WADE

Mains dans les poches, j'arpentais les ruelles de la petite ville qu'était le nid d'amour. Cela faisait maintenant quelques semaines, voire même presque deux mois que je vivais jour après jour au rythme du bon vouloir de Cupidon. La vérité est que je ne voyais plus le temps passer, je n'avais même plus conscience du faire d'un jour ou l'autre, je pourrais très bien en venir à quitter le jeu. Non, je ne réalisais pas que la moindre faiblesse pouvait directement m'indiquer la porte de sortie. Et je l'avais bel et bien remarqué lorsqu'au dernier prime, aucun habitant n'avait fait un pas vers moi, j'avais ainsi passé la soirée seul, à regarder le temps s'écouler, les heures défiles, les questions être prononcées. Bien entendu, je n'étais clairement pas le candidat le plus sociable, et malgré les estimations de chaque semaines, je ne pensais clairement pas être un des candidats les plus appréciés non plus, pour tout vous dire, j'étais même certain de sortir cette semaine ou les suivantes. Mais cela m'allait tout aussi bien, j'étais là pour jouer, et perdre n'était qu'un des débouchés de cette aventure, défaite que j'accepterai sans broncher, n'étant clairement pas un mauvais joueur. Cependant il y avait encore pleins de choses que je n'avais pas faite, pleins de petits détails auxquels je n'avais pas fait attention, pleins de personnes avec qui je n'avais pas réellement appris à connaître. Et c'est alors que j'entrais dans l'épicerie que j'en croisais l'un d'eux, Wade. C'était un des derniers entrés, j'aurais pu l'appeler "nouveau" mais je n'aimais pas ce terme, il était bancal et inapproprié puisqu'il était déjà tout à fait bien intégré. Une approche... Hum... Réfléchissons. Faisant balancer une tomate d'une main à une autre, je cherchais alors un moyen d'engager la conversation. Oui, je n'étais pas forcément doué pour ça, et finalement, c'est une idée tout à fait stupide qui dicta mes pas, puisque la tomate ne tardait pas à s'écraser sur la -maintenant magnifique- chevelure du candidat. Il ne tarda d'ailleurs pas à se retourner pour lancer un regard dans ma direction. Regard que j'esquivais, surpris, comme si je n'avais rien fait, me tournant à mon tour pour voir si il ne fixait pas quelqu'un d'autre... Mais personne. « Hum... C'était un furet. » en conclus-je, comme une évidence. « Taille moyenne, casquette sur la tête et regard de tueur et... » et... « Et c'est le moment où j'dois commencer à courir, non ? » oh bah, allez savoir.

J'vous jure, les furets de nos temps, c'est vraiment une salle espèce. Ou presque. Non, en fait je n'avais jamais vraiment vu de furet de ma vie, mais vous voyez, l'idée était là... La tomate coulait lentement sur le visage du jeune homme, redessinant par exemple l'arrête de son nez, et le pire, c'est que je n'étais même pas sûr qu'il en avait totalement conscience. « Pourquoi tu devrais courir ? Tu n’as rien à te reprocher non ? » bien oui, c'était évident. j'étais aussi innocent que le petit Jésus lui même. Bien qu'au fond, j'étais presque sûr que celui ci était un vrai dépravé, sinon il n'aurait jamais été crucifié. Et par là je n'entendais bien évidemment pas que Wade allait me faire subir le même sort, non, je ne le méritais il me semble pas. Oui, je sais, je cassais en ce moment l'image du mec mystérieux et calme, mais parfois, j'avais simplement besoin de m'amuser, après tout j'étais jeune, vingt deux ans, c'était un pas de plus vers la dépravation, ou presque... « Il est parti par où le salaud ? » Attendez... Il ne croyait tout de même pas à cette histoire, si ? Ouais, peut-être s'était-il déjà fait agressé par un furet, je ne juge pas... Naïvement, je tendais la main vers ma droite, désignant la sortie, ouais, histoire qu'il lui court après, sauf que bien... « Vengeeeeeeeence ! » Sauf que je me voyais écraser un oeuf sur le haut du crâne. S'attaquer à un innocent, tss, il allait le payer. Une moue faussement choqué se dessina alors sur mon visage « Voilà, je crois qu’on est quitte maintenant » « J'crois pas non. » lâchais-je en attrapant à mon tour un paquet d'oeuf, et commençant à le bombarder. « Tiens mange, être inférieur, hahahaha ! » ouais bon. Aucun commentaire.