Mon ventre crie famine. Des crampes pointent le bout de leur nez. Je crois n'avoir fait aucun repas correct depuis mon entrée dans le jeu. Pourtant, j'ai l'habitude de faire - un peu - à manger pour mon frère. Je m'en suis occupé lorsqu'il marchait encore à quatre pattes. Et j'ai dû me débrouillé comme je le pouvais pour nous faire survivre. Si, au début, mes plats se révélaient plus carbonisés que mangeables, à la longue, j'avoue m'être plutôt bien débrouillé. Et même, il m'est arrivé de songer à me reconvertir et devenir comis de cuisine.. ou cuisinier. J'aurais peut-être dû m'orienter vers un dîné presque parfait ou master chef plutôt que Fake Lover. C'est pourquoi, après avoir scrupuleusement fait mes courses à l'épicerie, en bavant quelques secondes sur un pot de nutella avant de me raviser pour des tomates, de la viande hachée etc, et des spaghetti. J'enfile un tablier, comme un pro et je commence ma mixture. Les spaghetti bolognaise, facile. Je devais certainement en faire deux fois par semaine, avant. Avant de me nourrir dans des restaurants chics, préférant goûter aux spécialités du pays où je séjournais. Quoiqu'il en soit, je n'ai pas perdu le coup de main et j'en suis ravit. Le léger sourire qui flotte sur mon visage le confirme tandis que la radio placée près de moi crache une chanson en italien que je fredonne de ma voix grave et rauque très fausse. Je coupe les oignons, les quelques herbes, je fais cuir la viande à la poêle, j'y ajoute la sauce tomate, le tout en cuisant les spaghetti. Je salive d'avance tandis que dans mon dos, une paire d'yeux me scrute. Cette sensation oppressante d'être épié est désagrable. Je pense d'abord que ce sont les caméras auxquelles je ne m’habituerai certainement jamais et puis, je me retourne finalement et tombe, nez à nez - c'est le cas de le dire tant il est près de moi - avec Wade. Je ne sursaute pas. Je ne crie pas. Mais mes yeux traduisent l'horreur de cette vision. « T'as faillis te prendre une poêle brûlante et pleine de bolognaise dans le gueule. » je lui dis des plus calmes et sérieux, ma poêle à la main. Eh, habitudes de défense.

J'ai failli le brûler. Et si, sur le coup, cette éventualité m'amuse, je ne suis pas certain que sur le long terme ce soit réellement si drôle. J'affiche néanmoins un sourire mutin, après que mes yeux se soient arrondis de stupeur, et je repose la poêle sur le feu. C'est là qu'était sa place initiale et la bolognaise est sensée cuir encore un petit moment. Nos estomacs sont en symbiose, ils crient au même moment, m'arrachant un léger rire cristallin. « Pauvre petit chou. Tonton Arès va bien s'occuper de ton estomac, tu verras. » j'adopte une voix des plus adorable et même, je m'autorise à lui tapoter la cime du crâne tendrement. Puis j'attrape sa joue que je malaxe comme le faisait ma grand-mère lorsque j'étais plus petit - j'éviterai de dire qu'elle le fait encore maintenant - et qui m'arrachait un grognement de désespoirs. « Oui au pire, un peu de chirurgie faciale t'aurait sauvé la mise. Mais ma bolo.. » La faim me fait dire n'importe quoi. J'hausse les épaule, j'attrape une spatule et je remue une dernière fois les spaghetti presque prêts. J'en attrape un à l'aide de la dite spatule et je le tend à Weed pour qu'il le goûte. « Dis-moi si la cuisson te convient. » C'est une façon comme une autre d’acquiescer. Oui, il y en aura pour lui, s'il est sage. De toute façon, je ne peux qu'accepter, il m'a filer un bout de son sandwich la dernière fois. C'est un peu comme un prêté pour un rendu. Et puis, j'attrape une cuillère que je trempe dans la sauce et de la même façon, je la lui fait goûter. Bon, avant, je souffle un peu dessus parce que comme je le vois, il risque de sauter dessus et se brûler la langue.