WITH ELLIOT
ASMAA
NIVEAU I

Autant le dire tout de suite, je risquais de n'être plus aussi fofolle que depuis le début du jeu. Bon nombre de facteur m'avait poussé à arrêter... Bon arrêter la drogue et depuis aujourd'hui, bah j'me tenais à carreau. Pour moi, pour ma promesse que j'ai envers des personnes ici... Je restais alors seule, dans mon coin, sur le rebord de la fontaine à ce moment précis. Je regardais un instant dans le vague, avant de me retourner pour plonger mes pieds dans l'eau glacée de cette fontaine. Je venais d'enlever mes chaussures évidemment et remonté mon pantalon taille basse. J'étais alors deux dos reconnaissable que par mon gilet léopard, sans prendre en compte évidemment mes cheveux. D'ailleurs, j'installais à côté de moi une brosse, quelques élastiques et pinces. Il me fallait dompter ma crinière parce qu'elle me saoulait là, mais à un point inimaginable. Sans miroir, je me penchais sur l'eau, qui me servait sur l'instant justement de miroir, me renvoyant mon image parfaitement. Je commençais par me brosser mes frisettes, les posant sur ma nuque tant bien que mal puisqu'elles revenaient toujours dans mon visage, me chatouillant au passage. Je secouais vivement ma tête, attrapant au passage une mèche se trouvant sur le dessus. J'allais me faire une tresse justement sur mon front. J'étais une pro de la tresse, des cheveux attachés et des coiffures en tout genre. En fait, j'aurai du faire des études de coiffure, j'étais pas mal dans ce domaine. Soudainement un mouvement attira mon attention. Un papillon s'approcha de moi. Je le suivais du regard, en me disant qu'il était bien tard pour lui de venir. Je me mettais à sourire. Un peu de beauté dans son monde bien gris, ça ne faisait pas de mal. Rapidement, pourtant, je replongeais dans mon occupation, la morosité reprenant le dessus sur tout. J'étais au début de ma tresse, me regardant toujours dans l'eau. Un autre reflet apparaissait tout d'un coup, comme par magie. Une jeune femme, tombée à pic, Elliot, encore mieux. Je lui adressais un timide sourire. « Tu veux bien m'aider ? » Lui demandais-je, en lui montrant le début de ma tresses, mes doigts limite emmêlés dans mes cheveux.

Je lui laissais le soin de continuer ma tresse, de le faire certainement mieux que moi en cet instant et mine de rien, j'avais réussi à engager en quelques sortes la conversation avec elle. Je faisais d'énormes efforts là, surtout que le cœur n'y était pas véritablement. Sauf qu'Elliot était un soleil. Une jolie fleur. Un magnifique papillon. Faut pas se leurrer, elle n'insufflait aucune grisaille ; que de la couleur, de la couleur dans mon monde plutôt sombre en ce moment. Ses doigts fins allèrent remplacer les miens plus boudinés et je me laissais faire docilement. Je n'avais pas l'habitude que l'on me le fasse, j'ai jamais eu quelqu'un après moi pour me coiffer les cheveux, comme les petits filles le font souvent. Pour tout dire, j'en profitais vraiment. Ce léger sourire retroussant les commissures de mes lèvres le prouvant. Je fermais un instant les yeux, avant que la réalité ne revienne rapidement. « Ça va toi ? Les autres candidats ne te font pas trop la misère ? » Deux très bonnes questions, auquel je ne prenais pas le même temps de réflexion pour y répondre. « Ca va, je crois » Répondais-je immédiatement, tournant un peu ma tête vers elle. Je n'en étais pas certaine, non, parce que plusieurs facteurs étaient susceptibles de me faire pencher vers un état de 'non j'vais pas bien du tout', mais ce n'était pas le cas ici. « Je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans leur tête. Pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre. » C'est vrai, mais je ne pouvais m'empêcher d'ajouter, fronçant les sourcils, mon expression timide laissant place à une mine soucieuse. « J'veux pas que vous me détestiez... » Parce que c'est bien ça que je croyais. Que l'on me détesterait malgré moi. « T'as de beaux cheveux, tu sais » Un léger sourire vint éclairer de nouveau mon visage. J'ai bien l'impression que les habitants de par ici n'avait pas l'habitude de voir des cheveux frisés. Je ne finissais pas d'entendre des compliments à propos de ceux-ci, ce qui me faisait amplement plaisir évidemment. Ce qui me gênait aussi, car ce n'était pas voulu, choisi, mais donné par la nature. Je me mordais la lèvre inférieure, avant de lui jeter un coup d'oeil. « Merci... Les tiens aussi sont très beaux... et si longs ! » J'avais une admiration, oui, pour leurs cheveux très longs, tandis que les miens étaient voués à rester plus courts. Je ne trouvais pas ça très jolis des cheveux longs et bouclés, enfin, je n'avais vraiment jamais essayé. J'admirais le fait de réussir à garder des cheveux bien lisse, sans frisottis, quand moi je pouvais me permettre de laisser mes cheveux en bataille. De toute manière, ça ne se voyait pas. « J'aimerais beaucoup être... » Ma voix s'affaiblissait, me rendant compte de ce que j'allais dire. Je continuais tout de même ma phrase, mais à demi mot. « Être aussi belle que toi ! »

Je la vois s'étonner de mes paroles. Pourtant, je ne vois pas en quoi, je n'avais rien dis d'étonnant. Oui, je trouvais Elliot tellement jolie, que j'aimerais beaucoup lui ressembler. Avoir une peau plus clair, des cheveux plus lissez et être un peu plus grande que mon mètre cinquante-six. On n'est jamais content de ce que l'on a, mais moi je le suis encore moins en voyant des filles aussi belles m’entourant, me reléguant au troisième rangs. Je n'étais rien comparée à leur charme. « Tu es très aussi belle. » À mon tour je la regardais, étonnée, un sourcil se relevant, avant d'avoir un petit sourire timide, mais de remerciement aussi. C'était gentil, mais non, je n'étais pas belle. Mon nez un peu trop épais, mes lèvres aussi, la seule chose que j'aimais chez moi était effectivement mes cheveux. Ca oui, j'en étais fière. Je me mordillais l'intérieur de ma joue, car un autre constat s'imposa à moi. « Mais je ne plais à personne... » Contrairement à elle. Alors là oui, ça sautait clairement : j'étais jalouse. D'elle, des autres fille, oui, carrément, mais je jalousais beaucoup de choses aux autres. Je jalousais leur capacité à s'intégrer, à se faire des amis, s'amuser sans se soucier du reste. Ce que je ne sais pas faire du tout et ça m'embêtait. Alors non, je ne plaisais pas vraiment, ni au mecs, ni au nana. Mon regard se perdit au loin, avant qu'elle ne reprenne, en parlant de ses cheveux qu'elle avait eu court durant une époque. Qu'elle était plus garçon. Qu'elle avait cessée de couper ses cheveux lorsque quelqu'un lui a dit que les cheveux long lui irait bien. J'esquissais un sourire. « J'aurai bien aimé te voir en style garçon... » Disais-je avec un léger sourire en coin, amusée, même ainsi, elle devait rester jolie. Je baissais la tête. « J'ai toujours bien aimé me faire des coiffures improbables, que seule les filles frisées peuvent se permettre et les montrer. J'adore les tresses... » Je montrais celle se construisant sur ma tête. « … J'ai porté le voile pendant trop longtemps. J'en profite maintenant ! » Lui avouais-je finalement. Oui, jusqu'à mes quinze ans, jusqu'à ma venue en France, je portais le voile comme toute les femmes de ma famille, de mon village. Maintenant, j'en profite pour montrer mes cheveux. « Quel est ton secret pour entretenir de tel cheveux ? » Je levais un peu mes yeux pour justement regarder ma chevelure. Un sourire se dessina sur mes lèvres. « En fait, pour garder mes boucles toujours belles, je me fais un shampoing d'olives bouillies. » Je la regardais un instant, avant de lâcher un petit rire. « Je plaisante... J'ai pas de secret. Je me lave les cheveux, je mets de l'après shampoing et je me les brosses doucement. Rien de plus. »