otello

Ce n’est pas que je n’aime pas mon nouveau partenaire, mais je ne suis pas non plus des plus à l’aise avec lui. Peut-être que cela a aussi un lien avec le fait qu’il se passe un truc étrange entre sa femme et moi et que surtout, mercredi dernier, nous avons eu un échange… hum… dénudé. Lui, il ne le sait surement pas, mais ce n’est qu’une question de temps. Je suis certain que les caméras ont tout capté et que cela sera présenté lors du prime. Je souhaite que non. En fait, ça ne me dérange pas tant que ça, mais je ne désir pas me mettre Callan à dos non plus. Bref, je sais pas ce qui m’a prit, mais comme je n’ai pas trop envie de partager mon lit avec lui en ce moment, j’ai décidé de me trouver une place où dormir. Et quoi de mieux que le bunker dans les sous-terrains. Non ? Non, je suis d’accord, c’est pas l’endroit le plus accueillant, mais il est certain que cela reste parfait pour un moment de solitude totale. C’est ce que je croyais. Parce que je suis là, couché sur le lit de camps pas du tout confortable, incapable de fermer l’œil, mais tout de même paisible lorsqu’une lumière m’éclaire violemment le visage. Mais qu’est-ce que… Je suis au paradis ? C’est la lumière du fameux tunnel ? Au moins, ma mort n’aura pas été douloureuse. Ok, j’arrête de déconner et je me relève, ma main essayant de bloquer la lumière qui m’aveugle durement. « C’est bon, tu peux l’éteindre, y’a bien quelqu’un ! » Ouais voilà, c’est que c’est un peu désagréable. Bon, même si je n’ai plus la lumière dans les yeux, je ne vois pas vraiment mieux. Je suis peut-être vraiment aveugle finalement, parce que j’arrive vraiment pas à voir qui est devant moi. « Je pensais être le seul assez fou pour venir m’installer dans un bunker pour la nuit. J’imagine que je me suis trompé. » Dommage, j’étais bien, seul.

J’ai besoin d’une bouteille. J’en ai besoin maintenant. Je sais que j’ai prétendu ne pas être alcoolique, et je ne le suis pas, mais il existe des moments dans la vie où le goût râpeux du vin sur la langue est si désirable qu’on arrive à s’en lever en pleine nuit. En réalité, j’ai gît un moment, inerte, dans mon lit, les yeux rivés au plafond, la respiration régulière de ma partenaire ne m’apaisant en rien, avant de me décider à me lever pour assouvir ce vice occasionnel. J’ai enfilé un pantalon large trouvé au sol, une paire de botte par-dessus, et noué autour de mon buste un lainage approximatif. Clairement, je ne ressemble à rien, c’est indéniable, mais pour aller fouiner dans une cave poussiéreuse, on s’en fout, non ? Sauf que la Production n’a rien fait pour faciliter la tâche des alcooliques d’un soir et nocturne. Après la traversée d’un village plongé dans l’obscurité, me voilà à quatre pattes entrain de fouiller dans différent casier à la lueur chétive d’une simple ampoule dénudée. Ok, le tripe entre-deux-guerres, c’est sympa deux minutes, mais à un moment il va falloir voir à se calmer, les gars ! le XXIème siècle c’est maintenant. C’est la réflexion que je me fais alors que mes doigts accrochent une bouteille d’une main, tandis que l’autre j’intercepte une clenche, sur laquelle, et bien… sur laquelle je tire, comme un con. Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi j’ai fait ça ? C’est la question qui résonne dans ma tête tandis que le sol se dérobe sous moi, et que mon corps en vient à dégringoler, lourd et malléable comme une poupée de chiffon, le long d’un antique toboggan. Lorsque tout s’arrête et que je chute douloureusement sur le sol en un bruit sourd, je crois que je gémis encore, la tête protégée entre mes mains. C’est fini ? Je relève le nez, et tends le bras vers ce qui me semble être un interrupteur, inondant brusquement la petite pièce d’une lumière vive. Un grognement s’en suit, et je comprends que je ne suis pas seul. Un coup d’œil vers la chose grinçante, et j’éteins. C’est le nouveau. La superstar, d’après ce que j’ai compris. Je fouille dans ma poche pendant qu’il m’exprime subtilement sa volonté d’être seul, et en sort mon briquet, afin d’allumer la bougie qui traine sur la table au-dessus de moi. Parce que oui, je suis toujours au sol. Et c’est d’ailleurs depuis ce même sol que je lui présente la bouteille miraculeusement intacte, accompagnée de cette petite phrase qui restera dans les mémoires « Du vin ? »… ou pas, en fait.