BRANCA.

Je me sens d’humeur joyeuse, ce soir. Allez savoir d’où cela me vient. Mais j’ai envie de m’amuser, de rigoler un peu. D’être en bonne compagnie. Seulement, je ne tombe sur personne. Où sont-ils donc tous passés? Ils ne peuvent pas tous avoir pris la poudre d’escampette et disparu, c’est impossible. Sinon, et bien… on se fou de moi, tout simplement. Mais je finis effectivement par trouver une âme qui vive lorsque mes pas me mènent jusqu’au bistro. Elle est seule, je ne me souviens pas de son prénom, mais son visage m’est vaguement familier. Peut-être a-t-elle seulement croisé ma route à maintes reprises, sans pour autant que nous en soyons venus à réellement discuter. Elle est assise au bar, sirotant ce qui semble être un verre de fort, et d’un avis purement extérieur, l’ennui semble l’habiter. « Je peux me joindre à toi? » que je lui lance, question d’être bien certaine que cette place à ses côtés n’est pas truffée de piège à ours pour prendre au piège quiconque tentera de la déranger. Sait-on jamais, mieux vaut être prudent de nos jours. Elle acquiesce finalement, et contrairement à mon précédent propos, je ne m’assois pas. J’ai changé d’idées. « En fait… je me cherche quelqu’un pour une partie de fléchette… ça t’intéresse? » Promis, j’arrête de changer d’idées toutes les trente secondes.

Je m’attends presque à essuyer un refus en voyant l’air qu’elle a sur son visage, mais je récolte finalement un simple geste d’accord de sa tête, me signifiant que je ne suis pas chassé des lieux. Fort heureusement, car je n’avais point envie de partir. Elle semble préoccupée – ce n’est qu’une impression, car franchement, je ne la connais que de vue, et de loin – mais je pense avoir trouvé de quoi la distraire. Et m’occuper, par la même occasion. Une partie de fléchette. Son œil est pétillant lorsque je lui fais ma proposition. Qu’elle accepte, sans aucune hésitation. « Prête à perdre donc ? » Confiante, elle me nargue avec son potentielle de joueuse dont je ne doute même pas. « Assurément. » affirmais-je même, un sourire un brin ironique au visage. Soit je fais dans l’excès de confiance, soit je suis persuadée que c’est effectivement ce qui va se produire, et je ne me prends pas au sérieux. Je m’avance vers le jeu, récupère les projectiles, et tant les siens à la candidate. Je lui fais signe de prendre place, lui laissant le premier tour sans grande cérémonie. « Ca se passe comment avec ton partenaire alors ? » me questionne-t-elle, et un fin sourire étire mes lèvres. « Bien, en fait. Je pense que je suis… chanceuse d’être tombé sur lui. » Je ne fais aucune comparaison, mais il me semble que certains couples ne s’entendent pas aussi bien qu’Arès et moi. Je n’aurai pas supporté un tel climat au sein de ma propre équipe. « Et avec le… ou plutôt la tienne, je me trompe? Vous vous entendez bien? » Je connais assez peu les deux demoiselles, et comme elle a déjà abordée ce sujet de conversation, je m’y enfonce plus en profondeur, tout en la regardant parfaire son jeu au fur et à mesure des flèches qui volettent jusqu’à la cible.