just out of spite I confess I've ruined three lives ► 23/11 - 20H03

Raphaël

VENDREDI 23 NOVEMBRE - 20H03
QUARTIER D'ARAGON - CONFESSIONNAL

Mes allées et venues dans le confessionnal dernièrement s'étaient faites plus nombreuses. Et pour cause, j'en avais gros sur la patate, et quitte à en parler à quelqu'un, autant que ce soit face caméra. Les téléspectateurs n'allaient rien rater de mes petites confessions mais qu'importe, j'avais besoin de parler de tout, de rien, de mon aventure en général mais surtout de mes soucis, de tout ce qui faisait qu'à l'heure actuelle j'avais un peu perdu goût à tout. Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. Je m'étais donc rendu dans l’exiguë pièce en début de soirée, et avais pris place sur le fauteuil pour m'adresser à la caméra, comme je l'avais déjà fait un peu plus tôt dans la semaine. J'en vins bientôt à évoquer les départs de mes proches alliés dimanche. « ... non, c'est clair que je ne m'attendais pas à ce qu'ils m'échappent tous d'un coup, comme ça... bien sûr qu'ils vont tous énormément me manquer. Quand je pense à mon poto, ça me... » Je me mordis la lèvre, tremblotant. Ne pas craquer, ne pas craquer. Bon sang ce que mon Dani pouvait me manquer, c'était juste atroce. Au bord des larmes, je repris. « ... excusez-moi, mais bon j'suis encore sous le coup de l'émotion alors... » Eh oui, toute la semaine j'avais tenté d'endosser le rôle du type au-dessus de tout ça et reprenant du poil de la bête malgré tout et ça n'était tellement pas moi... Je finis par m'arrêter là, estimant que ce soir c'est tout ce que je pouvais dire sans craquer. Je me levai alors de mon siège, m'apprêtant à quitter la salle quand badaboum, la porte s'ouvrit alors même que je m'étais posté juste derrière. Illico, je me la pris en pleine figure mais c'est surtout mon nez qui venait de morfler. C'était douloureux, mais à première vue il ne saignait pas donc bon, plus de peur que de mal je pense. Portant mes mains à mon visage, grimaçant et en faisant comme à mon habitude un peu trop, je me retrouvai confronté à Raphaël, l'individu qui avait donc manqué de me défigurer. « Aoutch ! Rapha tu viens de me péter le nez ! » Bon, carrément pas hein, et d'ailleurs j'avais plutôt intérêt à lui signifier que la situation n'était pas aussi critique sans quoi le pauvre allait plonger dans une culpabilité certaine. Retirant mes mains de mon visage, j'esquissais un mince sourire. « Nan c'est pas vrai mais... c'était moins une tout de même. » J'avais encore les yeux humides mais j'espérais que cela ne se verrait pas à vrai dire. Je connaissais Raphaël, s'il voyait que ça n'allait pas, il me poserait des questions et tenterait de me réconforter. Or je préférais ne plus parler de ça ce soir, je voulais me changer les idées. « Tu venais te confesser toi aussi ? Ou bien buzzer peut-être ? » Hinhin, allez savoir... Remarquez non, il n'avait pas assez d'argent pour buzzer, si ? Rah j'aurais été incapable de vous le dire en fait.

Raphaël n'était pas de ceux qui se plaisaient à monologuer trois jours sur leurs soucis, leurs problèmes, leurs peurs, leurs craintes, leur désillusions, et Dieu sait pourtant qu'il aurait souvent eu de quoi en parler. Cependant, et parce que la Production était quelques fois désireuse de recueillir les impressions des candidats au sujet d'événements survenus au sein du village, il prenait parfois sur lui pour se rendre au confessionnal et y évoquer son aventure. Pour autant, s'il en prenait le chemin aujourd'hui, c'était dans un tout autre esprit que les fois précédentes. Ce soir, il n'y aurait ni pleurs, ni supplications, et il ne passerait pas non plus de longues minutes à s'interroger sur son utilité au sein du jeu, sur son utilité au sein de ce monde. Les choses avaient changé. Considérablement changé. Il avait changé. Parce que cette fois-ci, il s'était véritablement décidé à prendre son destin en mains, à ne plus prétendre qu'il continuerait à faire des efforts pour mieux lâcher prise au premier obstacle. C'en était fini de tout ça. Non seulement il allait se battre d'autant plus durement pour vaincre ses démons, mais en plus, il le ferait durablement, sur le long terme, pour ne jamais leur laisser la moindre chance de réapparaitre, pour gagner la guerre, et pas seulement l'une de ses batailles. C'est en tout cas étonnement moins fébrile que d'habitude que le jeune homme pénétra dans le confessionnal, mais qu'il eut bientôt la désagréable surprise d'y percuter quelqu'un, et attention, non pas avec son propre corps, mais bien avec la porte qu'il venait d'ouvrir, ne s'étant logiquement pas douté que quiconque puisse se trouver derrière celle-ci. Et ce quelqu'un était d'ailleurs Malik, qu'il regrettait d'autant plus d'avoir assommé, surtout d'une telle manière. Surtout que bon, il aurait du se douter que les quelques bruits qu'il avait cru entendre en approchant de la porte avaient pu tout simplement provenir de l'intérieur du confessionnal, ce qui aurait logiquement pu lui indiquer que quelqu'un s'y trouvait. Pour le coup, il avait manqué de logique. Et du coup, le pauvre Malik risquait de perdre un œil. A moins que le soucis vienne en fait de son nez ... Parce qu'il semblait dire que Raphaël le lui avait pété, ce qui ne manqua pas d'alerter ce dernier. Mais c'est alors qu'il manqua de paniquer que son camarade lui avoua l'atroce vérité : non, il n'avait rien de cassé. Le suisse poussa alors un lourd soupire, avant d'esquisser un sourire rassuré. « Je t'ai cru, tu t'en doutes » articula-t-il alors, un peu gêné par sa propre crédulité. Décidément, il allait falloir travailler sur cela, également. « J'aurais buzzé avec grand plaisir, si seulement je n'étais pas désespérément pauvre. » Parce qu'en plus, il avait quelques indices en sa possession, et même s'il ne s'était pas encore tellement penché sur le sujet, il aurait aimé avoir de quoi tester ses pistes si celles-ci s’approfondissaient. « J'étais simplement venu faire part de quelques impressions. » Il lui adressa un fin sourire, avant de repenser aux petits bruits de tout à l'heure. « C'est toi que j'ai du entendre, quelques instants plus tôt. Tu avais beaucoup de choses à confier ? Des choses sur le cœur, peut être ? » Son sourire se fit plus attendri, parce qu'il savait que Malik avait perdu Wade et que c'était difficile pour lui. Il les savait très proches, autant plus que c'était le second départ du jeune homme, qui avait précédemment réintégré l'aventure. « Je comprendrais que tu n'aies pas la moindre envie de t'étendre là dessus, surtout si tu viens de le faire. » Et croyez bien que s'il estimait avoir de quoi lui changer les idées, il aurait volontiers proposé quelques chose ... Mais le fait est qu'il craignait de l'indisposer plus qu'autre chose, en fait.

Je ne pouvais pas attendre que Cupidon me convoque de lui-même, il fallait que ça sorte et ce soir. J'en avais gros sur la patate ces derniers jours et je ressentais maintenant le besoin d'évoquer ce qui avait fait de cette semaine qui prendrait bientôt fin une semaine toute aussi pénible que les deux précédentes. Je ne faisais de toute façon que les enchainer, et ça n'allait clairement pas aller en s'arrangeant maintenant que je ne pouvais même plus compter sur le soutien et la présence de mes grands alliés, à l'image de Dani et Wade par exemple. Le premier me manquait à un point inimaginable. Et j'avais besoin de me confier au sujet de son départ, que je n'acceptais toujours pas, même si c'était à une caméra, qu'on ne me répondrait pas et que les téléspectateurs, eux, n'en manqueraient rien de leur côté. Mais à peine avais-je débité le nom de mon poto que je devais m'arrêter. J'étais incapable de poursuivre, c'était trop éprouvant de parler de lui alors je reprendrais plus tard - là, je ne pouvais clairement pas en dire d'avantage sans quoi j'allais rapidement être envahi par une intense vague d'émotions diverses. Ainsi donc je quittai le fauteuil sur lequel j'avais pris place avec la ferme intention de sortir au plus vite de cette pièce, à l'intérieur de laquelle j'estimais ne plus rien avoir à faire. Mais c'était sans compter sur la subite entrée dans celle-ci de Raphaël qui, en prime, vint cogner la porte contre mon visage, et plus particulièrement mon nez. Je lui fis d'abord croire qu'il me l'avait cassé, avant de lui faire saisir que je n'avais pas grand chose, si ce n'est un peu mal, tout de même. Se prendre une porte en pleine figure n'avait rien de franchement agréable, et personne n'affirmera le contraire. « Je t'ai cru, tu t'en doutes » répliqua-t-il, en arborant une expression de visage que je ne connaissais que trop bien. Quant à la marmotte, elle mettait bien évidemment le chocolat dans du papier d'alu. J'avais lu la terreur et la peur de m'avoir fait du mal quelques instants plus tôt dans ses grands yeux affolés. Alors pas à moi. Non mais je n'avais rien à dire hein, moi aussi je faisais très souvent - constamment - preuve d'une crédulité déconcertante alors je ne risquais pas de lui faire le moindre reproche. « Oui, bien sûr... » me contentais-je alors de répliquer tout en esquissant un sourire en coin. Je savais pertinemment que si les rôles avaient été inversés et que Raphaël m'avait fait croire que je lui avais brisé le nez, je n'aurais pas fait que le croire, oh non. J'aurais paniqué, pour sûr. Demandez donc à Branca si je ne m'excusais pas de lui avoir causé une entaille au pied plusieurs semaines encore après l'incident. Mais au fait, que faisait Raphaël ici ? Venait-il se confesser lui aussi,... ou simplement tenter sa chance au buzzeur ? « J'aurais buzzé avec grand plaisir, si seulement je n'étais pas désespérément pauvre. » Ah, je ne pouvais que comprendre sa situation. Je ne roulais moi non plus pas franchement sur l'or depuis que Nicole avait fait don de nos deux cagnottes à Dani. Mais c'était par attachement pour moi alors j'avais été incapable de lui en vouloir, et c'était toujours le cas par ailleurs. Bref, entre pauvres, fallait qu'on s'entraide là. « Oh, parce que tu as des pistes ? Des soupçons sur certains ? » Attendez, c'est qu'il m'intéressait là. Non non je n'avais pas pour but de lui soutirer des informations, je cherchais juste à savoir si j'étais ciblé en fait. Ou si Nicole l'était, car rappelons qu'elle avait encore une moitié de secret intacte... S'il avait eu de l'argent, Raphaël aurait peut-être buzzé donc. Mais la raison de sa venue dans le confessionnal ce soir était toute autre. « J'étais simplement venu faire part de quelques impressions. » Je fronçai les sourcils, intrigué. Faire part de quelques impressions, d'accord, mais ça ne me disait pas grand chose ça. Non pour moi c'était une réponse trop évasive, il fallait que je sache de quoi il en retournait. Oh, comme si Raphaël avait eu des choses à cacher, franchement... « Des impressions, à propos de quoi ? » Mais mince, c'était pas possible quoi, il fallait toujours que je cherche à en savoir plus sur tout, majoritairement au sujet de choses ne me regardant absolument pas. Une fois encore ma curiosité prenait le dessus. Bien sûr Rapha n'était aucunement obligé de m'en dire plus, même, il pouvait carrément me demander de me mêler de mes affaires puisque je me mêlais des siennes, alors qu'elles ne me concernaient très certainement pas. « C'est toi que j'ai du entendre, quelques instants plus tôt. Tu avais beaucoup de choses à confier ? Des choses sur le cœur, peut être ? » Et comment. J'avais une ribambelle de choses sur le cœur, et au vu de tout ce à quoi je m'étais retrouvé confronté dernièrement c'était bien normal. Seulement mes histoires avec Nicole et Asmaa n'étaient plus d'actualité. Pas ce soir. Non, pour l'heure, toutes mes pensées allaient vers Dani, Wade, Jared et Sïana. C'était pour évoquer leurs départs que j'avais fait le déplacement jusqu'ici. « Des... choses à confier, oui. » soufflais-je, dans un haussement d'épaules. C'était bizarre de se confier comme je l'avais fait face caméra, car pour le coup je me serais réellement cru chez un psy. Mais comme je n'avais jamais été chez un psy, et que j'en avais l'image de ce qu'on en disait généralement, en gros je n'avais juste aucun moyen de comparaison. « Je comprendrais que tu n'aies pas la moindre envie de t'étendre là dessus, surtout si tu viens de le faire. » Ce n'était même pas une question d'envie en fait là. J'avais la très désagréable sensation que les confessions que je venais de faire face à cette caméra ne m'avaient rien apporté. Pour moi cela me serait bénéfique, en parler ouvertement ne pourrait qu'alléger et amoindrir ma souffrance, mais j'avais droit à l'exact opposé. « Ce n'est même pas ça, je... je pensais qu'en me confessant je me sentirais mieux ensuite, mais au final c'est tout le contraire. » Je poussai un long soupire. Oui, le but était aussi de ressortir soulagé et apaisé de ce confessionnal, mais au lieu d'avoir l'impression qu'on m'avait retiré un poids des épaules, c'était comme si on m'en avait rajouté un supplémentaire. J'avais le cœur plus lourd encore qu'à mon entrée dans cette pièce, et cela se justifiait très certainement par le fait que tout ceci était encore trop frais, trop vif pour que je puisse en parler sans avoir la gorge serrée et sans que mon ventre ne vienne se tordre et me faire un mal de chien. « Raphaël, dis-moi... » Ouh, bien souvent quand je commençais comme ça, j'effrayais mes interlocuteurs. Enfin, c'est en tout cas ce qu'on m'en avait rapporté, comme quoi ça n'augurait rien de franchement rassurant, tout ça... Bah, qu'il se rassure, je comptais juste lui poser une question. Je ne parvenais par contre pas à déterminer si celle-ci était embarrassante, ou non. D'un autre côté en la lui posant maintenant, je n'allais pas tarder à voir ma lanterne éclairée. « ... t'est-il déjà arrivé, ici, de terriblement regretter le départ d'un candidat ? Mais vraiment, au point... au point d'avoir l'impression de perdre une partie de toi ?... » Raphaël était assurément comme moi : il venait à regretter chaque départ du nid et ce depuis le début de l'aventure. Néanmoins, avait-il été profondément touché voir même heurté par un départ en particulier comme ça avait été mon cas dimanche avec le départ de Dani ? S'était-il trouvé au plus mal après ça, en avait-il perdu le sommeil comme moi ces derniers jours ? Je tendais à penser que Raphaël, lui, avait encore à ses côtés bon nom de ses alliés dans le jeu... Lulu, Arès, Elliot, Candace,... pour ne citer qu'eux. Et moi, il me restait qui ? Hum, pas grand monde en fait. Et c'était une prise de conscience des plus douloureuses.

Spoiler:

Non, le nez de Malik n'avait rien d'endommagé. Il ne saignait pas, n'était ni bleu, ni violet, ni d'une quelconque couleur un tant soit peu alarmante, alors non, il ne ferait pas croire à Raphaël que celui-ci lui avait cassé le nez, simplement à cause d'un coup de porte. Alors certes, s'en prendre une en pleine tronche ne faisait généralement pas le plus grand bien, tout comme il était certain que l'on pouvait parfois y perdre plus qu'un nez, mais la violence relative du choc survenu à l'instant n'aurait assurément pas permis que l'on y perdre quoi que ce soit. N'allez tout de même pas croire que Raphaël était de base du genre à entrer de manière fracassante, tel un bourrin, dans n'importe quel endroit. Non, clairement pas. Alors autant il voulait bien croire que son camarade n'avait pas tellement apprécié le coup de porte, mais de là à prétendre que son nez en avait particulièrement souffert, non, quand même pas. Pour le coup, Raphaël avait eu un peu peur, tout de même. Crédule comme il était - autant dire un peu trop - il n'avait évidemment pas manqué de croire l'histoire de son camarade, le fait que son nez ait affreusement souffert du choc, étant même allé jusqu'à s'imaginer lui porter secours. N'importe quoi, hein. Quant à la réponse de Malik, visiblement un tantinet suspicieux à ce propos, elle ne manqua pas de faire sourire le suisse. Quant à la raison de la venue de Raphaël en ce lieu un peu particulier, elle n'était aucunement liée à un quelconque buzz. Et cela paraissait tout à fait logique, dans la mesure où il n'avait pas tellement d'argent. Fut un temps où sa cagnotte était encore bien remplie, mais entre temps, le jeune homme avait perdu son secret, et se retrouvait maintenant quelques peu démuni. Et encore, il était parvenu à remporter quelques euros, ce qui était assurément mieux que rien. De toute manière, ça n'était aucunement pas pour l'argent qu'il était ici. Cela ne l'intéressait pas. De l'argent, il en avait déjà, et ça n'était clairement pas sa ligne directrice. Vraiment, il vivait plutôt bien le fait d'avoir une si pauvre cagnotte. Cela n'était quand même pas comme s'il avait de toute manière de quoi buzzer, hm. La chasse aux secrets, il ne s'y était jamais tellement impliqué. Alors certes, il avait en sa possession un certain nombre d'indices sur quelques candidats, mais il ne s'était jamais imaginé buzzer ses idées. Des idées qui intéressaient d'ailleurs visiblement Malik. Un petit rictus s'échappa alors des lèvres du suisse, qui craignait de n'avoir pourtant pas tellement matière à l'intéresser. « Je réfléchis beaucoup, c'est même ce que l'on m'a souvent reproché. Mais je suis bien incapable de synthétiser mes réflexions. Elles restent généralement à l'état de brouillon, si bien que je n'aurais probablement pas été capable de buzzer quoi que ce soit d'un tant soit peu logique. J'ai également un peu trop d'imagination. Je préfère garder mes idées pour moi et y réfléchir occasionnellement. Personne n'a besoin d'en avoir connaissance, ce serait me couvrir d'un redoutable ridicule. » Ses joues s'étaient empourprées, ses lèvres s'étaient pincés. Raphaël était une fois de plus forcé de reconnaitre que du point de vue du jeu, de la chasse aux secrets, son utilité était bien moindres. D'autres choses le retenaient ici. Il était charmé par le coté humain de cette aventure, un coté humain qui l'avait beaucoup aidé. Le jeu avait tendance à diviser les gens. Lui, il voulait s'en rapprocher. « Sache en tout cas que je n'ai jamais cherché à obtenir le moindre indice sur toi ou sur ta partenaire. » Autrement dit, ses pseudo-cibles étaient tout autres. Même s'il ne buzzerait rien, il réfléchissait beaucoup au sujet de certains candidats, c'est vrai. La raison de sa présence ici était alors liée au désir de s'exprimer au sujet de certaines choses. Rien de dramatique, pour une fois. Il avait simplement ressenti le besoin de livrer quelques observations, lui qui savait que la Production en était férue. « De ce que j'ai pu observer cette semaine. De ce que cela m'a fait de vous voir aussi dépités, aussi touchés, aussi marqués par les récents départs. De la honte que j'ai ressenti d'aller aussi bien, de contraster autant avec vos états respectifs. » Il était ici des plus sincères. En se livrant à Malik, il se livrait presque directement à la Production. Il avait besoin de dire ces choses à quelqu'un. S'il s'estimait heureux ces temps-ci, il avait tout de même été touché par la détresse de ses camarades. Son empathie n'était plus à prouver depuis longtemps. Et elle prenait parfois d'impensables dimensions. Malik, lui, disait avoir aussi des choes à confier. Le regard de Raphaël se fit compréhensif, protecteur. Il comprenait que les derniers jours aient été difficiles pour lui, que ce soit par rapport aux départs qu'il avait du supporter - ceux de candidats dont Malik avait semblé proche - ou par rapport à ses histoires de coeur, probablement encore un peu compliquées. Lorsque Malik reprit la parole, Raphaël afficha un moue désolée. Oui, il était désolé que son camarade se sente si mal, et ce, malgré son désir de confier ses ressentis. « Il va probablement falloir être patient. Le temps guérit bien souvent les maux. » Et encore, il ne s'agissait là que des départs de personnes que le jeune homme pourrait assurément revoir d'ici quelques temps. Si le temps soulageait parfois les personnes endeuillées, il n'y avait logiquement pas de raison pour que Malik ne se remette pas des récents évènements, aussi sensible et attaché à ces personnes soit-il. Mais voilà que bientôt, Malik commença une phrase qui laissa Raphaël perplexe. Que s'apprêtait-il à lui demander ? Moment de suspense. Et puis, soudain, la question tomba. Raphaël fut quelques peu embarrassé, car il craignait de décevoir son camarade, en lui servant un discours auquel il devait assurément s'attendre. Sa réponse était probablement prévisible. « Et bien ... à mes yeux, chaque départ est désolant. Pour autant, je mentirais si je prétendais que je n'étais pas à ce jour entouré de ceux qui comptent le plus pour moi. J'ai eu la chance de n'avoir pas encore été séparé de mes plus proches amis, de la personne que j'aime. » Il adressa un sourire à Malik, comme pour lui faire comprendre qu'il faisait lui même partie de ceux de qui il ne voulait assurément pas être séparé. « Parmi les candidats éliminés, j'ai regretté de n'avoir pas eu l'occasion de connaitre davantage Zofia, Daphné, Gaspard ... tout comme j'ai déploré les départs de candidats comme Tris, Jared ... Dani ... » Il savait que ce dernier manquait particulièrement à son camarade, alors il était presque désolé d'avoir à l'évoquer. Doucement, sa main vint se déposer sur l'épaule de son camarade. « Certains de tes amis ont quitté l'aventure, mais tu n'es pas seul pour autant. Il te reste Nicole, Asmaa, Arès ... et je suis moi même là pour toi, tu le sais. » Tout comme il savait que Malik aurait été là pour lui si la situation avait été inversée et que Raphaël avait perdu certains de ceux qui comptaient particulièrement pour lui. Ils étaient amis. Ils étaient là l'un pour l'autre.

Spoiler:

Raphaël et moi ne roulions clairement pas sur l'or. Seulement nous n'avions pas perdu notre argent de la même manière. Lui avait vu son secret découvert et ainsi sa cagnotte dilapidée dans la foulée. Moi, je ne devais la perte de celle-ci qu'à ma partenaire qui, pour me garder à ses côtés, avait à contre-cœur fait don de tout notre pactole à Dani. Ah, depuis je n'avais pas franchement renfloué ma cagnotte, mais de toute manière si j'avais eu de quoi buzzer, l'aurais-je seulement fait ? J'avais quand même du mal à m'imaginer franchir le pas, et appuyer sur le buzzeur avant d'énoncer à Cupidon le nom d'un candidat, et le secret que je penserais être le sien. Ouais non, certains candidats avaient clairement un instinct de joueur que je n'avais pas. Ou qui n'était jamais véritablement ressorti en neuf semaines. J'assumais le fait de faire clairement tâche au milieu des autres candidats. De toute manière je me distinguais toujours d'une manière ou d'une autre... de façon négative, bien entendu. Oui je sortais du lot constamment, ce qui à la longue avait quelque chose de pesant c'est vrai. Dans ma grande curiosité, j'avais cherché à savoir si Raphaël, malgré tout, avait des pistes concernant les secrets de certains candidats. Ou tout du moins des soupçons. « Je réfléchis beaucoup, c'est même ce que l'on m'a souvent reproché. Mais je suis bien incapable de synthétiser mes réflexions. Elles restent généralement à l'état de brouillon, si bien que je n'aurais probablement pas été capable de buzzer quoi que ce soit d'un tant soit peu logique. J'ai également un peu trop d'imagination. Je préfère garder mes idées pour moi et y réfléchir occasionnellement. Personne n'a besoin d'en avoir connaissance, ce serait me couvrir d'un redoutable ridicule. » Aaah, on croyait m'entendre... Enfin ouais, en quelque sorte, même si nous n'avions pas vraiment la même façon de nous exprimer Raphaël et moi. Son anglais à lui était plus fluide que le mien, et pour cause, ce devait sans doute être plus facile de l'apprendre et de le parler couramment pour un Suisse que pour un Égyptien. Bref, je m'égare. Ah oui, il pensait ne pas avoir les idées suffisamment claires pour donner lieu à un buzz qui ait un minimum de sens... Et bien nous étions un peu dans le même cas en fait. « Je me suis dit la même chose pendant ces deux mois... Nous manquons cruellement de confiance en nous en fait. Sinon nous aurions très certainement déjà tenté notre chance sur ce fauteuil, et déclenché la fameuse alarme. » C'est sûr, certains ici avaient clairement la buzette plus facile que nous deux. J'avais posé les yeux sur ce buzzeur, l'avais fixé parfois durant de longues minutes, l'avais même effleuré mais jamais, je n'avais osé l'enclencher. Je ne me sentais pas capable d'assumer ensuite une confrontation, durant laquelle il me faudrait exposer des arguments, des pistes que j'aurais pour appuyer mon buzz... Non moi, j'accumulais les indices, et au final ces derniers ne me servaient pas à grand chose. Ouais enfin, j'aurais déjà aimé savoir les interpréter, mais quelques uns se voulaient tirés par les cheveux, ce qui n'en facilitait pas la compréhension et l'assimilation. « Sache en tout cas que je n'ai jamais cherché à obtenir le moindre indice sur toi ou sur ta partenaire. » reprit-il, tandis que de mon côté j'esquissai un sourire. C'était tout à fait franc de sa part et qui plus est, je ne doutais pas de son honnêteté. « Oh même si ça avait été le cas, tu sais, j'aurais compris. C'est un jeu, j'en connais le principe... Mais merci de me le signifier, tout de même. » C'était toujours bon à savoir vous savez... Mais je tendais à penser qu'ici, personne ne s'était jamais grandement intéressé à mon secret. Je n'avais jamais été buzzé, et puisque bien souvent j'avais terminé premier ou tout du moins dans le top des candidats de la semaine - allez savoir pourquoi d'ailleurs - mes camarades n'avaient pas souvent eu l'occasion d’acquérir des indices... et quand ils l'avaient pu, il semblait certain que je n'avais pas été leur cible. Oh bah dans un sens je m'en réjouissais un peu quand même. Et puis au fond ce manque d'intérêt à ma personne ne m'étonnait pas beaucoup. Donc puisque à mon image, Raphaël n'avait pas d'argent ou vraiment très peu, il n'était en toute logique pas là pour buzzer. Non, il m'affirmait au lieu de ça qu'il était venu se confesser, lui aussi. Enfin, "faire part de quelques impressions", comme il disait. Alors bon depuis le temps, vous me connaissez... il fallait bien entendu que je lui demande de quelles impressions il était question. Sans un instant me soucier du fait que cela ne me regardait absolument pas. Raphaël m'aurait dit de me mêler de mes oignons que j'aurais parfaitement saisi. Mais non, il ne risquait pas de me dire une telle chose, puisque justement, c'était Raphaël. « De ce que j'ai pu observer cette semaine. De ce que cela m'a fait de vous voir aussi dépités, aussi touchés, aussi marqués par les récents départs. De la honte que j'ai ressenti d'aller aussi bien, de contraster autant avec vos états respectifs. » Eh bien, si nous l'étions, c'était pour certaines raisons et oui, comme il l'évoquait lui-même, les départs survenus dimanche n'avaient pas manqué de nous mettre un sacré coup au moral. Enfin "nous", tout de suite les grands mots... Nous n'étions pas bien nombreux en fait à les regretter, ces éliminés. Enfin moi, je les regrettais bien assez pour dix. Ah non vraiment, ça avait été dur à encaisser mais je m'étais fait à l'idée que j'allais à mon tour très prochainement les rejoindre. Oui, dans deux petits jours. Donc nous ne serions pas restés éloignés les uns des autres bien longtemps. « Tu n'as pas à avoir honte Raphaël... Profites-en plutôt, car ça ne durera peut-être pas... » Loin de moi l'envie de me faire carrément pessimiste, seulement il fallait se rendre à l'évidence : Raphaël n'était pas à l'abri, lui aussi, de perdre d'un coup les personnes lui étant les plus chères. Et comme il s'entendait très bien avec les trois quarts du nid, tôt ou tard il finirait assurément par se retrouver dans un état semblable au mien. Je ne lui souhaitais pas, bien sûr, je tentais juste de l'y préparer, en quelque sorte. J'étais moi aussi venu me confier, et pensais d'ailleurs qu'exprimer tout ce que j'avais sur le cœur me ferait du bien, me soulagerait et apaiserait ce dernier. Mais au final, il n'en était rien. Je souffrais plus encore qu'à mon entrée dans cette pièce. Ce ne devait pas être le moment d'en parler, c'était peut-être encore trop tôt. « Il va probablement falloir être patient. Le temps guérit bien souvent les maux. » Le temps n'était pas mon ami. J'avais pourtant longtemps attendu après lui, mais en vain le plus souvent. « Je n'en suis pas certain... j'ai fait preuve de beaucoup de patience dans ma vie, j'ai attendu que certaines blessures cicatrisent, que certains maux s'effacent mais ils sont toujours là. » Tout ceci faisait bien évidemment écho à mon passé, à ce que j'avais vécu avant cette aventure. Je profitai du fait que le sujet de notre discussion ait été dévié pour axer celui-ci sur les départs survenus tout au long de cette aventure. L'occasion de demander à Raphaël s'il s'était déjà senti profondément heurté ou touché par un départ, en particulier. « Et bien ... à mes yeux, chaque départ est désolant. Pour autant, je mentirais si je prétendais que je n'étais pas à ce jour entouré de ceux qui comptent le plus pour moi. J'ai eu la chance de n'avoir pas encore été séparé de mes plus proches amis, de la personne que j'aime. » Eh oui, nous n'avions clairement pas tous eu cette chance... Moi j'avais perdu mon poto, Wade, Jared, Sïana en une seule soirée, mais je gardais aussi à l'esprit que bon nombre de mes plus proches alliés avaient décidé de prendre la porte, de tout abandonner, subitement. Citer leurs noms était inutile je pense. Mais il n'était pas bien difficile par contre de comprendre à qui je faisais référence, là. En fait quand je perdais mes amis, moi, ils partaient tous d'un coup, en masse. D'autres avaient vraiment une chance de cocu de se retrouver, après deux mois d'aventure, entourés des personnes important le plus à leurs yeux. Raphaël avait encore Lulu à ses côtés, et je m'en réjouissais pour lui, sincèrement. Cette semaine, j'étais nominé et donc Nicole aussi - je craignais de n'être séparé d'elle dimanche. J'espérais fortement que cela n'adviendrait pas, mais c'était quand même mal parti avouons-le. « Parmi les candidats éliminés, j'ai regretté de n'avoir pas eu l'occasion de connaitre davantage Zofia, Daphné, Gaspard ... tout comme j'ai déploré les départs de candidats comme Tris, Jared ... Dani ... » Ah mon Dani... Quand Raphaël en énonça le nom, j'en eus les larmes aux yeux. Décidément, impossible que parler de lui sans que l'émotion ne me gagne. « Certains de tes amis ont quitté l'aventure, mais tu n'es pas seul pour autant. Il te reste Nicole, Asmaa, Arès ... et je suis moi même là pour toi, tu le sais. » Bien sûr que je le savais, et une fois encore la bienveillance de Raphaël me faisait chaud au cœur. Voilà un allié que j'avais encore à mes côtés dans ce jeu et qui avait toujours été là pour moi, dans les moments de doutes, de souffrances... Je lui devais beaucoup. Mon moral également. Néanmoins je préférais être lucide et ne pas me bercer d'illusions concernant le restant du groupe. Nous devions être treize, et j'avais fait un score assez conséquent, tout de même, aux nominations. Certains ici devaient vouloir me voir dehors, ou Nicole. Allez savoir. « Oui... Mais j'ai peur de m'être trompé sur certains, quand même... d'être entouré d'hypocrites au final. Je veux dire, voilà, je ne suis pas nominé par hasard... » Je le conçois, "hypocrites" était un mot particulièrement dur pour désigner mes camarades et d'ailleurs, je regrettais de l'avoir débité aussitôt que ce fut fait. Surtout que ça n'était clairement pas mon genre d'accuser comme ça les gens. Affichant une mine confuse, je poursuivis. « J'ignore qui était visé dans mon binôme,... Nicole, ou moi... Quoi qu'il en soit on risque dimanche soir notre place dans ce jeu face à deux candidates qui n'auraient, à mon sens, pas non plus dû se retrouver sur la sellette. Je risque de perdre la personne que j'aime. Et deux très bonnes amies. On ne rentrera pas à quatre, et j'ai du mal à l'accepter. » Clairement, je ne vivais pas bien ces nominations, même si je m'étais préparé à me retrouver en danger cette semaine, estimant que j'étais à plus d'une occasion passé entre les mailles du filet. Nicole et moi tentions de construire quelque chose, la séparation était le pire qui pouvait nous arriver pour l'heure. Quant à Branca et Asmaa, je les adorais. Peut-être l'une plus que l'autre mais parce que je la connaissais plus aussi. Dans tous les cas le verdict de dimanche soir ferait des dégâts. Lancé, on ne m'arrêtait plus. « Désolé de te donner l'impression de me plaindre, surtout que ce n'est pas le cas... Néanmoins je sais que quoi qu'il advienne, je vais être séparé d'une, ou des deux candidates qui importent le plus à mes yeux ici. Que je sois dehors ou dans le nid, les prochains jours vont, une nouvelle fois, être pénibles. » Je poussai un long soupire, avant de hausser les épaules. Ne vous y trompez pas, cela ne me faisait pas rien de lui dire tout ça, car là vraiment je prenais sur moi pour ne pas lâcher prise. J'avais tout de même la gorge serrée, témoignant du fait que prendre conscience de tout ceci était douloureux. « Mais toi Raphaël, j'ai vraiment été content de te connaitre car t'es un type vraiment super. T'as le cœur sur la main, t'es toujours prêt à écouter les autres ou à tenter de les réconforter lorsqu'ils n'ont pas le moral. Tu mérites d'aller le plus loin possible, et si je sors dimanche tu seras l'un des seuls que je trouverais encore la force de soutenir. Parce que je ne doute pas de ton honnêteté à toi. » Et à ces mots, la voix tremblante, je vins poser ma main sur son épaule. Je lui offris aussi un sourire, un peu mince et crispé mais c'est tout ce dont j'étais capable pour le moment. Je n'avais rien d'autre en boutique. Pour moi c'était une évidence, s'il y avait bien une personne qui ne m'avait pas nominé, c'était assurément Raphaël. Eh non, lui ne l'aurait clairement pas fait. Pas en sachant ce que j'éprouvais pour Nicole. Il n'aurait pas pu avoir ça sur la conscience. Je pouvais aussi me tromper sur son compte, me faire des films, jusqu'au bout, mais... non, impossible.

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just out of spite I confess I've ruined three lives ► 23/11 - 20H03

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