Je brave le froid. Je me surprends à enfiler un maillot de bain, un jean et un pull et sortir en direction des thermes. Je n'y ai pas mis les pieds depuis un moment. Et mes mains congelées par la bise d'automne réclament de l'eau chaude. Je souris à l'idée de me délecter dans ce bain d'eau chaude. De savourer ce moment de solitude. J'ai même emporter un bouquin. Un Zola que j'ai déjà lu mais qui me fait toujours autant d'effet. Cette Thérèse Raquin. Ce bouquin, cette histoire ne m'ont pas laissé indemne. Mes vêtements tombent sur le sol rapidement. Il fait froid, le vent me fait frissonner. Je serre les dents pour me donner du courage et je plonge quasiment dans le bain d'eau chaude afin de me réchauffer rapidement. J'y entre presque tout entier, jusqu'à ce que l'eau atteigne mon nez. La chaleur détend mes muscles. Je me sentirais presque revivre. Un léger sourire naît sur mes lèvres. J'attends quelques instants et puis, j'essuye mes mains et attrape Raquin qui traîne non loin de là. Le livre pue le vieux et j'adore ça. Finalement, mon élément est peut-être là dedans. Dans les vieilleries, les bibliothèques. Plus que les langues, je veux tout savoir sur la littérature française. Comme un patriote. Le style de Zola est lourd, soporifique parfois mais poignant. Mes yeux terminent le premier chapitre quand Candace se matérialise près de moi. Je lui souris tendrement, comme complètement groggy par l'eau presque bouillante qui détend chaque parcelle de mon corps. « Tu m'rejoins ? » je lui demande d'un ton extra doux.

Il fait froid alors par conséquent, j'ai envie de chaleur, c'est logique. C'est une réaction totalement humaine, et par chance, on a l'occasion de profiter des joies des thermes. Je ne me fais pas prier pour enfiler un maillot de bain corail. J'enfile un sweat à capuche gris clair et un jeans par dessus. Il fait si froid que je suis impatiente d'immerger mon corps dans l'eau bouillante. La possibilité d'être seule ne me dérange pas particulièrement, je n'ai rien pris pour m'occuper mais ce n'est pas grave. Et puis la chance de ne croiser personne là-bas est quand même minime, ce que je constate rapidement puisque Arès est déjà sur les lieux, il semble être entrain de lire. J'hésite un instant, je sais pas si je devrais rester ou non, puis finalement il me remarque et me souris. Il a ce même sourire doux que lorsqu'on s'est rencontré pour la première fois. Je lui rends son sourire. « Oui avec plaisir... » Et puis finalement, je me mets à me déshabiller, je dispose le tout sur le sol et descends dans l'eau. Je me sens renaître dans cette eau bouillante, j'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau. La différence de température est saisissante alors j'y vais par étape. J'arrive finalement à sa hauteur, et comme j'ai attaché mes cheveux en un chignon totalement déstructuré ils ne trempent pas dans l'eau. « Qu'est-ce que tu lis ? » C'est vrai que je pourrais me pencher afin de lire le titre sur la couverture, mais c'est toujours plus agréable de demander et de se faire compter l'histoire. Je ne cesse de lui sourire, à croire que sa douceur est contagieuse. J'attends qu'il me réponde avant d'enchaîner sur autre chose. « Qu'est-ce qui te plait chez Elliot ? » Je demande d'une voix particulière douce. Je ne la connais pas du tout, alors du coup ce n'est pas une critique, ou un jugement, c'est une réponse qui m'intéresse. C'est toujours intéressant de connaître une personne à travers le regard de la personne qui l'apprécie le plus. Il n'est pas obligé de me répondre s'il ne le souhaite pas de toute façon.

Il me donne le titre de son livre, je fais la grimace. Non, ça ne me dit rien, peut être que je connais la version Américaine mais j'en doute. « Non, mais je ne suis pas fan de Zola de toute façon. » Je suis plutôt bon public lorsqu'il s'agit de littérature, j'ai lu beaucoup mais je n'ai jamais vraiment accroché à son style. Il me montre le livre en question et non, ça ne me dit rien du tout. et le fait qu'il soit en français n'est pas vraiment handicapant, je lis mieux le français que je ne le parle, c'est logique de toute façon. « Mais je lis très bien le français. » J'ajoute finalement pas qu'il pense que je ne pourrais pas le lire si j'en avais l'occasion, j'adore me perdre dans la bibliothèque et prendre un ouvrage au hasard et le lire. Ca ne m'est pas arrivé depuis un moment d'ailleurs, il faudrait que je songe à m'y remettre. Et puis, je change totalement de sujet alors que je suis maintenant immergé jusqu'au cou. Elle concerne Elliot, parce que les relations humaines me fascinent, j'aime pouvoir comprendre ce qu'il se passe dans la tête des autres, je n'arriverais pas à l'expliquer mais c'est une sorte de besoin. Il me répond, et je bois ses paroles. Je comprends tout à fait ce qu'il veut dire et à mesure qu'il parle, un sourire se dessine sur mon visage. Ça ressemble énormément à une certaine addiction à l'autre, une addiction que je connais sur le bout des doigts. Je ne parlerais pas d'amour parce que à mon sens, ce sont deux choses dissociable et je pense qu'ils sont dans une phase addictive pour le moment. D'ailleurs c'est à son tour de m'interroger. Et d'ailleurs c'est l'un des premiers à me poser des questions sur mon couple, c'est presque étrange finalement. « Et bien, on s'est connu par le biais de mon père, c'était son avocat. On ne sortait pas vraiment ensemble, on se voyait assez régulièrement, pour le travail entre autre. Et puis parce que j'étais super jeune, il l'était nettement moins. On s'est rapproché, on est vu plus souvent, pour baiser, essentiellement. On ne voulait rien de sérieux ni l'un ni l'autre. Et puis un soir il alors que j'étais censé lui apporter un papier par le biais de mon père, il organisait une soirée avec des amis, je suis restée. Et il y avait cette fille que ses amis avaient invité pour lui. Elle a passé la soirée à le coller et ça m'a profondément agacé. Les amis sont partis, je suis restée, et c'est là que j'ai su que je voulais plus. C'était lui et personne d'autre. Six mois plus tard on se mariait. Et ça fait sept ans que ça dure... » Je n'ai jamais vraiment parlé de ça à personne, je ne parle jamais de moi. Mais il a été honnête avec moi, je lui devais bien ça.