Je ne dors que très peu, pas par choix, je ne me suis jamais dit. Stop Candace, sort du lit feignasse tu as assez dormi. Non du tout. Si je ne dors pas c'est parce que je n'en ai pas besoin. De toute façon je préfère la nuit au jour. Le jour est trop bruyant, trop contraignant, il m'oblige à modifier mon comportement, il m'empêche d'être moi même. Alors que la nuit, je ne suis pas obligée de porter ce masque. La nuit me demande moins d'effort puisque la nuit, les gens dorment par extension. Puisque soyons honnête, le vrai problème ce sont les autres, pas la variation de lumière qui n'a rien à voir avec mon changement de comportement. Je n'aime définitivement pas les gens bien que la plupart du temps je leur démontre le contraire. En général, souvent dans ma vie, mais rarement ici. Je pense qu'ils se sont rapidement fait une idée de ce que je suis. De ce qu'ils pensent que je suis. La différence est bien là. Ils se fourvoient tous. La nuit lorsque tout le monde dort je ne fais pas grand chose, je fume peut être un peu plus que durant la journée, je me balade, j'explore et jamais je ne trouve le temps long. Parfois je mange, c'est c que je m'apprête à faire là. Je vais manger parce que mon estomac se manifeste. Je pourrais aller piocher dans l'épicerie mais finalement je me dirige naturellement vers la cantine, comme si j'avais l'envie soudaine de me cuisiner quelque chose. Conneries. J'ai la surprise de découvrir une personne attablé. Une rousse. Une amie de Tony si je ne m'abuse. J'en sais rien, je ne connais pas son prénom de toute façon. Je m'approche mais reste silencieuse, elle n'a pas l'air de celle qui veut engager la conversation, bien trop concentré sur son assiette ou je ne sais quoi. Tant mieux. J'avance vers le réfrigérateur et y sort un reste, je ne sais pas trop de quoi il s'agit mais ça me semble très bien. Une salade quelconque. Préparée par je ne sais qui. Quelle importance ? Je pourrais manger seule, ou repartir sans que cette jeune femme ne remarque même ma présence, mais non, je me dirige vers la table. Et me poste vers elle. Elle lève les yeux. Je m'assieds dans un silence de mort. Et soudainement, elle me pose une question qui ne me déconcerte pas le moins du monde. Je réfléchis un moment, le temps que je plante ma fourchette dans ce qui semble être des aubergines. Je pourrais lui dire tout un tas de choses sur le mariage. Mais me retient. La fourchette en suspend, je décide de lui répondre. « Le mariage c'est pratique. » Sans doute un peu trop vague, alors je reprends. « Un échange de bons procédés. » Je pourrais lui dire que le mariage c'est parfait, le mariage c'est l'aboutissement d'une vie, une aventure extraordinaire avec des hauts et des bas, mais elle peut tout aussi bien se poser devant un film pour le savoir, ou lire un livre pour le découvrir. Je pourrais aussi lui dire que le mariage c'est la fin de toutes les libertés mais même pas. Mon mariage est parfait à tout points de vue, et le pire c'est que je le pense sincèrement.