ft SETH, le vingt-neuf mai à midi cinquante

Déjà mercredi et déjà une deuxième semaine ici, qu'est-ce que ça peut me faire bizarre. Oui, j'ai passé les castings en voulant être prise, c'est certain, mais jamais je n'aurais pensé être réellement ici, dans ce jeu grandeur nature. Je suis tellement contente. Et puis, faut dire que pour l'instant, tout se passe extrêmement bien. J'ai pas de soucis, la plupart des gens sont cool.. Bref. Je vois quelques candidats se ruer vers la cuisine pour manger un bout, et je crois bien que je vais faire de même. Mon petit estomac crie famine depuis quelques dizaines de minutes maintenant ; faut dire que je me suis levée tôt aujourd'hui, pour une fois. Neuf heures, j'étais debout, face à mon petit déjeuner. C'est normal que j'ai faim maintenant, non ? Quoiqu'il en soit, j'ai vraiment la flemme de me faire un truc à bouffer. Hier aussi j'avais la flemme. Et puis avant-hier..bref, j'ai toujours la flemme de me faire à manger. Parfois je demande aux autres de me préparer quelque chose, mais j'ai pas envie de paraître plus chiante que je ne le suis en exagérant avec leur gentillesse. Je décide donc de me faire un bon sandwich. Au moins, c'est rapide, et puis c'est surtout très bon. Mayo, poulet, salade, tomates, fromage, pain sans croûte, ouais, c'est parfait. Je m'en fais deux, parce que j'ai très faim, j'attrape une petite canette de jus de pomme (j'adore ça !) et me voilà repartie. Pas plus tard qu'hier, j'ai découverts cette fameuse salle où on peut espionner les autres. Elle est souvent pleine mais à l'heure de midi, j'suis sur que je pourrais être tranquille. Je rentre à l'intérieur et je m'installe. Je commence à croquer dans mon merveilleux sandwich quand j'entends quelqu'un arriver.

Y'a des gens qui aiment bien méditer, faire du yoga ou partir en retraite dans un monastère pour se retrouver avec eux-mêmes et tout ça, moi mon truc c'est de venir faire un tour à la régie et d'espionner tout le monde le temps d'une demi-heure ou d'un après-midi (tout dépend du besoin que j'ai de, hum, faire le point sur les choses etc.) et je trouve toujours ça plutôt agréable, c'est même devenu un rituel dont j'ai besoin, et je me demande quel rapport ont les autres candidats avec cette salle : est-ce le même que moi, est-ce qu'ils se rendent ici aussi régulièrement, ou est-ce qu'au contraire il s'agit d'une salle qu'ils évitent soigneusement et dont ils ne perçoivent pas l'intérêt pourtant si flagrant ? Enfin, quoi qu'il en soit, ça reste mon endroit favori pour le moment, même si pour être tout à fait honnête je ne suis pas entièrement sûr d'avoir découvert tous les lieux que ce charmant Cupidon a si gentiment mis à notre disposition. Il est midi et quelques quand je décide d'aller y faire un tour, mais avant cela je passe par le Walmart parce que je crois qu'une association s'est faite dans mon esprit et je supporte mal de regarder un écran télévisé sans rien avoir à manger ou à boire, une mauvaise habitude que j'ai prise, ce qui signifie sans doute que je risque de finir obèse ou en train mauvaise santé tout du moins, mais l'un dans l'autre je crois que mon métabolisme fait que j'ai peu de risques de grossir, et ce n'est pas vraiment quelque chose qui m'angoisse plus que cela, aussi je n'en fais pas un grand cas et je jette mon dévolu sur les produits les plus gras. Je prends tout ce qu'il faut pour me faire de bons petits sandwichs, ainsi qu'un grand paquet de chips, et je vais vite fait fignoler tout ça dans le réfectoire avant de partir vers la régie. J'ai mes deux sandwichs à la main et mon paquet de chips coincé entre mes dents quand j'entre dans la pièce sacrée, et je manque de faire tomber mes chips sous le coup de la surprise, parce que je m'attendais pas à trouver quelqu'un là. « Les grands ch'esprit che rencontrent. » je fais avant de m'installer à côté de Zola – j'ai retenu son nom en partie parce que je trouve que ça ferait un chouette prénom pour un perroquet (mais un beau perroquet très coloré, vous voyez) et en parti parce que je dois avoir été marqué par toute cette histoire de traitres de la semaine dernière etc. (c'est que je suis un grand sensible au fond). Je m'installe à ses côtés et libère enfin ma bouche, puis mes mains, et jette un coup d'œil appréciateur aux sandwichs de la demoiselle – elle savait y faire. « Au fait, moi c'est Seth – je précise parce qu'à ce stade du jeu je sais pas trop qui a retenu mon prénom ou non. Mais toi c'est Zola, c'est ça ? »