J'écoute du piaf depuis un moment, cette chanteuse est dépressive au possible. Cet état d'esprit me semble adéquat pour une après-midi telle que celle-ci. J'ai sortie le tourne disque, j'ai disposé une rallonge et j'ai poussé le son au maximum. Je fume cigarette sur cigarette alors que j'écoute la discographie de celle que l'on appelait la môme. Il fait frais, pour ne pas dire froid malgré le soleil qui brille au dessus de ma tête. J'aime cette sensation, le froid qui vous fouette le visage, qui vous saisi au point de vous laisser des traces rougeâtres sur le visage. J'aime l'automne au même titre que l'hiver puisque j'aime l'allure que j'ai avec des bottes en cuir, porter un manteau également. Et tant mieux puisque si on considère qu'il fait relativement froid à Denver l'hiver. J'ai enfilé une veste de cuir, un perfecto griffé par dessus une robe de laine, j'ai des botes de cuirs marrons, mes jambes sont croisées les unes sur les autres. J'écoute les paroles avec une certaine intention et décèle énormément de tristesses dans ces textes. Je comprends le français mieux que je ne le parle, je ne suis pas certaine d'être encore capable de le parler finalement. Je ne sais pas quelle chanson passe, je ne la connais pas mais elle me rappelle très bien cette époque qui a vu l'âge d'or du village. Je suis assise sur la fontaine, alors que du bout des doigts je caresse l'eau. Je relève la tête et ne tarde pas à apercevoir Raphaël qui marche en direction du bistrot. « Raphaël ! » Je l'interpelle et l'invite à me rejoindre. J'ai l'impression qu'on ne fait que se croiser, qu'on passe notre temps à se croiser, on ne parle jamais l'un avec l'autre. Et je n'ai même pas eu l'occasion de lui parler après la découverte de son secret. Il a été rapidement assaillit par les autres candidats alors je suis partie, et depuis dimanche je dors avec Callan alors on ne se croise même pas le soir. Je lui adresse un sourire lorsqu'il arrive à ma hauteur, je baisse un peu le son du tourne-disque. « Est-ce que ça va ? »

Il faisait un vrai froid de gueux en ce mercredi après-midi. Bon d'accord, Raphaël était un peu frileux de nature, alors il sortait bien souvent la doudoune pas dix degrés, mais tout de même, il fallait bien reconnaitre que les températures ne montaient pas très haut en ce milieu de semaine, et que le vent qui se faisait ressentir était lui même assez froid. Autant dire qu'il en fallut bien peu pour que le jeune homme s'emmitoufle dans un gros manteau qui, en dehors du fait qu'il soit remarquablement laid, était à la fois confortable et réchauffant. Un peu plus et le concept de la beauté intérieure se prêtait audit manteau, hm. Quoi qu'il en soit, c'est pensif que le jeune homme entreprit de se balader en extérieur, se demandant bien vite s'il n'aurait tout de même pas été préférable qu'il se couvre également d'une chaude écharpe, histoire d'éviter d'attraper froid à la nuque et ainsi de tomber malade. Mais bien évidemment, il n'y pensa qu'une fois dehors, et vu qu'il avait longtemps débattu avec lui même avant de trouver le courage de sortir pas ce temps, il va de soi qu'il serait particulièrement suicidaire de retourner à l'intérieur. Alors tant pis, c'est démuni de la moindre écharpe qu'il affronta le froid, marchant au centre du village, prenant bientôt la direction du bistrot, histoire d'aller bien vite se mettre au chaud. Mais c'est à ce moment là qu'il entendit quelqu'un crier son prénom, à moins bien sûr qu'un autre candidat se nomme Raphaël, mais il lui semblait fort probable qu'il soit le seul, hm. Brusquement, le jeune homme se retourna donc et ne tarda pas à apercevoir Candace, assise un peu plus loin, elle aussi plutôt chaudement habillée, et visiblement en train d'écouter quelque chose au tourne-disque. De là où il était, les sons n'étaient pas tellement perceptibles. Mais lorsqu'il s'approcha, le suisse reconnut rapidement un morceau d'Edith Piaf, une chanteuse qu'il avait toujours beaucoup admirée. Lui qui en plus parlait parfaitement français comprenait toute la détresse des textes de ses chansons. Il se laissa émouvoir un court instant, nostalgique, avant de déposer son regard sur Candace, aux cotés de qui il ne tarda pas à s'assoir. « Je vais bien » annonça-t-il en souriant, d'une douce voix. « Et toi, comment vas-tu ? » chercha-t-il aussitôt à savoir. Il appréciait beaucoup Candace, même s'il avait l'impression de la fréquenter trop peu. Raphaël supposait qu'elle préférait s'entourer davantage de son mari, ce qu'il pouvait tout à fait comprendre, quand lui même passait beaucoup de temps avec d'autres candidats. « J'aime énormément les chansons d'Edith Piaf. Elles te touchent, toi aussi ? » Il n'était pas certain qu'elle comprenne le français, mais leur simple mélodie pouvait lui plaire, après tout. Lui, c'était tout un ensemble qui le ravissait. Sa mère avait toujours été fan d'Edith Piaf. Elle lui avait donné goût à cet univers musical.