ARES

Après une semaine cloué au lit, me revoilà de nouveau d'aplomb. Ouais, bon, j'dois dire qu'être qualifié en demi finale y joue également pour beaucoup, certes, et puis de toute façon, j'n'ai pas grand chose d'autre à foutre, alors autant tuer les quelques minutes qu'il me reste à faire ce dont je savais si bien faire. Vous l'aurez deviné, c'est avec une bouteille à la main que j'avais convié mon camarade Arès au lac. Peut-être trouverait-il ça autant amusant que moi que de se laisser une dernière fois allé. En effet, même si j'étais certain d'être là pour encore deux bonnes semaines, j'étais quasi-certain d'en venir à être éliminé au bout de celle ci. Rien de bien important, ce n'est pas comme si participer à ce jeu m'avait réellement tenu à coeur. De toute évidence, ici ou dehors, ma vie ne serait pas bien différente, et quelque part, cette idée me plaisait, oui, vraiment. Alors, assis, là, sur la plage, j'attendais patiemment que le jeune homme se pointe. M'étirant quelque peu, je lâchais d'ailleurs un fort bâillement. Ouais, il pouvait bien se plaindre de mon retard, mais pour tout vous dire, cela faisait bien vingt bonnes minutes que je l'attendais. On avait rendez-vous à vingt et une heures trente et il était... Vingt et une heure trente. OK. Donc j'avais cette fois ci pris une avance un peu trop considérable. Mais hey, j'étais prévoyant, on ne pouvait pas me l'enlever. Et c'est finalement sur cette pensée qu'il pointa le bout de son museau. Deux minutes de retard. Quand j'vous disais qu'il n'était pas ponctuel. « Putain, t'es à la bourre, un peu plus et j'me jetais dans le lac. » ouais, enfin, ou presque. « T'as amené de quoi passer une nuit aussi floue que celle de la dernière fois j'espère. » ouais parce que des sirènes dans Star Wars, ça ne semblait pas exister pour tout le monde, ahem...

Je suis en demie finale, il faut que je fête ça. Et, pour fêter ça, rien de mieux que quelques bouteilles et un Lulu. Enfin, le seul et l'unique, évidemment. Il m'a d'ailleurs convié au lac pour vingt-et-une heures trente, des bouteilles à la main. Je traîne dans la douche et je ne vois pas le temps passer. L'eau chaude me fait oublier le temps. J'enfile un gros pull, un bonnet et je me presse jusqu'à l'épicerie où je vole trois bouteilles de vodka et une de champagne, juste pour avoir l'air riche. Je me dirige chargé jusqu'au lac où m'attend déjà le tatoué, d'un air réprobateur. Je jette un coup d'oeil à ma montre, j'ai deux minutes de retard. Je sais déjà que j'aurai droit à quelques remontrances de sa part. Sauf que deux minutes ne sont pas une demie heure à ce que je sache, et j'exagère à peine. J'affiche une moue contrariée et je grogne. « Merde je savais que j'aurais dû traîner encore un peu plus sous la douche. » je réponds en tentant de croiser les bras. Impossible avec la montagne de bouteilles qui me submerge. Je les pose rapidement dans le sable et croise les bras, ce coup-ci. « Ouais, mais t'auras droit à rien. » Oui, je boude réellement. Enfin, je m'efforce en tout cas parce qu'inconsciemment j'ai juste envie de rire et ouvrir cette putain de bouteille de champagne qui me fait de l'oeil depuis tout à l'heure. Nous n'avons pas pris à manger qui plus est, l'alcool risque de nous monter très rapidement au crâne et c'est ce qui est bon. Je m'assieds tranquillement et entreprend de déboucher la bouteille, avec force. Le bouchon part d'un coup, dans le noir. J'entends un plouf au loin tandis que la mousse s'extirpe de la bouteille. Et en parlant de mousse, je la dirige sur le tatoué. « Toi par contre, t'as pas pris de douche ! » je lui crie joyeusement avant de diriger le goulot de la dite bouteille dans ma bouche afin de boire une longue gorgée de champagne. Allez, torchons nous comme des riches !