La Suisse lui manquait. Raphaël n'aurait jamais cru avoir à se dire ça un jour, étant donné qu'il y avait globalement vécu de sombres et douloureux moments, mais c'était un fait, la Suisse lui manquait. Il était après tout bien connu pour être un nostalgique dans l'âme. Généralement, le jeune homme regrettait ce qu'il avait connu et enviait ce à quoi il n'avait jamais pu accéder. Alors présentement, il regrettait les années qu'il avait passé en Suisse, et enviait ceux qui avaient vécu une enfance beaucoup plus enjouée que la sienne, notamment dans ce genre d'endroits, au sein de ce genre de lieux. Car le grand brun se trouvait présentement au beau milieu de la fête foraine abandonnée. Qu'y faisait-il ? Assurément pas grand chose. Disons qu'il se contentait pour le moment de laisser son regard détailler avec précision les différents manèges, les différents stands. Il semblait retomber en enfance. Non, en réalité, il semblait rêver à une deuxième enfance, comme si le petit garçon qu'il avait été pouvait se matérialiser sous ses yeux et goûter à ces choses qu'il n'avait lui même jamais connu. Il aurait pourtant apprécié de rester des heures sur un carrousel ou à savourer une barbe à papa avec ses sœurs. Mais non, il n'avait clairement jamais rien connu de tout cela. Et dans l'immédiat, il en venait à se dire qu'il était drôlement futile de se torturer avec ce genre de choses, puisque de toute manière, personne ne pouvait remonter le temps ni se rendre dans le passé. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait clairement pas changé ce qu'il avait été, ce qu'il avait vécu. C'était un fait. Et tandis qu'il en vint justement à cette désolante conclusion, voilà que son regard se posa sur Asmaa, assise un peu plus loin, seule, sur un banc. D'abord hésitant, il finit par s'approcher de la jeune femme. Dans un premier temps, il se contenta de l'observer. Elle semblait elle aussi assez mélancolique, mais assurément pas pour les mêmes raisons que lui. Quoi que si, en quelques sortes, il vivait lui même une peine de cœur, mais y penser lui faisait trop de mal. Et lorsqu'il repensait au prime dernier, il revoyait la détresse d'Asmaa, son mal être, lui qui avait clairement mal vécu qu'elle souffre autant. Dans l'immédiat, il était en tout cas empathique à la peine qui devait encore être la sienne. Alors, doucement, il chercha dans sa poche de quoi possiblement remonter le moral de sa camarade. Il en sortit bientôt un paquet de petits chocolats que ses sœurs affectionnaient beaucoup mais qu'il consommait personnellement relativement peu, et le tendit à la jeune femme. « Mes sœurs ont insisté pour que j'emmène au moins une spécialité suisse dans ma valise » annonça-t-il alors, dans un sourire amical. « En réalité, elles m'ont forcé à en emmener une dizaine. » Il lâcha un rire, repensant au jour où elles s'étaient toutes chargées - à une exception près - de l'élaboration de sa valise. « Mais celle-ci est de loin la meilleure qu'on connaisse pour remonter le moral d'une jolie demoiselle. » Son sourire se fit plut tendre, il détailla avec une innocence juvénile le doux visage de sa camarade. « A consommer sans modération » reprit-il, lui adressant alors un clin d’œil et en prenant place à ses cotés. Il espérait sincèrement qu'Asmaa se remettrait de cette incroyable histoire, dont il n'avait honnêtement pas suivi tous les rebondissements. Il avait simplement compris qu'elle en souffrait beaucoup, et c'était suffisant pour qu'il se sente concerné. Elle s'était impliquée dans sa rébellion la semaine dernière, alors il comptait bien l'aider à son tour, ne serait-ce qu'à oublier quelques instants sa peine.

Cette semaine commençais très mal. Pour tout avouer, ce n'était que le début du longue et lente descente, ouai, presque en enfer. Tout était chamboulé et ça ne risquait pas de s'arrêter. Premièrement, évidemment, ma relation avec Malik, que j'avais cru plus qu'amical, mais je m'étais bien fourvoyée. Je ne saurais même pas dire pourquoi j'ai cru un instant que cela pouvait déboucher sur des sentiments plus profond. Et avoir tout dévoilé en direct, sur le plateau de l'émission, la plus grosse erreur que j'ai pu faire ici, depuis le début du jeu. On aurait pu croire que c'était assez pour me mettre le moral dans les chaussettes et me rendre très mal, mais quand le sort s'acharne sur vous, il en profite bien. J'arrivais au terme de mes provisions ; bientôt, très bientôt, je serais à cours de khat, ma drogue. À vue d'oeil, il ne m'en restait pour une petite semaine. Je n'avais pas prévu de rester aussi longtemps en jeu ; je pensais partir bien avant. J'étais alors passablement dans la merde. Je ne me sentais même pas bien à cette idée. N'ayant jamais été véritablement en manque, je ne pouvais prévoir qu'elle sera ma réaction, ma façon d'être... J'avais peur justement de dévoiler une autre facette de ma personnalité. Une facette plus agressive, prête à tout pour trouver la moindre poussière de drogue... J'avais terriblement peur et cela n'arrivait vraiment pas au bon moment. Assise sur un banc, au milieu de la fête foraine, je me demandais sérieusement ce que je faisais là. Je n'avais pas envie de rire, ni de m'amuser ; je n'avais pas faim et donc aucune envie de barbe à papa. Sûrement, l'envie de solitude avait poussé mes pas jusqu'ici. Pour être seule, oui je l'étais... Je le croyais. J'avais remarqué au loin la présence de Raphaël. Dans un autre contexte, je lui aurai fait un large signe pour venir me rejoindre, accompagné d'un large sourire, mais cette fois je me contentais de dévier le regard. Je ne voulais surtout pas l’embêter. Ne pas lui plomber le moral avec mes histoires sans grande importance. Je me contentais de rester dans mon coin, soufflant. Toute cette situation me paraissait tellement ridicule. Ma réaction au prime tellement abusée. Malik avait le droit d'aimer qui il voulait, de faire ce qu'il voulait avec cette personne. Toute la peine me revenait et ne me revenait qu'à moi-même. Si je n'avais rien dis ; si j'avais simplement croisé les bras et afficher un sourire heureux pour lui, l'égyptien n'aurait pas autant de peine à l'heure d'aujourd'hui et tout irait bien dans le meilleur des mondes. Je n'aurais eu le cœur lourd en silence quelques jours, peut-être une semaine et tout ce serait passé. Je n'étais tout simplement que trop fleur bleue. Je devais aussi avoir un cœur d'artichaut. Cette idée me faisait sourire. Je ne tombais peut-être pas souvent amoureuse, mais peut-être trop rapidement. Comme dans ce cas présent. Le temps de quelques minutes, je ne m'occupais plus de Raphaël, c'est pour quoi je relevais lentement ma tête dans sa direction, pour le voir se lever. Je baissais une deuxième fois la tête immédiatement, ne souhaitant pas l'attirer vers moi. Je recoiffais avec mes doigts, mes boucles, avant d'entendre la voix du jeune homme. « Mes sœurs ont insisté pour que j'emmène au moins une spécialité suisse dans ma valise » Je relevais mon regard vers le jeune homme. Mon regard d'ailleurs oscillait entre le visage de celui-ci et la barre de chocolat qu'il me tendait. Je n'avais pas trop faim, mais je la pris tout de même délicatement entre mes doigts. Je soufflais entre mes lèvres un « merci » presque inaudible et très rapidement suivi par Raphaël. « En réalité, elles m'ont forcé à en emmener une dizaine. » Un sourire timide se dessina sur mes lèvres en même temps que son rire se fit entendre. Il a donc des sœurs, plusieurs, restées dans son pays d'origine. Moi aussi. Je suis issue d'une famille nombreuse de dix enfants, six garçons et quatre filles, dont je suis la septième (et la deuxième fille). J'aurai adoré que mes petites sœurs et ma grande sœur viennent faire ma valise avec moi... « Mais celle-ci est de loin la meilleure qu'on connaisse pour remonter le moral d'une jolie demoiselle. » J'esquissais un sourire gêné avant de baisser les yeux. D'une semaine à une autre ça n'avait pas changer, je n'aimais toujours pas les compliments à mon égard. Par contre son attention vers moi me touchait vraiment. Il se souciait de moi et tenter, visiblement, de me remonter le moral à coup de chocolat. Finalement, dans un sourire, je l'ouvrais ce paquet et prit un chocolat entre mes doigts. « A consommer sans modération » Qu'il me rajoutait, finissant par me décrocher un rire. Outch ça faisait vraiment du bien de rire, mine de rien, quand tout semble aller pour le mal. Pourquoi je riais ? J'étais bien capable de l'attaquer pour venir manger tout ses paquets de chocolats suisse, puisqu'il avait été obligé de les prendre. Bon l'attaquer c'était un peu féroce, mais au moins venir lui chiper en douce... « Je vais quand même éviter d'en manger trop... » Je rigolais plus légèrement. Oui quand même, je ne pouvais pas m'empiffrer de chocolat sous prétexte que je n'étais pas vraiment dans mon assiette. Même si je n'étais pas constamment en train de faire attention à ma ligne, obnubilée par mon poids, je ne voulais pourtant pas me laisser aller à bouffer jusqu'à n'en plus pouvoir. Finalement, je laissais mon regard voguer sur lui quelques instants en silence, avant qu'un sourire timide ne vienne se loger au coin de mes lèvres. « T'es sûr de vouloir rester avec moi ?... Je ne vais pas être de très bonne compagnie... »

Spoiler:

Raphaël n'était assurément pas l'être le mieux placé pour tâcher de réconforter Asmaa dans la douloureuse épreuve qu'elle semblait vivre. Après tout, et même s'il l'affectionnait énormément - d'autant plus depuis qu'elle avait pris la peine de l'aider à se défaire ses chaines qui avaient longtemps empoisonné son existence - il ne pouvait pas tellement dire qu'il était pour autant son plus fidèle ami en ces lieux. Il n'était pas Arès. Il n'était pas Branca. Il n'était pas Wade. Et il n'était certainement pas Malik. Remarquez, dans l'immédiat, ça valait peut être mieux. Car il devinait aisément l'amertume qu'intériorisait présentement sa camarade. Il pouvait lire sur son visage pourtant si doux comme une profonde rancune. Elle avait le droit d'être en colère. Elle avait le droit d'en vouloir à celui qui avait du la faire souffrir. Raphaël était de toute manière trop bien placé pour jouer les empathiques et comprendre la détresse de sa camarade. Lui aussi avait été amené à souffrir par le passé. Lui aussi avait été amoureux et en avait terriblement souffert. A vrai dire, il était probable que ce soit encore présentement le cas, mais l'importance n'était pas là. Ce qui importait réellement en ce jour, en ce lieu, c'était l'état d'Asmaa. Comment gérait-elle tout cela ? Naturellement, l'on devinait qu'elle avait mal, qu'elle était pleine de peine et de rage. C'était normal. Aux yeux de Raphaël, oui, c'était normal. Et croyez bien que s'il ne tenait pas un minimum à ce qui lui servait de jambes, il se serait volontiers proposé pour que la jeune femme évacue ce qu'elle ressentait, ce qui devait probablement lui faire d'autant plus de mal, vu qu'elle était susceptible de garder un certain nombre d'émotions au fond d'elle. Honnêtement, il n'était pas certain de savoir comment l'aider, ni même de le pouvoir, à vrai dire. Ce qu'il savait pourtant, c'est qu'il était véritablement désireux de lui apporter un peu d'aide, même à petite échelle, même avec ses pauvres moyens. Ce ne serait probablement pas grand chose, si peu compte tenu de ce qu'elle vivait et de ce dont elle avait assurément besoin, mais ce serait peut être mieux que rien. On dit bien que c'est l'intention qui compte, non ? Alors, un peu hasardeusement, il avait finit par tendre du chocolat à sa camarade, espérant que cette moindre attention parviendrait malgré tout à lui apparaitre comme quelque chose de symbolique, d'amical. Elle était son amie. Peut être qu'ils n'étaient pas aussi proches qu'Asmaa l'était avec Arès ou que Raphaël l'était avec Elliot, mais ça n'empêche qu'il tenait à elle, et à ce qu'elle aille bien. L'avoir vu si mal au prime l'avait intérieurement bouleversé. Elle ne devait pas imaginer combien elle parvenait à le toucher. Chose facile, dirons-nous, vu qu'on connaissait au suisse une extrême sensibilité. Mais avec Asmaa, c'était tout particulier. Son âme était pure, entière. Elle était particulière. Elle était formidable. Alors, lorsque sa camarade le remercia - sans grand enthousiasme, mais il pouvait tout à fait le comprendre - le jeune homme laissa apparaitre un sourire protecteur et rassurant sur ses lèvres. Il voulait qu'elle sache qu'il était là, si elle avait besoin de parler. Et dans l'immédiat, il voulait qu'elle sache qu'il était là pour passer un moment avec elle, pour l'apaiser, pour ... l'engraisser de chocolat. Oui, il servait aussi à ça, disons. Sa camarade ouvrit alors le sachet et il resta là, un peu bête, à l'observer, toujours cet air bienfaisant sur le visage. Et puis elle se mit à rire, peu, mais tout de même. A ses paroles, il haussa doucement les épaules. « Tu sais, une personne sur sept, tout de même, pense que la fin de l'humanité est toute proche, alors peut-être est-il finalement futile de s'inquiéter pour si peu » souligna-t-il, dans un sourire. Il ne croyait pas à ces sornettes, soyons clairs. Cela n'était que des suppositions hâtives et influencées par les médias. Il se contentait de les utiliser, peut être maladroitement, pour inciter sa camarade à ne pas se soucier de ce genre de choses. Elle pouvait manger autant de chocolat qu'elle le désirait. Vraiment, ça n'était pas dramatique. Et elle aurait bien besoin d'un peu plus de chair sur l'os. Quoi qu'il en soit, aux nouvelles paroles de sa camarade, le suisse lui adressa un regard d'une tendresse infinie. « Certain » articula-t-il gentiment, avant de saisir sa main. « Et ne t'inquiète pas, je ne te demanderai pas de danser aussi lascivement que la dernière fois, ni de danser tout court d'ailleurs ... » Il émit un petit rire, baissant la tête car se trouvant un peu idiot sur le coup, avant de replanter son regard dans le sien. « Moi, par contre ... » laissa-t-il entendre, dans un sourire un peu maladroit, se voulant probablement faussement charmeur. Il essayait de la détendre comme il le pouvait. Et il s'y prenait comme un manche, effectivement.

Spoiler:

« Tu sais, une personne sur sept, tout de même, pense que la fin de l'humanité est toute proche, alors peut-être est-il finalement futile de s'inquiéter pour si peu » Je le zyeutais un instant. Sur le coup, je n'avais pas compris l'allusion à la fin du monde, le... vingt-et-un décembre prochain si mes souvenirs sont bons, un truc du genre. Un mince sourire s'afficha alors sur mes lèvres. Même en n'y croyant pas, j'avais le droit de me goinfrer ? « Très bien ! » Je prenais un premier chocolat que j'enfournais dans ma bouche. Sans attendre trop longtemps, un petit sourire se dessina sur le bout de mes lèvres. « C'est vrai qu'il est bon... Le chocolat suisse ! » Normal, une spécialité là-bas. Finalement, je lui annonçais que je ne serais pas de bonne compagnie cette après-midi. Non pas vraiment, même si j'étais capable de lui sourire – car Raphaël en valait vraiment la peine – je ne pouvais non plus aller jusqu'à raconter des conneries comme d'habitude. Non, aujourd'hui, tout la mélancolie que j'avais retenue jusqu'ici me retombait sur les épaules. Pas que cette histoire avec Malik, ma place dans ce drame, mais aussi mon pays, ma solitude, mon addiction ; tout ce qui me poussait à croire que je ne devrais plus être ici depuis longtemps. C'est vrai, je m'étonnais d'être encore ici malgré mon addiction à la drogue et à ma consommation courante depuis le début du jeu, en me cachant de moins en moins d'ailleurs. Je ne regardais pas trop Raphaël, mangeant un deuxième chocolat, avant qu'il ne me réponde. « Certain » Je tournais ma tête un peu vers lui, le remerciant d'un mouvement de la tête. Il prit ma main et je serrais celle-ci autour de la sienne. Mine de rien, Raphaël est devenu un pilier sur lequel je pouvais me reposer, même ce fut tardivement comparé à certains. « Et ne t'inquiète pas, je ne te demanderai pas de danser aussi lascivement que la dernière fois, ni de danser tout court d'ailleurs ... » Je laissais échapper un léger rire entre mes lèvres, en même temps que lui. Malheureusement non, je n'en étais pas capable tout de suite maintenant. Peut-être que demain oui, ou dans trois heures, mais pas dans l’immédiat. « Moi, par contre ... » Un nouveau rire léger s'échappa de ma bouche. Il m'étonnera toujours décidément. Je papillonnais alors des cils. « Tu ferais ça pour moi ? » Lui demandais-je d'une petite voix toute mignonne, sans lui demander vraiment de le faire évidemment. Comme la dernière fois, je ne le forçais à rien. Je posais mes doigts libres, après avoir posé le paquet de chocolat à côté de moi, sur mon menton. « Tu ferais ça pour m'empêcher de parler hm ? » Lâchais-je, esquissant un sourire à moitié amusé. Je savais qu'il n'était pas capable d'une telle chose, pourtant j'y pensais sérieusement. Mes soucis ne devait pas être très important et intéressant pour un garçon comme Raphaël, enfin. Je redevenais silencieuse, piochant de nouveau dans le paquet de chocolat.

Okay, l'hypothétique fin du Monde n'avait rien à foutre là, c'est vrai. Pour autant, il n'était pas inutile de l'utiliser pour appuyer ses propos. Pour preuve, Raphaël s'en servit pour montrer à sa camarade que puisqu'une personne sur sept pensait mourir dans les prochaines semaines - il trouvait cette idée absurde, mais son avis personnel n'avait rien à faire ici - il était sans doute bien vain de se préoccuper du caractère déraisonnable de la consommation de chocolat. De toute manière, s'il s'agissait d'une question de poids, elle n'avait aucunement besoin de se priver de quoi que ce soit. Mais qu'importe la raison de cette réticence initiale, il était nécessaire qu'elle fasse au moins l'effort de goûter à un petit chocolat. Elle se rendrait bien vite compte qu'elle avait eu tort de retarder cette délicieuse dégustation. Même Raphaël, qui n'était pas féru de chocolat - un comble, pour un suisse ! - avait tendance à apprécier ces petites friandises, notamment lorsque ça n'allait pas. Et il comptait sérieusement sur les pouvoirs apaisants du chocolat - vertu prouvée scientifiquement, tout de même - pour aider sa camarade à retrouver un tantinet le moral. Il ne voulait pas nécessairement qu'elle pète la forme d'ici une ou deux minutes, mais au moins, si elle pouvait éviter de continuer à se torturer l'esprit avec toutes ces histoires - il ne prétendait pas lire dans ses pensées, mais se doutait aisément de ce qui s'y trouvait - disons que ce serait franchement pas mal. Quoi qu'il en soit, c'est avec un large sourire qu'il accueillit l'initiative d'Asmaa, qui dégusta alors un premier chocolat. Et visiblement, cela ne manqua pas de lui plaire. Raphaël ne répondit pas, se contentant de continuer de sourire et de l'observer d'un regard qui se voulait protecteur. Il n'y a pas à dire, aussi belle soit Asmaa lorsqu'elle broyait du noir, elle était tout de même encore plus charmante lorsqu'elle se mettait à sourire. En tout cas, il ne fallait pas qu'elle imagine qu'il puisse perdre son temps avec elle, car c'était clairement de bon gré qu'il avait décidé de l'aider à oublier un temps ses soucis. Qu'importe qu'elle ne soit que moyennement disposée à discuter, à sourire, ou peut être à rire, il s'en fichait. Il voulait simplement lui faire cadeau de sa compagnie - même s'il ne prétendait pas pour autant qu'elle était appréciable - et constater un semblant d'amélioration sur son moral. C'est vraiment tout ce qu'il souhaitait. Il prit alors sa main, puis ne tarda pas à revenir sur la danse séductrice que sa camarade lui avait plus ou moins adressé quelques jours plus tôt. Non, soyons clairs, il ne l'inciterait pas à danser, se doutant bien que le moral n'était pas suffisamment présent pour ça. Par contre, il sous-entendit bientôt que lui, cependant, pourrait bien danser. Bon, ça n'était au départ pas tellement sérieux, mais ça le devint finalement lorsqu'il crut lire une sorte de désir enfantin dans le regard de sa camarade. Zut, il était dans le caca, là. A sa première question, il plissa les yeux et se pinça la lèvre. Hm, il se pourrait effectivement qu'il brave sa peur du ridicule pour elle. Ainsi, lorsqu'elle le questionna à nouveau, il se leva d'un bond. « Tout à fait » Il se déplaça de quelques pas, ricana quelques peu, avant de commencer à bouger légèrement les hanches. « C'est bien comme ça que tu faisais, non ? » demanda-t-il, laissant maintenant ses bras bouger, de plus en plus concrètement. « Et là, je suis sûr que tu me trouves irrésistible. » Naturellement, il ironisait. Loin de lui la prétention d'avancer sérieusement ce genre de choses. Il lâcha un rire, continua de se dandiner aussi sensuellement que possible, tâchant de garder un tant soit peu de sérieux. « S'il s'avère que le ridicule tue finalement, je veux que la mort sache que je l'attends de pied ferme. » Quoi que le but était aussi de ne pas se considérer comme étant ridicule. Et bien oui, cela lui permettait également de travailler sur sa gêne. Il s'aidait presque autant qu'il essayait d'aider Asmaa, en somme.