Autrement dit, les retrouvailles. Avec Sia, j'entends. Je ne saurais même pas compter le nombre de jours qui nous ont séparé depuis son départ. Trop, visiblement. Quoiqu'il en soit, c'est histoire ancienne puisque nos épaules se frôlent et mon sourire est prêt à me déboîter la mâchoire. Une bouteille de tequila gît déjà sur le sol, accompagnée d'un paquet de cookies à moitié vide. Mon ventre crie famine d'ailleurs, après la dizaine de gâteaux que je me suis enfilé. J'attrape le paquet et sacrifie le dernier gâteau qui se jette dans ma bouche, avant de m'étirer bruyamment. Seize heures ou l'heure où je fais habituellement ma sieste. Parce que le nid commence à être dangereusement vide et qu'on se fait véritablement chier. Aussi, j'ai pris l'habitude de dormir à peu près.. tout le temps, en fait. Histoire que la semaine passe rapidement et que le prime survienne. Et puis, il y a Sia. Elle m'empêche de dormir mais ce n'est pas plus mal. Je suis heureux de l'avoir à mes côtés et je l'observe d'ailleurs d'un mauvais oeil ingurgiter un grande lampée d'alcool. « C'est trop pour un si petit corps ! » je la réprimande en lui arrachant littéralement la bouteille des mains. D'une, Sia est minuscule et en ce sens, l'alcool risque de lui monter très rapidement au crâne. De deux, elle est égoïste et donc, je m'empare de mon bien par la force. J'avale à mon tour une longue gorgée d'alcool. « Tu t'es déjà endormie dans des endroits improbables ? » je lui demande de but en blanc réellement intéressé. Sur des chiottes par exemple, au cinéma, à la caisse d'un magasin ou dans une cabine d'essayage j'en sais rien.. Ou pire, en voiture ? Son secret, disons, sa maladie m'intéresse réellement et m'effraie à la fois. Et puis, je suis impressionné par sa capacité à l'avoir caché durant des semaines entières.

Nous voilà, affalés sur le canapé, Arès et moi, presque comme au bon vieux temps, comme deux grosses larves. Je crois qu’on vient de se faire péter le bide à coup de cookies. En même temps, il est l’heure de goûter. Quoi que non, en fait, on avait juste la dalle. Quoi qu’il en soit, je suis bien content de retrouver mon petit Arès. Je compte bien le soutenir pour la demi-finale. « Mais ! » Je reste bête face à un Arès qui vient de s’emparer de la bouteille que j’avais dans les mains. S’il savait. Si seulement il savait. Je me mets donc à rire avant de me dire qu’il faudrait que je le prévienne. « C’est pas de l’alcool bougre d’âne ! » Et merde ! Le con a déjà bu une bonne gorgée. Bon, en même temps, je l’ai feinté. Je me suis fait un mélange de boisson bizarre dans une bouteille vide de tequila. Ah ah. Il sera donc apte à juger le goût de mon espèce de cocktail avec jus de fraise, jus d’orange et sirop de citron. Pas trop mauvais mais bien différent du goût âpre de la tequila. Enfin bon, d’une, il est extrêmement rare que je boive de l’alcool à cause de ma maladie, et de deux, j’en boirai surement pas en plein après-midi. Quelle idée saugrenue de se bourrer la gueule en pleine journée ! « Oui. Ça m’arrive souvent même. Tout ce qui est transport déjà : avion, bateau, voiture. Je conduis depuis peu donc je fais très gaffe au volant. Sinon, hum.. l’endroit le plus insolite où je me suis endormie est sur un matelas gonflable en pleine mer. Je me suis réveillée peut-être deux heures plus tard, à l’autre bout de la plage, avec genre trente-six coups de soleil. » S’endormir sur une plage ou en pleine mer à Saint-Florent l’été, c’est vraiment la chose à faire si on veut bronzer à vitesse grand V. « Je fais donc gaffe à faire de longues nuits pour éviter de m’endormir un peu n’importe où la journée. » Cela implique que je me couche tôt et que je me lève tard. En tous les cas, ça me fait plaisir qu’Arès s’intéresse à mon secret. Après tout, c’est quelque chose qui fait parti de mon quotidien. D’ailleurs, je me demande comment j’ai fais pour le cacher un mois. « Heureusement que Joshua était au courant de mon secret. Sans quoi, il m’aurait sans doute prise pour une folle. Une nuit, j’ai fais un genre de sexomnie avec lui. » Je sais pas si Arès connait ce terme. C’est pas très connu en même temps. Rares sont les personnes qui sautent sur leur conjoint en pleine nuit sans s’en rendre compte. Hum..

Ce n'est pas de l'alcool ? Mais alors.. Mais alors ça ne m'intéresse pas. Je grimace, je grogne. C'est ma façon à moi de m'exprimer quand quelque chose me contrarie. Et Sia à l'habitude malsaine de toujours le faire. Cette petite veinarde à de la chance, je l'aime bien. Plus que bien, même. Elle a été en quelque sorte la première à me comprendre, à lire entre les lignes et simplement pour cela, elle a réussit à dénicher une place de choix dans mon petit coeur. Je goûte tout de même à l'espèce de mélange infâme qui trône dans cette bouteille de tequila - et je suis vexer de ne pas sentir le goût acre de l'alcool - je grimace. C'est.. bizarre. « C'est pas sympa de me faire une fausse joie comme ça. Il est dégueux ton truc on dirait du médicament. » je grogne, les bras croisés sur ma poitrine tel un enfant mécontent. Bien. Il n'y a plus de cookies (ça, à la rigueur, ce n'est pas important puisque mon ventre menace d'exploser) et il ne reste plus rien à boire si ce n'est ce mélange dégueulasse. Et ma langue réclame de l'alcool. Enfer et damnation. Changeons de sujet et rapidement. C'est d'ailleurs ce que je m'empresse de faire, m'intéressant d'un peu plus près au secret de Sia. Il n'est pas commun, il est même très surprenant et en ce sens, je suis avide de connaissance. Je plaisante mais au fond, je n'en mène pas large. La perspective qu'elle puisse s'endormir partout - SUR UN MATELAS GONFLABLE, S'IL VOUS PLAIT - est assez stressante, finalement. Et j'avoue que le fait que Sia et moi soyons proches, que je l'apprécie énormément joue beaucoup. Je me redécouvre super héros et j'aimerais la sauver de tout ça. Vaine utopie, évidemment. « Excuse-moi de te regarder comme si tu étais une bête curieuse hein, mais c'est vraiment surprenant. » je lui lance, mes yeux océan la scrutant avec une certaine curiosité. Je n'avais jamais entendu parlé d'une telle maladie (et il faut dire que je ne m'intéresse absolument pas à la médecine) alors, constater qu'une telle chose puisse arriver à une amie (parce que Sia l'est indéniablement).. « Merde.. je savais que j'aurais dû faire pression sur la prod pour t'avoir en partenaire. » je réponds mutin quant à sa confession de sexomie avec Joshua. Je plaide coupable, il m'est arrivé d'avoir envie de plus avec Sia et elle en est consciente, il me semble.