De temps à autre, dans l’aventure, je ressens comme un besoin d’isolement. La population de ce jeu m’étouffe et puis pour penser, tout ça, j’aime bien être seul. Il y a encore deux trois choses dans ma vie qui font que je ne vais pas parfaitement bien tout le temps et à force de jouer au type qui est constamment de bonne humeur je suis sur le point d’exploser. Donc je me dirige vers les champs. J’espère n’y croiser personne parce que j’ai envie d’être seul en écoutant de la musique – mon iPod étant dans ma poche – et en fumant clopes sur clopes. J’avance donc à travers les hautes herbes en espérant aller le plus loin possible quand je passe à coté de Branca. Mon regard est d’office attiré par cette silhouette allongée à coté de moi, je tourne la tête sachant pertinemment bien que je vais ignorer cette personne et continuer mon chemin mais non, c’est Branca et mon regard ayant croisé le sien je me voyais mal juste l’ignorer. Maladroitement, un fin sourire se dessine sur mon visage et je lui fais un signe de la main. « Salut. » Je m’installe près d’elle finalement et allume ma clope avant de remettre le paquet dans ma poche. Moi assis, elle allongée, encore un peu personne ne nous verrait de loin : si j’étais pas assis, quoi. « Tu fais quoi là toute seule, besoin de t’isoler ? » Et puis si je la dérange je peux bouger, aussi. Je m'impose pas.

« T’as l’air tellement ravi de me trouver ici, ça fait plaisir à voir. » remarque Branca quand je m’installe. Bon c’est vrai qu’en général je fais le con H24 et que, donc, elle doit pas avoir l’habitude quand je ne le fais pas : logique. Mais ça n’a rien à voir avec elle ! « Oh non t’inquiètes c’est pas toi ! » Je fais avec un sourire, cette fois-ci un peu plus normal. Je tire à nouveau sur ma clope alors qu’elle reprend la parole. « On peut dire ça oui. Mais tu ne me déranges pas, pas comme d’autres. Et ne va pas croire des choses. Merci. » Je fronce un instant les sourcils. Croire des choses ? Quelles choses ? Qu’elle m’apprécie ou qu’elle déteste tout le monde ? Bah, probablement les deux. De toute manière je ne crois rien : je constate et je sais bien qu’elle en me déteste pas, la réciproque est d’ailleurs vraie aussi. « Oh t’en fais pas, je ne crois rien. » Je hausse les épaules finalement je tourne la tête vers elle. « Pourquoi t’es ici au fait ? J’veux dire : dans ce jeu. » Une fille comme elle dans un jeu comme ça c’est intriguant, c’est plutôt pour les gens un peu cons ce genre de jeu, non ? Et là, vous comprenez tous pourquoi je suis ici.

Je ne suis pas un joyeux luron aujourd’hui, en fait je ne suis pas tout le temps comme ça même si on dirait que c’est le cas mais c’est parce que dans cette maison je me sais filmé H24 et que les candidats ne me connaissent pas assez pour que je commence à avoir une humeur de chien alors que je suis pas mal doué pour le coté : je ressens quedal et j’me marre tout le temps. Disons que j’ai accentué un aspect de ma personnalité au détriment de l’autre que j’ai eus tendance à cacher, parfois. « C'est quoi alors ? » Je soupire et je joue avec ma clope dans mes doigts, de la cendre tombe sur le sol, je la fixe un instant et puis je hausse les épaules. « Hm. La vie. » C’est vrai que j’ai pas tellement tendance à m’épancher sur mes problèmes personnels, j’ai pas envie de passer pour un faible que je ne suis pas. Je déteste ça d’ailleurs, les gens faibles, ils me saoulent. C’est pour ça que la présence de Raphaël me pèse parfois, mais lui c’est différent, je le vois un peu comme un exutoire. C’est horrible parce que c’est lui qui a besoin d’aide, pas moi. Bref, je demande à Branca pourquoi elle est ici. « Pour l'aventure humaine. » répond-elle, je fronce les sourcils un instant, pas convaincu de cette réponse. « Pour voir ce que ça pouvait donner, pour m'amuser... J'ai fait ça sur un coup de tête honnêtement. Et toi ? » Je lâche un petit rire. « Un peu pareil, sur un coup de tête, parce que c’était finit avec mon ex… Pour penser à autre chose. » Mon regard dévie de la jeune femme pour se poser sur ma clope, je l’observe un instant et tire une latte, encore.

J’aime pas trop l’attitude que j’adopte là, en ce moment, mais parfois on y peut rien ça vient tout seul et plus ça me saoule moins j’arriverai à arrêter de faire la gueule parce que même si j’essaie d’avoir un visage impassible je suis sur que ça se voit que j’fais un peu la gueule, au moins un petit peu quoi. Merde j’aurais du faire du théâtre en fait. « Je vois. Un cookie ? » Propose la candidate après que je lui eus répondu, je souris, reconnaissant qu’elle ne pose pas plus de questions et tend la main pour choper un cookie. « Merci. » Je fais avec un sourire avant de manger le cookie, alias le biscuit le plus délicieux de la planète. Après quoi on discute du pourquoi du comment on est ici. Un coup de tête, l’envie de s’amuser, nos raisons sont similaires. Enfin, presque. « C'est récent ? La rupture je veux dire. Et si tu veux que je la ferme, dis le aussi. » Je lâche un petit rire. « T’en fais pas. » Ca me gène pas de parler avec Branca, je sais qu’elle ira jamais trop loin dans ses questions, probablement parce que ça ne l’intéresse pas mais moi : ça m’arrange. « Plutôt, ouais, je dirais… Un mois et demi maintenant, ou deux mois, je sais pas exactement. » Déjà que ça fait un mois qu’on est ici, mais bon je tiens pas les comptes non plus je sais juste que plus les jours passent et plus ça va. Etre dans cet environnement m’aide, je pense, à ne plus y penser parce qu’il y a tellement de candidat et puis je me sens obligé de faire bonne figure devant les caméras du coup j’y pense moins.

Un blanc s'installe. Peut être que j'aurais dû me taire ? Mentir ? Pas sur que ce soit la meilleure des solutions, je ne suis pas un menteur et je pense tout de même que Branca apprécie la sincérité. « Je vois. » fait-elle simplement. Je tire une dernière fois sur ma clope et l'écrase sur le sol avant de m'allonger à coté d'elle, aplatissant les fleurs et herbes qui se trouvaient désormais sous moi. « Et c'était une relation longue ? » Plutôt, ouais, après ça dépend des gens mais je considère que 6 mois c'est assez long, surtout que je n'avais jamais vraiment été avec quelqu'un avant ça, disons que j'avais jamais ressenti le besoin de me mettre avec quelqu'un comme ça avait été le cas avec lui. « Hm 6 mois. Ca dépend des gens mais je pense que c'est plutôt long, ouais. » Fis-je simplement, en positionnant une main sous ma tête, l'autre reprends un cookie dans le paquet de Branca et je le mange en entier, en silence, avant de me reprendre. « Bref. Et toi pourquoi tu voulais être seule ? Et tu peux aussi me dire de la fermer si il le faut. » Je n'avais juste plus tellement envie de parler de moi et de cette rupture parce que non seulement je n'étais pas du genre à parler de ce genre de choses mais parce qu'en plus j'avais pas envie de saouler Branca.