Réveil en sursaut. Sueurs froides, respiration haletante. Encore un énième cauchemar. Je jette un coup d'oeil sur le réveil. Huit heures trente du matin. Exténuée, je soupire et me roule en boule sous la couette. Je me love près de Dagga dont la respiration m'apaise immédiatement. Je n'arrive plus à me rendormir. Des pensées me submergent. Je les chasse tout de suite de ma tête. Je me redresse à contre coeur en fouttant un pied hors du lit. Mon regard est encore brumeux. J'enfile un pull pour couvrir un minimum avant d'affronter le vent frais du matin. Le soleil se lève tandis que je marche vers la Cantine, un livre à la main. J'entre la salle. Je me frotte mes mains pour les réchauffer un peu. La chaleur règne dans ses lieux. Je me prépare un peu de café. Je lis en attendant que ça soit prêt. Une personne passe la porte. Candace. Je lui propose avec le sourire : - Du café ? Je ne sais pas si elle aime plutôt du thé à la place. - A moins que tu préfères du thé ? Je ris légèrement avant de boire une gorgée de mon café encore chaud. - Dis, tu me trouve fausse ? C'est une question qui me turlupine depuis des années. Je n'ai jamais cessé de m'interroger sur ma relation à autrui et surtout, sur moi-même. Je ne sais pas quelle image de moi je montre aux autres. Une interrogation quasi existentielle qui revient inlassablement dans ma tête. Comme une mélodie entêtante. La formuler à voix haute me semble la meilleure solution. Je la pose à une personne extérieur. A quelqu'un qui est doté d'une part d'objectivité et de franchise. Je me tourne alors vers Candace que je considère comme une femme plus expérimentée que moi. - En fait, je me demandais comment je suis perçue par les autres. J'ai besoin d'un avis extérieur ... , dis-je d'une voix plus basse en baissant timidement les yeux.

Contrairement à la veille je me réveille parfaitement dans les temps. J'ouvre les yeux à huit heures tapantes, j'ai un réveil dans le cerveau. J'ouvre les yeux, je tâte doucement le lit. Callan est encore là, il dort à poing fermé. Ou plutôt dormait à poing fermé, puisqu'il ouvre les yeux lorsque je l'embrasse. Il me garde captive quelques instant et puis finalement je m'extirpe du lit le laissant dormir un peu plus, il a l'air exténué. J'arrive à le convaincre de rester en l'assurant que je vais me nourrir sans lui. Je passe par la douche avant parce que c'est essentiel, je ne fais rien avant de m'être douchée. Et puis j'arrive ensuite dans la cantine. Et pour une fois, j'ai pris du retard puisqu'une candidate est déjà présente. Il s'agit d'Elliot. On a jamais vraiment eu de conversation, on s'est parlé rapidement une fois durant l'un de mes craquage et c'est tout. Je la salue d'un sourire. Et avant que j'ai eu le temps d'arriver à sa hauteur, elle me propose du café. Puis du thé. « Du café ce sera très bien merci. » Je suis américaine, je bois au moins dix cafés par jour si ce n'est plus quant au thé, presque jamais. J'arrive prêt d'elle, j'ai envie de muffins, alors je fouille dans les placards, je crois que j'en ai vu la veille, j'espère qu'il en reste un peu. Je suis entrain de farfouiller à la recherche de mon petit déjeuner lorsqu'elle me pose une question à laquelle je ne m'attendais pas. Elle rit. Je me retourne et l'observe en souriant. « C'est une manière originale de débuter une conversation. » Je lui fais remarque sans pour autant répondre à sa question, je préfère mettre la main sur mes muffiins, que je finis par trouver. Je retrouve ma place à ses côtés. Je bois ensuite une gorgée de café qu'elle a servi un peu plus tôt. Et l'observe un instant alors qu'elle m'explique vouloir connaître la manière dont elle peut être perçue par les autres. « Ton extrême gentillesse ne me semble pas totalement désintéressée, et ça peut paraître suspect lorsqu'un prend un minimum de recul. Et je pense que ça peut passer totalement inaperçu auprès des trois quarts des habitants peut être un peu trop naïf. Tu m'as l'air d'être une fille intelligente qui sait choisir les mots pour s'adresser aux autres, tu leur dis ce qu'ils veulent entendent et tu leur donnes ce qu'ils attendent, à chaque fois et pour moi ça n'a rien de naturel... Peut être que tu n'es pas aussi vil que peut le prétendre Branca, par exemple, peut être même que c'est simplement pour te faire aimer des autres, ou peut être que tu ne t'en rends pas toujours compte. J'en sais rien. Néanmoins, c'est ce que je ressens à ton égard. Et quelque part ça peut être assimilé à de la fausseté, oui. » Et voilà, elle m'avait demandé, je lui ai répondu de la manière la plus objective et honnête qu'il soit pour moi. Ce n'est pas une critique, parce qu'au final elle a le droit de se comporter comme elle veut, surtout si ça marche tant mieux j'ai envie de dire. Je suis la moins bien placée pour pouvoir dire quoi que ce soit. Je m'adapte constamment aux autres, peut être que je suis plus honnête que je peux le faire croire en usant de stratagèmes pour leur faire croire le contraire par exemple. « Tu veux un muffin ? » J'en prends un ensuite pour moi, et lui souris. J'espère qu'elle ne va pas partir en courant, en tout cas.

Spoiler:

Contrairement à ce qu'on peut penser, j'ai conscience de mes défauts. Je suis loin d'être parfaite. Je sais me remettre en cause. Toute ma vie, je me suis toujours remise en question. Je ne prétends pas me connaître par cœur. Mais ma sincérité est réelle. Certains en doutent. Je peux le concevoir que ça soit suspicieux. En vérité, j'essaie de faire preuve d'honnêteté. Voilà que Candace entre dans la Cantine. Je lui proprose d'entrée de jeu, un café. Ne connaissant pas les goûts de la candidate, je lui ai également suggéré du thé si le coeur lui en dit. - Du café ce sera très bien merci. Je souris et reprends un gorgée de mon café. Je l'observe fouiller dans les placards à la recherche sans doute de quoi manger. Soudain, je lui pose une question qui paraît hors de propos, voire même étrange. Mais ça devait sortir. Pour que mon esprit ne soit plus torturé par ça. Elle me regarde, puis un sourire nait sur ses lèvres. - C'est une manière originale de débuter une conversation. Je hoche la tête. C'est vrai. Néanmoins, je ne voulais pas débuter une conversation banale avec elle, du style les questions d'usage lors d'une première discussion entre deux étrangères. Son avis m'intéresse beaucoup. Connaissant sa franchise, elle dira ce qu'elle pense réellement de la situation. Je ne m'attends pas du tout au pire avec elle. Elle trouve des muffins, vient s'asseoir à côté de moi et donne sa réponse. C'est mon extrême gentillesse qui paraît suspect aux yeux de certains. J'acquiesce en silence tandis qu'elle poursuit son analyse. Elle pense que je fais ça par intérêt, pour ma satisfaction personnelle. Selon elle, je chercherais l'affection des autres en faisant cela. Il y a peut-être une part de vérité dans cela. Elle conclut sur le fait que ça peut s'apparenter à de la fausseté. C'est donc cela qui cloche chez moi. Je réfléchis à ce qu'elle me dit. Je digère ses propos que je ne prends pas comme une offense. D'ailleurs, ses mots n'ont pas pour but de me blesser. Sa voix me ramène à la réalité. - Tu veux un muffin ? Encore un sourire. Un joli sourire d'ailleurs. Bien loin de l'image glaciale qu'elle renvoie. Je ris légèrement et j'en prends un. Je le goûte. Il est bon. Je réplique d'une voix hésitante : - Peut-être que je suis trop empathique en fin de compte. Le peu que j'ai, je l'offre aux autres sans rien attendre en retour. Si ça peut soulager leur peine, si ça peut les rendre heureux, ça me suffit amplement. Peut-être que je cherche à combler un vide. Je ne sais pas. Je ne réfléchis pas, j'agis tout simplement. Mais tu as raison sur un point, c'est de la gentillesse à l'extrême. Voire même excessive. Ce que je ressens, je ne peux pas les contrôler. Je n'arrive pas à trouver le juste milieu. Je ne suis pas douée pour expliquer ce que je ressens. Je donne l'impression de tout maîtriser, mais beaucoup de choses échappent à mon contrôle. Je me dévoile très peu au final. Ce sont souvent les autres qui me parlent de leurs soucis. - Le muffin est délicieux., commentai-je en suite. Je ris.

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