dagga

J'avoue avoir été surpris lors de mon entrée dans ce jeu. Déjà, parce que j'ai été pris. Et de deux, parce que dans les précédentes éditions de ce jeu, l'action se passait dans un château, ou bien une ville. Mais pas dans un village français où tous les souvenirs des habitants d'autrefois ont été laissés là, comme ça, dans les petites maisons ou autres. J'avouerai que j'aurai préféré vivre dans ces châteaux, parce que bon. Les trucs historiques, tout ça, c'est pas mon truc. Faut dire que je suis jeune, aussi. Les jeunes, ça aime faire la fête, et puis jouer à faire le con. Et puis vivre dans des châteaux aussi. Mais bon, j'imagine qu'on ne peut pas tout avoir. Cependant, je peux tout de même noter quelques endroits qui me plaisent tout particulièrement. Je préviens tout de suite, les champs n'en font pas parti. Soyons clair : la nuit, là bas, suite au dilemme d'Arès, elle m'a saoulée, okay. Y avait plein d'animaux, ça me grattait de partout, bref, une véritable horreur. Mais c'est pour ça que j'ai décidé, aujourd'hui, d'aller y faire un tour ; pour essayer de renouer le contact avec ce lieu. Ouais, je suis taré, j'sais, mais bon c'est la vie. Je me dirige vers l'endroit en question, sautillant presque à l'idée de me rouler dans les champs de lavande. Oui, je me roule dans de la lavande. Comme quand je me roule dans le sable, ou bien comme je me roule dans mes couettes. Okay, rien à voir, je sais. Sur mon chemin, je croise celui de Dagga. Elle va quelque part, sans doutes. Est-ce que je m'en fous ? Très probablement. Alors je fourre mon bras derrière sa nuque, souriant. Elle et moi, on ne se connait pas tant que ça. Mais j'estime que si elle garde mon sweat, alors elle et moi on devrait apprendre à se connaitre davantage. En plus, je suis sur qu'elle ne mord pas. Remarque, moi non plus. Du coup on aura une conversation de deux petits agneaux très gentils discutant du beau temps. Enfin, du beau temps, c'est un blague, évidemment. Je l'embarque un peu avec moi, mais doucement ; je n'ai jamais été quelqu'un de violent, de toutes façons. On arrive très rapidement aux champs. « Je vais te décorer avec de la lavande. » Elle ne peut être que plus jolie après ça.

En début de semaine, j’ai désactivé mon cerveau. Il ne fait que me fourrer dans des ennuis pas possibles, des situations inextricables, et j’aimerais qu’il s’en abstienne, qu’il aille voir ailleurs si j’y suis ou je ne sais quoi. J’en ai marre de toujours trop réfléchir à trop de choses, et j’ai juste envie de, pour une fois, me laisser porter par les évènements. Après tout, le cadre fait que je ne devrais pas avoir à me prendre la tête pour des détails ; si, dans la vie réelle, je dois faire gaffe à ce que je fais car les conséquences, bien réelles, l’obligent, il en est tout autrement ici. C’est avec cette idée en tête que je pointe le bout de mon nez à l’extérieur, escomptant bien me laisser guider par mes pas, leur lâcher la bride et les autoriser à aller là où bon leur semble – je leur abandonne tout contrôle alors c’est le moment pour eux de profiter. J’avise Dani qui vient dans ma direction. Après tout, pourquoi pas ? S’il y a bien quelqu’un avec qui je n’ai pas à me forcer à réfléchir, c’est quand même bien Dani. Même si, justement, il aurait peut-être mieux valu que je réfléchisse ne serait-ce qu’un tout petit peu lors de nos précédentes entrevues, ce qui aurait pu m’éviter de lui raconter que j’avais eu un cancer des ovaires. J’attendais toujours le bon moment pour lui avouer que ce n’était absolument pas le cas, mais le moment en question faisait le frileux et refusait de se montrer. À la limite, c’est qu’un petit mensonge insignifiant, je devrais peut-être passer à autre chose. Il m’embarque avec lui. Je ne résiste pas. Pourquoi le ferais-je ? Le but de l’opération est de me laisser porter par les évènements, pas de me braquer à tout instant comme je peux le faire parfois. De surcroît, nous nous dirigeons vers les champs de ce que je peux en voir, alors je vois pas trop ce que je devrais craindre – s’il m’avait entraîné vers les souterrains je dis pas, mais là… « Je vais te décorer avec de la lavande. » Je fronce le nez, un peu perplexe. Il compte s’y prendre comment, exactement ? Mais je me laisse porter par les évènements, n’est-ce pas ? Se faire recouvrir de lavande est un évènement comme un autre. « Ok. Je peux te décorer aussi ? » je propose avec douceur en m’accroupissant pour jouer avec les brins de lavande. « Comment on va sentir trop bon après, les autres ils vont être trop jaloux. »