JARED.

J'ai épuisé mes jetons, je ne sais pas vraiment comment je me suis débrouillée, mais je l'ai fais ! Une première, je vais devoir de me rendre au lavoir et tout faire manuellement, je m'en réjouis d'avance. Je me retrouve avec mes habits de la semaine dernière, dans une grande bassine, n'attendant qu'à être lavés, au pied de mon lit. J'ai repoussé la corvée autant que je le pouvais mais apparemment je ne peux pas vivre indéfiniment comme cela, malgré ma garde-robe bien fournie, cela ne marche pas comme cela. Je décide de prendre mon gel douche parce que le savon de marseille ne va pas avec les matières fragiles que je compte nettoyer. Je coince ma bassine sur ma hanche, je suis obligée de me pencher sur l'autre côté pour faire contrepoids. J'avoue que ma démarche est assez bizarre, j'envie presque de faire les yeux de biche à un autre candidat pour qu'il m'aide, mais j'y renonce car les je ne connais pas assez les spécimens que je croise pour me le permettre. Je traverse tout le village et arrive enfin au lavoir. Je pose ma bassine sur le sol avant de sortir mon premier haut, une chemise en soie. Je mouille mes mains et me mets du savon dessus avant de frotter dessus. Je jure y avoir vu quelques bulles s'y créer. J'entends un bruit, et pivote brutalement vers la porte.

Merde, je viens de faire une tâche sur mon t-shirt blanc. Je jure doucement alors que je pose le sandwich au ketchup que je mangeais. Morceau de boulette et ketchup, si vous n’avez jamais mangé ça c’est que vous n’avez pas encore assez vécu dans votre vie pour mourir, après en avoir mangé un vous pourrez vous suicider si l’envie vous en prend. Je n’avais qu’une solution : laver ce t-shirt. Et vite. Et merde en plus j’ai plus de jetons ! Je cours presque jusqu’au lavoir, j’ouvre la porte et tombe sur une brune qui se retourne vivement sur moi. Fantine. Je la reconnais à cause de la salle corvée qu’elle a eut dimanche dernier, la pauvre. Je lève les mains et m’exclame. « Ce n’est que moi ! Je ne viens pas te manger ni te violer ni que sais-je. » Rassurant n’est-ce pas, surtout qu’en soit elle ne me connaissait pas alors comment savoir que je ne mentais pas ? Peut être à cause de la grosse tâche sur mon t-shirt ? C’est évident que je viens la laver non ? D’ailleurs je me rends compte d’un truc : j’ai oublié d’aller prendre un t-shirt de rechange… bon tant pis il faut chaud dans le sud. « Bon j’espère que t’es pas du genre vite gênée mais je vais pas laver ce t-shirt sur moi. » Fis-je en le retirant sans attendre son approbation. De toute manière j’ai le torse d’un gosse, si ce n’est les tatouages. Je ne suis pas vraiment musclé, enfin si un peu puisque dernièrement j’ai tenté de prendre un peu en carrure mais franchement je ne ferais pas assez d’ombre à un chaton. Je plonge le t-shirt dans une autre bassine et attrape le savon de Marseille pour frotter sur la tâche.

Ce n'est que Jared qui arrive en courant. Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais à pire. Le fait que je me retourne rapidement vers lui n'était peut-être pas si utile que cela, en plus il doit se sentir agressé puisse qu'il ajoute: « Ce n’est que moi ! Je ne viens pas te manger ni te violer ni que sais-je. » Je suis vachement rassurée. J'ai beau être méfiante à la base, je n'avais même pas ces idées en tête, pour dire ! « Justement, le fait que tu le précises ne me rassure pas du tout en fait. » Je lui réponds avant de néanmoins étirer sur mes lèvres un sourir amusé tandis que mes yeux tombent sur la tâche rouge de son tee-shirt, il va falloir qu'il s'en débarrasse assez vite sinon cela risque d'être irrécupérable. Jared a la délicatesse de me prévénir. « Bon j’espère que t’es pas du genre vite gênée mais je vais pas laver ce t-shirt sur moi. » Qu'il se rassure, je suis juste pudique lorsqu'il s'agit de mon exposition, après, quant aux autres, je m'en moque pas mal. « Je t'en prie. » Je lui lance en haussant les épaules. « Exhibe-toi. » Je dis, moqueuse bien sûr, je sais évidemment qu'il ne s'agit pas de cela. J'observe discrètement ses tatouages, du coup.

« Justement, le fait que tu le précises ne me rassure pas du tout en fait. » Logique. Je tire une mine un peu confuse avant de me placer devant une bassine d’eau chaude. « C’est vrai que le simple fait d’y avoir pensé n’est pas très rassurant, en plus j’ai pas vraiment la tête d’un saint. » Bon j’ai pas non plus une tête de tueur hein – ce Lulu a une tête de tueur je trouve – mais c’est vrai que Malik ou encore Raphaël sont bien plus rassurants que moi. Je la préviens, avant d’agir, que je vais retirer mon t-shirt. J'espère donc qu’elle n’est pas pudique au point de s’en offusquer mais elle ne semble pas l’être. « Je t'en prie. » fit-elle avant de lever les yeux. « Exhibe-toi. » Je lâche un rire alors que je frotte ce t-shirt, la tâche est tenace ! Saloperie ! « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? Tu as quel âge ? T’as un copain, non ? » Je lève les yeux. « Oh désolé si je pose trop de questions mais c’est histoire de faire un peu connaissance. » Je suis comme ça : sociable. A force de rencontrer une quantité incroyable de personnes au fil de mes voyages, c’est normal, je suppose.

Je l'observe entrain de s'acharner sur son tee-shirt tandis que je continue tranquillement à faire des bulles, prise d'une certaine flemme, à l'instant même. J'aimerai bien lui proposer le produit miracle pour faire disparaître la tâche en un rien de temps, comme dans les pubs, mais je n'ai rien à lui donner. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? Tu as quel âge ? T’as un copain, non ? » C'est limite s'il ne faut pas que je décline ma carte d'identité, mais presque hein. C'est une rafale de question. « Alors commençons par le début, je suis chargé d'affaire au service d'un cheikh, 24 ans et comme tout le nid est au courant, oui, j'ai effectivement un copain. » Je lui réponds, merci Esther, tout le monde est au parfum, j'apprécie vraiment. Une seule chose que je voulais garder pour moi, et on me l'enlève, géniale, c'est clair qu'ici le mot privé n'existe pas. Je jette un coup d'oeil sur la caméra, un rouge clignotant, braquée sur nous. «Et toi, Jared, tu travailles ? » Je lui demande alors, non pas que je doute de ces capacités intellectuelles ou quoi, ou du fait qu'il ne soit pas motivé par le études. Non, je me permettrai pas, je vous jure. C'est juste que je trouve qu'il est très jeune. Mais encore une fois, il ne faut pas se méfier aux apparences.