dagga

J’ai eu une idée stupide. Le genre d’idée que tu te dis, après coup, qu’est-de qui m’a passé par la tête de vouloir faire ça. Non mais des œufs frais, c’est attirant. Je veux dire, j’ai pas de poulailler chez moi, alors ce n’est pas à ce genre d’activité que je m’adonne habituellement. Et là, je me disais que ça pourrait être amusant. Mais jamais je n’aurais pensé me faire attaqué par une poule de cette façon. La vicieuse, elle n’avait pas été gentille, attendant que je lui fasse dos pour me sauter dessus. Non mais je fais même craquer les poules maintenant. Au secours. Bon, je ne veux pas lui faire mal, mais j’ai pas envie d’être défiguré par cette saleté non plus. Juste au moment où je réussis à me débarrasser d’elle, j’accroche son amie Ginette qui se met à courir comme une folle. Bon, c’est n’importe quoi, la folie totale. J’aperçois une rousse dont le nom m’échappe et je suis soudainement très soulagé de voir quelqu’un arriver en ces lieux. « Je suis pris au piège. Toutes des folles ! Viens m’aider, s’il-te-plait !! » Je rigole, parce que bon, faut bien l’avouer, la situation est tout de même amusante. Ça fait pas super virile du coup, je perds mon image d’homme sur de lui qui n’a peur d’absolument rien. Parce que là, Ginette et Georgette me font particulièrement peur. Ouais, je leur ai donné des noms, je suis comme ça, moi.

Je ne pensais pas me prendre dans une situation semblable et surtout, aussi ridicule. Même pas capable d’avoir le contrôle de poules enragées. Je ne comprends pas vraiment ce qu’elles me veulent. J’ai rien fait de mal, je voulais simplement me prendre quelques œufs pour me faire une omelette. Peut-être sont elles excessivement protectives avec leurs œufs, je ne sais pas. Heureusement qu’il y a cette rousse qui débarque et qui vient me sauver la vie. Bon, j’exagère un peu, peut-être, mais j’étais sur le point de m’enfuir en courant si ça continuait ainsi. « Je crois que tu leur plais. » Elle est bonne celle-là, je crois mon visage ne leurs reviennent carrément pas, sinon elles ne seraient pas entrain de m’attaquer ainsi. Surtout que lorsqu’elle en prend une, elle se calme aussitôt. C’est totalement injuste, oui. « Arrête, elles craquent pour toi ! » dis-je en rigolant, alors que j’essaie de prendre Ginette de la même façon qu’elle, avec beaucoup moins de succès par contre. Je réussis tout de même à la tranquilliser dans mes bras, ce qui relève du miracle finalement. « Tu devrais être habitué à ce genre de situations à présent. Moi qui pensais que tu avais dû passer maître dans l’air d’esquiver les poulettes en chaleur… » D’accord, je crois que je la mérite cette phrase là. Elle me fait même bien rire. « Ouais, j’ai l’habitude. Mais j’ai aussi l’habitude d’ignorer ce genre de poulettes » Avec les années, on se fait une carapace antiparasites, et on peut me croire sur parole lorsque je dis que ma carapace à moi est très dur à franchir pour des personnes dans ce genre. « Mais elle… Regarde le regard de Ginette. Comment ne pas craquer pour une telle poule ! Je crois que je suis amoureux de cette folle ! » Je jette un regard à la poule qui se remet à s’agiter dans mes bras, hésitant entre l’envie de la lancer au bout de mes bras ou de la serrer un peu plus contre moi pour qu’elle se calme. Aucune cruauté envers les animaux, je choisis donc la seconde option en riant, avant de regarder la jeune femme à nouveau.

Avoir une discussion avec une poule dans les bras, ce n’est clairement pas quelque chose que je pensais faire dans ma vie. Je crois que c’est pour ça que je suis venu à Fake Lover. Enfin, pas avec le but de serrer des poules contre moi. Et je parle bien de l’animal et non de la gente féminine. Non mais sérieusement, j’avais envie de faire quelque chose qui sortait de l’ordinaire, qui allait briser mon quotidien pour toujours, et je crois que j’étais sur la bonne voie. Malgré tout ça, faut tout de même dire que c’était étrange, des poules dans une émission de télé-réalité. Bref, Dagga me parle de sa bonne entente avec les animaux, mais pas toujours avec les humains. C’est étrange quand même. Parce que je ne sais rien d’elle, mais elle me donne envie d’aller vers elle et d’apprendre à la connaître. Et pour un solitaire comme moi, c’est pas vraiment habituelle. J’hoche simplement la tête, lui souriant, alors que je m’approche de quelques pas, pour pouvoir être plus près d’elle et ainsi facilité la conversation. « C’est pas fatigant, à force, les groupies et les fans trop extrêmes ? » Elle n’a même pas idée à quel point. « Oui, horriblement. Mais j’ai choisi ce mode de vie… J’ai pas vraiment le droit de m’en plaindre donc. » Même si je jure que parfois, je deviens complètement fous à cause des fans. Autant ils peuvent être géniaux, autant lorsqu’ils frôlent l’hystérie totale, j’ai envie de me frapper la tête contre les murs. Je baisse les yeux vers ma nouvelle conquête qui s’agite à nouveau dans mes bras. Ma douce Ginette. D’ailleurs, mon petit prénom fait rire la rousse devant moi, ce qui m’arrache un sourire à mon tour alors qu’elle me dit espérer du bonheur pour elle et moi. « Je sais pas, j’essaie encore de m’habituer à son odeur particulière. C’est ce qui me gêne un peu. Sinon, elle semble parfaite ! » Et au moment ou je lui dis cela, ma poule s’échappe de mes bras, ne manquant pas de me griffer le bras en entier. Oh la petite salope. « Enfin, presque parfaite… » Je me mords la lèvre, essayant de paraître calme alors qu’elle m’a fait plutôt mal. « Tu es venu ici pour chercher des œufs ?» Je la regarde le temps de quelques secondes, ayant presque oublié pourquoi je suis venu ici à la base. « Ouais, je venais chercher des œufs pour te faire une omelette et conquérir ton cœur. Mais le dis pas à Ginette, elle devient jalouse facilement ! » Je crois qu’en terme de conneries, je ne peux pas frapper plus fort. Je lui fais un clin d’œil, totalement sérieux et certainement charmeur avant d’éclater de rire. Elle va apprendre à me connaître et savoir que lorsque je suis de bonne humeur, mon humour merdique refait toujours surface.

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