Teresa

MERCREDI 12 DÉCEMBRE - 10H42
QUARTIER D'ARAGON - CANTINE, CUISINE

J'ouvrai les yeux, basculai en position assise et quittai ce spacieux lit pour l'une des toutes dernières fois, dans cette aventure. Après quoi je retrouverais mon matelas miteux, dans mon appartement exigu et insalubre des quartiers défavorisés de Londres. Cette vie d'infortune ne me manquait pas forcément - seulement il valait mieux que je ne m'habitue pas plus longtemps au confort de ce nid... Je risquerais d'y prendre goût. Si ça n'était pas déjà fait, hm. Quittant ma chambre et rejoignant la cuisine en pyjama et pantoufles - le ridicule ne tue pas, parait-il - je ne tardai pas à tomber sur Teresa, attablée et visiblement sur le point de déjeuner. Sans sa cousine ? Étrange. Surtout que Nicole n'était plus dans le lit quand j'en étais sorti. Bref. Je pénétrai dans la pièce d'abord sans dire un mot, avant de saisir que l'ignorer ne servirait à rien, que ce serait presque entrer dans son jeu, ce que Raphaël m'avait expressément interdit de faire. Me tournant vers elle et peinant à afficher un sourire qui soit un tant soit peu sincère, je pris finalement la parole. « Bonjour Teresa, tu as bien dormi ? » l’interrogeais-je dans un premier temps. Le genre de choses qu'un type poli et ayant reçu une certaine éducation prenait le soin de demander à ses camarades, chaque matin. Teresa demeurait un être humain, et même si rester dans la même pièce qu'elle plus de cinq minutes risquait de s'avérer plus harassant qu'autre chose, au moins, je ne l'agressais pas, non, je me comportais comme une personne civilisée et désirant que des rapports initialement conflictuels s'arrangent. Même si ça semblait mal parti. J'allais pas non plus lui proposer du café, des tartines... non non il ne fallait pas pousser. Je voulais bien être sympa et avenant, seulement elle n'en demeurait pas moins la peste qui m'avait fait vivre une semaine infernale. J'étais néanmoins prêt à faire des efforts - même si je considérais n'avoir rien fait pour recevoir tant de moqueries et réflexions blessantes. C'était maintenant à elle de voir si nous quitterions ce nid en meilleurs termes, ou non. Il me sembla voir un instant ses yeux river en direction des couteaux posés sur un comptoir, à quelques mètres de nous. Des couteaux dans une cuisine... tout ce qu'il y avait de plus normal, certes, mais je n'étais à vrai dire que très moyennement rassuré de leur présence à proximité de Teresa. D'ailleurs, de nous deux, c'était elle qui les avait le plus à portée de main. Il lui suffirait de se lever et de bondir jusqu'au comptoir. Bref, c'était dangereux. « N'y pense même pas... » rétorquais-je, comme pour la dissuader de faire usage de ces couteaux. Oh mais peut-être n'en avait-elle pas eu un instant l'intention... J'étais un peu paranoïaque, ce n'était plus un secret pour personne ici. En parlant de secret justement, la révélation que j'avais faite dimanche soir avait je crois beaucoup inspiré Teresa qui s'était empressée de plaisanter à ce sujet. Mais ça, c'était avant que tout ne parte en cacahuète et que les voix d'autres candidats, la plupart prenant ma défense ou tout du moins se montant contre elle, ne se fassent entendre par la suite. « Bon. J'en ai marre Teresa, hein, vraiment. » que je lâchai subitement, avant de soupirer longuement. Oui, dans quelques jours cette aventure prendrait fin et tant qu'à faire, je décidais de lui faire part de mon ras-le-bol du moment. Que je lui devais exclusivement par ailleurs. « Même quand je ne viens pas vers toi, tu trouves le moyen de t'en prendre à moi... que dis-je ! de t'acharner sur moi. Mince, tu me méprises tant que ça ? » De toute évidence, oui. Et hop, petite référence au prime, au passage. Sa haine à mon encontre semblait considérable. Moi je ne la détestais pas. Enfin, c'est sûr, je ne la portais pas dans mon cœur. Mais je gardais secrètement l'espoir qu'on puisse finir par nous entendre, elle et moi. De toutes façons tant qu'on se chamaillerait pour Nicole, ça ne pourrait pas aller. Mais comme je le lui avais dit quelques jours auparavant, il ne fallait pas compter sur moi pour abandonner, et renoncer à ma partenaire. Non, rien à faire, si j'étais prêt à entreprendre bien des efforts, celui de me défaire de Nicole pour laisser la place à Teresa n'était pas à prendre en compte. Mais inutile de le lui dire, je suppose, elle devait l'avoir assimilé depuis le temps.

Teresa s’était levée du pied gauche ce matin - comme d’habitude. Après un prime où embrouilles et disputes s’étaient succédées, la belle blonde n’avait pas réussi à fermer l’oeil de la nuit tant sa cousine ronflait tel un hippopotame. Résultat Teresa n’avait pas eu son beauty sleep et elle se retrouvait avec des poches énormes sous ses yeux débridés. De plus, il y avait toujours une certaine tension en Nicole et sa cousine, malgré les explications qu’elles aient pu avoir. Nicole ne comprenait pas les arguments de Teresa contre Malik, ce qui avait tendance à la frustrer royalement. Résultat : Teresa était mad, et elle avait besoin de réconfort. Ni une, ni deux, elle se dirigea vers la cantine pour manger un délicieux fondant au chocolat qu’elle avait repérer la veille.

Mais alors que la belle s’apprêta à s’attable et déguster son délicieux fondant au chocolat, Malik fit son entrée. Faisant mine de ne pas lui prêter attention, Teresa se retint pourtant de lui balancer son fondant en plein milieu du visage, de peur de gâcher un met si fin et appétissant. Bien sûr, la belle bonde s’était dit qu’il n’aurait pas la stupidité de lui adresser la parole mais c’était mal connaître le jeune homme? Il était sérieux? Ne pouvait-il pas juste passer son chemin et aller gratter l’amitié avec la plante dans le fond de la salle, c’était probablement la forme réincarnée de Marie Antoinette. Mais pourquoi, POURQUOI il venait la chercher. Pour Teresa c’était de la provocation pure. Et comment Teresa répondait à la provocation, par l’ignorance ( ou pas ) . Pour une fois, la jolie Coréenne décida de ne pas rétorquer, et de coller son nez dans son fabuleux dessert qui n’attendait qu’à être dévoré.
Hmmm il avait l’air si bon, si fondant mais un peu croquant en même temps. Sans attendre, la belle le saisit entre ses deux petites mimines et croqua un bon coup dedans se remaquillant la face avec du chocolat noir. RAF. Après tout, dans tout le nid, il n’y avait pas un seul mec à draguer tellement tous étaient d’un niveau médiocre, alors pas de raison valable pour se faire belle. Résultat, Teresa ne s’essuya même pas la bouche, et préférait continuer à déguster son merveilleux dessert. MAIS ALORS qu’elle s’arrpêta à prendre une nouvelle bouchée, Teresa fut à nouveau interrompue par le pakistanais, qui dans un élan de virilité s’était fait pousser deux couilles. « Même quand je ne viens pas vers toi, tu trouves le moyen de t'en prendre à moi... que dis-je ! de t'acharner sur moi. Mince, tu me méprises tant que ça ? » Ca y’est, la blonde avait enfin compris le VRAI problème de Malik : celui-ci prenait trop les choses à coeur. J’veux dire il n’aimait pas Teresa et inversement, alors pourquoi il porterai autant d’attention à ce que pense la jeune Coréenne. Il pouvait pas passer à autre chose comme tout le monde dans la maison? Apparemment non, à croire qu’il cherchait absolument le drame, surtout connaissant le caractère impulsif de la jolie Teresa (aa). Dommage pour lui, Teresa allait devoir une nouvelle fois enfiler ses gants de mauvaises filles et lui donner des explications ASAP.

« PFFFFFF.» Souffla-t-elle, ennuyée par la situation. « Oh pardon pauvre petite victime. Chéri faudrait réellement que tu te fasses greffer une colonne vertébrale, là c’est juste alarmant. » Elle soupira à nouveau, comme soulée par son attitude de gamin de six ans.

« Oui je te méprise à cause de ce genre de comportement. Tu es mielleux, niais et sans véritable personnalité. Honnêtement, si ce n’était que ça on s’entendrait bien Malik je t’assure, mais là t’es en train de contaminer Nicole et ça j’aime pas. » Voilà où était le véritable problème. Nicole commençait à devenir comme lui et ça Teresa ne le supportait pas.

« Elle est devenue comme toi et c’est vraiment chiant. » Elle ajouta, avant de reprendre avec des arguments un peu plus construit.

« Imagine que tu t’absentes pendant deux mois de chez toi et que ton frère ou ta soeur ait changé du tout au tout à cause d’une personne et qu’elle ait totalement perdu cette chose qui la rendait tellement unique et particulière. Voilà c’est ça que je ressens. » Elle devait être tellement crédible avec tout ce chocolat autour de la bouche.

Teresa attablée et sur le point d'engloutir comme une goinfre ce qui semblait être un dessert chocolaté, je me risquais à l'accoster tout en sachant que je m'exposais à l'ignorance ou, pire, à une riposte des plus cinglantes. Mais ça va, j'y étais en quelque sorte préparé ce matin. Alors bien sûr, j'aurais pu passer mon chemin, ou tout du moins me préparer de quoi déjeuner sans lui adresser le moindre mot... Mais par soucis de gentillesse... pardon, de politesse je commençai par la saluer. Mais l'envie de lui faire remarquer combien ses récents agissements m'agaçaient était trop forte, et je ne tardai pas à lui en faire part. « Oh pardon pauvre petite victime. Chéri faudrait réellement que tu te fasses greffer une colonne vertébrale, là c’est juste alarmant. » Quel rapport avec ma colonne vertébrale ? C'est parce que j'étais tout tassé, court sur pattes ? Allez savoir, c'était le genre d'images que seule Teresa était apte à saisir je suppose. Elle poursuivit. « Oui je te méprise à cause de ce genre de comportement. Tu es mielleux, niais et sans véritable personnalité. Honnêtement, si ce n’était que ça on s’entendrait bien Malik je t’assure, mais là t’es en train de contaminer Nicole et ça j’aime pas. » Parlons de comportement, tenez ! Du sien par exemple ! C'est vrai qu'il était irréprochable. Et puis contaminer Nicole... tout de suite les grands mots. Je ne considérais pas avoir une influence assez conséquente pour faire ça. « Elle est devenue comme toi et c’est vraiment chiant. » Qu'on se le dise, je n'allais pas m'excuser, ni même éprouver le moindre regret. Et le fait que Teresa puisse trouver la situation chiante, comme elle le disait, ne m'importait que très peu au final. Tout comme le fait que je puisse mal le vivre lui importait peu, à elle aussi. « Imagine que tu t’absentes pendant deux mois de chez toi et que ton frère ou ta soeur ait changé du tout au tout à cause d’une personne et qu’elle ait totalement perdu cette chose qui la rendait tellement unique et particulière. Voilà c’est ça que je ressens. » Je concevais parfaitement que Teresa ait l'impression de ne plus avoir face à elle la cousine avec laquelle elle avait tenté cette aventure, il y a plusieurs mois maintenant. Néanmoins je n'étais pas un instant attendri par ses paroles. Non, je restais de marbre face à ça, totalement. « Tu as terminé ? » Ou comment lui faire subtilement saisir que moi aussi, j'aurais bien aimé en placer une quoi. Et parce que j'étais un garçon poli, comme je l'avais prouvé un peu plus tôt, je m'étais refusé à lui couper la parole. Ah ! Elle ne poursuivait pas, ce qui signifiait qu'elle n'avait plus rien à dire, sans doute. Je pouvais donc prendre la parole à mon tour, hm. « Oui alors, tu m'excuseras hein, mais personnellement je préfère "contaminer" Nicole plutôt que celle-ci ne devienne mesquine, hautaine, arrogante et n'affiche des airs de pétasse comme c'est ton cas ma chère. » Okay, d'accord, très bien... Le "pétasse", clairement, j'aurais pu éviter. Mais c'était sorti tout seul ! Et puis entre nous, après avoir tenté de ruiner mon histoire avec Nicole et s'en être prise à moi à plusieurs reprises depuis son retour dans le nid, c'est un peu ce qu'était Teresa au final. Je m'en voulais un peu d'avoir laissé échapper ce mot-là mais c'était un peu tard pour me reprendre, de toute façon. « T'as beau me dire qu'avant cette aventure Nicole était comme toi, j'ai du mal à te croire. Car même si au début le courant ne passait pas forcément entre elle et moi, jamais, je dis bien JA-MAIS je ne l'ai vue faire preuve d'autant de méchanceté que toi, Teresa. » Pour moi, la méchante des deux, c'était assurément Teresa et non l'inverse. Je n'avais jamais été aussi fier de pousser Nicole au changement là, vraiment. Parce que je voyais ce à quoi elle aurait pu ressembler si je n'étais pas intervenu dans sa vie... et clairement, c'était pitoyable, c'était révulsant, tout ce que vous voulez. « Tu veux une cousine à ton image, j'ai saisi. Mais crois-moi, Nicole est bien mieux comme ça. J'irais même jusqu'à dire qu'elle est bien mieux que toi. Elle ne blesse personne elle au moins. » Alors que Teresa, elle, choisissait une proie et s'acharnait dessus jusqu'à ce qu'elle en ait marre. Et de toute évidence, elle n'en avait pas encore mal de s'en prendre à moi. En espérant qu'elle ne me poursuivrait pas jusqu'à Londres au sortir de ce jeu pour me rendre la vie impossible. « Nicole EST unique et particulière. À mes yeux elle l'a toujours été, mais je serais profondément déçu qu'elle en vienne à agir et à se comporter comme tu le fais depuis ton retour. » Parce que pour moi elle valait bien mieux que ça. Nicole n'était pas une peste. Même au commencement de l'aventure, elle ne m'avait jamais donné l'envie de m'étrangler. Et c'était pertinemment ce contre quoi je lutais en présence de Teresa. Je n'avais jamais fait usage de la violence, je n'allais pas commencer aujourd'hui. Aaaah, définitivement et pour les raisons citées la semaine passée qui avaient d'ailleurs été prises pour menace, elle avait une sacrée chance cette demoiselle. « Bon... j'espère qu'il reste du café... » rétorquais-je, en ne me laissant pas un instant démonter ou déstabiliser par mon interlocutrice. En gros, j'allais continuer à vivre ma vie - elle ne méritait pas que je me stoppe dans tout ce que je voulais entreprendre ce matin pour ses beaux yeux. Néanmoins je demeurais encore et toujours à l'écoute, et près à lui répondre.

Teresa recracha le morceau de fondant au chocolat qu’elle venait d’engloutir en entendant malik l’insultait de pétasse. Putaiiin, il en avait fallu du temps pour qu’il commence à réagir. S’il en était resté là, peut être que Teresa aurait consenti à avoir une vraie discussion avec lui, mais dommage pour Mister Pakistan il était allé bien trop loin. Lorsque Teresa insultait les gens, il était clair que ce n’était pas sérieux vu qu’elle était gamine au possible, pourtant venant de la bouche de Malik ce genre de mots passent tout de suit beaucoup moins bien. Est ce qu’il savait réellement qui il avait en face de lui? Il ne pouvait pas lui parler comme ça. Teresa représentait le sommet de la royauté Coréenne et de ce fait elle méritait un respect que les autres ne devait pas attendre d’elle. I mean Teresa is here, and Malik the macaque is doooown here. C’est pour cela que Teresa voulut avoir un comportement de reine et décida d’être clémente en lui donnait un premier avertissement.

« Malik, fermes ta bouche avant que je m’énerve réellement.»

Premier avertissement.

« Maliiiik.»

Deuxième avertissement.

« PUTAIN FERMES LA CONNARD ! » Ni une ni deux, Teresa lui lança son fondant au chocolat en pleine gueule. Take that bitch.

« Tiens bouffes et régales toi ! Tu pense connaitre Nicole mais tu ne sais pas qui elle est réellement ou ce qu’elle vaut vraiment ! Tu prétends qu’elle est mieux que moi mais ELLE EST COMME MOI PUTAIN COMME MOI ! » Le sang montait au visage de poupée de Teresa. Sans attendre elle se leva et saisit tout ce qu’elle pouvait pour le lancer sur Malik, tout en continuant à lui dire des mots doux à l’oreille.

« Tu auras du mal à garder ce sourire d’enfant de Jésus quand elle aura écraser ton coeur d’artichaut à coup de Louboutin CONNARD ! »

Rouge écarlate, Teresa ne pouvait plus se contrôler. Elle jetait à la figure de Malik tout ce qui lui tombait sous la main à savoir un verre, un paquet de sucre et même un porte serviettes à motif de vaches. Elle voulait littéralement TUER Malik et elle était en train de tout faire pour achever ce but précis. Il y avait des moments comme ça où les cousines Park pétaient un plombs. Nicole ne pouvait pas se vanter d’être mieux dans ses cas là car Teresa l’avait vu lancer un vase à la gueule de son propre père alors elle ne peut pas ouvrir sa petite bouche refaite (a). Voulant blesser Malik physiquement et mentalement, Miss Park n’eut d’autre choix que de lancer ses dernières cartes. Elle espérait juste qu’avec ça, Malik la fermerait un peu parce qu’il avait bu un peuuuu trop de red bull et les ailes qui venaient de pousser étaient beaucoup trop grandes.

« Souviens toi hier, elle n’a pas hésité à se foutre de ta gueule avec moi, alors tu crois réellement qu’elle va hésiter dehors, tu te mets bien le doigt là ou j’pense crasseux ! » Lorsque Teresa était en colère, son vocabulaire de jeune fille en fleur se faisait la belle au profit d’un langage de camionneur tout droit sorti de l’autoroute 69. Ce qui énervait le plus notre Coréenne nationale, c’était sans aucune doute le petit rictus que Malik avait constamment scotché sur sa face de garçon d’église. Ses vérités, elle n’en avait un peu rien à foutre puisqu’elle les connaissait. Teresa se savait égoïste et extrêmement détestable, mais elle avait une sainte horreur qu’on la compare à sa cousine adorée. Alors que Nicole a toujours tout eu sur un plateau d’argent, Teresa elle devait trimer pour arriver au niveau de Nicky chérie. Grande et blonde, Teresa avait toujours jalousé secrètement le physique incroyable de celle qu’elle considérait comme sa meilleure amie. Pourquoi avait-elle eu tant de fois recourt à la chirurgie d’après vous? Non seulement Nicole la dépassait niveau physique mais aussi niveau caractère? Bitch please. Non seulement Teresa détestait Malik, mais elle en venait aussi à haïr sa propre cousine, qu’elle trouvait terriblement hypocrite dans cette situation. Ce jeu était un enfer pour Teresa, elle ne pouvait plus le supporter. Alors qu’elle noyait Malik sous les insultes, des larmes immenses coulaient sur son visage vierge de maquillage. Plus elle continuait à parler, plus les mots se faisaient difficile à sortir. Elle n’en pouvait plus et sans prévenir s’effondra sur le carrelage de la cantine. Teresa n’arrivait plus à aligner un seul mot tellement celle-ci était en train de pleurer. Cette réaction était typique de la jeune femme et révélait au grand ce qu’elle était réellement : une enfant. Toujours dans l’excès et la passion, Teresa ne savait pas aimer à moitié, elle devait tout donner que ce soit de l’amour ou de la haine. Peut être était-ce pour ça qu’elle n’aimait pas Malik, parce qu’elle sentait que celui-ci allait définitivement lui prendre Nicole? Plus les jours passaient plus ses doutes se confirmèrent.

Je ne me pensais pas capable d'insulter quiconque sur cette planète, comme dans n'importe quelle autre galaxie d'ailleurs. Mais là, c'était sorti sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Le genre de paroles qu'on regrettait presque automatiquement d'avoir débitées en somme. Parce que même si à mon sens Teresa ne méritait pas que je m'excuse pour ce malheureux "pétasse" qui lui était adressé, je n'aimais pas me montrer familier. Pourquoi croyez-vous que je ne disais jamais la moindre grossièreté d'ordinaire ? Et bien parce que je trouvais que c'était vraiment très laid, et je ne donnais pas dans le vulgaire qui plus est. Mais là, impossible de retenir quoi que ce soit. Trop tard, c'était dit. Et je sentais que Teresa n'allait pas laisser passer pareille insulte. « Malik, fermes ta bouche avant que je m’énerve réellement. » J'avais déjà vue Teresa à l’œuvre, s’époumoner et me balancer toutes sortes d'horreurs à la figure... je savais à quoi m'attendre, alors non, je n'allais pas m'arrêter car clairement, j'avais des choses à dire et jusqu'à preuve du contraire la liberté d'expression était un droit que j'avais au même titre que n'importe quel autre candidat en ces lieux. Bref, je poursuivis, ne craignant pas le moins du monde une Teresa qui menaçait pourtant de se transformer en furie d'un instant à l'autre. « Maliiiik. » Je voyais bien que j'avais tout intérêt à me taire maintenant, et pourtant ça n'était toujours pas dans mes intentions. Non non, au lieu de ça je ne cessais de m'exprimer puisque j'étais lancé et que dire tout ça ne pourrait que me soulager au final. J'étais probablement en train de gagner en confiance, peut-être trop même. Car du coup, je ne m'inquiétais pas plus que ça du visage de Teresa virant progressivement au rouge, de ses poings serrés à en faire éclater les veines de ses fins bras... Elle était en train de bouillonner, sous mes yeux, et je ne faisais rien de plus que parler, parler, encore et encore. Et ce qui me pendait au nez me tomba finalement dessus. « PUTAIN FERMES LA CONNARD ! » Ce n'était pas tant la voix de Teresa s'élevant subitement dans la cuisine à en faire exploser des tympans qui me surprit... non, ce fut plutôt le dessert que je me reçus brutalement en pleine tronche. Et là, je vous l'avoue, je ne m'y attendais pas. C'était le type d'incidents inattendus qui vous poussaient à déplorer de ne pas avoir opté pour le silence. « MAIS !... T'es malade !! » Rooh, en plus je ne raffolais pas plus que ça du chocolat quoi. Et puis merci hein, maintenant mon pyjama était tout tâché, j'allais devoir courir à la laverie après cette échange qui, je l'espérais du coup, ne s'éterniserait pas trop longuement quand même. « Tiens bouffes et régales toi ! Tu pense connaitre Nicole mais tu ne sais pas qui elle est réellement ou ce qu’elle vaut vraiment ! Tu prétends qu’elle est mieux que moi mais ELLE EST COMME MOI PUTAIN COMME MOI ! » Teresa se leva brusquement de son siège et là, clairement, je commençai à avoir vraiment très peur. Je n'oubliais pas que non loin de nous étaient disposés des couteaux qui n'attendaient qu'à finir plantés dans mon cœur. Je la vis se saisir ici et là de toutes sortes de choses qui, à nouveau, finirent leur trajectoire sur ma tête, mon torse, mon ventre... bim, bam, boum. « Tu auras du mal à garder ce sourire d’enfant de Jésus quand elle aura écraser ton coeur d’artichaut à coup de Louboutin CONNARD ! » Tout y passait là, c'était carrément tous les ustensiles de la cuisine que je me recevais. Mince quoi, un verre aussi ! Et ça, bah ça faisait pas forcément du bien quoi. Parce que bien sûr, ça n'était pas un verre en plastique. Eh non, sinon c'était pas drôle. « TERESA ARRÊTE !! Mais AÏE ! C'est pas possible t'es cinglée ! Stoop !! » Encore un peu et j'appelais à la rescousse mes camarades. Mais je me voyais mal hurler à la mort parce qu'une demoiselle me jetait du chocolat et du sucre à la figure. Et de la vaisselle, oui, bien sûr. « Souviens toi hier, elle n’a pas hésité à se foutre de ta gueule avec moi, alors tu crois réellement qu’elle va hésiter dehors, tu te mets bien le doigt là ou j’pense crasseux ! » J'arrêtais subitement de me débattre, laissant les projectiles me heurter de tout mon long. Pour tout dire, ses derniers mots raisonnèrent comme une sorte de prise de conscience soudaine. Elle n'avait peut-être pas tort, après tout. Effectivement, pendant le prime Nicole avait ri de moi et je n'avais même pas cru bon de demander des explications à ma partenaire là-dessus lorsque j'en avais eu l'occasion. Maintenant ça me démangeait. J'assistai impuissant à une déferlante de haine à mon égard. Je me perdais dans tous les mots qu'elle prononçait, tant certains étaient d'une obscénité indescriptible. Mais bientôt, j'aperçus de lourdes larmes se frayer un chemin sur les joues de la jeune femme. Je restai face à elle, sans dire un mot, sans même bouger un doigt. Mes yeux étaient ronds comme des billes, ma bouche entre-ouverte. Là, Teresa se laissa furieusement tomber au sol, juste devant moi. Elle était littéralement effondrée, et j'hésitai entre éprouver de la compassion pour elle ou rester neutre face à tout ça. Oh j'essayais, bien sûr, de ne rien éprouver, de rester insensible... mais voir quelqu'un pleurer me poussait bien souvent à faire de même. Et d'ailleurs là, outch, les larmes me montaient aux yeux, également. Je m'approchai à pas de loup de Teresa, toujours recroquevillée à même le sol. Plus je me faisais proche d'elle, plus je craignais pour ma vie. « Ne me crève pas un œil, s'il te plait... » murmurais-je tout en m'agenouillant à côté d'elle. J'avais réellement cette frayeur que dans un accès de folie, elle s'en prenne à moi et me défigure. Je me risquais même - alors là attention - à poser délicatement ma main sur son épaule. C'était terrible car d'un coup, Teresa me faisait beaucoup de peine, tandis qu'un instant plus tôt elle m'avait aussi beaucoup fait souffrir. Mais je ne pouvais malgré tout pas la laisser dans un tel état sans faire quoi que ce soit de mon côté. « Je n'ai jamais voulu ça. Je te demande de me croire. » répliquai-je d'une voix toujours aussi basse, tentant avant tout de faire cesser ses pleurs. Cette situation était franchement désolante et j'aurais souhaité qu'on s'entende mieux elle et moi. En tout cas j'aurais préféré qu'elle ne fasse pas preuve de violence... pour le coup c'était comme si elle me signifiait que nous avions atteint un point de non-retour. Mais je faisais aussi preuve d'une grande imprudence : totalement à sa portée, il ne lui faudrait pas plus de deux secondes pour se jeter sur moi et me finir à coup de faux ongles. Je tendais quand même à croire que la production ne laisserait pas un meurtre se dérouler devant les caméras sans intervenir. Ou alors j'avais surestimé la sécurité de ce nid.