flames just create us, burns don't heal like before ► 30/10 - 20:14

Arès

MARDI 30 OCTOBRE - 20H14
QUARTIER D'ARAGON - CONFESSIONNAL

Je ne sais pas trop ce que je fichais dans le coin. Je n'avais pas été convoqué par Cupidon - à quoi bon me confesser, je n'avais pas la parole -, et ne prévoyais pas non plus de buzzer dans la minute. Et pourtant je venais véritablement de pénétrer au sein de cette exiguë pièce, que l'on nomme confessionnal. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je ne m'y étais encore jamais rendu avant cela. Je n'étais pas de ceux qui se confiaient aisément sur leur aventure, et la production ne m'avait jusque là jamais véritablement porté de l'intérêt. Mais je m'en accommodais parfaitement ceci dit ! Entre nous je n'étais pas très à l'aise à l'idée de me retrouver sur un fauteuil, à devoir déblatérer au sujet de ceci, de cela, tout en ayant une caméra fixée sur moi, ne me capturant très certainement pas sous mon meilleur profil. Je n'avais donc, à priori, rien à faire dans ce confessionnal ce soir. Et pourtant, j'entrepris bientôt de prendre place sur le fauteuil face à l'écran. Aussi, je restais à l'écoute d'une éventuelle intervention de Cupidon, qui pourrait par exemple s'exclamer "Malik, veux-tu bien déguerpir de là en vitesse !". Ouh, en tout cas j'espérais que si intervention il devait y avoir, je ne serais pas pris par surprise. Je finis par me laisser doucement tomber contre le dossier du fauteuil, fermant les yeux un instant ou deux. Je rouvris aussitôt ces derniers en entendant, puis en voyant la porte s'ouvrir juste en face de moi. Arès fit son entrée dans la petite pièce à son tour. La vache, un peu plus et il n'y avait pas assez d'air pour que nous puissions tous deux respirer, tant les murs de cette pièce étaient étroits. Je me levai du fauteuil sur lequel je me trouvais assis jusque là, et esquissai un sourire. Mon intention était de demander à Arès s'il venait buzzer, s'il était convoqué ou si encore il devait assister à une confrontation - je faillis le faire d'ailleurs, mais je me rattrapai juste à temps, n'oubliant pas que j'étais interdit de toute prise de parole cette semaine. Alors je restai là, face à lui, muet. Et irrémédiablement, je me sentis bien bête. Comme lorsque vous êtes plantés à un endroit, immobile et hésitant, sans trouver quoi dire. Et bien moi je savais quoi dire, mais je ne pouvais justement pas le dire. Vous... saisissez le paradoxe ? Donc au final ça revenait un peu au même quoi, et n'enlevait par conséquent rien à l’embarrassas dans lequel me mettait cette situation.

J'ai comme le besoin fou de m'épancher. De parler à quelqu'un. Et comme visiblement personne n'est apte à m'écouter, que personne n'est présent, je me dirige là où je ne suis encore jamais allé. La cabane aux volets bleus. Je n'y ai jamais mis les pieds et l'idée ne m'a jamais traversé l'esprit. En fait, j'ai juste besoin d'être seul, un moment. De réfléchir. Tout ce bouscule dans ma tête et me provoque un mal de crâne affreux que je réussis pas à faire taire. J'ai opté pour les médicaments, en vain. J'aimerais qu'on m'écoute. Qu'on comprenne mon choix. Qu'on sache pourquoi j'ai choisis de tous nous mettre dans la même situation plutôt que de pénaliser seulement deux candidats. J'ai comme l'impression d'être le paria. Et si d'habitude je me fiche d'être montré du doigt, là, j'ai été touché. Dans mon orgueil. Je ne supporte pas que l'on puisse réfuter mes choix. Et qu'Elliot puisse le faire, également. Je me défends comme je le peux. J'essaie de montrer la meilleure part de moi-même pour finalement toujours finir contre un mûr. Ce jeu me détruit, j'ai l'impression. Voilà ce que j'ai en tête lorsque mes pas m’amènent jusqu'à la maison aux volets bleus. J'ai dans l'optique de tout raconter. D'essayer, même de demander une alternative à Cupidon. Que les candidats soient contents. Parce que j'ai encore l'impression de sentir leurs regard appuyés. Et ça me glace les os. Je deviens paranoïaque. J'ouvre avec délicatesse la porte du confessionnal. Je m'attends à être seul, à pouvoir m’épancher comme j'en ai envie et.. je tombe sur un Malik tout sourire, tout niais, incapable de parler. Il m'arrache un rire cristallin. Je ne me moque pas, loin de là. Je suis juste heureux de le retrouver. Sa présence me rassure en un sens. Tous ms maux s'envolent face à son sourire. Ils ne font pas le poids. Je lui souris à mon tour et même, parce que je suis sentimental, parce que je suis excessif. Et parce que tout ça me rend affreusement faiblard, je l'embrasse sur la joue. Je vois qu'il ouvre la bouche pour me parler puis se ravise. Je réfléchis un moment. Mes yeux se tintent de petites étoiles. J'ai trouvé une idée. J'attrape des feuilles de papier qui traînent là, un stylo et je lui tends. « On va pouvoir communiquer, comme ça. » je dis gaiement en m’asseyant près de lui. Il n'a pas la parole et j'ai besoin de m'épancher. Je pense d'abord à tout lui déballer. Puisqu'il ne peut pas répondre, il ne peut pas me m'arrêter. Mais je retiens les mots qui menacent de sortir. J'ai pas envie de l'emmerder avec mes histoire. A la rigueur, parler à une télé ne me dérange pas. La personne en face n'est pas obligée de m'écouter mais Malik si. « Pourquoi t'es là ? » je lui demande en lui désignant la feuille des yeux, qu'il puisse me répondre.

Je ne restai pas seul dans cette étroite pièce bien longtemps, puisque très vite j'y fus rejoins par Arès, candidat que j'affectionnais vraiment beaucoup. Lors de notre premier échange, le grand brun m'avait signifié que je lui faisais penser à son petit frère, un aveu qui n'avait pas manqué d'éperdument me toucher. J'aimais la compagnie d'Arès, et je regrettais que nous nous soyons plus ou moins perdus de vue pendant quelques semaines. C'est vrai il y a bien longtemps que nous ne nous étions étions pas retrouvés au même endroit et rien que tous les deux. Voilà pourquoi sa venue dans cette pièce ce soir me réjouissait. Mais encore fallait-il que nous puissions communiquer lui et moi, et dans la mesure où je me retrouvais muet pour les sept jours à venir, il allait y avoir comme un problème je pense. Néanmoins Arès me fit part d'une idée ingénieuse. Il entreprit de se saisir de diverses feuilles de papier posées dans un coin de la salle, ainsi que d'un stylo, puis il me remit le tout. J’agrippais la première feuille du tas, posant sur celle-ci un regard fasciné, subjugué. « On va pouvoir communiquer, comme ça. » Mes lèvres s'étirèrent en une large sourire. Moi qui avais peur de ne pas parvenir à communiquer avec Arès, ce dernier venait d'avoir là une très bonne idée, celle de correspondre via cette feuille de papier, que je tenais fermement dans mes mains. Lui pourrait faire usage de la parole, bien sûr, mais de mon côté cela me facilitait grandement la tâche. « Pourquoi t'es là ? » fis-il tout en me conviant à faire usage de la feuille, et du stylo, ce que je fis donc. Je retirai le capuchon du stylo, et me mis à écrire. L'occasion de remarquer que j'écrivais toujours aussi mal... mes lettres ressemblaient à des pattes de mouches. Quant à mon écriture, elle était penchée, toute de traviole - on aurait dit un gosse de primaire qui s'entrainait à reproduire l'alphabet, vraiment j'avais honte de ce que j'allais lui présenter. Alors heu, donc, oui ! Pourquoi j'étais ici, dans ce confessionnal, à sourire comme un abruti... Après avoir terminé d'écrire, je lui tendis la dite feuille.

"JE ME LE DEMANDAIS JUSTEMENT... QU'EST CE QUE JE FICHE ICI..."

Je rebouchai le stylo, arborant un large sourire. Heuuu. Non, ça n'allait pas. Aussi, je grimaçais bientôt et me saisis à nouveau de la feuille une fois qu'il eut pu lire ce que j'y avais écrit mais avant même qu'il ait pu dire quoi que ce soit. Ce que je venais d'écrire, justement, c'était nul. Déjà, ça ne répondait pas à sa question. Ensuite, ça allait me faire passer pour un crétin et vraiment, je n'avais pas besoin de ça, je me débrouillais très bien tout seul. Aussi, la feuille à nouveau en mains, je débouchai une nouvelle fois le stylo puis me remis à écrire. Une fois que ce fut fait, je mis la feuille entre ses mains, d'avantage satisfait cette fois-ci.

"ON VA DIRE QUE JE SUIS EN REPÉRAGE EN ATTENDANT MON PREMIER BUZZ.
ET TOI, POURQUOI T'ES LÀ ?"

Parce que lui non plus, il n'était certainement pas là par hasard. Et j'espérais d'ailleurs qu'une confrontation n'allait pas avoir lieu ici dans les prochaines minutes, parce que du coup je ferais comme qui dirait office d'élément perturbateur et indésirable en ce lieu. Si je n'avais rien à faire là, vraiment qu'il me le dise hein. La dernière chose que je souhaitais ce soir était bien de déranger qui que ce soit. Et encore moins Arès.

Malik a beau avoir perdu l'usage de la parole, il continue à me faire rire, sourire. Ses expressions du visage son adorables et la façon qu'il a d'ouvrir la bouche pour la refermer immédiatement en se souvenant que la parole lui est proscrite me fait d'avantage sourire qu'il ne ressemble à un poisson. J'ai comme l'impression de me parler à moi-même et finalement je trouve ça complètement ridicule. L'idée de m'épancher me paraît donc d'autant plus débile, à présent. J'ai néanmoins trouver la possibilité de communiquer à peu près convenablement avec Malik et ça m'enchante. Je ne nous voyais pas nous regarder en chiens de faïence ou lui poser des questions auxquelles il répondrait par oui ou non pendant une heure. Et le simple fait d'y penser me déprime. Malik et silence sont deux opposés selon moi. Qu'importe, je lui demande ce qu'il fait ici et il s'empresse de l'écrire. Je le vois hésiter, froncer les sourcils, gribouiller puis, me tendre la feuille. Je fronce les sourcils à mon tour et je comprends assez rapidement son hésitation quant à son écriture. C'est presque indéchiffrable. « Note pour plus tard, te donner des cours de CP pour apprendre à écrire. » je marmonne dans ma barbe sans même le regarder, un fin sourire au bouts des lèvres. Il m'arrache la feuille des mains insatisfait. Je me contente d'attendre sagement et je n'ai que ça à faire, de toute façon. Je lance un regard autour de moi, je détaille la salle et j'hausse les épaules. Elle n'a rien d'extraordinaire mais le buzzer est particulièrement attirant lui. Il me tend de nouveau la feuille que je m'empresse de déchiffrer. « T'as des vues sur quelqu'un en particulier ? » je lui demande l'air concerné comme si l'ambiance du lieu me donnait des aires de détective. Je lis la suite et puis, je me ferme un peu. Mon sourire disparaît. Je ne peux pas lui dire que je suis venu là pour parler de mes problèmes, aussi futiles soient-ils, c'est ridicule.. « En fait, j'étais venu pour raconter ma vie. » je dis simplement. Je n'ai pas besoin d'en dire plus, je pense qu'il comprendra. Puis je n'ai pas envie de détailler le pourquoi je suis ici en long, large et travers puisqu'à la base, si je suis là c'est pour parler à quelqu'un d'invisible afin de ne pas importuner les autres candidats..

Je dois dire que cette pille de feuilles et ce stylo tombait vraiment à pic. Moi qui craignais d'être contraint à regarder Arès dans le blanc des yeux sans qu'aucun véritable échange n'ait lieu, au final, nous allions pouvoir correspondre via ces copies. Ce qu'il voulu savoir, dans un premier temps, c'est ce que j'étais venu faire ici. Pendant que je lui rédigeais sur papier la réponse à sa question, Arès ne pu s'empêcher de faire une petite remarque sur ma façon d'écrire... semblable à celle d'un enfant de cinq ans. « Note pour plus tard, te donner des cours de CP pour apprendre à écrire. » Je retins un rire. Sérieusement ! Déjà que je complexais sur mon écriture, il ne m'aidait pas là. Bon bon, ce que je venais d'écrire ne me convenait pas. Alors je lui repris la feuille que je lui avais un instant plus tôt tendue. Pas de chichis entre nous, hein. Là ! C'était bien mieux ! Il avait donc l'occasion d'apprendre que j'étais ici en repérage, en quelque sorte, en attendant que je me décide enfin à déclencher cette alarme des secrets. « T'as des vues sur quelqu'un en particulier ? » Si vous saviez... Je n'avais pas tout de suite saisi le véritable sens de ses propos. Moi, ce que j'avais compris en fait, c'est "quelqu'un te plait ici ?"... Eh oui, 'des vues sur quelqu'un', avouez que cela pouvait quand même vachement porter à confusion. J'arborai donc un regard étonné, puis, le temps que ça monte au cerveau, je ne tardai pas à esquisser un sourire, réalisant mon idiotie. Ce qu'il voulait savoir en fait, c'est si j'avais des pistes concernant les secrets de certains candidats... Et la réponse était oui, incontestablement. Il m'importait aussi de savoir ce que lui pouvait bien faire ici. Je le lui demandai donc, toujours via cette feuille de papier, et il ne tarda pas à me répondre. « En fait, j'étais venu pour raconter ma vie. » Raconter sa vie, hm... à la caméra sans doute, se confier quoi. Je n'en ressentais jamais le besoin étrangement, mais sans doute Arès avait-il certaines choses sur le cœur, des choses qu'il avait besoin de dire, d'exprimer, de faire sortir. Je m'empressai donc d'écrire à nouveau, afin de répondre à sa question, mais pas que.

"POUR TOUT TE DIRE OUI... CERTAINS INDICES S’AVÈRENT D'UNE GRANDE AIDE.

ET... N’HÉSITE PAS À M'EN PARLER SI TU PENSES QUE CELA PEUT TE SOULAGER."

Finir sur le podium des tops lors des primes me rapportait tout de même de sacrés avantages. Ah c'est sûr que je n'allais clairement pas cracher dessus, même si je ne saisissais toujours pas le système qui déterminait la place de tel ou tel candidat des ces classements. Bref. Pour ce qui était de ses éventuelles confessions, j'étais réellement disposé à les entendre. Aussi, il ne risquait pas d'avoir droit à un quelconque commentaire puisque je demeurais encore et toujours muet. Mais je n'allais pas non plus le forcer à m'en parler, ah non, ça ne risquait pas. Cela devait venir de lui, il devait en avoir envie. Aussi, je n'étais peut-être pas quelqu'un à qui les autres aimaient se confier. Je crois que j'étais constamment à l'écoute de mon prochain, mais peut-être cela ne se ressentait tout simplement pas.

Je suis bien content d'être tombé sur Malik, en définitive. Plus j'y pense et moins je n'arrive à m'imaginer, m'épanchant sur des détails futiles de mon aventure. Et je vois déjà les producteurs se foutre de ma gueule derrière l'écran sur lequel je jette un coup d'oeil rapide et me tourner en dérision. Et ils auraient tord de s'en priver, au final. Quoi de mieux pour un buzz que de montrer un candidat aux cernes immenses parler de problèmes ridicules tandis que des gens crèvent de faim à quelques kilomètres de nous ? Je passerais certainement pour la dernière des ordures, pour le petit gosse de riche en mal d'amour, en trop plein de thunes. Et ce n'est décidément pas l'image que je souhaite montrer au public. Je n'ai pas conscience de ce que je peux renvoyer. De ce que la production daigne montrer. Puis je me dis que si je suis encore là aujourd'hui, c'est qu'il y a une raison. Et je me plaît à penser que je suis un temps soit peur apprécier. Ca me réchauffe le coeur quand les regards oppressants des candidats me reviennent en tête. Malik me sourit d'une façon qui me redonne du baume au coeur. Tous mes soucis s'envolent en un soupire de satisfaction lorsque je trouve le moyen de communiquer le plus simple à mon sens. Lui tendre du papier et un style afin que l'on puisse se parler presque normalement. Garder le silence une semaine, je n'ose pas imaginer. Parfois les mots passent la barrière de mes lèvres sans que je ne puisse les en empêcher. Je suis comme ça, excessif et trop prompt à la parole. Je déballe des mots aussi vite que Lucky Luke ne déballe son arme. En ce sens, Malik est assez proche de mon caractère et je me surprends à être jaloux et admiratif de sa façon de se taire, bien que parfois, il lui arrive d'ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt - geste qui soit dit en passant m'arrache un petit rire niais. Il est concentré à chaque fois que son stylo foule le papier en un petit bruit gratté agréable. J'aime ce bruit de plume sur du papier. Et j'aimerais que ma plume foule avec beaucoup plus de faciliter ce papier qui me nargue. J'aimerais écrire, un long roman. Les idées ne manquent pas d'assaillir mon esprit et ce sont les mots qui me font défaut. La façon avec laquelle je les range n'est pas la plus belle ni même la meilleure. Et je crains de ne jamais réussir à aligner deux phrases sans que la feuille ne finisse sur le plancher. Jamais un éditeur n'appréciera mes écrits, j'en suis quasiment convaincu. Et ce n'est pas la modestie qui parle, c'est la raison. Malik me tend son papier avec un grand sourire que je lui retourne. Je ne peux pas m'en empêcher. Son visage me donne le sourire. Sa joie de vivre par la même occasion. « Tu mérites d'y arriver. » je réponds d'une voix enjouée. J'aimerais lui demander qui sont ou qui est le ou les candidats sur lesquels il a des vues, mais je me tais. Je ne sais pas si nous sommes en mesure de pouvoir en parler et je ne voudrais pas nous mettre en danger pour quelques paroles sorties trop vite de ma bouche. Et puis, je secoue la tête d'une moue rêveuse. Je n'ai pas envie de l'embêter avec des soucis aussi futiles soient-ils.« Oh non j'ai.. j'ai juste l'impression d'en avoir déçu plus d'un dimanche. C'est immature mais ça me frustre qu'on puisse me penser égoïste. » je laisse quand même échapper cette phrase. Parce que j'ai tout de même besoin de parler. De savoir ce qu'on pense de moi. Je sais pertinemment que Malik ne sera pas désagréable, il n'est pas celui que je vise. Et je me sens tout à coup très con. Gêné d'avoir osé prononcé ces mots. Tel un enfant, allez, un adolescent que l'on renie.

Après être resté un instant dubitatif quant au sens de sa question, je compris qu'Arès se demandait tout simplement si j'avais des pistes sur les secrets de certains candidats. Décrétant qu'il ne s'agissait pas là d'une information confidentielle et qu'il était encore moins question d'un secret d'état, je lui fis savoir que certains des indices que la production m'avait fait parvenir s’avéraient utiles. Enfin, je n'étais pas non plus à deux doigts de trouver un secret, rassurez-vous, ou peut-être bien que si mais dans ce cas je n'en savais rien. Car dans mon esprit, je n'avais jamais que des idées en vrac, rien de bien concret, et si je devais buzzer prochainement je ne saurais même pas certain de pouvoir servir des arguments qui puissent tenir la route. Mais j'étais aussi ici pour jouer, pour mener une chasse aux secrets active, et me montrer persévérant. Pas sûr que la persévérance suffise dans mon cas, mais qui ne tente rien n'a rien. « Tu mérites d'y arriver. » Mon sourire vint s'élargir. Comme il était gentil, je ne méritais pas tant de bienveillance. Je ne considérais néanmoins pas bien grandes mes chances de percer à jour mes camarades, ou ne serait-ce qu'un seul. Parce que je ne me trouvais pas doté, comme d'autres, d'une grande perspicacité. Aussi, je n'étais pas apte à lire en eux comme dans un livre ouvert, alors que j'avais pu constater que certains candidats parvenaient à lire en moi. Sans même s'en rendre compte parfois. Et puis il fallait être lucide, ici, il n'y avait vraiment que moi pour laisser d'évidents indices sur mon secret. Les autres se montraient bien plus méfiants, bien moins imprudents que je ne l'étais moi dans ce nid, et depuis mon arrivée. Quant à Arès, il me signifia être venu dans cette petite pièce pour "raconter sa vie". Il semblait donc avoir le besoin de se confier, alors je me proposais comme interlocuteur, des fois que l'envie de m'en parler se fasse ressentir. Oh je ne me faisais pas d'illusions non plus, je me doutais bien que je n'étais pas la personne à qui l'on avait spontanément envie de se confier. C'est alors qu'il reprit. « Oh non j'ai.. j'ai juste l'impression d'en avoir déçu plus d'un dimanche. C'est immature mais ça me frustre qu'on puisse me penser égoïste. » Je fronçai légèrement les sourcils ; qui avait pu insinuer une telle chose ? Ça n'avait aucun sens ! Arès, égoïste ? Et Cupidon n'était pas un ange, pendant qu'on y est ? Franchement, cela me révulsait d'apprendre que certains candidats avaient oser le traiter comme tel. Tout ça pour quoi ? Pour une soirée dans les champs à laquelle monsieur n'avait pas participé ? Et ça ne leur avait pas un instant effleuré l'esprit que peut-être il n'avait pas saisi que cela reviendrait à nous exiler dehors pendant qu'il prendrait possession du nid, et plus particulièrement d'une chambre secrète, lors de son dilemme ? Je soupirai, avant de me saisir à nouveau de la feuille sur laquelle je me remis à écrire à nouveau. Je la lui tendis ensuite, esquissant un mince sourire au passage.

"CEUX QUI TE PENSENT ÉGOÏSTE NE TE CONNAISSENT DÉCIDÉMENT PAS. MOI JE SAIS QUE TU NE L'ES PAS, ET QUE TU N'AS PAS D'ABORD PENSÉ À TOI. D'AILLEURS SI TU VEUX TOUT SAVOIR, JE PENSAIS QUE TON TÊTE-À-TÊTE AVEC ELLIOT AURAIT LIEU UN AUTRE SOIR, ET QUE TU PARTICIPERAIS À CETTE VIRÉE EN EXTÉRIEUR AVEC NOUS AUTRES. MAIS CESSE DE TE TRACASSER AVEC CA, JE TENDS À PENSER QUE TU N'AS DÉÇU PERSONNE."

Je ne sais pas si c'était un soucis de compréhension, si la production ne s'était pas montrée suffisamment claire dimanche ou si j'étais tout simplement débile. Ce qu'Arès devait savoir en tout cas - je ne sais pas si cela importerait à ses yeux mais voilà -, c'est que moi il ne m'avait aucunement déçu. Non, pas le moins du monde. Il n'était pas de ceux qui prenaient plaisir à envoyer leurs camarades passer une nuit dans un champ sous un froid de gueux pour se retrouver seul dans une chambre avec une jolie demoiselle. Arès n'était pas de ce genre-là, je le savais, et je n'en avais jamais douté. Pas un instant. Alors qu'on puisse le penser égoïste, je ne comprenais tout simplement pas. Parce que lui aussi, sans doute, n'avait pas compris, lui aussi s'était peut-être trouvé dans la même incompréhension que moi dimanche. Et ça n'était pas une raison pour insinuer qu'il ne pensait qu'à son bien-être, parce qu'une telle chose ne lui ressemblait tout simplement pas.

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