pour ressentir des fichus sentiments à l'égard d'une fille. Moi, le salaud de service, celui qui prend et qui jette, qui ne s'attache à personne et ne désire pas que l'on s'attache à lui. Ma mâchoire se contracte et je lâche instantanément le corps d'Elliot. Je rejoins le bar dans un long soupire, attrape au passage ma chemise que j'enfile et amène la bouteille de whisky à mes lèvres. J'veux pas ressentir ce genre de choses. J'veux pas m'attacher à Elliot. Je ne la connais que depuis une semaine. Et qui plus est, elle ne séduit pas que moi. Je l'ai vu au prime aux côtés de Raphaël. Se Raphaël même qui, dans les douches, m'a dit quelque chose du genre " Pourtant, c'est ton corps qui plaît à Elliot". J'veux pas que mon corps lui plaise. J'veux lui plaire tout entier. Et ça me tue. J'espère secrètement que le Jack D'aniel's me fera oublier ces conneries qui résonnent dans mon esprit. Je n'ose plus regarder Elliot. Je ne sais pas quoi lui dire. « J'y arriverai pas. J'peux pas. » je murmure d'une voix rauque, lassée. J'aimerais lui montrer la bataille qui se déroule dans ma tête juste pour elle. J'aimerais tout lui dire. Que mon mûr en béton construit il y a des années afin que personne ne s'attache à moi et inversement s'est brusquement écroulé. Que j'ai envie d'elle plus que sexuellement. Que je n'ai même pas envie d'elle sexuellement finalement. J'ai envie de prendre mon temps, de la découvrir et.. l'aimer. Ce mot me fait l'effet d'un coup de plusieurs milliers de volts. « Qu'est-ce qui te plaît chez moi ? » je lui demande brusquement tandis que le whisky vient à nouveau chatouiller ma gorge.